Maladie d`Alzheimer : stratégies de communications et d

Maladie
d'Alzheimer
:
stratégies
de
communications
et
d'interventions.
Une
approche
sans
mots
Alzheimer's
disease:
Communication
and
intervention
strategies.
Making
contact
without
words
a
25,
rue
du
Château,
67150
Bolsenheim,
France
b
69B,
rue
de
Reiningue,
68460
Lutterbach,
France
Reçu
le
29
décembre
2013
;
reçu
sous
la
forme
révisée
le
22
juillet
2014
;
accepté
le
24
septembre
2014
La
maladie
d'Alzheimer
(MA)
est
une
maladie
médiatisée
et
connue
de
tous.
En
tant
que
thérapeute
ou
à
titre
per-
sonnel,
nous
serons
très
certainement,
un
jour
ou
l'autre
confrontés
à
cette
maladie.
L'obser-
vation
des
pratiques
professionnelles,
en
ins-
titution
ou
à
domicile,
nous
permet
de
constater
que
la
prise
en
soin
kinésithérapique
de
cette
maladie
est
difcile
et
hétérogène.
Le
regard
de
la
société,
les
troubles
du
comportement
et
leur
méconnaissance
créent
une
nébuleuse
autour
du
patient
qui
rend
son
approche
complexe.
En
tant
que
masseur-kinésithérapeute
(MK),
nous
avons
notre
place
dans
la
prise
en
soin
de
ces
patients.
Pour
cela
il
faut
d'abord
mettre
n
à
la
méconnaissance
de
la
MA
pour
ensuite
identier
les
difcultés
qui
se
présentent
et
trouver
comment
y
remédier.
L'article
présenté
est
basé
sur
la
revue
de
littérature
effectuée
dans
le
cadre
de
mon
travail
de
n
d'étude.
Les
références
retenues
sont
datées
de
2000
à
2013
et
ont
été
obtenues
grâce
à
diver-
ses
moteurs
de
recherche
tels
que
google
Schoolar,
Haute
Autorité
de
santé,
Inserm,
INPES,
Fondation
Alzheimer
mais
aussi
des
revues
et
des
ouvrages.
Clara
Muller
a
Maëva
Gillet
b
Mots
clés
Alzheimer
Communication
Kinésithérapie
Snoezelen
Soin
Keywords
Alzheimer's
disease
Communication
Physiotherapy
Snoezelen
Care
Auteur
correspondant
:
C.
Muller,
25,
rue
du
Château,
67150
Bolsenheim,
France.
Adresses
e-mail
:
(M.
Clara),
fr
(G.
Maëva)
RÉSUMÉ
La
maladie
d'Alzheimer,
associe
troubles
de
la
mémoire
et
du
comportement.
Face
à
ces
patients,
le
masseur-kinésithérapeute
(MK)
peut
se
sentir
démuni.
Pour
établir
un
plan
de
rééducation,
il
faut
prioriser
la
qualité
de
vie
du
patient
et
de
son
aidant.
Quand
la
communication
est
altérée,
nous
devons
trouver
d'autres
stratégies
pour
entrer
en
contact
avec
le
patient.
En
tant
que
MK
nous
disposons
de
véritables
passerelles
relationnelles
comme
le
concept
Snoezelen.
Niveau
de
preuve.
Pas
adapté.
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2014
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Tous
droits
réservés.
SUMMARY
Alzheimer's
disease
combines
memory
and
behavioral
disorders.
Faced
with
such
patients,
the
physiotherapist
may
feel
at
a
loss.
In
drawing
up
a
rehabilitation
program,
priority
must
be
given
to
the
quality
of
both
the
patient's
and
the
accompanying
person's
lives.
When
speech
is
impaired,
other
strategies
have
to
be
developed
to
make
contact
with
the
patient.
As
physiotherapists,
we
have
genuine
relationship-making
techniques
at
our
disposal,
such
as
the
Snoezelen
concept.
