Syndromes de reconstitution immunitaire chez les patients infectés

publicité
M
I S E
A U
P O I N T
Syndromes de reconstitution immunitaire
chez les patients infectés par le VIH
Immune reconstitution inflammatory syndrome in HIV-infected patients
● G. Breton*
RÉSUMÉ. Le traitement par antirétroviraux de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) entraîne une reconstitution des
réponses immunitaires et a permis une diminution de la fréquence et de la mortalité des infections opportunistes. Cependant, cette reconstitution peut parfois être pathologique et être à l’origine d’un syndrome de reconstitution immunitaire (SRI). Ce syndrome regroupe l’ensemble
des manifestations pathologiques liées à la présence d’une réponse immunitaire excessive dirigée contre des antigènes d’un agent infectieux
ou non infectieux. Les manifestations du SRI sont polymorphes et le diagnostic est complexe.
La survenue d’un SRI est un événement fréquent, observé chez près d’un tiers des patients au cours de la tuberculose, des infections à mycobactéries atypiques, des infections à cryptocoque ou liées au cytomégalovirus. De nombreux autres agents infectieux peuvent être à l’origine
de SRI, ainsi que des pathologies auto-immunes ou inflammatoires. La prise en charge thérapeutique des SRI n’est pas codifiée. La reconstitution immunitaire étant l’objectif du traitement antirétroviral, ce traitement ne doit pas, dans la mesure du possible, être arrêté. L’évolution
est parfois favorable, mais il est souvent nécessaire d’utiliser des anti-inflammatoires, en particulier stéroïdiens. La physiopathologie,
partiellement élucidée, associe une reconstitution des réponses immunitaires acquises, mais aussi innées, et des phénomènes inflammatoires
sous le contrôle du polymorphisme génétique de l’hôte. Les principaux facteurs de risque de la survenue d’un SRI sont représentés par
l’immunodépression profonde (CD4 < 50/mm3), la dissémination de l’infection initiale, l’introduction rapide du traitement antirétroviral chez
les patients traités pour une infection opportuniste.
La survenue de SRI complique la prise en charge des patients infectés par le VIH. Une meilleure connaissance du SRI et de ses facteurs favorisants est nécessaire afin d’améliorer le diagnostic et de développer des stratégies préventives.
Mots-clés : Syndrome de reconstitution immune - VIH - Traitement antirétroviral - Tuberculose - Mycobactérie atypique - Cryptococcose Cytomégalovirus - Maladies systémiques.
ABSTRACT. Antiretroviral therapy of immunodeficiency virus (HIV) infection induces a reconstitution of immune response and has led to
a decrease in the frequency and in the mortality of opportunistic infections. However, this immune reconstitution is sometimes deleterious
and may cause immune reconstitution inflammatory syndrome (IRIS). This syndrome includes all pathological manifestations attributed to an
exaggerated immune response to various infectious or not infectious antigens. The clinical manifestations of IRIS are pleiomorphic and the
diagnosis is complex.
The occurrence of IRIS is a frequent event, observed in almost one third of patients during tuberculosis, Mycobacterium avium complex infections, cryptococcosis and cytomegalovirus infections. Numerous infectious and autoimmune diseases may induce IRIS. The treatment of IRIS
has not been validated by clinical studies. The immune reconstitution being the goal of antiretroviral therapy, this treatment should not be stopped. The outcome is sometimes spontaneously favourable, however anti-inflammatory drugs, especially corticosteroids, are frequently required. The physiopathology is partially elucidated and associates the reconstitution of specific and non specific immune response, inflammatory
phenomena under the control of the host genetic polymorphism. The main risk factors of IRIS are represented by the severe immunodepression
(CD4< 50/mm3), the extension of the infection, and the introduction of antiretroviral therapy shortly after the treatment of an opportunistic
infection.
The occurrence of IRIS complicates the treatment of HIV infected patients. A better knowledge of IRIS and of its predictive factors is required
in order to improve the diagnosis and the preventive strategies.
Keywords: Immune reconstitution inflammatory syndrome - HIV - Antiretroviral therapy - Tuberculosis - Mycobacterium avium complex Cryptococcosis - Cytomegalovirus - Autoimmune diseases.
* Service de médecine interne, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris.
116
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
M
vant l’épidémie du sida, des manifestations inhabituelles,
comme l’augmentation de la taille d’adénopathies ou
l’apparition de tuberculomes intracrâniens, ont été
décrites au cours du traitement de la tuberculose (1, 2). Ces aggravations ont été qualifiées de “paradoxales”, car elles survenaient
malgré un traitement antituberculeux bien conduit. Elles correspondent, en fait, à la reconstitution de l’immunité antituberculeuse.
La tuberculose induit en effet une immunodépression que les antituberculeux corrigent progressivement (3). L’infection par le VIH
était à l’origine d’une augmentation de la fréquence de ces manifestations avant même l’introduction des antirétroviraux (4).
A
Au cours de l’infection par le VIH, les multithérapies antirétrovirales permettent de contrôler la réplication virale et entraînent une augmentation du nombre et de la fonctionnalité des
lymphocytes CD4 à l’origine de la reconstitution au moins partielle de la réponse immunitaire (5). Cette reconstitution se traduit au plan individuel et collectif par une diminution de la fréquence des infections opportunistes et de leur mortalité (6).
Elle peut cependant être aussi à l’origine de manifestations pathologiques. Ces manifestations sont associées à la capacité retrouvée
du système immunitaire de développer une réponse immunitaire
spécifique et/ou inflammatoire non spécifique vis-à-vis d’antigènes
d’agents infectieux ou non infectieux. Elles sont regroupées sous
l’appellation de syndrome de reconstitution immunitaire (SRI) et
sont observées avec la plupart des agents infectieux responsables
d’infections opportunistes, mais ce syndrome regroupe aussi des
manifestations auto-immunes ou inflammatoires (7-12). Nous présentons une revue des SRI chez les patients infectés par le VIH.
RECONSTITUTION IMMUNITAIRE SOUS TRAITEMENT
ANTIRÉTROVIRAL
L’infection par le virus VIH entraîne une destruction progressive
des mécanismes de défense, et particulièrement de ceux dépendant
de l’immunité cellulaire. Le VIH infecte les lymphocytes CD4 et
les cellules présentatrices d’antigènes exprimant à leur surface le
récepteur CD4. La diminution du nombre de lymphocytes CD4 est
multifactorielle : effet cytopathogène direct du VIH, réponse CD8
cytotoxique dirigée contre les cellules CD4 infectées, ou encore
phénomènes d’apoptose et diminution de la régénération thymique.
À cette diminution quantitative des effecteurs du système immunitaire s’ajoute une diminution qualitative : la réplication intense
et chronique du VIH est à l’origine d’une hyperactivation du système immunitaire qui en diminue la fonctionnalité. Ces anomalies
sont à l’origine d’un profond déficit, en particulier de l’immunité
cellulaire spécifique (CD4 Th1) et non spécifique (monocytemacrophage), qui sont des éléments clés de la défense contre les
pathogènes intracellulaires comme, par exemple, la tuberculose ou
le cryptocoque. Les traitements antirétroviraux permettent une
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
I S E
A U
P O I N T
réduction majeure de la réplication virale et une reconstitution au
moins partielle des réponses immunitaires, tant sur le plan quantitatif que qualitatif (5). Cette reconstitution évolue en deux phases :
une phase précoce, dans les trois premiers mois, avec une augmentation souvent rapide du nombre de lymphocytes CD4, reflétant la redistribution des lymphocytes CD4 mémoires séquestrés
dans les organes lymphoïdes, suivie d’une phase plus lente avec la
régénération de lymphocytes CD4 naïfs (5, 13). Cette régénération
lymphocytaire permet une augmentation de la diversité du répertoire antigénique des récepteurs des lymphocytes T, et elle est associée à une production de cytokines de type Th1 comme l’IL-2 et
l’IFNγ, qui possèdent d’importantes propriétés pro-inflammatoires
(14, 15). Parallèlement, la suppression de la réplication virale induit
une diminution de l’activation du système immunitaire et des phénomènes d’apoptose (5). Ces effets permettent la réapparition rapide
d’une immunité spécifique dirigée contre les antigènes de l’environnement [toxine staphyloccoccique, candidine] (16, 17), mais
aussi contre les antigènes d’agents infectieux responsables d’infections opportunistes [cytomégalovirus, Mycobacterium avium
complex] (18, 19).
