Cours 26/10/2009

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Cours 26/10/2009
Introduction à l’Histoire et philosophie des techniques et éclaircissements sur quelques notions.
Histoire et philosophie des techniques
La place de l’architecture. Distinction entre l’univers de l’art et celui de la technique.
André Leroi-Gourhan, Milieu et technique : l’habitation classée dans les techniques de consommation.
Essai anthropologique.
Les théories évolutionnistes : Leroi-Gourhan, Simondon. Approche généalogique.
Gilbert Simondon (1924-1989)
Philosophe, Professeur à la Sorbonne à la chaire de Psychologie et technologie.
Le contexte historique quant il écrit sa thèse sur les objets techniques est celui d’une certaine
« technophobie ».
La philosophie de l’individuation de Simondon commence par la mise en question du schème
hylémorphique (distinction entre matière amorphe et forme qui y est appliquée). Simondon propose
le modèle du cristal pour fonder une philosophie du devenir.
La philosophie de la technique de Simondon a comme ambition de réintroduire les objets techniques
dans l’univers culturel, leur donner droit de cité dans le monde des significations.
Selon Simondon, le « danger » de la technique ne réside pas à la machine, mais à notre ignorance des
machines. Il défend ainsi une sorte d’ « humanisme technologique ».
Par ailleurs, la philosophie de la technique de Simondon est évolutionniste et généalogique mais elle
n’est ni anthropologique ni instrumentale : elle interroge les objets techniques à partir de leurs
qualités techniques intrinsèques.
« L’adoption ou le refus d’un objet technique par une société ne signifie rien pour ou contre la validité
de cet objet ; la normativité technique est intrinsèque et absolue ; on peut même remarquer que
c’est par la technique que la pénétration d’une normativité nouvelle dans une communauté fermée
est possible. » (Gilbert Simondon, L’individuation psychique et collective à la lumière des notions de
Forme, Information, Potentiel et Métastabilité, Paris, Aubier, coll. « L’invention philosophique », 1989,
pp.264-265)
Introduction et ouverture du terme « objet technique ». Distinctions entre éléments, objets,
ensembles. Or le terme « objet technique » n’est pas défini.
Objet technique et objet esthétique : la distinction est faite selon le point de vue que l’on adopte (car
un objet technique peut être aussi jugé comme objet esthétique), or il y a des objets qui sont
prédisposés à être interprétés primordialement en tant qu’objets techniques, tandis que d’autres
sont conçus et perçus primordialement en tant qu’objets esthétiques.
La place de l’architecture chez Simondon. Simondon s’interroge sur les objets architecturaux
(éléments ou ensembles, par exemple voûtes ou arcs, ou bâtiments mêmes) en tant que
constructions (Voir L'invention dans les techniques).
Heidegger et la question de la technique : « L’essence de la technique n’est rien de technique ». Chez
Simondon, l’essence de l’objet technique est l’acte d’invention qui l’a institué, acte porteur d’une
information pure sur le mode d’être de l’homme au monde.
L’évolution technique est expliquée par Simondon comme un évolution des objets techniques de
l’abstraction à la concrétisation. L’objet technique abstrait est celui dont les parties remplissent
chacune à son tour une fonction distincte ; l’objet technique concret est celui dont les parties
présentent une synergie fonctionnelle, chacune remplissant une fonction précise mais de telle
manière qu’elle participe aussi à une fonction d’ensemble.
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Simondon critique l’automatisme : une machine parfaitement automatique est une contradiction, et
représente un assez bas degré de perfection technique. La machine évoluée doit avoir toujours une
marge d’indétermination.
Antoine Picon sur la technologie actuelle : les objets techniques sont tellement hybrides aujourd’hui
que l’on ne peut plus décrire leur évolution comme un processus de concrétisation selon Simondon ;
ils perdent ainsi leur identité technique, n’ayant pas d’origine technique absolue ; ils sont des « quasi
objets ». Or, la comparaison que fait Picon entre l’ordinateur et le hamburger est très peu réussie…
Technologie, quelques notions
Le changement de paradigme. Notion de paradigme (Kuhn).