Level
of
evidence.
Not
applicable.
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2014
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Kinesither
Rev
2015;15(159):6569 Savoirs
/
Mise
au
point
http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.09.043
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2014
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Masson
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droits
réservés.
65
REGARDS
CROISÉS
Actuellement,
la
dynamique
de
la
société
est
basée
sur
l'acqui-
sition,
la
maîtrise,
la
compétence
et
la
consommation
or
la
MA
se
traduit
par
la
perte
des
fonctions
mnésiques,
des
fonctions
cognitives,
des
praxies
puis
d'autonomie.
D'après
une
étude
qualitative,
effectuée
par
le
DEOMA,
la
MA
est
la
troisième
maladie
crainte
en
population
générale.
Elle
est
reconnue
comme
le
nouveau
«
éau
»
[1].
L'étymologie
du
terme
«
démence
»
est
la
suivante
:
«
de-
mens
»
de
=
privatif
mens
=
esprit,
intelligence
[2].
Cela
peut
expliquer
que
ce
terme
est
rattaché
à
la
folie
et
la
déraison.
Selon
Cécile
Gallez,
dans
son
rapport
en
2005,
la
perception
négative
peut
également
expliquer
le
sous-diagnostic
de
la
MA
[3].
En
effet,
d'après
le
Facing
Dementia
Survey
de
Pzer
et
Esai,
le
délai
entre
les
premiers
symptômes
perçus
par
les
aidants
et
la
consultation
d'un
médecin
est
en
moyenne
de
9
mois
pour
l'ensemble
des
six
pays
européens
enquêtés
dont
la
France.
Les
raisons
avancées
par
les
aidants
sont
princi-
palement
le
déni
et
la
méconnaissance
de
cette
maladie.
L'établissement
du
diagnostic
s'élève
à
20
mois
dans
le
cadre
de
la
France
(Bond
et
al.,
2005
[4]).
Pourtant
le
dépistage
précoce
permet
d'apporter
une
réponse
éclairée
face
à
des
comportements
inexpliqués.
Malheureusement,
quand
le
diagnostic
est
posé,
il
est
rarement
annoncé
aux
patients.
Ils
deviennent
«
spectateurs
»
de
leur
maladie,
plaçant
ainsi
en
«
acteur
principal
»
l'aidant
et
la
famille.
Les
aidants
sont
fortement
impliqués
dans
cette
maladie,
ils
sont
la
victime
cachée
de
la
démence.
Nombreux
sont
ceux
qui
réduisent
le
contact
avec
l'extérieur
par
peur
ou
honte
des
comportements
parfois
déroutant
de
leur
proche.
Il
y
a
plu-
sieurs
sources
de
souffrance
:
angoisse
de
l'hérédité
;
chagrin
devant
l'altération
physique
;
le
changement
d'humeur
et
de
personnalité
du
proche
;
incertitude
devant
le
comportement
à
avoir
;
crainte
de
problèmes
nanciers
;
deuil
de
l'espérance
de
la
guérison
;
deuil
de
la
relation
perdue
;
deuil
du
rôle,
renversement
des
rôles
familiaux
habituels
;
deuil
de
la
possibilité
de
prévoir
l'avenir.
La
qualité
de
vie
du
patient
et
de
l'aidant
sont
étroitement
liées
l'une
à
l'autre.
L'implication
dans
les
tâches
de
la
vie
quoti-
dienne,
le
sentiment
de
fardeau,
de
culpabilité,
d'impuissance
et
d'incompréhension
peuvent
amener
l'aidant
à
un
état
d'épui-
sement
psychologique
et
physique.
Aux
difcultés
liées
à
la
MA,
s'ajoute
le
poids
des
représentations
sociales.
MANIFESTATIONS
CLINIQUES
La
Haute
Autorité
de
santé
(HAS)
décrit
la
MA
comme
une
maladie
neurologique
dégénérative
du
système
nerveux
cen-
tral,
sévère
et
invalidante,
progressive
et
irréversible,
dont
les
répercussions
familiales
et
sociales
sont
considérables.
