Alain Thomasset, a.a.
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opposés avec tant de fermeté à tous les actes de désobéissance
ou de schisme∞∞»6. A leur suite, le jeune prédicateur condamne en
termes sévères tout acte de séparation (ou de schisme) envers
cette Église visible qui, à ses yeux, existe en divers pays en des
communions pourtant séparées les unes des autres, appelées
branches. On comprend dans ces conditions que, dès cette épo-
que, l’enseignement de sa propre branche, l’Église d’Angleterre,
à travers ses formulaires officiels, dont le catéchisme, et ses prin-
cipaux théologiens, attire toute son attention.
La preuve par la Tradition patristique (1827-1832)
Au début de l’année 1827, Newman, pourtant surmené, écrit
un long manuscrit à l’adresse de ses sœurs. Il avait envoyé à la
maison, selon son habitude, un sermon dont le sujet était le
devoir de faire baptiser les enfants en bas âge. Son frère Francis,
lui aussi influencé religieusement par Walter Mayers, avait
contesté ce sermon dans un écrit où il invoquait la nécessité de la
foi personnelle et du repentir avant de recevoir le baptême,
comme on le voit dans les exemples de l’Écriture. Pour répondre
à ses sœurs, qui avaient été ébranlées par l’argumentation de
Francis, John Henry rédige donc un long texte en lequel il concède
ne pas pouvoir prouver son propos par l’Écriture seule et n’avoir
qu’un seul recours décisif, à savoir la tradition de l’Église.
Mais quelle tradition∞∞? Newman semble faire l’expérience de
la force de conviction d’un argument adopté par certains théo-
logiens anglicans du 17esiècle, à savoir le témoignage universel
de l’Église des premiers siècles. Le raisonnement est le suivant∞∞:
d’après les témoignages écrits, la pratique du baptême des petits
enfants était universelle dans l’Église des troisième et quatrième
siècles. Si elle avait été introduite après les Apôtres et sans
leur consentement exprès, de vives contestations se seraient
élevées partout, étant donné l’impératif apostolique, partout
reconnu et appliqué, de transmettre ce qui a été reçu et de ne pas
innover, et étant donné aussi l’importance du rite du baptême
6. Sermon manuscrit no157, p. 13. Newman a lui-même conservé et numéroté plus
de 600 manuscrits de ses sermons anglicans, dont environs un tiers ont été publiés
au cours du Mouvement d’Oxford (1832-1843).
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