
le traitement définitif de la lésion osseuse. Ces fractures se
produisent spontanément ou à l’occasion d’un traumatisme minime.
Les signes cliniques sont des douleurs, une impotence fonctionnelle
plus ou moins marquée et parfois une déformation évidente. Le
fémur est l’os le plus fréquemment concerné, particulièrement son
extrémité supérieure, puis viennent l’humérus et plus rarement le
tibia
[17, 20, 34, 40]
. Les fractures de côtes et les fractures vertébrales sont
aussi fréquentes. Les lésions ostéolytiques exposent davantage aux
fractures pathologiques que les atteintes ostéocondensantes.
Une tuméfaction osseuse peut être plus rarement retrouvée à
l’examen clinique. Conroy l’objective dans seulement 3,3 % des cas.
Elle peut être mise en évidence dans les cas de métastase
pseudoanévrismale dont l’étiologie la plus fréquente est le cancer
thyroïdien ou rénal. Elle siège sur un os superficiel tels le crâne, le
bassin, les côtes, la clavicule, l’omoplate ou surtout le sternum. Les
rares métastases des mains ou des pieds surviennent surtout dans le
cas d’une néoplasie pulmonaire, mammaire ou rénale.
Les signes neurologiques sont fréquents et révèlent la métastase
dans plus de 10 % des cas
[12]
. La compression de la moelle ou de la
queue de cheval est à redouter dans tous les cancers métastatiques
atteignant la colonne vertébrale ou le sacrum. L’atteinte de la moelle
ou des racines peut être provoquée par une compression directe du
névraxe par la tumeur épidurale, par la présence d’un élément
osseux compressif dans le canal médullaire après une fracture
pathologique ou une déformation vertébrale en cyphose, enfin par
l’existence d’une métastase intradurale. La perte de force ou la
faiblesse musculaire parfois asymétriques sont souvent (70 %) les
signes initiaux d’une lésion vertébrale
[58]
. L’atteinte radiculaire est
fréquente
[48]
et doit être différenciée d’une atteinte du squelette
osseux des membres.
Ailleurs dans5à20%descas, l’examen peut retrouver de façon
variable et associer un déficit sensitif dans le territoire lésionnel, une
hyper- ou hyporéflexie, un syndrome pyramidal et des troubles
sphinctériens
[48, 58]
. Il est rare que le malade soit atteint d’emblée de
paraplégie complète.
Des signes généraux peuvent accompagner les signes précédemment
décrits. L’asthénie et l’amaigrissement sont deux signes associés
classiques, mais leur absence ne doit en aucun cas éliminer le
diagnostic de métastases osseuses. Des troubles digestifs (nausées,
vomissements), neuropsychiques (torpeur) ou un tableau de
polyurie avec déshydratation et amaigrissement peuvent être les
symptômes révélateurs de la métastase osseuse dans 3 % des cas
[12]
dans un contexte d’hypercalcémie.
SIGNES BIOLOGIQUES
Aucun examen biologique ne permet de porter le diagnostic de
métastase osseuse. En dehors de l’antigène spécifique de la prostate
(PSA), aucun autre examen biologique ne permet de faire le
diagnostic de la tumeur primitive. De nombreux marqueurs
tumoraux ont été décrits. Le diagnostic peut parfois être orienté par
l’élévation sélective d’un marqueur. Enfin, les phosphatases alcalines
osseuses sont souvent augmentées.
DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE
Le diagnostic de métastases osseuses peut être porté après un
intervalle libre très important après le diagnostic du cancer primitif.
Ceci est particulièrement retrouvé dans le cancer du sein où il a été
rapporté l’apparition de métastases osseuses 20 ans après le
diagnostic du cancer primitif
[26]
. Ainsi, tout patient aux antécédents
de néoplasie doit être suspect de lésions métastatiques en cas
d’apparition de douleurs du squelette. Une douleur nocturne ou la
survenue d’une fracture en l’absence d’un traumatisme significatif
doit évoquer en premier lieu la survenue d’une métastase osseuse.