La
MA
est
nie
par
l'association
d'un
syndrome
démentiel
et
l'exi-
stence
de
lésions
cérébrales
qui
induit
une
perte
neuronale
[5].
Selon
les
auteurs,
on
distingue
la
forme
présénile
(MA),
de
la
forme
sénile,
dite
démence
sénile
de
type
Alzheimer
(DSTA)
(Tableau
I).
D'un
patient
à
l'autre
les
manifestations
cliniques
sont
varia-
bles.
Actuellement
on
différencie
plusieurs
stades
(Fig.
1).
L'altération
des
fonctions
cognitives
peut
être
accompagnée
de
troubles
psycho-comportementaux
tels
que
:
manifestations
délirantes
(vol,
abandon,
complot)
;
déambulation
et
fugue
;
agressivité
(verbale
ou
physique,
envers
soi
ou
les
autres)
;
trouble
du
sommeil
;
cris,
vocalisations
;
apathie,
retrait,
perte
d'initiative,
dépression,
démotivation
;
troubles
de
la
nutrition.
Au
début
de
la
maladie,
la
déambulation
excessive
et
sans
but
peut
être
un
trouble
très
présent.
Elle
peut
avoir
plusieurs
causes
comme
l'ennui,
l'anxiété,
une
énergie
excessive
à
dépenser,
la
recherche
d'un
lieu
familier,
le
stress
[6].
Les
capacités
fonction-
nelles
et
l'endurance
sont
par
conséquent
entretenues.
Cepen-
dant
le
patient
peut
marcher
pendant
des
heures,
jusqu'à
épuisement
augmentant
ainsi
le
risque
de
chute.
La
qualité
de
vie
du
malade
sera
liée
à
sa
dépendance
et
à
l'intensité
des
troubles
du
comportement.
Elle
est
impactée
autant
par
la
dépression
que
par
la
qualité
de
vie
de
son
aidant.
De
plus
la
dépression
de
l'aidant
est
fréquemment
liée
à
la
dépression
du
malade
[7].
Si,
pour
tous,
le
déclin
progressif
est
inévitable,
l'évolution
et
les
manifestations
cliniques
sont
différentes
d'un
patient
à
l'au-
tre.
Les
altérations
cérébrales,
source
d'incapacités
et
d'han-
dicaps
ont
un
retentissement
sur
l'état
général
du
patient.
Avec
l'évolution
de
la
maladie
les
patients
ne
peuvent
plus
assurer
les
besoins
fondamentaux
(Fig.
2).
L'identication
des
besoins
altérés
du
patient
nous
servira
de
guide
pour
la
mise
en
place
de
notre
plan
de
traitement
mais
également
de
grille
d'évaluation
de
plan
de
soins.
Nous
devons
repérer
les
capacités
du
patient
mais
aussi
instaurer
de
nouvelles
stratégies
alternatives.
La
kinésithérapie
stabilise
et
renforce
les
capacités
motrices
et
posturale
des
patients
ce
qui
permet
la
réalisation
de
leurs
besoins
[8].
Tableau
I.
Différence
entre
MA
et
DSTA.
MA
DSTA
Débute
vers
5060
ans Débute
après
65
ans
Évolution
accélérée Évolution
plus
lente
Mortalité
due
aux
complications Mortalité
liée
à
la
sénescence
MA
:
maladie
d'Alzheimer
;
DSTA
:
démence
sénile
de
type
Alzheimer.
Figure
1.
Frise
d'évolution
de
la
maladie
d'Alzheimer.
C.
Muller,
M.
Gillet
Savoirs
/
Mise
au
point
66
Notons
que
les
mémoires
sensorielles
et
procédurales
sont
les
plus
longtemps
épargnées
dans
la
MA.