SYNDROME DE RECONSTITUTION IMMUNITAIRE
Le SRI regroupe l’ensemble des manifestations pathologiques
qui sont attribuées à la reconstitution de la réponse immune spécifique et/ou inflammatoire vis-à-vis d’agents infectieux ou non
infectieux après introduction d’un traitement antirétroviral (712). Ce syndrome peut être observé avec de nombreux agents
infectieux, mais aussi au cours de pathologies auto-immunes ou
inflammatoires [tableau I] (7-12). De façon schématique, on
peut distinguer deux formes différentes de SRI. Premièrement,
dans le cas d’une infection opportuniste révélant l’infection par
le VIH, le traitement initial de l’infection opportuniste permet
l’amélioration des symptômes. Le traitement antirétroviral introduit secondairement peut être à l’origine de manifestations liées
à la réponse immunitaire vis-à-vis de fragments antigéniques
de l’agent pathogène devenu inactif microbiologiquement.
Deuxièmement, après l’instauration d’un traitement antirétroviral, la restauration d’une réponse immunitaire dirigée contre
un agent infectieux quiescent mais viable peut démasquer une
infection latente jusque-là. Le diagnostic de l’infection opportuniste est alors porté, bien que le nombre de lymphocytes CD4
soit élevé, à un seuil où cette infection n’est habituellement pas
observée. Les manifestations des SRI sont diverses et dépendent du pathogène impliqué, mais elles sont marquées par leur
caractère inflammatoire, ce qui a fait proposer à Shelburne et
al. de considérer que ces différentes manifestations sont en fait
des formes cliniques d’un seul syndrome, qu’il a suggéré de
regrouper sous l’appellation d’Immune Reconstitution Inflammatory Syndrome (11). Ce diagnostic doit être évoqué devant
l’association des critères suivants (figure 1) :
117
M
I S E
A U
P O I N T
Tableau I. Agents infectieux et non infectieux à l’origine de
syndromes de reconstitution immunitaire (SRI) au cours de
l’infection par le VIH (7-12).
Agent infectieux,
non infectieux
Manifestations cliniques
lors du SRI
Mycobactéries Mycobacterium tuberculosis Fièvre, lymphadénite,
lésion pulmonaire
Mycobacterium avium complex Fièvre, lymphadénite
Mycobacterium leprae
Réaction de réversion
Bactéries
Bartonella henselae
Encéphalite, lymphadénite
Chlamydia trachomatis
Fiessinger-Leroy-Reiter
Mycoses
Virus
Cryptococcus neoformans
Histoplasma capsulatum
Mycose cutanée ?
Méningite aseptique, lymphadénite
Lymphadénite
Folliculite
VZV
HSV
CMV
HHV8
Virus JC
Hépatite virale C et B
Récurrence de zona
Ulcération chronique
Uvéite, pneumopathie
Kaposi extensif
Aggravation de LEMP
Élévation des transaminases,
séroconversion
Encéphalite
Récurrence condylome
Lymphome
Cystite hémorragique
Encéphalomyélite,
vascularite cérébrale
Parvovirus B19
HPV
EBV
BK virus
VIH
Parasites
Pneumocystis jiroveci
Leishmania infantum,
L. major
Microsporidie
Maladies
Sarcoïdose
inflammatoires Basedow
Guillain et Barré
Lupus
Polymyosite
Infection opportuniste
en cours de traitement
}
Kératoconjonctivite
Apparition ou poussée évolutive
✓ Apparition de manifestations cliniques, biologiques ou morphologiques après l’introduction du traitement antirétroviral
chez un patient infecté par le VIH.
✓ Manifestations non expliquées par un effet indésirable des
traitements, par une infection opportuniste ou communautaire
nouvellement acquise, par un échec du traitement d’une infection (résistance, inobservance…) ou par l’évolution d’une
infection préalablement identifiée.
✓ Survenue de ces manifestations dans un contexte d’efficacité du traitement antirétroviral : baisse significative de la
charge virale VIH et, habituellement, augmentation des lymphocytes CD4 en valeur absolue et/ou en pourcentage.
La difficulté du diagnostic de SRI qui repose sur l’association
de ces critères hétérogènes est à l’origine de nombreuses définitions, de plusieurs classifications et de multiples appellations
différentes qui ne favorisent pas son identification : aggravation paradoxale, réactions inflammatoires, désordre de restauration immune, syndrome inflammatoire de reconstitution
immune, maladie de restauration immune (tableau II).
Patient initialement
asymptomatique
Effet indésirable/ART ?
Effet indésirable,
traitement infection
opportuniste (curatif
ou prophylaxie
secondaire) ?
Rechute infection
opportuniste ?
✓ résistance microbiologique
✓ inobservance
✓ interaction médicamenteuse
Effet indésirable/
traitement
ou prophylaxie
primaire ?
Pathologie communautaire ?
✓ infectieux (pneumopathie
bactérienne...)
✓ non infectieux (thrombose veineuse,
néoplasie...)
Nouvelle infection
opportuniste ?
SYNDROME DE RECONSTITUTION IMMUNITAIRE
Présence facteur de risque SRI
✓ nadir CD4 < 50-100/mm3
✓ infection opportuniste disséminée
✓ début rapide ART
Réponse immunovirologique
✓ diminution CV > 1 log
✓ augmentation CD4 (nombre ou pourcentage)
Pneumopathie
Uvéite, dermatite post-kala azar
VZV : virus varicelle zona ; HSV : Herpes simplex virus ; HHV8 : Herpèsvirus du
groupe 8 ; HPV : papillomavirus ; EBV : virus Epstein-Barr.
118
Symptômes après
introduction ART
Figure 1. Arbre diagnostique proposé devant la survenue de symptômes cliniques, biologiques ou morphologiques après le début du
traitement antirétroviral (ART) chez un patient infecté par le VIH.
Tableau II. Critères diagnostiques et classification du syndrome
de reconstitution immunitaire proposés par French et al. (9).
CRITÈRES MAJEURS
■ Présentation atypique d’une pathologie opportuniste ou tumorale
chez des patients répondant au traitement antirétroviral
✓ Maladie localisée
✓ Réaction inflammatoire exagérée
✓ Réponse inflammatoire atypique dans les tissus
✓ Progression de l’atteinte d’un organe ou augmentation de taille
de lésions préexistantes après une amélioration initiale sous
traitement spécifique avant le début du traitement antirétroviral et après
exclusion d’une toxicité médicamenteuse ou d’un autre diagnostic
■ Diminution de la charge virale VIH > 1 log10 copies/ml
CRITÈRES MINEURS
✓ Augmentation des lymphocytes CD4 après traitement antirétroviral
✓ Augmentation de la réponse immunitaire spécifique
✓ Résolution spontanée sans traitement spécifique anti-infectieux ou
antitumoral avec poursuite du traitement antirétroviral
CLASSIFICATION
■ Pathologie de reconstitution immunitaire infectieuse
✓ Précoce (< 3 mois après l’introduction du traitement antirétroviral)
liée à une réponse immune vis-à-vis d’un agent infectieux
opportuniste actif mais quiescent
✓ Tardif (> 3 mois après l’introduction du traitement antirétroviral)
liée à une réponse immunitaire vis-à-vis d’un antigène d’un agent
infectieux non viable
■ Sarcoïdose de reconstitution immunitaire
■ Pathologie auto-immune de reconstitution immunitaire
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
M
PHYSIOPATHOLOGIE DU SYNDROME DE RECONSTITUTION
IMMUNITAIRE
La physiopathologie du SRI est partiellement élucidée. La
situation intracellulaire de la majorité des agents infectieux à
l’origine de SRI fait supposer que les mécanismes de régulation de la réponse immunitaire cellulaire sont particulièrement
impliqués. Cependant, la diversité des agents infectieux ou non
infectieux pouvant être à l’origine de SRI est telle que l’existence de plusieurs mécanismes est probable. Le principal élément commun de l’immunopathologie des SRI est la reconstitution d’une immunité cellulaire spécifique après l’instauration
des traitements antirétroviraux, comme cela a été mis en évidence dans le cas d’une infection par Mycobacterium avium
complex ou par le cytomégalovirus (18, 19).
