Arrêt de traitement et syndrome antirétroviral aigu "primoinfection-like" Revue critique de l'actualité scientifique internationale sur le VIH et les virus des hépatites n°89 - janvier 2001 VIH-REBOND Arrêt de traitement et syndrome antirétroviral aigu "primoinfection-like" Bruno Hoen service des maladies infectieuses et tropicales, Centre hospitalier et universitaire (Nancy) Recurrence of the acute HIV syndrome after interruption of antiretroviral therapy in a patient with chronic HIV infection : a case report Kilby J.M., Goepfert P.A., Miller A.P., Gnann Jr J.W., Sillers M., Saag M.S., Bucy R.P. Annals of Internal Medicine, 2000, 133, 435-438 Retroviral rebound syndrome after cessation of suppressive antiretroviral therapy in three patients with chronic HIV infection Colven R., Harrington R.D., Spach D.H., Cohen C.J., Hooton T.M. Annals of Internal Medicine, 2000, 133, 430-434 Il s'agit de quatre cas seulement, mais l'information n'en est pas moins importante : deux articles d'Annals of Internal Medicine sont consacrés aux cas de patients traités de manière chronique et qui ont présenté, dans les semaines succédant à l'arrêt du traitement antirétroviral, un tableau clinique et biologique tout à fait similaire à celui décrit au cours de la primo-infection. Quelques semaines après l'infection, le VIH atteint dans le sang des taux parfois astronomiques (jusqu'à 10 millions de copies/ml) et envahit tous les organes. Cette intense prolifération http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/89_1270.htm (1 sur 2) [11/04/2003 12:45:00] Arrêt de traitement et syndrome antirétroviral aigu "primoinfection-like" produit un syndrome clinique appelé "Infection primaire à VIH primaire" ou "syndrome antirétroviral aigu". Ensuite, la réponse immune du patient commence à jouer son rôle : la virémie baisse de plusieurs logarithmes et les symptômes du syndrome antirétroviral aigu disparaissent. Commence alors la phase de l'infection à VIH chronique qui reste cliniquement asymptomatique, pour plusieurs années chez la majorité des personnes infectées. En règle générale, c'est pendant cette période que débute le traitement antirétroviral hautement actif (HAART). Les taux viraux descendent en-dessous de la limite de détection. En même temps, le stimulus antigénique représenté par le virus s'estompe ; la réponse immunologique anti-VIH également. Qu'arrive-t-il alors si le traitement est arrêté ? Est-ce qu'il y aura un deuxième syndrome d'infection rétrovirale aiguë ? ,Les deux articles de Roy Colven et Mickael Kilby montrent que c'est une possibilité réelle. Ils rapportent quatre patients dont les taux viraux étaient en-dessous de 50 copies/ml pendant plusieurs mois sous trithérapie. Après l'arrêt de celle-ci sont apparus des signes typiques : fièvre, lésions cutanées, pharyngite, adénopathie, myalgie et irritation méningée. Les virémies ont passé de moins de 50 à plus d'1 million de copies/ml. Dans tous les cas, les symptômes ont disparu rapidement après reprise de la trithérapie. Les essais d'interruptions de traitement sont devenus très populaires. Il faut donc s'attendre à voir plus de patients semblables à ceux décrits par Kilby et Colven. Dans notre propre essai, impliquant 130 patients qui ont interrompu le traitement, nous avons jusqu'à présent observé deux cas de ce syndrome, avec des virémies de 400 000 et 900 000 copies/ml. Le syndrome antirétroviral aigu est en général une maladie bénigne. Cependant, de rares cas peuvent se compliquer d'encéphalite ou d'autres signes et symptômes nécessitant une hospitalisation prolongée. Je recommanderais de retraiter par des antirétroviraux les patients qui se présentent avec fièvre prolongée pendant les premières six semaines d'une interruption thérapeutique ; jusqu'à la preuve d'une autre étiologie, ce syndrome est, dans ces circonstances particulières, l'explication la plus vraisemblable. http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/89_1270.htm (2 sur 2) [11/04/2003 12:45:00]