Cela
nous
permet
d'axer
notre
démarche
et
nos
stratégies
d'interventions
dans
ce
sens.
Souvenons-nous
que
les
manifestations
cliniques
sont
variables
d'un
jour
à
l'autre
pour
chaque
patient.
Il
est
donc
primordial
que
le
thérapeute
s'adapte,
se
réajuste
au
quotidien
et
qu'une
réévaluation
régulière
de
la
situation
soit
faite.
Il
est
capital
pour
ces
patients
de
bénécier
d'une
approche
tant
physique
que
psychique.
ÉTABLIR
LE
LIEN
Dans
la
MA,
la
rééducation
commence
avec
la
relation
patient-thérapeute,
elle
est
au
cœur
de
la
prise
en
soin.
La
communication
verbale
est
altérée,
cependant
les
patients
ont
d'autres
moyens
de
communication.
Les
troubles
du
comportement
sont
des
symptômes
qui
ont
un
sens
propre
à
chacun.
Ils
sont
le
signe
que
le
sujet
éprouve
des
sentiments
et
tente
de
les
communiquer.
Le
sens
peut
être
difcile
à
trou-
ver
car
le
patient
n'a
pas
la
même
réalité
que
nous
;
pour
le
comprendre,
il
faut
se
mettre
à
l'écoute
[9].
«
Tout
comportement
est
communication
»
[10].
La
douleur,
l'inconfort,
le
manque
de
communication,
les
trou-
bles
métaboliques
et
infectieux,
la
diminution
de
la
perception,
la
prise
de
médicament
peuvent
être
à
l'origine
de
troubles
psycho-comportementaux.
Le
thérapeute
doit
être
vigilant
et
avoir
connaissance
de
ces
différents
troubles
an
de
pouvoir
les
interpréter
et
mettre
en
place
un
programme
d'interventions
adaptées
qu'il
faudra
réajuster
au
jour
le
jour.
Les
troubles
psycho-comportementaux,
l'agnosie
et
l'aphasie
rendent
la
prise
en
soin
uctuante
et
la
relation
difcile.
Il
faut
alors
être
à
l'écoute,
tenter
de
comprendre
le
patient
an
d'être
en
mesure
de
l'accompagner
vers
l'autonomie
qu'il
souhaite
et
être
au
plus
près
de
son
projet.
Il
est
important
d'aller
vers
eux,
de
créer
un
espace
de
communication
pour
favoriser
l'expres-
sion
mais
également
l'écoute.
De
plus,
mieux
communiquer
permet
de
renforcer
l'identité
de
la
personne
malade
et
de
maintenir
le
lien
social.
C'est
un
acte
thérapeutique
qui
dimi-
nue
le
sentiment
d'exclusion,
stimule
le
système
cognitif
et
prévient
les
troubles
du
comportement
facilitant
ainsi
les
soins
au
quotidien
[10].
Établir
une
relation
de
conance
est
un
travail
de
tous
les
jours.
La
relation
peut
se
faire
par
la
mise
en
œuvre
de
la
commu-
nication
verbale
mais
aussi
la
communication
non
verbale.
Cette
dernière
implique
le
regard,
la
gestuelle
mais
aussi
le
toucher.
Il
est
important
de
savoir
que
le
toucher
est
l'un
des
derniers
sens
à
disparaître.
Il
invite
à
l'échange,
il
doit
donc
être
d'autant
plus
stimulé
et
apprivoisé
dans
la
MA.
Courjou
E.,
Masseur-Kinésithérapeute,
parle
du
toucher
comme
un
besoin
élémentaire.
Elle
explique
que
l'absence
du
toucher
entraîne
une
altération
du
schéma
corporel,
respon-
sable
de
troubles
comportementaux
et
psychologiques.
Elle
souligne
l'importance
du
toucher
et
du
massage
dans
l'instaura-
tion
d'une
relation
de
conance
entre
thérapeute
et
patient
[11].