Les SRI associés aux infections mycobactériennes et fongiques
semblent plutôt liés à la réapparition d’une hypersensibilité
retardée (9). La repositivation de l’intradermoréaction à la
tuberculine observée dans les SRI impliquant la tuberculose
est en faveur de cette hypothèse (4). La mise en évidence, lors
de SRI, de granulomes épithélioïdes et giganto-cellulaires, avec
parfois de la nécrose, est très inhabituelle chez les patients au
stade sida, où les infections mycobactériennes et fongiques sont
associées à un granulome inflammatoire constitué essentiellement d’histiocytes sans cellules géantes et à la présence de
nombreux agents infectieux (20, 21). En effet, la capacité à former des granulomes est dépendante de la fonctionnalité de la
réponse immunitaire cellulaire ; c’est bien connu dans la lèpre,
où la réponse granulomateuse décrit un spectre s’étendant d’un
infiltrat histiocytaire diffus contenant de nombreux agents
infectieux (pôle lépromateux) à des granulomes bien formés
épithélioïdes et gigantocellulaires contenant de rares agents
infectieux (pôle tuberculoïde) (21). La conversion d’un infiltrat histiocytaire, avant traitement antirétroviral, à un granulome constitué de cellules épithélioïdes et géantes après l’instauration du traitement antirétroviral, constatée au cours de SRI
associé à Histoplasma capsulatum, est évocatrice de la restauration d’une activation macrophagique dépendante de la
réponse cellulaire spécifique de type Th1 qui est peut-être
excessive et dérégulée (22). Les SRI associés à la sarcoïdose
sont vraisemblablement d’un mécanisme proche. Ces manifestations associées à la formation de granulomes dépendent
de la réponse CD4 (23).
Dans le cas des infections virales, en particulier avec les Herpèsvirus, le mécanisme semble plutôt lié à une réponse CD8
cytotoxique, indépendamment de la réponse CD4, comme cela
a été montré lors des récurrences de zona après introduction
d’un traitement antirétroviral (24) ou au cours de SRI associés
à des leucoencéphalopathies multifocales progressives, liées
au virus JC, avec la mise en évidence d’infiltrats périvascu-
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
I S E
A U
P O I N T
laires constitués de lymphocytes CD8 (25). La survenue de SRI
au cours des infections à cytomégalovirus a été associée à une
augmentation plasmatique d’IL-6, à la présence d’immunoglobulines G anti-CMV ainsi que de CD30 soluble (26, 27).
Ces marqueurs qui témoignent d’une réponse cellulaire de type
Th2 sont en faveur de la reconstitution d’une immunité antiCMV pathologique avec une orientation Th2 et une réponse
CD8 cytotoxique excessive (26, 27).
Ces mécanismes immunologiques sont sous le contrôle du polymorphisme génétique du complexe majeur d’histocompatibilité et plus particulièrement de certains allèles des gènes codant
pour les cytokines du TNFα, de l’IL-6 et de l’IL-12 qui ont été
associés à la survenue de SRI au cours d’infections liées à des
Herpèsvirus (28, 29).
La physiopathologie du SRI paraît donc complexe, avec des
interactions entre les agents infectieux, la réponse immunitaire
cellulaire spécifique et non spécifique et le polymorphisme
génétique de l’hôte.
FACTEURS DE RISQUE DE SURVENUE DU SYNDROME
DE RECONSTITUTION IMMUNITAIRE
Même si les SRI sont observés en l’absence de traitements antirétroviraux, l’introduction de ces traitements, dont l’objectif
principal est justement la reconstitution immunitaire, représente sans surprise le principal facteur de risque de survenue
d’une reconstitution immunitaire pathologique s’exprimant par
un SRI (4, 30). Le type de traitement antirétroviral utilisé (association contenant des inhibiteurs de protéase ou des inhibiteurs
non nucléosidiques, trithérapie d’inhibiteurs nucléosidiques)
ne semble pas influencer la survenue d’un SRI.
Une dizaine d’études, le plus souvent rétrospectives, incluant
de 17 à 180 patients, ont permis d’identifier trois principaux
facteurs de risque de survenue de SRI au cours de diverses
pathologies infectieuses [tuberculose, mycobactériose atypique, cryptococcose, infection à CMV, VHC (8, 30-38)].
✓ L’immunodépression initiale (CD4 < 50/mm3) est associée
à la survenue d’un SRI (8). Ce facteur est retrouvé en particulier au cours de cryptococcoses, de mycobactérioses atypiques
et d’infection à CMV (8, 30, 31), mais il reste controversé au
cours des tuberculoses (33, 35-37).
✓ La dissémination initiale de l’infection est un facteur de
risque de la survenue d’un SRI. Le titre initial élevé de l’antigène cryptococcique dans le LCR (32), la présence d’hémocultures fongiques positives (31), la dissémination de la tuberculose (33-35, 37), et l’existence d’une lésion initiale rétinienne
119
M
I S E
A U
P O I N T
à CMV atteignant au moins 30 % de la rétine (38) sont des facteurs de risque associés au SRI.
✓ L’introduction précoce des antirétroviraux après le début du
traitement antifongique dans les cryptococcoses [< 30 jours,
< 50 jours, < 60 jours selon les études] (30-32) et après le début
des traitements antituberculeux dans les tuberculoses
(< 40 jours, < 50 jours ou < 2 mois) (30, 36, 37) est associée à
la survenue d’un SRI.
De plus, lors du diagnostic de SRI, la baisse de la charge virale
VIH (30, 36) et l’augmentation des lymphocytes CD4 [en pourcentage plus qu’en valeur absolue] (33, 35) sont plus prononcées. Ces éléments peuvent être utiles pour l’identification du
SRI.
ASPECTS ÉTIOLOGIQUES ET CLINIQUES DES SYNDROMES
DE RECONSTITUTION IMMUNITAIRE
Arbitrairement, il existe deux grands cadres d’expression clinique du SRI. La forme “infectieuse” se manifeste de façon
variable selon l’agent infectieux. La forme “immunitaire” se
manifeste par une pathologie inflammatoire ou auto-immune.
