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scientifiques,  esthétique,  philosophique) de  l'être au monde  humain. 
Ainsi il y a  complémentarité  entre  philosophie et  technologie.  Selon 
les mots  d'Hottois
  "la
  philosophie  est  là  pour  nous  dire  qu'il  est 
possible,  bon,  et  donc  nécessaire,  d'être  technologue,  que  le  sens  du 
devenir  est  celui  d'une  coévolution  métastable  du  collectif  humain 
et  des  technosciences" p. 67.  "La  technique  bien  comprise  va  dans  le 
sens  de  la  liberté  et  de  la  raison à  condition  que  sa  propre 
autonomie,  sa  spécificité  irréductible,  avec  son  devenir 
d'individualisation  propre  soient  reconnus" (p. 106). Ainsi  s'annonce 
un  avenir  "profondément  humain,  parce  que  fait  d'autonomie,  de 
solidarité,  de  synergie  universelle" (p. 105). 
Toutefois au fur et à mesure que  progresse sa  présentation, 
Hottois  souligne tout  autant que la force et  l'exigence  radicale de la 
pensée de  Simondon  certaines  ambiguïtés qui le  laissent  réservé 
quant à  la  compatibilité de fond  entre  culture  humaniste et 
technique. En effet  "on  peut  se  demander  dans  quelle  mesure  ces 
effets  positifs  viennent  bien  de  la  technique  elle  même  et  non  de  sa 
présentation  symbolique  telle  qu'elle  est  articulée  par  G.  Simondon" 
(p.
 106), le  problème  étant pour  Hottois de savoir  jusqu'à quel  point 
une  "culture  technique  universelle"  peut elle  réellement  symboliser 
la
  technique. 
Dès lors les  quarante  dernières pages du  livre  d'Hottois 
serrent de plus en plus près  la  pensée de Simondon et  remontent 
de sa  technologie à son  ontologie et aux  présupposés  existentiels 
d'une  démarche qui  s'appuie sur  l'analogie  généralisée  (Hottois 
parle  "d'ontologie  transductive  généralisée") et qui  finit par 
dissoudre les  différences  radicales  qu'elle pose au  départ. 
Simondon, en effet  n'hésitait pas à  écrire
 "//
 y a  en  quelque 
manière  identité  entre  la  méthode  que
  j'emploie
  qui  est  une 
méthode  analogique,  et  l'ontologie  que  je  suppose  qui  est  une 
ontologie  de  l'opération  transductive  dans  la  prise  de  forme" (cité p. 
122).
 On  pense ici à Hegel et au monisme des  philosophie 
émanatistes et  hermétistes qui  intéressaient  beaucoup  Simondon, 
La fascination pour  l'unité de  l'Etre et de ses  manifestations  finit 
par  rendre la mal  (l'Autre)
  impensable.
 Là est une des  sources de  la 
technophilie.
  Hottois  rejoint les  analyses de Jean Brun  lorsqu'il  écrit 
"le  fait  que  le  problème  de  la  dissociation  a,  probablement, 
constitué  pour  G.  Simondon  d'abord  un  problème  existentiel 
personnel
  projette
  sur  la  question  technique-culture,  explique  le 
mouvement  de  sublimation  qui  traverse  le  mode  d'existence  des 
objets  techniques  (...)  le  monde  technique  réel  et  ses  potentialités 
propres,  sa  spécificité  irréductible,  passe  tout à  fait à  l'arrière  plan 
(...). A  mesure  que  la  pensée  analogico  spéculative  s'autonomise  et 
gagne  en  assurance,  la  référence  au  réel, à  sa  résistance,
  son 
indépendance,  son  altérité,  qui  avait  mis  la  pensée  en  branle,  se 
perd"
 (p, 124). Il en  résulte un  certain  angélisme et un  irénisme