ECG S. Sadfi Charbonnier A. Sanchez V. Trombert Drs Semia Sadfi Charbonnier, Andrea Sanchez et Véronique Trombert Hôpital des Trois-Chêne Ch. Pont-Bochet 3 HUG, 1226 Thônex [email protected] Coordination rédactionnelle Pr Jean-Jacques Perrenoud Professeur associé, Chef de service (Département de médecine interne, de réhabilitation et gériatrie, HUG) Problèmes pratiques d’ECG chez la personne âgée. Cas n° 19 Le score est considéré comme positif (suggestif d’un infarctus) s’il est M 3 (figu­ re 2), avec une sensibilité de 36%, une spé­ cificité de 96% et un rapport de vraisem­ blance positif à 9 (un rapport de vraisem­ blance positif à 9 indique que le patient a neuf fois plus de risque d’avoir un infarctus s’il présente le critère, que s’il ne le présente pas). Bien que sur l’ECG de la figure 1, le score de notre patient ne soit que de 2, l’infarctus du myocarde est confirmé par l’élévation de la troponine I à 4,250 mg/l (N l 0,09 mg/l) et par une hypokinésie antéroseptale à l’écho­ cardiographie. prise en charge Le patient bénéficie d’un traitement mé­ dicamenteux. Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 1520-1 introduction Patient de 87 ans, hospitalisé pour une baisse de l’état général, connu pour une cardiopathie ischémique (maladie tritron­ culaire avec angioplastie et pose d’un stent sur les artères circonflexe et inter­ ventriculaire antérieure en 1996, 2001 et 2002), avec une fraction d’éjection du ventricule gauche entre 35 et 40%. ecg d’entrée (figure 1) Question : Que pensez-vous de cet ECG ? Réponse : Il s’agit d’un rythme sinusal (avec quelques extrasystoles supraventri­ culaires – ESSV) et d’un bloc de branche gauche (BBG) complet. Question : Ce BBG vous paraît-il «classi­ que» ? Réponse : Il est frappant de constater une surélévation du segment ST de V1 à V4 supérieure à 5 mm en V2 et V3. Il est toute­ fois connu que les anomalies de la repola­ risation sont ininterprétables en cas de BBG, rendant le diagnostic d’infarctus diffi­ cile. Sgarbossa et coll.1 ont défini trois critè­ res électrocardiographiques (algorithme de Sgarbossa) aidant à identifier un infarctus en présence d’un BBG grâce à l’établisse­ ment d’un score : – sus-décalage ST M 1 mm concordant avec un QRS positif (score = 5) ; – sous-décalage ST M 1 mm dans les déri­ vations V1, V2 ou V3 (score = 3) ; – sus-décalage ST M 5 mm discordant avec QRS négatif (score = 2). 1520 Figure 1. ECG d’entrée : fréquence cardiaque à 62/min Figure 2. Electrocardiogramme illustrant deux des critères de Sgarbossa (Tirée de réf.1). Sus-décalage ST M 1 mm concordant en V5 et V6 (score = 5) et sus-décalage ST M 5 mm discordant en V1, V2 et V3 (score = 2), donnant un score total = 7. Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 juillet 2012 40_41_36046.indd 1 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 24 août 2011 0 19.07.12 09:01 ecg de contrôle trois jours après l’admission (figure 3) L’important sus-décalage de ST dans les précordiales a disparu et les troponines sont à la baisse à 1,170 mg/l. A retenir L’importance des anomalies de la repo­ larisation induites par le BBG rend dif­ ficile le diagnostic d’infarctus aigu. Ce dernier peut parfois être évoqué lorsque l’algorithme de Sgarbossa est utilisable. Bibliographie 1 Sgarbossa EB, Pinski SL, Wagner GS, et al. Electro­ cardiographic diagnosis of evolving acute myocardial infarction in the presence of left bundle-branch block. N Engl J Med 1996;334:481-7. 0 Figure 3. ECG de contrôle après trois jours : fréquence cardiaque à 80/min Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 24 août 2011 40_41_36046.indd 2 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 juillet 2012 1521 19.07.12 09:01