Agents infectieux fréquemment associés à la survenue d’un
SRI
● Mycobacterium tuberculosis. C’est l’agent infectieux le
plus fréquemment à l’origine de SRI. Plus d’une centaine de
cas ont été rapportés dans des séries rétrospectives ou dans des
cas isolés (4, 30, 33-37, 39, 40). Quatre-vingt-onze SRI ont
été observés parmi les 289 patients traités pour une tuberculose
étudiés dans les sept principales séries rétrospectives (4, 30,
33-37, 39). La fréquence du SRI variait de 25 % à 43 % selon
les études. Les manifestations sont survenues en moyenne
30 jours (11 jours à 2 mois et demi en moyenne selon les
séries) après l’introduction du traitement antirétroviral chez
des patients traités efficacement par antituberculeux. Parmi
les 86 patients pour lesquels des données cliniques sont analysables, les principales manifestations cliniques ont été l’apparition ou l’augmentation de taille d’adénopathies (71 %), la
réapparition d’une fièvre (50 %), l’apparition ou l’aggravation
d’infiltrats pulmonaires, d’une miliaire ou d’épanchements
pleuraux (28 %) (4, 30, 33, 34, 37, 39). De nombreuses autres
manifestations ont été rapportées avec une fréquence moindre :
ascite, atteinte digestive, abcès splénique, arthrite, abcès du
psoas, méningite, tuberculome intracrânien, lésions cutanées,
hypercalcémie ou encore insuffisance rénale secondaire à une
miliaire rénale (4, 30, 33-37, 39, 40). La quasi-totalité des SRI
a été observée chez des patients traités pour une tuberculose
après l’introduction du traitement antirétroviral ; cependant,
quelques cas de tuberculose révélée après la mise sous anti-
120
rétroviraux ont aussi été rapportés (40, 41). Enfin, des aggravations paradoxales de la tuberculose ont été signalées depuis
l’existence des antituberculeux, et des cas d’aggravation sous
traitement avant même l’introduction des antirétroviraux ont
été décrits, semblant plus fréquents chez les patients infectés
par le VIH (4).
● Mycobacterium avium complex. Les infections à mycobactéries atypiques sont fréquemment asymptomatiques au cours
de l’infection par le VIH chez les patients très immunodéprimés et peuvent être démasquées par le traitement antirétroviral. Dans une série rétrospective de 35 patients traités pour une
infection à M. avium complex, le diagnostic avait été effectué,
après l’introduction du traitement antirétroviral, au cours d’un
SRI, chez 31 % d’entre eux (30). Parmi les 64 cas rapportés
dans la littérature, les symptômes sont survenus habituellement
dans les 4 semaines qui suivaient l’introduction du traitement
antirétroviral chez des patients initialement asymptomatiques,
profondément immunodéprimés [CD4 = 25/mm3 en médiane]
(40). La présentation clinique était inhabituelle en comparaison du tableau classiquement décrit chez les patients immunodéprimés: rareté des formes disséminées, absence d’amaigrissement, existence de localisations inhabituelles telles que
des adénopathies (69 %) parfois nécrotiques évoluant vers la
fistulisation, des lésions pulmonaires (19 %), des ostéomyélites, des bursites, des myosites, des masses granulomateuses
abdominales, cérébrales ou cutanées (40). Le diagnostic a
reposé sur la culture des différents prélèvements, mais les
hémocultures le plus souvent négatives traduisaient le caractère localisé de l’infection. Le nombre de lymphocytes CD4
était en moyenne de 140/mm3 au moment du diagnostic (40).
Quelques cas de SRI au cours d’infections avec d’autres mycobactéries atypiques ont été rapportés (40).
De façon rare, des SRI au cours du traitement d’infections à
mycobactérie atypique ont été observés après l’introduction du
traitement antirétroviral comme dans la tuberculose. Toutefois,
ces cas ne représentaient que 8 % des cas de SRI associés aux
mycobactéries atypiques (40).
Les SRI au cours de la tuberculose ou des mycobactérioses atypiques prennent donc un aspect très différent. La survenue d’un
SRI au cours de la tuberculose se produit quasiment exclusivement chez des patients en cours de traitement antituberculeux
lorsque les antirétroviraux sont introduits. Les SRI associés
aux mycobactéries atypiques surviennent le plus souvent chez
des patients asymptomatiques lors du début du traitement antirétroviral. Ces différences peuvent s’expliquer par le caractère
moins pathogène des mycobactéries atypiques, qui sont plus
souvent asymptomatiques que la tuberculose et dont le diagnostic n’est pas toujours fait avant le début du traitement antirétroviral (42).
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
M
● Cryptococcus neoformans. La fréquence des SRI au cours
des infections à C. neoformans après introduction du traitement antirétroviral a été évaluée à 31 % dans une étude rétrospective de 59 patients traités pour une cryptococcose (30) et
à 8 % dans une étude rétrospective multicentrique de
120 patients (31). Parmi les 52 cas rapportés, les manifestations sont survenues en moyenne 4 mois (3 jours à 3 ans) après
l’introduction du traitement antirétroviral chez des patients qui
avaient été traités efficacement pour une cryptococcose et qui
recevaient pour la plupart une prophylaxie secondaire antifongique (20, 30, 31). Les deux tableaux cliniques les plus fréquents étaient caractérisés par l’apparition de méningites aseptiques avec une hypercellularité franche, inhabituelle en cas
d’immunodépression profonde, et une hypertension parfois
importante du liquide cérébrospinal (70 %) ou d’adénopathies
nécrotiques souvent médiastinales (31 %). Ces manifestations
étaient associées dans 61 % des cas à une fièvre. Plus rarement
ont été rapportés des lésions inflammatoires intracérébrales ou
intramédullaires, des pneumopathies nécrosantes, des abcès
sous-cutanés ou rétropharyngés et, enfin, une hypercalcémie
associée à des adénopathies médiastinales (20).
L’existence d’infections asymptomatiques à C. neoformans a
été observée chez les patients immunodéprimés (43). L’instauration du traitement antirétroviral peut démasquer une infection
latente à C. neoformans, comme cela a été rapporté dans 7 cas.
Les SRI se traduisaient par des méningites inflammatoires avec
hypercellularité, des pneumopathies nodulaires, des lésions
cutanées abcédées ou granulomateuses, parfois associées à de
la fièvre, en moyenne 30 jours (7 jours à 3 mois) après l’introduction du traitement antirétroviral chez des patients initialement asymptomatiques dont le nombre de lymphocytes CD4
était passé en moyenne de 19/mm3 à 90/mm3 (20).
● Cytomégalovirus (CMV). Chez les patients traités pour une
rétinite à CMV, on peut observer, après l’introduction des traitements antirétroviraux, des SRI se manifestant par des uvéites
inflammatoires. Trois études rétrospectives de 30, 34 et 48 patients traités pour une rétinite ont montré une fréquence de SRI
de 63 %, 38 % et 44 % respectivement, survenant en moyenne
après 28 à 43 semaines de traitement antirétroviral selon les
études (44-46). Les uvéites touchaient principalement le segment postérieur de l’œil et se manifestaient par une hyalite et
un œdème rétinien responsable d’une baisse d’acuité visuelle.
Les panuvéites ou les uvéites antérieures étaient plus rares.
L’évolution vers la cataracte a été fréquente. Ces atteintes sont
à différencier des uvéites médicamenteuses (rifabutine et cidofovir).
La survenue de rétinites à CMV dans les premiers mois de traitement antirétroviral, alors que les CD4 sont supérieurs à
100/mm3, a été l’objet d’une controverse sur le rôle favorisant
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
I S E
A U
P O I N T
de la reconstitution immunitaire. La présentation clinique similaire à celle observée chez les patients non traités par antirétroviraux, la diminution de l’incidence des rétinites après l’introduction du traitement antirétroviral et la mise en évidence
de l’absence de réponse spécifique vis-à-vis du CMV dans ces
rétinites survenant après l’introduction du traitement antirétroviral sont plus en faveur d’un retard de reconstitution immunitaire spécifique anti-CMV que d’un SRI (47). Cependant, on
retrouve de rares observations de manifestations inhabituelles
(infections disséminées et pneumopathie) chez des patients initialement asymptomatiques, ou avec un antécédent d’infection
à CMV traitée, après l’instauration des traitements antirétroviraux (48, 49).
