produit un syndrome clinique appelé "Infection primaire à VIH
primaire" ou "syndrome antirétroviral aigu". Ensuite, la réponse
immune du patient commence à jouer son rôle : la virémie baisse
de plusieurs logarithmes et les symptômes du syndrome
antirétroviral aigu disparaissent. Commence alors la phase de
l'infection à VIH chronique qui reste cliniquement
asymptomatique, pour plusieurs années chez la majorité des
personnes infectées.
En règle générale, c'est pendant cette période que débute le
traitement antirétroviral hautement actif (HAART). Les taux
viraux descendent en-dessous de la limite de détection. En même
temps, le stimulus antigénique représenté par le virus s'estompe ;
la réponse immunologique anti-VIH également. Qu'arrive-t-il
alors si le traitement est arrêté ? Est-ce qu'il y aura un deuxième
syndrome d'infection rétrovirale aiguë ?
,Les deux articles de Roy Colven et Mickael Kilby montrent que
c'est une possibilité réelle. Ils rapportent quatre patients dont les
taux viraux étaient en-dessous de 50 copies/ml pendant plusieurs
mois sous trithérapie. Après l'arrêt de celle-ci sont apparus des
signes typiques : fièvre, lésions cutanées, pharyngite,
adénopathie, myalgie et irritation méningée. Les virémies ont
passé de moins de 50 à plus d'1 million de copies/ml. Dans tous
les cas, les symptômes ont disparu rapidement après reprise de la
trithérapie.
Les essais d'interruptions de traitement sont devenus très
populaires. Il faut donc s'attendre à voir plus de patients
semblables à ceux décrits par Kilby et Colven. Dans notre
propre essai, impliquant 130 patients qui ont interrompu le
traitement, nous avons jusqu'à présent observé deux cas de ce
syndrome, avec des virémies de 400 000 et 900 000 copies/ml.
Le syndrome antirétroviral aigu est en général une maladie
bénigne. Cependant, de rares cas peuvent se compliquer
d'encéphalite ou d'autres signes et symptômes nécessitant une
hospitalisation prolongée. Je recommanderais de retraiter par des
antirétroviraux les patients qui se présentent avec fièvre
prolongée pendant les premières six semaines d'une interruption
thérapeutique ; jusqu'à la preuve d'une autre étiologie, ce
syndrome est, dans ces circonstances particulières, l'explication
la plus vraisemblable.
http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/89_1270.htm (2 sur 2) [11/04/2003 12:45:00]