Pour
Karyne
Duquenoy
Spychala,
psychologue
clinicienne,
«
toucher
une
personne
atteinte
de
la
MA
revêt
un
caractère
de
réparation
affective
».
«
Le
toucher
peut
être
véritablement
thérapeutique
en
instaurant
un
sentiment
de
bien-être
et
d'estime
de
soi.
Il
peut
aussi
avoir
des
effets
sur
le
niveau
d'attention
et
sur
l'orientation
spatiale
en
favorisant
la
consci-
ence
de
l'environnement
»
[12].
Le
toucher
thérapeutique
peut
alors
être
utilisé
pour
répondre
à
ce
besoin,
établir
la
relation
mais
aussi
apaiser
les
souf-
frances
des
patients.
Parmi
nos
techniques,
les
massages
et
les
mobilisations
per-
mettent
de
stimuler
les
tissus,
de
combattre
l'atrophie
muscu-
laire
et
prévenir
la
raideur.
Le
travail
de
la
région
sensorimotrice
améliore
le
schéma
corporel,
procure
du
bien-être
(corporel
et
psychique)
et
revalorise
le
sujet.
L'écoute
des
signes
non
verbaux
nous
permet
également
de
détecter
des
douleurs
sur
lesquelles
le
patient
n'arrive
plus
à
mettre
de
mots.
Ces
moyens
d'intervention,
facilitent
la
communication
avec
le
patient
et
peuvent
être
adaptés
à
toutes
situations.
Ce
sont
des
passerelles
relationnelles,
une
manière
d'entrer
en
contact,
de
dire
sans
mots
que
l'on
est
avec
le
patient.
La
communication,
le
toucher
obligent
à
l'échange.
Le
thérapeute
laisse
donc
transparaître
son
état
émotionnel.
Par
consé-
quent,
il
doit
se
placer
dans
un
état
de
relaxation
an
d'émettre
un
message
positif.
Par
ces
stratégies,
nous
apportons
du
bien-être
pouvant
diminuer
les
troubles
du
comportement
et
préparons
les
séances
de
rééducation
fonctionnelle.
Créer
une
relation
patient-aidant-MK
est
essentielle.
L'interaction
entre
le
thérapeute
et
l'aidant
est
capitale
car
celui-ci
peut
apporter
des
informations
indispensables
aux
thérapeutes.
En
contre
partie,
le
thérapeute
doit
lui
transmettre
les
informations
perçues
pouvant
expliquer
certains
signes
cliniques
ainsi
que
des
stratégies
pour
apaiser
les
troubles
du
comportement
du
patient,
notamment
par
des
activités
testées
et
appréciées
par
ce
dernier.
Figure
2.
L'échelle
des
besoins
selon
Maslow.
Kinesither
Rev
2015;15(159):6569 Savoirs
/
Mise
au
point
67
LES
SENS
:
UN
OUTIL
DE
COMMUNICATION
Le
concept
Snoezelen
a
ses
origines
aux
Pays
Bas
dans
les
années
1970.
C'est
la
contraction
de
deux
verbes
hollandais
:
«
Snuffelen
»
=
sentir
;
«
Doezelen
»
=
adoucir,
notion
de
calme.
C'est
une
philosophie
basée
sur
la
relation
et
sur
une
démarche
d'accompagnement
de
la
personne.
Il
n'y
a
pas
de
méthode,
ce
qui
est
important
c'est
de
suivre
le
rythme
et
les
choix
du
patient.
Le
sujet
est
l'acteur
principal.
La
salle
Snoezelen
est
une
pièce
spécialement
conçue
à
cet
effet
mais
on
peut
également
ame-
ner
ce
concept
dans
d'autre
pièces
(une
chambre,
un
salon
ou
même
à
l'extérieur).
Le
lieu
doit
être
apaisant
et
confortable,
propice
à
la
découverte
et
au
partage
[10].