Agents infectieux d’association rare ou controversée à la survenue d’un SRI
● Virus varicelle zona (VZV). Un doublement de l’incidence
des récurrences de zona dans les 4 à 16 semaines qui suivent le
début du traitement antirétroviral a été observé (24). Le rôle de
la réponse immunitaire à l’origine des récurrences de zona est
probable, même si ces manifestations ne sont pas très évocatrices
de SRI. En effet, la présentation clinique de ces récurrences est
comparable à celle observée chez les patients infectés par le VIH
et les formes compliquées sont rares. La survenue d’un zona est
un événement fréquent chez les patients infectés par le VIH,
indépendant de la profondeur de l’immunodépression, avec une
incidence quinze fois supérieure à celle observée dans la population générale. Il ne semble pas y avoir de nette diminution de
l’incidence du zona chez les patients traités par antirétroviraux
(50).
Virus de Herpès simplex (HSV). Trois cas d’érosions génitales chroniques ne répondant pas au traitement antiviral
herpétique et associées à un infiltrat inflammatoire ont été rapportés (51). D’autres lésions herpétiques ont été occasionnellement observées, mais la présentation clinique et l’évolution
ne semblaient pas en faveur d’un diagnostic de SRI. En effet,
les lésions herpétiques sont fréquentes chez les patients infectés par le VIH (52).
●
Herpèsvirus du groupe 8 (HHV8). Quatre cas de SRI associé à une maladie de Kaposi ont été observés, se manifestant
par des lésions épiglottiques obstructives et des lésions cutanées, pulmonaires ou multiviscérales rapidement extensives
(11, 53, 54).
●
Virus JC. Des formes cliniques d’évolution rapide de
leucoencéphalopathie multifocale progressive avec des
lésions multiples rehaussées par le gadolinium à l’IRM ont
été rapportées chez 14 patients 3 semaines à 2 mois après le
début du traitement antirétroviral (11, 25, 55, 56). Huit
patients ont, par ailleurs, présenté une aggravation clinique
●
121
M
I S E
A U
P O I N T
rapide d’une leucoencéphalopathie multifocale progressive
diagnostiquée avant le début du traitement antirétroviral. Les
manifestations sont apparues 4 semaines à 4 mois après l’instauration du traitement antirétroviral et, là encore, l’aspect
IRM est atypique avec des lésions multiples et des prises de
contraste (11, 57-60).
Pneumocystis jiroveci (anciennement carinii). Treize cas
de patients traités pour une pneumocystose pulmonaire dont
les symptômes se sont aggravés 9 jours en moyenne (3 à
17 jours) après l’introduction des antirétroviraux ont été rapportés. Les manifestations incluaient des pneumonies en voie
d’organisation et des syndromes de détresse respiratoire (6164). La fréquence exacte est mal connue, et il est possible que
l’utilisation fréquente d’une corticothérapie dans les formes
hypoxémiantes de pneumocystose limite la fréquence des SRI.
Exceptionnellement, des atteintes pulmonaires granulomateuses contenant des kystes de Pneumocystis ont été rapportées chez des patients, initialement asymptomatiques, après
l’introduction des antirétroviraux et alors que le nombre de
lymphocytes CD4 était supérieur à 200/mm3 (11).
●
● Hépatite C, hépatite B. Depuis l’introduction des antirétroviraux, des observations d’élévation transitoire des transaminases, d’évolution fibrosante rapide (65), de manifestations liées à une cryoglobulinémie (66) ou, au contraire, d’une
clairance du virus VHC (67) et de séroconversion VHB avec
négativation de la réplication virale ont été rapportées (68).
Le rôle de la réponse immune dans ces manifestations, en particulier en cas d’élévation des transaminases, n’est pas toujours confirmé compte tenu des multiples autres causes possibles, avec au premier plan la toxicité des antirétroviraux
(69).
● Histoplasma capsulatum. La survenue de manifestations
inflammatoires atypiques au cours d’une infection à H. capsulatum a été rapportée chez 5 patients : abcès hépatique,
arthrite, uvéite, adénopathies nécrotiques parfois compressives,
en moyenne 45 jours après le début du traitement antirétroviral (22). Les différentes formes de SRI sont observées au cours
des infections à H. capsulatum : aggravation malgré un traitement antifongique efficace après introduction du traitement
antirétroviral, ou infection latente révélée par le traitement antirétroviral (22).
Mycobacterium leprae. La survenue d’une lèpre borderline
tuberculoïde avec une réaction de réversion de type I a été
observée chez 10 patients initialement asymptomatiques en
moyenne 2 mois après l’introduction du traitement antirétroviral. Par ailleurs, des réactions de réversion de type I ont été
décrites chez trois patients qui présentaient une lèpre lors du
diagnostic de l’infection par le VIH (40).
●
122
Divers. Des SRI ont été rapportés de façon anecdotique avec
de nombreux autres agents infectieux, qui sont détaillés dans
le tableau I.
●
SRI à type de pathologies inflammatoires ou auto-immunes
● Sarcoïdose. Vingt-quatre cas de sarcoïdose ont été décrits
chez des patients infectés par le VIH-1 après l’instauration d’un
traitement antirétroviral (23). Il a été observé soit des aggravations d’une sarcoïdose préexistante, soit l’apparition de
symptômes en cours de traitement par antirétroviraux. Les
manifestations cliniques et histologiques étaient comparables
à celles habituellement retrouvées chez les patients non infectés par le VIH. Les manifestations cliniques sont survenues en
moyenne 29 mois (3 à 43 mois) après l’introduction du traitement antirétroviral ; le nombre de lymphocytes était de
315/mm3 en moyenne (23).
● Maladie de Basedow et hyperthyroïdie. La fréquence des
dysthyroïdies a été estimée à 0,5 % dans une étude rétrospective multicentrique incluant 1 523 patients ; elle était plus élevée chez les femmes (3 %) (70). Cette fréquence est supérieure
à celle attendue dans la population générale. Vingt cas de maladie de Basedow et 2 cas d’hyperthyroïdie ont été observés (65,
66). Les symptômes sont survenus en moyenne 17 mois après
le début du traitement antirétroviral (8 à 32 mois) (70,71).
● Divers. Des SRI ont été rapportés avec d’autres maladies
inflammatoires ou auto-immunes (tableau I).
ASPECTS THÉRAPEUTIQUES DU SYNDROME
DE RECONSTITUTION IMMUNITAIRE
Principes généraux
L’hétérogénéité des présentations cliniques et le caractère
rétrospectif des études rendent prématuré l’établissement de
recommandations thérapeutiques. Le SRI étant un marqueur
de la reconstitution immunitaire, le traitement antirétroviral
doit dans la mesure du possible être maintenu tant que la réaction inflammatoire ne met pas en jeu le pronostic vital. Cependant, le doute diagnostique sur une intolérance médicamenteuse, devant un SRI qui se manifeste par une fièvre, impose
parfois cette attitude. La poursuite du traitement spécifique de
l’agent infectieux à l’origine du SRI est recommandée pour
diminuer au maximum la quantité d’antigènes considérée
comme étant à l’origine de ce syndrome.
