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Le dimanche 14 décembre 2014
OPINION
Les membres du Comité des affaires pédagogiques Médecine familiale
Fédération des médecins résidents du Québec
Énoncé de position du comité des affaires pédagogiques en médecine de famille
de la Fédération des médecins résidents du Québec
En réaction au projet de loi 20 avancé par le ministre de la Santé et des Services
sociaux du Québec, le comité des affaires pédagogiques en médecine de famille de la
Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) souhaite joindre sa voix à celle
des nombreux regroupements professionnels qui ont décrié les impacts catastrophiques
que ce projet de loi aura sur le système de santé québécois.
Nous reconnaissons et déplorons les problèmes d’accès aux soins de première ligne qui
sévissent actuellement dans le réseau public. Par contre, nous croyons que les mesures
proposées par le ministre Barrette apportent une mauvaise solution au mauvais
problème, en prenant pour acquis que la responsabilité des lacunes actuelles repose
essentiellement sur le manque de productivité des médecins et, plus particulièrement,
des omnipraticiens. Nous croyons qu’un meilleur soutien à la première ligne par
l'augmentation du travail interdisciplinaire, l'implantation du dossier médical électronique
(pour lequel le Québec est très en retard) et l'investissement dans des mesures de
santé publique devraient être la priorité pour remédier aux problèmes d'accessibilité.
Nous sommes particulièrement préoccupés par les quotas de patients à suivre en
bureau proposés par le Ministre. En voulant augmenter le nombre de patients suivis au
bureau, dans un contexte les ressources disponibles sont déjà surchargées, les
quotas qu’il propose ne pourront que diminuer la qualité des soins prodigués, surtout
pour le suivi des clientèles lourdes. D'ailleurs, nous sommes très inquiets de la
privatisation accrue des soins de première ligne qui pourrait avoir lieu si un tel projet de
loi était adopté.
Nous tenons à rappeler que la relation médecin-patient constitue l'essence du rôle du
médecin de famille - c'est d'ailleurs pour cette raison que plusieurs étudiants en
médecine optent pour un choix de carrière en médecine de famille - pour bien connaître
les patients qu'ils traitent, ce qui ne se fait pas en précipitant les rendez-vous médicaux.
Par ailleurs, considérant qu'un des attraits de la médecine de famille est l'étendue du
champ d'exercice en omnipratique, la limitation du champ d'exercice du médecin de
famille proposée risque de décourager les étudiants à opter pour une pratique en
médecine familiale. Il en va de même pour l’attitude cavalière et méprisante du Ministre
à l’égard des omnipraticiens. Rappelons que c'est par le biais de la valorisation de la
médecine de famille que nous sommes parvenus à augmenter le nombre de finissants
en médecine qui ont opté pour une résidence en médecine de famille.
De plus, la notion d'assiduité évoquée par le Ministre nous apparaît dangereuse
puisqu'elle porte atteinte à la relation médecin-patient et pénalise les médecins qui
optent pour le suivi de clientèles lourdes comme les personnes âgées et les personnes
souffrant de problèmes de santé mentale ou de maladies chroniques. De plus, en
l’absence d’un dossier électronique permettant d’avoir rapidement accès aux
informations d’un patient et aux différentes consultations effectuées par celui-ci, le calcul
de cette notion d’assiduité nous apparaît au mieux d’une complexité administrative telle
qu’il faille, à notre avis, remettre en cause l’applicabilité réelle d’une telle mesure dans le
contexte actuel.
Les mesures proposées auront l'effet d'accroître la politisation de notre réseau de soins
de santé, alors que l'inverse serait souhaitable. La possibilité pour les palliers locaux de
s'adapter aux besoins populationnels changeants sera grandement réduite avec
l'application du projet de loi 20.
Soyons clairs sur nos intentions : en tant que résidents en médecine de famille, nous
débuterons sous peu notre carrière médicale et nous sommes plus que jamais motivés
à travailler ardemment pour faire une différence dans les milieux au sein desquels nous
serons appelés à pratiquer. Nous souhaitons toutefois exercer en tant qu'omnipraticiens
dans un système où le gouvernement sera notre plus grand allié, en travaillant pour que
nos conditions soient favorables à la pratique d'une médecine de qualité.
Guy Bertin Tcheumi, MD, MSc, CMFC
Médecin résident, Université de Sherbrooke
Administrateur et Président du comité des affaires pédagogiques - Médecine familiale
Fédération des médecins résidents du Québec
Austin Gagné MD, BScH, CMFC
Médecin résident, Université McGill
Vice-président au comité des affaires pédagogiques - Médecine familiale
Fédération des médecins résidents du Québec
Roxanne Gosselin, MD
Médecin résidente, Université de Sherbrooke
Vice-présidente au comité des affaires pédagogiques Médecine familiale
Fédération des médecins résidents du Québec
Heidi Larente, MD
Médecin résidente, Université Laval
Vice-présidente au comité des affaires pédagogiques - Médecine familiale
Fédération des médecins résidents du Québec
René Wittmer, MD
Médecin résident, Université de Montréal
Vice-président au comité des affaires pédagogiques Médecine familiale
Fédération des médecins résidents du Québec
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