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L’ANNÉE GÉRONTOLOGIQUE 2015©
France pour des cadres retraités. Une 1ère enquête a eu lieu en
2002-2004 ayant inclus 902 conducteurs âgés en bonne santé et
volontaires ; ont été recueillis des informations concernant leur
état de santé (complété par un examen médical), leur performance
à une batterie de tests neuropsychologiques évaluant plusieurs
fonctions cognitives impliquées dans le processus de conduite
(MMS, Stroop, Empan direct et indirect, TMT A et B, BREF),
une échelle d’anxiété (Goldberg), une échelle de dépression
(GDS), un questionnaire de comportement routier (le Aging Driver
Questionnaire de Parker, ADQ), et leurs habitudes de conduite et
conditions de vie socio-environnementales. Les patients présentant
un état démentiel diagnostiqué ou suspecté étaient exclus de l’étude.
Les conducteurs ont été recontactés en 2009 par courrier pour
remplir un questionnaire sur leur(s) accident(s) dans les 5 années
précédentes et l’ADQ. Analyse statistique: Analyse descriptive
de la population : nombre et pourcentage ; moyenne et écart type:
Analyse univariée sur l’ensemble des variables avec pour critère
de jugement la survenue d’un accident de la circulation (test de
chi 2 ou test de Fisher, et test t Student). Analyse multivariée par
régression logistique pour identier les variables associée au risque
de survenue d’accident. Résultats : Parmi les 214 réponses (soit un
taux de 33,7%), 67 conducteurs ont déclaré avoir eu un accident
dans les 5 ans (33%). La majorité de la population (97%) présentait
au moins une pathologie chronique appartenant à la liste des
pathologies pouvant donner droit à une évaluation de l’aptitude à
la conduite (circulaire 2005). Aucune association n’a été retrouvée
entre la survenue d’un accident et l’existence d’une pathologie
ou d’un score anormal à l’un des tests neuropsychologiques. Par
contre on note un nombre d’accident plus important si des attitudes
d’infractions antérieures (p=0,0018), ou un antécédent d’accident
(p=0,03), étaient rapportés, lors d’une consommation antérieure
de benzodiazépines (p=0.06), même si la relation directe ne peut
être établie, et un kilométrage plus important (p= 0,009). L’analyse
multivariée met en évidence une seule variable indépendante
associée au risque d’accident: Le nombre de kilomètres élevé (>15
000/an) (OR : 2.8 [IC95% : 1.3- 6.2]). Conclusion : Les accidents
survenant chez les conducteurs âgés en bonne santé présentent des
similitudes avec les sujets plus jeunes (comportement d’infractions,
accidents antérieurs, kilométrage parcouru). Aussi la question de la
sécurité sur route du conducteur âgé en bonne santé ne doit pas se
limiter à des pathologies chroniques (surtout si stabilisées) ou des
performances aux tests cognitifs. Elle doit aussi prendre en compte
les comportements routiers (driving behaviors) et habitudes de
conduite (driving skills).
CO2. Risques de fragilité et prévention en santé sociale des
effets du vieillissement
M. Noguès, J. Bousquet, V. Bruguière, D. Paccard, A.-L. Coupet,
M. Marc, J.-C. Reuzeau
(Université Montpellier 1, Montpellier)
Le contexte: La fragilité est une situation dont la fréquence
augmente avec l’avancée en âge et constitue de fait un problème
médical, social et sociétal majeur. Elle doit être détectée et prise en
charge précocement pour prévenir ou retarder la perte d’autonomie.