La place des traitements immunomodulateurs est vraisemblablement importante et il existe une certaine expérience clinique
de l’utilisation de la corticothérapie dans les SRI impliquant la
tuberculose, les mycobactéries atypiques, le cryptococcoque et
le cytomégalovirus. La corticothérapie par voie locale ou géné-
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
M
rale est le traitement qui a été le plus utilisé et semble efficace
dans les uvéites après une infection à CMV (45). Les indications,
posologies et durées de la corticothérapie ne sont pas validées et
sont à discuter en fonction de chaque situation clinique. Une
posologie de 1 mg/kg/j de prednisone est souvent utilisée dans
les SRI associés à la tuberculose ; elle est recommandée sur la
base d’avis d’experts, mais n’a pas été évaluée par des études
cliniques (72). On pèsera le bénéfice d’une corticothérapie chez
les patients les plus immunodéprimés contre le risque de les exposer aux infections opportunistes surajoutées, en particulier, à
cytomégalovirus et autres virus du groupe herpès. Le rapport
bénéfice/risque de la corticothérapie est d’autant plus important
à étudier que l’évolution des SRI peut être favorable sans aucune
modification thérapeutique. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ont parfois été utilisés ; cependant, en raison des interactions avec les inhibiteurs de protéase, il existe un risque d’augmentation des concentrations plasmatiques et de la toxicité des
anti-inflammatoires non stéroïdiens. D’autres immunomodulateurs, comme la thalidomide, pourraient être intéressants.
Traitement des SRI au cours de la tuberculose
L’évolution des SRI associés à la tuberculose est le plus souvent favorable, même si des formes graves sont parfois observées : détresse respiratoire, obstruction des voies aériennes et
accidents thromboemboliques secondaires à des adénopathies
compressives, rupture splénique, péritonite par perforation
digestive et lésions expansives intracrâniennes, ces dernières
étant parfois fatales (33, 40). L’évolution a été spontanément
favorable sans modification des traitements chez 20 % des
patients parmi les 93 pour lesquels des données thérapeutiques
sont disponibles. Le traitement antirétroviral a été arrêté chez
13 % d’entre eux. Une corticothérapie a été utilisée chez 52 %
des patients. Un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien
a été administré à 10 % des patients. Un geste chirurgical a été
réalisé chez 4 % des patients (33, 35-37, 39, 40).
Traitement des SRI associés aux mycobactéries atypiques
L’évolution des SRI associés aux mycobactéries atypiques est
le plus souvent favorable. Les formes compliquées sont très
rares. L’évolution a été spontanément favorable après le début
du traitement antimycobactérien chez 61 % des patients parmi
les 33 pour lesquels des données thérapeutiques sont disponibles. Le traitement antirétroviral a été arrêté chez 9 % d’entre
eux et 39 % ont nécessité un geste invasif, le plus souvent des
ponctions évacuatrices d’adénopathie nécrotique à visée plus
souvent diagnostique que thérapeutique. Une corticothérapie
n’a été utilisée que chez 6 % des patients (40).
Traitement des SRI associés au cryptocoque
Des données évolutives des SRI au cours des cryptococcoses
sont disponibles pour 24 patients. L’évolution a été spontanément favorable sans modification thérapeutique chez 44 % des
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
I S E
A U
P O I N T
patients. Une corticothérapie a été utilisée chez 22 % des patients,
des anti-inflammatoires non stéroïdiens chez un patient. Des
gestes invasifs : ponction lombaire évacuatrice lors de méningites avec hypertension du liquide cérébrospinal et des gestes
chirurgicaux de drainage d’adénopathies ont été pratiqués chez
35 % des patients (20). Le traitement antifongique est parfois
majoré (amphotéricine B par voie intraveineuse), mais il est vraisemblable que le renforcement du traitement n’est pas responsable de cette amélioration, car les cultures mycologiques sont
restées négatives (20). Cette attitude thérapeutique témoigne plus
des difficultés diagnostiques et du doute initial sur une éventuelle
rechute de la cryptococcose que de l’intérêt d’un tel traitement.
Le traitement des SRI révélant des infections latentes repose
avant tout sur le traitement anti-infectieux spécifique. Bien évidemment, en fonction de l’intensité des signes inflammatoires
et de l’évolution, on peut discuter du choix entre l’introduction
d’anti-inflammatoires et la chirurgie.
Prévention des SRI
La prévention de la survenue d’un SRI est un objectif important dans la prise en charge des patients infectés par le VIH. Elle
repose tout d’abord sur la recherche systématique d’une infection paucisymptomatique chez les patients profondément immunodéprimés avant l’introduction du traitement antirétroviral de
façon à commencer le traitement d’une infection opportuniste
le plus tôt possible. Dans la série de Breen, parmi 13 patients
qui ont eu une tuberculose après le début du traitement antirétroviral, 7 avaient des symptômes évoquant une tuberculose
avant le début des antirétroviraux et 4 ont présenté un SRI (41).
Parmi les facteurs de risque de SRI, on retrouve l’introduction
rapide du traitement antirétroviral après celui de l’infection
opportuniste. Le fait de retarder la mise en route du traitement
antirétroviral permettrait de limiter le risque de SRI. Malgré
les autres avantages de cette stratégie, qui pourrait également
diminuer les interactions médicamenteuses, les toxicités médicamenteuses, le nombre de comprimés et le risque d’inobservance, le retard du traitement antirétroviral peut cependant être
délétère. En effet, le risque d’infections opportunistes associées
est majeur en l’absence de traitement antirétroviral chez les
patients très immunodéprimés (CD4 < 50 ou 100/mm3), qui
sont aussi les plus à risque de SRI. Une étude rétrospective de
188 patients infectés par le VIH et traités pour une tuberculose
a montré que le fait de retarder le traitement antirétroviral chez
les patients avec des lymphocytes CD4 < 100/mm3 était associé à la survenue d’une nouvelle infection opportuniste chez
25 % des patients, versus 3,5 % de ceux qui avaient été traités
d’emblée par antirétroviraux (73). Malgré les difficultés rencontrées dans la conduite diagnostique et thérapeutique et les
complications potentielles liées à la survenue d’un SRI, la prévention de cette pathologie dont l’évolution est parfois spontanément favorable ne doit pas faire perdre de vue les risques
123
M
I S E
A U
P O I N T
peut-être plus importants de retarder l’introduction des antirétroviraux. La réponse à cette question sera probablement apportée par les études prospectives qui devraient débuter prochainement au Cambodge et aux États-Unis. Enfin, d’autres
stratégies nécessiteraient d’être évaluées, comme par exemple
l’association d’une corticothérapie préventive initiale chez les
patients les plus à risque de SRI.
CONCLUSION
La survenue d’un SRI est un événement relativement fréquent
chez les patients infectés par le VIH les plus immunodéprimés,
après l’instauration d’un traitement antirétroviral. Le diagnostic
de SRI, qui est actuellement fondé sur un ensemble de critères
hétérogènes, est difficile à confirmer. Même si l’évolution est
parfois spontanément favorable, des complications sont possibles. Le traitement n’est pas codifié mais la corticothérapie
paraît efficace, bien qu’elle puisse être délétère chez les patients
très immunodéprimés. La fréquence des infections fongiques et
mycobactériennes dans les pays en voie de développement, où
vivent la majorité des individus infectés par le VIH, fait craindre
la survenue fréquente de SRI lorsque les traitements antirétroviraux seront disponibles à une large échelle et rend nécessaire
la réalisation d’études prospectives afin d’améliorer le diagnostic du SRI et de développer des stratégies préventives.
■
R
É F É R E N C E S
B I B L I O G R A P H I Q U E S
1. Afghani B, Lieberman JM. Paradoxical enlargement or development of intracranial tuberculomas during therapy: case report and review. Clin Infect Dis
1994;19:1092-9.
2. Chloremis CB, Padiatellis C, Zoumboulakis D, Yannakos D. Transitory exacerbation of fever and roetgenographic findings during treatment of tuberculosis
in children. Am Rev Tuberc 1955;72:527-36.
3. Rooney JJ, Crocco JA, Kramer S, Lyons HA. Further observations on tuberculin reactions in active tuberculosis. Am J Med 1976;60:517-22.
4. Narita M, Ashkin D, Hollender ES, Pitchenik AE. Paradoxical worsening of
tuberculosis following antiretroviral therapy in patients with AIDS. Am J Respir
Crit Care Med 1998;158:157-61.