Le paradigme technologique : type de technologie, engendrant ou conditionnant une pensée sur la
technologie.
Le paradigme n’est pas ici un objet concret (une théorie exemplaire, comme les paradigmes
scientifiques) mais une catégorie d’objets (donc un objet abstrait : la machine « simple », la machine
de la première ère industrielle, l’automate, l’ordinateur…). Par ailleurs, la technologie électronique
numérique ne remplace pas la technologie électromécanique à la manière dont un paradigme
scientifique se substitue à celui qui le précède, selon Kuhn. Il y a donc plutôt rupture dans les
mentalités (ce que l’on considère comme technologie) que rupture véritablement technologique (les
ordinateurs utilisent aussi la technologie électromécanique, ex. le ventilateur de l’ordinateur).
Le passage de la technologie électromécanique à la technologie numérique suppose en réalité un
double saut, celui de la technologie électromécanique à la technologie électronique et celui d’une
technologie analogique à une technologie numérique. Ces deux sauts sont distincts et légèrement
asynchrones. La technologie électronique peut être aussi bien analogique que numérique.
Technologie électrique et technologie électronique : La technologie électronique a comme
caractéristique la systématisation de l’utilisation de l’énergie comme information (et non
primordialement pour la transformation de l’énergie d’une forme à une autre et la production de
travail, comme dans une machine électrique) par l’usage de circuits électroniques (c’est-à-dire des
circuits électriques utilisant des tubes électroniques, microprocesseurs, transistors, résistances,
condensateurs).
La technologie numérique est une technologie électronique qui utilise un codage d’information
numérique (digital).
Le codage analogique et le codage numérique sont deux différents modes d’inscription et
communication de l’information.
Analogique : système continu, dense
Numérique : système discret. Il y a perte d’information, mais diminution du bruit (donc diminution de
l’erreur pendant la transmission et le décodage de l’information).
Attention, numérique (digital) originairement ne signifie pas forcément binaire : des codages
numériques sont tout à fait possibles au système habituel décimal comme à tout autre (dans certains
cas, est préféré le codage au système à base du numéro 16). Le système de codage numérique binaire
s’est aujourd’hui généralisé et est principalement utilisé par les ordinateurs.
Le problème de la transmission et du codage est posé par la théorie de l’information (Moles, Théorie
de l’information et perception esthétique).
La distinction entre analogique et digital est aussi utilisé dans le domaine de l’art, concernant les
schèmes et les systèmes symboliques (donc communicationnels) (Nelson Goodman, Langages de
l’art)
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Les NTIC ou TIC : (Nouvelles) Technologies de l’information et communication. Ensemble de
technologies ou techniques relevant des télécommunications, de l’audiovisuel et de l’informatique.
BIBLIOGRAPHIE
Goodman Nelson, Langages de l’art, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1990 (Languages of Art, 1968)
Kuhn Thomas S., La structure des révolutions scientifiques, trad. Laure Meyer, Paris, Flammarion, 1983
(The structure of scientific revolutions, Chicago, The University of Chicago Press, 1962, 1970)
Leroi-Gourhan André, Milieu et technique, Paris, Albin Michel, collection « Sciences d’aujourd’hui »,
1973 (1945)
Moles Abraham, Théorie de l’information et perception esthétique, Paris, Denoël, 1972
Simondon Gilbert, Du mode d'existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1958
Simondon Gilbert, L'individuation à la lumière des notions de formes et d'information, Jérôme Millon,
2005
Simondon Gilbert, L'invention dans les techniques. Cours et conférences, Paris, Seuil, 2005
Deleuze Gilles, « Gilbert Simondon, L’individu et sa génèse physico-biologique » in L’île déserte et
autres textes. Textes et entretiens 1953-1974, Paris, Minuit, 2002. Article paru in Revue philosophique
de la France et de l’étranger, vol. CLVI, n. 1-3, janvier-mars 1966, p.115-118.
Picon Antoine, La ville territoire des cyborgs, Besançon, Les éditions de l’Imprimeur, 1998
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