Des radiographies centrées sur la région suspecte doivent être
obtenues et complétées par une scintigraphie osseuse si aucune
lésion radiologique n’est retrouvée en cas de persistance de la
symptomatologie douloureuse. Au rachis, et ce d’autant plus que
des signes cliniques existent, l’IRM est devenue un examen
incontournable. En plus des lésions osseuses, elle permet de
diagnostiquer les fréquentes épidurites néoplasiques. En cas de
doute radiologique sur les clichés centrés, un scanner est
souhaitable. Cet examen de sensibilité supérieure permet
d’individualiser des métastases osseuses précoces peu évidentes sur
les clichés standards. Par ailleurs, cet examen peut apporter des
éléments d’orientation en faveur d’une tumeur osseuse primitive.
Une biopsie osseuse peut être réalisée si le diagnostic de métastase
osseuse est douteux ou incertain. De même, en cas de fracture
pathologique au moment de l’acte chirurgical palliatif ou de
résection de l’os pathologique, des prélèvements tissulaires doivent
être pratiqués.
Chez les patients de plus de 40 ans qui présentent une lésion osseuse
destructrice, le diagnostic de métastases doit être évoqué en premier
lieu. Un interrogatoire poussé, un examen clinique complet et des
examens biologiques simples peuvent donner des éléments
d’orientation sur l’origine de la lésion tumorale primitive. Si aucun
élément d’orientation n’est obtenu à ce stade, le patient doit
bénéficier d’une part d’un scanner sur la lésion tumorale et d’autre
part d’un scanner thoracique abdominal et pelvien
[49]
. Si malgré
l’ensemble de ce bilan seule la lésion osseuse est retrouvée, une
tumeur maligne osseuse primitive doit être suspectée et le patient
doit alors être adressé à un centre de référence de ce type de lésion
pour réaliser une biopsie tumorale. Chez les patients aux
antécédents de tumeur ancienne, il faut garder à l’esprit la possibilité
de survenue d’une tumeur osseuse primitive ou de la localisation
d’un second cancer. Dans ce contexte, une biopsie osseuse peut se
révéler d’un grand intérêt. Mais la biopsie osseuse, pour déterminer
l’origine de la métastase, a une faible spécificité pour les grades
histologiques peu différenciés ou indifférenciés
[2, 49]
.
La biopsie osseuse percutanée sous contrôle radiologique est une
technique fiable avec un indice de fiabilité supérieur à 90 %
[19, 31]
.
Sous anesthésie locale, c’est un geste simple et parfaitement
supporté. Elle est parfaitement adaptée dans le cas de métastases
rachidiennes ou du cotyle dont l’accès chirurgical peut être difficile.
Imagerie des métastases osseuses
La scintigraphie reste la méthode de choix pour explorer l’ensemble
du squelette et dépister des métastases osseuses. Elle est moins
sensible que l’IRM
[3]
qui est devenue l’examen de référence pour
l’exploration du rachis et ce d’autant plus qu’il existe une
symptomatologie clinique. L’IRM n’est toutefois pas encore adaptée
à l’exploration du squelette entier, mais de récents progrès
technologiques permettent d’envisager son utilité future dans le
dépistage des localisations secondaires
[23]
. La tomodensitométrie
n’est pas une méthode de dépistage mais au cours d’un examen
thoracique ou abdominopelvien, il est possible d’analyser le
squelette médian avec des fenêtres adaptées à la recherche de
métastases osseuses. La tomodensitométrie est surtout employée
pour affiner le bilan d’une métastase symptomatique avant une
décision ou un complément thérapeutique. Au rachis, son excellente
spécificité permet de contribuer au diagnostic et de différencier un
tassement bénin d’un malin
[36]
. La sensibilité des radiographies
standards est faible car retardée, 30 à 50 % de la trame osseuse
doivent être détruits
[21]
, pour que des signes radiologiques
apparaissent
[31]
. Cependant, au squelette périphérique, elles restent
un moyen d’exploration simple guidée par la scintigraphie afin de
diagnostiquer les lésions nécessitant un traitement chirurgical ou de
surveiller l’évolution sous traitement médical (chimio- ou
hormonothérapie).
Appareil locomoteur Métastases osseuses 14-798
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