5. Autran B, Carcelain G, Li TS et al. Positive effect of combinated antiretroviral
therapy on CD4+ T cell homeostasis and function in advanced HIV disease.
Science 1997;277:112-6.
6. Palella FJ, Delaney KM, Moorman AC et al. Declining morbidity and mortality among patients with advanced human immunodeficiency virus infection. HIV
Outpatient Study Investigators. N Engl J Med 1998;338:853-60.
7. DeSimone JA, Pomerantz RJ, Babinchak TJ. Inflammatory reactions in HIV-1
infected persons after initiation of higly active antiretroviral therapy. Ann Intern
Med 2000;133:447-54.
8. French MA, Lenzo N, John M et al. Immune restoration disease after the treatment of immunodeficient HIV-infected patients with highly active antiretroviral
therapy. HIV Med 2000;1:107-15.
9. French MA, Price P, Stone SF. Immune restoration disease after antiretroviral
therapy. AIDS 2004;18:1615-27.
10. Shelburne SA, Hamill RJ. The immune reconstitution inflammatory syndrome.
AIDS Rev 2003;5:67-79.
11. Shelburne SA, Hamill RJ, Rodriguez-Barradas MC et al. Immune reconstitution inflammatory syndrome: emergence of a unique syndrome during highly active
antiretroviral therapy. Medicine 2002;81:213-27.
124
12. Hirsch HH, Kaufmann G, Sendi P, Battegay M. Immune reconstitution in
HIV-infected patients. Clin Infect Dis 2005;38:1159-66.
13. Pakker NG, Roos MT, van Leeuwen R et al. Patterns of T-cell repopulation,
virus load reduction, and restoration of T-cell function in HIV-infected persons
during therapy with different antiretroviral agents. J Acquir Immune Defic Syndr
Hum Retrovirol 1997;16:318-26.
14. Imami N, Antonopoulos C, Hardy GA, Gazzard B, Gotch FM. Assessment of
type 1 and type 2 cytokines in HIV type 1-infected individuals: impact of highly
active antiretroviral therapy. AIDS Res Hum Retroviruses 1999;15:1499-508.
15. Kelleher AD, Sewell WA, Cooper DA. Effect of protease therapy on cytokine
secretion by peripheral blood mononuclear cells (PBMC) from HIV-infected subjects. Clin Exp Immunol 1999;115:147-52.
16. Pontesilli O, Kerkhof-Garde S, Notermans DW et al. Functional T cell reconstitution and human immunodeficiency virus-1-specific cell-mediated immunity
during highly active antiretroviral therapy. J Infect Dis 1999;180:76-86.
17. Valdez H, Smith KY, Landay A et al. Response to immunization with recall and
neoantigens after prolonged administration of an HIV-1 protease inhibitor-containing regimen. ACTG 375 team. AIDS Clinical Trials Group. AIDS 2000;14:11-21.
18. Foudraine NA, Hovenkamp E, Notermans DW et al. Immunopathology as a
result of highly active antiretroviral therapy in HIV-1-infected patients. AIDS
1999;13:177-84.
19. Komanduri KV, Viswanathan MN, Wieder ED et al. Restoration of cytomegalovirus-specific CD4+ T-lymphocyte responses after ganciclovir and highly
active antiretroviral therapy in individuals infected with HIV-1. Nat Med
1998;4:953-6.
20. Breton G, Dupont B. Syndromes de reconstitution immunologique au cours
des mycoses systémiques chez les patients infectés par le VIH. J Mycol Med 2005;
15:77-92.
21. Adle-Biassette H, Huerre M, Breton G et al. Les mycobactéries non tuberculeuses. Ann Pathol 2003;23:216-35.
22. Breton G, Adle-Biassette H, Therby A et al. Immune reconstitution inflammatory syndrome in HIV-infected patients with disseminated histoplasmosis.
AIDS 2006;20:119-21.
23. Foulon G, Wislez M, Naccache JM et al. Sarcoidosis in HIV-infected patients
in the era of highly active antiretroviral therapy. Clin Infect Dis 2004;38:418-25.
24. Martinez E, Gatell J, Moran Y et al. High incidence of herpes zoster in
patients with AIDS soon after therapy with protease inhibitors. Clin Infect Dis
1998;27:1510-3.
25. Safdar A, Rubocki RJ, Horvath JA, Narayan KK, Waldron RL. Fatal immune
restoration disease in HIV-1-infected patients with progressive multifocal leukoencephalopathy: impact of antiretroviral therapy-associated immune reconstitution. Clin Infect Dis 2002;15:1250-7.
26. Stone SF, Price P, Brochier J, French MA. Plasma bioavailable interleukin6 is elevated in human immunodeficiency virus-infected patients who experience
herpesvirus-associated immune restoration disease after start of highly active
antiretroviral therapy. J Infect Dis 2001;184:1073-7.
27. Stone SF, Price P, Tay-Kearney ML, French MA. Cytomegalovirus (CMV)
retinitis immune restoration disease occurs during highly active antiretroviral
therapy-induced restoration of CMV-specific immune responses within a predominant Th2 cytokine environment. J Infect Dis 2002;185:1813-7.
28. Price P, Keane NM, Stone SF, Cheong KY, French MA. MHC haplotypes
affect the expression of opportunistic infections in HIV patients. Hum Immunol
2001;62:157-64.
29. Price P, Morahan G, Huang D et al. Polymorphisms in cytokine genes define
subpopulations of HIV-1 patients who experienced immune restoration diseases.
AIDS 2002;16:2043-7.
30. Shelburne SA, Visnegarwala F, Darcourt et al. Incidence and risk factors for
immune reconstitution inflammatory syndrome during higly active antiretroviral
therapy. AIDS 2005;19:399-406.
31. Lortholary O, Fontanet A, Némain N, Martin A, Sitbon K, Dromer F.
Incidence and risk factors of immune reconstitution inflammatory syndrome complicating HIV-associated cryptococcosis in France. AIDS 2005;19:1043-9.
32. Shelburne SA, Darcourt J, White AC et al. Incidence and risk factors for
immune reconstitution inflammatory syndrome among patients with
Cryptococcus neoformans. 11th Conference on Retroviruses and Opportunistic
Infections, 2004. San Francisco. Abstract 770.
33. Breton G, Duval X, Estellat C et al. Determinants of immune reconstitution
inflammatory syndrome in HIV type 1-infected patients with tuberculosis after
initiation of antiretroviral therapy. Clin Infect Dis 2004;39:1709-12.
34. Wendel KA, Alwood KS, Gachuhi R, Chaisson RE, Bishai WR, Sterling TR.
Paradoxical worsening of tuberculosis in HIV-infected persons. Chest
2001;120:193-7.
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
M
35. Michailidis C, Pozniak AL, Mandalia S, Basnayake S, Nelson MR, Gazzard
BG. Clinical characteristics of IRIS syndrome in patients with HIV and tuberculosis. Antivir Ther 2005;10:417-22.
36. Navas E, Martin-Davila P, Moreno L et al. Paradoxical reactions of tuberculosis in patients with the acquired immunodeficiency syndrome who are treated
with highly active antiretroviral therapy. Arch Intern Med 2002;162:97-9.
37. Breen RA, Smith CJ, Bettinson H et al. Paradoxical reactions during tuberculosis treatment in patients with and without HIV co-infection. Thorax
2004;59:704-7.
38. Karavellas MP, Azen SP, MacDonaled JC et al. Immune recovery vitritis and
uveitis in AIDS: clinical predictors, sequelae, and treatment outcome. Retina
2001;21:1-9.
39. Olalla J, Pulido F, Rubio R et al. Paradoxical responses in a cohort of HIV-1infected patients with mycobacterial disease. Int J Tuberc Lung Dis 2002;6:71-5.
