Le stade de micro albuminurie ne précède pas obligatoirement la dégradation de la fonction rénale et
peut être réversible.
Le dépistage ne se fait pas que par mesure de l’albuminurie (< 30mg/g de créatinine), mais doit être
couplée à l’estimation du débit de filtration glomérulaire DFG (par une équation validée MDRD ou
CKD/EPI >60ml/mn).
Ce dépistage doit se faire dès le diagnostic du DT2 et la surveillance tous les ans.
La néphropathie diabétique étant avant tout une glomérulopathie attribuable à l’hyperglycémie
chronique, pour laquelle la durée et le degré sont déterminants, les grandes études DCCT, UKPDS
ont montré que le contrôle intensif de la glycémie permet de diminuer le risque de micro
albuminurie, de macro albuminurie et de déclin de la fonction rénale, donc le risque d’évolution vers
l’IR terminale le retardant d’une dizaine d’années.
La prise en charge glycémique doit être intensive non seulement précoce, mais même si elle est
différée, le risque d’IRC terminale est tout de même réduit, ce qui a été prouvé par l’étude ADVANCE.
La néphropathie diabétique est la plus grave des complications micro vasculaires du diabète car elle
expose à un double risque d’insuffisance rénale terminale mais aussi de mortalité cardiovasculaire.
Ces patients sont tous à haut risque de complications sévères du diabète, rénales bien sûr, mais
également rétiniennes ou neurologiques et surtout macro vasculaires dont le risque augmente de
40% quand le DFG est entre 45 et 60ml/mn: Des processus d’athérosclérose accélérée et des
calcifications artérielles dues surtout à des très précoces troubles lipidiques (hypertriglycéridémie,
hypo HDL cholestérolémie, et des LDL petites et denses très athérogènes) qui nécessitent un
traitement très agressif par statines visant <0.70g/l de LDL dès le tout début de l’insuffisance rénale.
La micro albuminurie révèlerait autant une souffrance globale de l’arbre vasculaire que simplement
des capillaires du glomérule rénal.
La prise en charge est celle des patients vulnérables pour tous ces aspects simultanément, donc
multidisciplinaire : traitement lipidique, traitement en bi ou tri thérapie de l’HTA visant moins de
130/80mmHg avec préférentiellement des bloqueurs du système rénine-angiotensine (IEC et ARA II )
jusqu’à la dose maximale tolérée dont l’effet néphroprotecteur est tel qu’ils sont indiqués même en
absence d’HTA et à forte dose pour un effet de protection cardiovasculaire , sevrage tabagique,
apport protidique limité, correction de l’anémie, des troubles phosphocalciques, du déficit en vit D
dans l’insuffisance rénale.
Ces patients sont également à risque iatrogène, liées aux traitements de l’HTA et de
l’hyperglycémie , non pas tant le risque d’acidose lactique hypothétique de la Metformine (qui n’est
plus contre-indiquée mais seulement prescrite en posologie réduite jusqu’à 30ml/mn de clearance de
la créatinine.), mais plutôt les hypoglycémies plus redoutées que jamais : non seulement l’évolution
de l’insuffisance rénale augmente le risque d’hypoglycémie du fait d’une réduction de la
néoglucogenèse rénale , mais son impact sur l’élimination des médicaments antidiabétiques majore
ce risque. Ce sont surtout les sulfamides qui sont concernés, à élimination rénale (utiliser avec
précaution ceux à demi vie courte et les interdire quand la clearance de la créatinine <30ml/mn stade
4), A ce stade 4, les seules classes thérapeutiques autorisées sont l’insuline, le répaglinide
(NOVONORM+), les inhibiteurs des a-glucosidases (GLUCOR°) et les inhibiteurs des DPP-4
(JANUVIA-XELEVIA-GALVUS-ONGLYZA)
RETINOPATHIE
Autre microangiopathie, la rétinopathie diabétique intéresse 1/3 des patients ayant du diabète. Les
anomalies de la vascularisation interne de la rétine (microhémorragies, microanévrysmes,
néovaisseaux,) objectivées au Fond d’œil et fluoroangiographie, ne sont que la partie émergée de
l’iceberg, le reflet tardif de dérégulations bien plus précoces, inflammatoires, rupture de la barrière
externe, perte d’étanchéité des vaisseaux, anomalies vasculaires. .
Les progrès dans la prise en charge des rétinopathies sont majeurs : Une étude multinationale sur
plus de 23000 patients soit 35 études poolées a montré une baisse spectaculaire de 50 à 60% des
différentes formes de rétinopathie entre les patients pris en charge avant ou après 2000.