Les bonnes copies au contraire, sont celles qui mettent à jour une difficulté essentielle, en
l’approfondissant, en montrant qu’elle nous résiste (ex.la mort, le sens de la vie, le bonheur, etc)
et qu'il faut tenter d'élucider à défaut de pouvoir la résoudre. En philosophie, la formulation d'un
problème est souvent plus importante que les réponses. Contrairement aux questions immédiates
(« quelle heure est-il ? ») ou scientifiques qui appellent une réponse tranchée juste ou fausse (ex.
2+2=4), l'exercice philosophique est réussi lorsque le problème est clairement formulé, et que l'on
trouvé des pistes argumentées pour l'élucider ; (On en revient toujours à Socrate, qui faisait aveu
de son ignorance pour mieux stimuler la réflexion, et se contentait de questionner pour mettre à
l’épreuve sa pensée, plutôt que de rechercher des réponses toutes faites).
Comment problématiser ?
Le sort d’une dissertation se joue dans sa problématique. Si celle-ci parvient, de manière
suffisamment précise, à formuler le problème philosophique contenu dans le sujet. Il s'agit de
mettre en question ce qui semble aller de soi en posant une question, en soulevant une
contradiction, un problème.
En formulant par une phrase cette contradiction, vous envisagez plusieurs hypothèses de départ
qui permettent de lancer la réflexion. Le corps de la réflexion dispose alors d’un fil directeur
solide pour une organisation cohérente de l’argumentation, qui se soutiendra jusqu’à la résolution
du problème.
La problématique est donc l'orientation, le fil directeur de l'argumentation, qui permet à celle-
ci de progresser rigoureusement d'un argument ou d'une partie à l'autre. Quand les enseignants
déplorent l'absence de problématique dans un devoir, ils veulent dire par là qu'il n'y pas de
cohérence de l'argumentation, ou que celle-ci est trop décousue.
La problématique est donc à la fois une question qui soulève une difficulté, une
contradiction entre deux réponses possibles (le problème) et une question directrice qui
donne l'orientation de votre argumentation. Ce n'est pas une question qui appelle une
réponse immédiate (comme dans la question quelle heure est-il ?) ni un problème
scientifique que l'on pourrait résoudre en possédant un savoir théorique mais une question
qui suscite une discussion car elle pose un problème essentiel pour la condition humaine
(question de justice, de morale, de psychologie, etc). L'introduction devra la formuler et le
développement devra détailler et discuter des deux points de vue opposés.
A°) Quand le sujet est formulé sous la forme d'une question
Certains sujets appellent une réponse tranchée « oui » ou « non ». On peut donc y répondre
facilement. Toutefois, il ne faut pas oublier que si l'on pose une question, c'est que la réponse
ne va pas de soi.
1-Face à une question, il faut admettre que plusieurs réponses (contradictoires) sont
possibles. Il faut se poser les questions suivantes :
-Quel est le sens exact de la question ? De quel champ de réflexion relève-t-elle (science, morale,
politique, esthétique, etc) ? Dans quel contexte se pose-t-elle ?
-Quelle est la réponse spontanée à cette question ? (réponse du sens commun, la première réponse
qui nous vient à l'esprit, notre première réaction, notre opinion personnelle face à la question ;