Les
séances
sont
d'une
durée
variable
et
peuvent
être
appli-
quées
à
chaque
instant
de
la
maladie.
C'est
un
espace
l'écoute
et
l'entente
sont
favorisées.
Celui-ci
permet
la
commu-
nication
la
parole
fait
défaut.
Nous
allons
guider
le
patient
à
ressentir
une
expérience
sensorielle
positive
par
la
mise
en
jeu
d'environnements
sonores,
tactiles,
visuels
et
olfactifs.
La
sti-
mulation
de
l'appareil
sensorimoteur
permettra
alors
au
patient
de
développer
sa
conscience
corporelle,
de
redécouvrir
son
environnement
et
de
retrouver
un
plaisir
d'être.
L'adaptation
et
la
créativité
sont
les
maîtres
mots
d'autant
plus
que
les
patients
peuvent
avoir
des
réactions
imprévisibles.
Selon
divers
auteurs
nous
pouvons
observer
une
baisse
de
la
douleur,
de
l'apathie,
de
l'agressivité
et
par
conséquent
diminuer
la
prise
de
médica-
ments
[10].
Par
ce
concept
nous
améliorons
l'estime
de
soi
et
répondons
aux
besoins
fondamentaux
selon
Maslow.
Les
comportements
stéréotypés
seront
moindres
et
la
quali
de
travail
des
soignants
sera
meilleure.
En
tant
que
thérapeute,
par
le
feedback,
nous
identions
la
carte
d'identité
sensorielle,
c'est-
à-dire
les
stimuli
les
plus
évocateurs
pour
le
patient.
Nous
pourrons
alors
l'utiliser
lors
des
séances
kinésithérapiques
ulté-
rieures,
an
d'améliorer
la
rééducation
fonctionnelle.
«
Redonner
de
la
vie
aux
sens
donne
aussi
du
sens
à
la
vie
»
(Dr
Raschilas)
CONCLUSION
Dans
la
MA,
en
tant
que
MK,
nous
avons
deux
objectifs
majeurs
:
accompagner
et
coordonner.
Il
nous
faudra
accompagner
la
transformation
inévitable
de
l'état
de
santé
et
des
relations
sociales
du
malade
sans
omettre
de
faire
le
lien
avec
la
famille
et
les
autres
professionnels
de
santé.
Nos
interventions
concourent
au
maintien
des
fonctions
cogni-
tives
et
sensorielles
ainsi
qu'à
la
stabilisation
des
capacités
fonctionnelles.
Le
but
étant
d'assurer
au
patient
une
qualité
de
santé
et
de
bien-être
en
conservant
au
maximum
leur
auto-
nomie
et
indépendance.
Pour
cela,
nous
devons
travailler
dans
un
climat
de
conance
et
de
bienveillance
an
de
reva-
loriser
le
patient
et
le
rendre
pleinement
acteur.
Par
la
maladie,
la
communication
verbale
est
altérée.
Pour
s'adapter,
l'écoute
des
besoins
et
des
désirs
du
patient
est
donc
primordiale
et
demande
une
attention
particulière
de
la
part
des
thérapeutes.
Le
partage
d'expériences
et
de
connais-
sances
ainsi
que
la
coordination
entre
thérapeutes,
soignants
et
les
proches
qui
entourent
le
patient
sont
essentiels
à
la
prise
en
soin.
Le
concept
Snoezelen
semble
être
une
bonne
stra-
tégie
qui
mérite
d'être
connue
et
adoptée
par
notre
profession.
Les
patients
atteints
de
la
MA
ont
besoin
que
l'on
change
notre
approche
an
d'adoucir
le
vécu
des
malades,
des
aidants
et
des
soignants.
Il
faut
arriver
à
la
faire
passer
d'une
«
prise
en
Figure
3.
La
prise
en
soin
kinésithérapeutique
d'un
patient
atteint
de
la
maladie
d'Alzheimer.
C.
Muller,
M.
