prothèses de 2
e
génération (prothèses à double ailette de
type Saint Jude Medical ou prothèses à disque basculant
type Medtronic Hall).
Parmi les nombreux facteurs qui interviennent dans les
phénomènes de thrombose, les facteurs hémostatiques
jouent un rôle prépondérant [2, 3]. La qualité du traite-
ment anticoagulant est souvent défectueuse en cas de
thrombose de prothèse. La phase postopératoire précoce
est à ce titre délicate, car l’équilibre peut être difficile à
trouver entre une hypocoagulation trop forte et son risque
hémorragique (hémopéricarde), et trop faible avec son
risque de thrombose. Par ailleurs, au cours de la vie d’un
patient, toute modification du schéma thérapeutique, en
particulier lors des relais nécessaires pour une interven-
tion intercurrente ou une grossesse, constitue des situa-
tions à risque.
La thrombose peut être aiguë et constituée d’un throm-
bus frais (dans ces cas la cause est en règle l’arrêt du
traitement anticoagulant) ou subaiguë, chronique. Elle est
alors constituée de plusieurs couches de caillots plus ou
moins organisées.
Plusieurs séries chirurgicales [4-7] ont souligné la fré-
quence des pannus fibreux après remplacement valvulaire
(45 à 70 % des cas), véritable cicatrice fibreuse péri-
annulaire exubérante qui favorise la formation de la
thrombose secondaire à la stase sanguine.
La fréquence des thromboses obstructives de prothèses
valvulaires mécaniques varie entre 0,3 et 1,3 pour 100
années-patients [8]. Soulignons cependant que les prothè-
ses récentes à double ailette ont un profil hémodynamique
meilleur, expliquant la moindre survenue de thromboses.
De plus, il est plus rare que la thrombose bloque simulta-
nément les deux ailettes, si bien que la présentation clini-
que est souvent moins grave avec ce type de prothèse.
La première année postopératoire est une année à
risque. Ainsi, dans la série de Deviri et al. [4] concernant
100 interventions chirurgicales pour thrombose de pro-
thèses, 24 % surviennent pendant la première année,
13 % pendant la deuxième, 15 % pendant la troisième,
16 % pendant la quatrième. Au-delà, la fréquence des
thromboses de prothèse décroît [4].
Diagnostic de thrombose obstructive
de prothèse
Clinique
Dans le contexte de l’urgence, le diagnostic de throm-
bose de prothèse valvulaire cardiaque est avant tout évo-
qué devant une défaillance cardiaque aiguë, droite ou
gauche (OAP) selon le site de la prothèse, ou une dyspnée
anormale, un fébricule, voire une embolie systémique
d’évolution moins aiguë. Dans ce contexte, la constata-
tion à l’auscultation d’une diminution des clicks de pro-
thèse valvulaire ou de l’apparition d’un souffle cardiaque
est un signe clinique d’importance.
Examens complémentaires
Face à une suspicion clinique de thrombose de valve,
trois examens complémentaires ont un rôle essentiel dans
la confirmation du diagnostic et la prise en charge des
patients : l’ETT, le radiocinéma de valve et l’ETO.
Échocardiographie transthoracique
L’ETT est l’examen clé de surveillance des prothèses
[9-18]. En échocardiographie bidimensionnelle, il existe
deux signes directs de thrombose de prothèse valvulaire :
une anomalie de la cinétique des éléments mobiles et la
présence d’un thrombus autour de la prothèse. Soulignons
l’importance de multiplier les incidences d’exploration de
la prothèse (incidences parasternales, apicales, sous cos-
tales) (tableau 1).
Il faut rechercher une ouverture incomplète ou retar-
dée du ou des éléments mobiles de la prothèse valvulaire,
voire l’immobilité d’une des ailettes.
Le thrombus paraprothétique peut siéger sur l’une ou
l’autre face de la prothèse, le plus souvent dans la cavité
où règnent les pressions les plus basses. Il s’agit d’une
masse plus ou moins arrondie d’échogénicité plus faible
que l’anneau prothétique souvent légèrement mobile qu’il
faut rechercher avec attention en utilisant le zoom.
Cependant, ces seuls signes échocardiographiques
sont souvent insuffisants car peu sensibles. En effet, les
prothèses récentes dites à « bas profil » ont des clapets de
petite taille qui dépassent à peine le plan de l’anneau lors
de l’ouverture et sont donc difficilement analysables. Par
ailleurs, la prothèse génère des artefacts et des cô-
nesd’ombre qui peuvent gêner considérablement l’inter-
prétation des images échocardiographiques. Le Doppler
Tableau 1.Eléments de distinction pannus/thrombus
Pannus Thrombus frais Thrombus organisé
INR > 2.5 < 2.5 < 2.5
Aspect écho Dense, épais Hypoéchogène Dense, épais
Immobile, en anneau ± pédiculé mobile Immobile
Mobilité des ailettes Normale ou blocage complet Hypomobile Blocage complet
mt cardio, vol. 2, n° 3, mai-juin 2006 373
Revue
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