Nous tenons à rappeler que la relation médecin-patient constitue l'essence du rôle du
médecin de famille - c'est d'ailleurs pour cette raison que plusieurs étudiants en
médecine optent pour un choix de carrière en médecine de famille - pour bien connaître
les patients qu'ils traitent, ce qui ne se fait pas en précipitant les rendez-vous médicaux.
Par ailleurs, considérant qu'un des attraits de la médecine de famille est l'étendue du
champ d'exercice en omnipratique, la limitation du champ d'exercice du médecin de
famille proposée risque de décourager les étudiants à opter pour une pratique en
médecine familiale. Il en va de même pour l’attitude cavalière et méprisante du Ministre
à l’égard des omnipraticiens. Rappelons que c'est par le biais de la valorisation de la
médecine de famille que nous sommes parvenus à augmenter le nombre de finissants
en médecine qui ont opté pour une résidence en médecine de famille.
De plus, la notion d'assiduité évoquée par le Ministre nous apparaît dangereuse
puisqu'elle porte atteinte à la relation médecin-patient et pénalise les médecins qui
optent pour le suivi de clientèles lourdes comme les personnes âgées et les personnes
souffrant de problèmes de santé mentale ou de maladies chroniques. De plus, en
l’absence d’un dossier électronique permettant d’avoir rapidement accès aux
informations d’un patient et aux différentes consultations effectuées par celui-ci, le calcul
de cette notion d’assiduité nous apparaît au mieux d’une complexité administrative telle
qu’il faille, à notre avis, remettre en cause l’applicabilité réelle d’une telle mesure dans le
contexte actuel.
Les mesures proposées auront l'effet d'accroître la politisation de notre réseau de soins
de santé, alors que l'inverse serait souhaitable. La possibilité pour les palliers locaux de
s'adapter aux besoins populationnels changeants sera grandement réduite avec
l'application du projet de loi 20.
Soyons clairs sur nos intentions : en tant que résidents en médecine de famille, nous
débuterons sous peu notre carrière médicale et nous sommes plus que jamais motivés
à travailler ardemment pour faire une différence dans les milieux au sein desquels nous
serons appelés à pratiquer. Nous souhaitons toutefois exercer en tant qu'omnipraticiens
dans un système où le gouvernement sera notre plus grand allié, en travaillant pour que
nos conditions soient favorables à la pratique d'une médecine de qualité.
Guy Bertin Tcheumi, MD, MSc, CMFC
Médecin résident, Université de Sherbrooke
Administrateur et Président du comité des affaires pédagogiques - Médecine familiale
Fédération des médecins résidents du Québec
Austin Gagné MD, BScH, CMFC
Médecin résident, Université McGill
Vice-président au comité des affaires pédagogiques - Médecine familiale
Fédération des médecins résidents du Québec