Gillet
Savoirs
/
Mise
au
point
68
charge
»
à
une
«
prise
en
soin
»,
prise
en
soin
qui
fait
réfé-
rence
à
la
notion
de
traitement,
de
plan
thérapeutique
et
de
soulagement
des
maux
(Fig.
3).
CONTRIBUTION
DE
CHAQUE
AUTEUR
Gillet
Maëva
:
rédaction.
Muller
Clara
:
rédaction,
recherche
documentaire,
illustration.
Déclaration
d'intérêts
Les
auteurs
déclarent
ne
pas
avoir
de
conits
d'intérêts
en
relation
avec
cet
article.
Remerciements
Nous
remercions
l'ensemble
des
personnes
ayant
contribué
à
ce
projet.
RÉFÉRENCES
[1]
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Perceptions,
connaissances
et
comportements
du
grand
public
vis-à-vis
de
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télécharger
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Institut
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recherche
et
d'application
pour
la
promotion
de
la
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Comprendre
la
personne
atteinte
de
la
maladie
d'Alzhei-
mer
ou
de
troubles
associés
et
construire
une
prise
en
charge.
Institut
de
recherche
et
d'application
pour
la
promotion
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les
mala-
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Ramonville:
Eres;
coll.
Pratiques
gérontologiques;
2002.
Points
à
retenir
La
qualité
de
vie
du
malade
sera
liée
à
sa
dépen-
dance
et
à
l'intensité
des
troubles
du
comportement.
Elle
est
impactée
autant
par
la
dépression
que
par
la
qualité
de
vie
de
son
aidant.
De
plus
la
dépression
de
l'aidant
est
fréquemment
liée
à
la
dépression
du
malade
[7].
Notre
rôle
est
de
renforcer
les
éléments
qui
permettent
de
réaliser
les
besoins
fondamentaux.
Nous
devons
alors
identier
et
utiliser
les
capacités
du
patient
mais
aussi
instaurer
des
stratégies
alternatives.
Notons
que
les
mémoires
sensorielles
et
procédurales
sont
les
plus
longtemps
épargnées
dans
la
MA.
Souvenons-
nous
que
les
manifestations
cliniques
sont
variables
d'un
jour
à
l'autre
pour
chaque
patient.
L'écoute
des
signes
non
verbaux
nous
permet
éga-
lement
de
détecter
des
douleurs
sur
lesquelles
le
patient
n'arrive
plus
à
mettre
de
mots.
Les
mas-
sages,
la
mobilisation
et
le
toucher,
facilitent
la
communication
avec
le
patient
et
peuvent
être
adaptés
à
toutes
situations.
Ce
sont
des
passerelles
relationnelles,
une
manière
d'entrer
en
contact,
de
dire
sans
mots
que
l'on
est
avec
le
patient.
Le
concept
Snoezelen
a
ses
origines
aux
Pays
Bas
dans
les
années
1970.
C'est
la
contraction
de
deux
verbes
hollandais
:
«
Snuffelen
»
=
sentir
;
«
Doeze-
len
»
=
adoucir,
notion
de
calme.
C'est
une
philoso-
phie
basée
sur
la
relation
et
sur
une
démarche
d'accompagnement
de
la
personne.
Il
n'y
a
pas
de
méthode,
ce
qui
est
important
c'est
de
suivre
le
rythme
et
les
choix
du
patient.
Le
sujet
est
l'acteur
principal.
La
communication
verbale
est
altérée,
cependant
les
patients
ont
d'autres
moyens
de
communication.
Les
troubles
du
comportement
sont
des
symptômes
qui
ont
un
sens
propre
à
chacun.
Ils
sont
le
signe
que
le
sujet
éprouve
des
sentiments
et
tente
de
les
communiquer.
Kinesither
Rev
2015;15(159):6569 Savoirs
/
Mise
au
point
69
1 / 5 100%

Maladie d`Alzheimer : stratégies de communications et d

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