En amont de la fragilité observée, le repérage des risques de fragilité
peut apporter une vision plus ciblée sur la population susceptible de
bénécier d’un accompagnement adapté sur le champ somatique
et le domaine social. Le repérage des risques de fragilité : l’Institut
Régional du Vieillissement ( IRV ) en Languedoc Roussillon,
Living Lab de MACVIA LR. L’Institut Régional du Vieillissement
est une communauté animée par la Caisse d’Assurance Retraite et
de la Santé au Travail (Carsat), le but étant la coordination et la
création de parcours attentionnés en faveur des personnes âgées
fragiles. La création de l’IRV a donné lieu à différents échanges
d’une part, avec les autres régimes de Sécurité sociale et d’autre
part, avec les partenaires essentiels que sont notamment l’ARS
et les Conseils Généraux. La Carsat-LR a mis en œuvre un
Observatoire des situations de fragilité élargi à l’interrégime (MSA
- RSI). Les informations sont accessibles sur le site de la Carsat-LR
et elles peuvent être consultées par l’intermédiaire d’un Système
d’Information Géographique (SIG). Le croisement de données
des systèmes d’information de la Sécurité Sociale montre chez
les personnes seniors des situations de renoncement aux soins,
d’isolement, de précarité qui sont autant de facteurs prédictifs d’une
évolution vers une fragilité avérée. Une prise de conscience précoce
de ces facteurs permet de mettre en place des plans d’actions
s’inscrivant dans le concept élargi de la prévention en santé sociale.
La prévention en santé sociale : fondement de l’action concertée à
l’égard des personnes en risque de fragilité. Le modèle conceptuel
de la prévention repose habituellement sur trois niveaux (prévention
primaire, secondaire, tertiaire). Ceux-ci revêtent une réelle utilité
dès lors qu’il s’agit de les classer par vecteurs de communication
et d’action. Cependant l’usage de ces niveaux peut conduire à des
segmentations qui permettent difcilement d’avoir une approche
globale à l’égard des personnes et ce, d’autant plus lorsque les sujets
sont âgés et qu’ils présentent des risques de fragilité. La prévention
des effets du vieillissement impose de revoir les modes d’approche
de cette population an de concevoir des réponses parfaitement
adaptées. A la formulation classique des trois niveaux, il paraît
préférable de revisiter le concept de prévention par un changement
de paradigme en le fondant sur une différenciation des domaines
concernés par la fragilité : - l’état de santé et la maladie; - la santé
sociale; - l’environnement socio-économique. L’accompagnement
des personnes en risque de fragilité : le guichet concerté de l’IRV.
L’IRV intègre un « guichet concerté » préconisé par le Plan national
Proximité Autonomie (Circulaire CNAMTS/CNAV du 20/09/2014).
Il apporte aux assurés sociaux retraités ou préretraités en risque
de fragilité, des conseils et des orientations dans le domaine de
l’accès aux droits et à la santé. Le « guichet concerté» fait appel
aux compétences existantes : gestionnaire de cas, techniciens de
la Sécurité sociale, …. Des liens à cet égard sont établis avec des
services hospitaliers, des centres de prévention et bien sûr avec les
acteurs de la prévention et du maintien à domicile. Les personnes
concernées font l’objet d’un suivi régulier et d’une évaluation telle
qu’elle est présentée ci dessous. L’évaluation dynamique des sujets
repérés en risque de fragilité. Cette démarche d’évaluation s’inscrit
dans le cadre d’une réexion sur l’évolution de la prise en charge
des séniors fragiles au titre de l’action sociale. L’enjeu est d’évaluer
dans le temps les risques de fragilité selon 4 axes : le somatique,
le psychosocial, le nutritionnel et le cognitif. L’objectif est de
repérer les composantes de la fragilité et plus particulièrement le
caractère multidimensionnel de la fragilité sur chaque sujet et ainsi
d’orienter la prise en charge en fonction des risques de fragilité.
De façon opérationnelle et expérimentale, une évaluation de la
situation de chaque senior est réalisée périodiquement à partir d’un
questionnaire reprenant 5 items par axe. Le score permet de tracer
« l’étoile de la perte d’autonomie » pour chaque sujet évalué et
de l’orienter vers les ateliers ou les actions de prévention les plus
adaptés. L’expérimentation en cours : les premiers résultats. Suite
au lancement de cette offre expérimentale, 50 personnes ont été
suivies par le « guichet concerté ». Les 3/4 font part d’un besoin
précis et expriment souvent des difcultés nancières ; d’autres
difcultés se rapportent à l’habitat, aux soins, à la solitude ou encore