40. Lawn SD, Bekker LG, Miller RF. Immune reconstitution disease associated
with mycobacterial infections in HIV-infected individuals receiving antiretrovirals. Lancet Infect Dis 2005;5:361-73.
41. Breen RAM, Smith CJ, Cropley I, Johnson MA, Lipman MCI. Does immune
reconstitution syndrome promote active tuberculosis in patients receiving highly
active antiretroviral therapy? AIDS 2005;19:1201-6.
42. Mallal SA, James IR, French MA. Detection of subclinical Mycobacterium
avium intracellulare complex infection in immunodeficient HIV-infected patients
treated with zidovudine. AIDS 1994;8:1263-9.
43. Garcia-Hermoso D, Janbon G, Dromer F. Epidemiological evidence for dormant Cryptococcus neoformans infection. J Clin Microbiol 1999;37:3204-9.
44. Karavellas MP, Plummer DJ, Macdonald JC et al. Incidence of immune
recovery vitritis in cytomegalovirus retinitis patients following institution of successful HAART. J Infect Dis 1999;179:697-700.
45. Robinson MR, Reed G, Csaky KG, Polis MA, Whitcup SM. Immune-recovery
uveitis in patients with cytomegalovirus retinitis taking highly active antiretroviral therapy. Am J Ophthalmol 2000;130:49-56.
46. Arevalo JF, Mendoza AJ, Ferretti Y. Immune recovery uveitis in AIDS patients
with cytomegalovirus retinitis treated with HAART in Venezuela. Retina
2003;23:495-502.
47. Hiesh SM, Pan SC, Hung CC, Tsai HC, Chen MY, Chang SC. Association
between cytomegalovirus-specific reactivity of T cell subsets and development of
cytomegalovirus retinitis in patients with AIDS. J Infect Dis 2001;184:1386-91.
48. Gilquin J, Piketti C, Thomas V, Gonzales-Canali G, Belec L, Kazatchkine
MD. Acute CMV infection in AIDS patients with CD4+ count above 100/10 6
cells/L. AIDS 1997;11:A659-60.
49. Miller RF, Shaw PJ, Williams IG. Immune reconstitution CMV pneumonitis.
Sex Transm Infect 2000;76:60.
50. Vanhems P,Voisin L, Gayet-Ageron A. The incidence of herpes zoster is less
likely than other opportunistic infections to be reduced by HAART. J Acquir
Immune Defic Syndr Hum Retrovirol 2005;38:111-3.
51. Fox PA, Barton SE, Francis N et al. Chronic erosive herpes simplex virus infection of the penis, a possible immune reconstitution disease. HIV Med 1999;1:10-8.
52. Posavad CM, Wald A, Kuntz S et al. Frequent reactivation of HSV among
HIV-1-infected patients treated with HAART. J Infect Dis 2004;190:693-6.
53. Crane HM, Deubner H, Huang JC, Swanson PE, Harrington RD. Fatal
Kaposi’s sarcoma-associated immune reconstitution following HAART initiation.
Int J STD AIDS 2005;16:80-3.
54. Weir A, Wansbrough-Jones M. Mucosal Kaposi’s sarcoma following protease
inhibitor therapy in an HIV-infected patient. AIDS 1997;11:1895-6.
55. Miralles P, Berenguer J, Garcia de Viedma D et al. Treatment of AIDS-associated progressive multifocal leukoencephalopathy with highly active antiretroviral therapy. AIDS 1998;12:2467-72.
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 3 - mai-juin 2006
I S E
A U
P O I N T
56. Du Pasquier RA, Koralnik IJ. Inflammatory reaction in progressive
multifocal leukoencephalopathy: harmful or beneficial? J Neurovirol 2003;9:
25-31.
57. Cinque P, Bossolasco S, Brambilla AM et al. The effect of HAART-induced immune
reconstitution on development and outcome of progressive multifocal encephalopathy: study of 43 cases with review of the literature. J Neurovirol 2003;9:73-80.
58. Vendrely A, Bienvenu B, Gasnault J, Thiebault JB, Salmon D, Gray F.
Fulminant inflammatory leukoencephalopathy associated with HAART-induced
immune restoration in AIDS-related progressive multifocal leukoencephalopathy.
Acta Neuropathol 2005;109:449-55.
59. Nuttall JJ, Wilmshurst JM, Ndondo AP et al. Progressive multifocal
leukoencephalopathy after initiation of highly active antiretroviral therapy in
a child with advanced human immunodeficiency virus infection: a case of
immune reconstitution inflammatory syndrome. Pediatr Infect Dis J 2004;23:
683-5.
60. Hoffmann C, Horst HA, Albrecht H, Schlote W. Progressive multifocal leucoencephalopathy with unusual inflammatory response during antiretroviral treatment. J Neurol Neurosurg Psychiatr 2003;74:1142-4.
61. Wislez M, Bergot E, Antoine M et al. Acute respiratory failure following
HAART introduction in patients treated for Pneumocystis carinii pneumonia. Am
J Respir Crit Care Med 2001;164:847-51.
62. Dean GL, Williams DI, Churchill DR, Fischer MJ. Transient clinical deterioration in HIV patients with Pneumocystis carinii pneumoniae after strating
HAART: another case of immune restoration syndrome. Am J Respir Crit Care
Med 2002;165:1670.
63. Koval CE, Gigliotti F, Nevins D, Demeter LM. Immune reconstitution syndrome after successful treatment of Pneumocystis carinii pneumoniae in a man
with HIV-1 infection. Clin Infect Dis 2002;35:491-3.
64. Barry SM, Lipman MC, Deery AR, Johnson MA, Janossy G. Immune reconstitution pneumonitis following Pneumocystis carinii pneumonia in HIV-infected
subjects. HIV Med 2002;3:207-11.
65. Zylberberg H, Pialoux G, Carnot F, Landau A, Bréchot C, Pol S. Rapidly evolving HCV-related cirrhosis in a HIV-infected patient receiving triple antiretroviral
therapy. Clin Infect Dis 1998;27:1255-8.
66. Monsuez JJ, Vittecoq D, Musset L, Alemanni M, Dussaix E, Autran B.
Arthralgias and cryoglobulinemia during protease inhibitor therapy in a patient
with HIV and HCV. Arthritis Rheum 1998;41:740-3.
67. Weissbrich B, Langmann, Schubert J, Jassoy C, Klinker H. Resolution of
HCV infection in a HIV-infected patient under HAART after several hepatitis
flare-ups. Eur J Med Res 2003;8:495-8.
68. Rouanet I, Peyriere H, Mauboussin JM, Terrail N, Vincent D. Acute clinical
hepatitis by immune restoration in an HIV/HBV co-infected patient receiving
antiretroviral therapy. Eur J Gastroenterol Hepatol 2003;15:95-7.
69. Pol S, Lebray P, Vallet-Pichard A. HIV infection and hepatic enzyme abnormalities: intricacies of pathogenic mechanisms. Clin Infect Dis 2004;38:S65-S72.
70. Chen F, Day SL, Metcalfe RA et al. Characteristics of autoimmune thyroid
disease occuring as a late complication of immune reconstitution in patients with
advanced HIV disease. Medicine 2005;84:98-106.
71. Jibault V, Penformis A, Schillo F et al. Sequential occurrence of thyroid
autoantibodies and Grave’s disease after immune restoration in severely immunocompromised HIV-1 infected patient. J Clin Endocrinol Metab 2000;85:4254-7.
72. Morb Mortal Wkly Rep 2004;53:RR-15.
73. Dean GL, Edwards SG, Ives NJ et al. Treatment of tuberculosis in HIVinfected persons in the era of highly active antiretroviral therapy. AIDS 2002;16:
75-83.
125
Téléchargement