FAMILIAS DE LENGUAS INDIGENAS DE COLOMBIA

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L’élaboration de la dissertation : la problématique et le plan
Phase 4 : Elaborer une problématique.
La démarche de la dissertation consiste toujours à partir de la question posée, à élaborer un
problème et un seul. Il s’agit de transformer la question en problème.
Qu'est-ce qu'un problème philosophique ?
-Un problème philosophique est une contradiction ou une difficulté à laquelle on ne peut pas
trouver une réponse immédiate. Ce n'est pas non plus un problème scientifique comparable à un
problème de mathématiques ou de physique, par exemple.
Certaines questions appellent une réponse immédiate, sans détour. Exemple : « quel temps fait-il
? » Réponse: « il pleut », etc. Y répondre, c'est rappeler un fait, un constat. On n'a besoin pour
cela d'aucune connaissance théorique. Il s'agit de questions de fait.
Mais il n'en est pas toujours ainsi ; si l'on se demande « quelle est la vitesse à l'arrivée au sol d'un
corps qui tombe du 1er étage d'un immeuble ? » Pour y répondre, il faut connaître certains
éléments qui n'ont pas été indiqués : la hauteur du 1er étage, la nature de la chute, la valeur de
l'accélération de la pesanteur sur le lieu où l'on se trouve, ce qui fait appel à des notions de
physique. Le problème posé ne peut être résolu que si l'on possède un savoir scientifique.
On peut se poser toutefois un autre type de question. Si l'on se demande « quelle est l'origine de
l'univers ? », « Peut-on manipuler un être vivant (cas des OGM par exemple) » ?, on s'aperçoit
que la science pose des questions qui dépassent le cadre de la recherche scientifique mais qui font
appel à une réflexion (métaphysique, morale, etc) ; de même, si l'on se demande « la vie at-elle
un sens ? », ou « quelle attitude adopter face à la mort » ?, aucun savoir scientifique ne permet
de trouver une réponse acceptable par tous ; chacun peut choisir le sens et la réponse qu’il va
donner à de telles questions (en fonction de ses convictions personnelles, et de sa propre
réflexion). Cela ne veut pas dire qu'il faille instaurer une hiérarchie entre la science et la
philosophie ou vice versa, mais que les questions scientifiques et philosophiques appartiennent à
des domaines différents de la pensée.
Le registre de la philosophie n’est pas celui du savoir scientifique, du vrai ou du faux, de
l’exactitude ou de l’erreur ; ce qui est important, c’est le sens que l’on donne à un problème, ce
qu’il signifie pour notre intelligence. Face à une question philosophique, la question à se poser est
« comment puis-je comprendre le sens de ce problème ? ». On n’attend pas que l’on réponde par
des vérités incontestables ou en cherchant une réponse définitive mais en montrant que l’on a
compris que la question posée présente une difficulté qu’il faudra formuler et approfondir
clairement afin de la rendre compréhensible. Les mauvaises copies nous font perdre de vue le
problème en faisant défiler des connaissances sans fil directeur, ou en restant au niveau des faits,
de la description, et, dans ce cas, l’élève oublie que c’est à lui à penser, à réfléchir, à
problématiser.
Les bonnes copies au contraire, sont celles qui mettent à jour une difficulté essentielle, en
l’approfondissant, en montrant qu’elle nous résiste (ex.la mort, le sens de la vie, le bonheur, etc)
et qu'il faut tenter d'élucider à défaut de pouvoir la résoudre. En philosophie, la formulation d'un
problème est souvent plus importante que les réponses. Contrairement aux questions immédiates
(« quelle heure est-il ? ») ou scientifiques qui appellent une réponse tranchée juste ou fausse (ex.
2+2=4), l'exercice philosophique est réussi lorsque le problème est clairement formulé, et que l'on
trouvé des pistes argumentées pour l'élucider ; (On en revient toujours à Socrate, qui faisait aveu
de son ignorance pour mieux stimuler la réflexion, et se contentait de questionner pour mettre à
l’épreuve sa pensée, plutôt que de rechercher des réponses toutes faites).
Comment problématiser ?
Le sort d’une dissertation se joue dans sa problématique. Si celle-ci parvient, de manière
suffisamment précise, à formuler le problème philosophique contenu dans le sujet. Il s'agit de
mettre en question ce qui semble aller de soi en posant une question, en soulevant une
contradiction, un problème.
En formulant par une phrase cette contradiction, vous envisagez plusieurs hypothèses de départ
qui permettent de lancer la réflexion. Le corps de la réflexion dispose alors d’un fil directeur
solide pour une organisation cohérente de l’argumentation, qui se soutiendra jusqu’à la résolution
du problème.
La problématique est donc l'orientation, le fil directeur de l'argumentation, qui permet à celleci de progresser rigoureusement d'un argument ou d'une partie à l'autre. Quand les enseignants
déplorent l'absence de problématique dans un devoir, ils veulent dire par là qu'il n'y pas de
cohérence de l'argumentation, ou que celle-ci est trop décousue.
La problématique est donc à la fois une question qui soulève une difficulté, une
contradiction entre deux réponses possibles (le problème) et une question directrice qui
donne l'orientation de votre argumentation. Ce n'est pas une question qui appelle une
réponse immédiate (comme dans la question quelle heure est-il ?) ni un problème
scientifique que l'on pourrait résoudre en possédant un savoir théorique mais une question
qui suscite une discussion car elle pose un problème essentiel pour la condition humaine
(question de justice, de morale, de psychologie, etc). L'introduction devra la formuler et le
développement devra détailler et discuter des deux points de vue opposés.
A°) Quand le sujet est formulé sous la forme d'une question
Certains sujets appellent une réponse tranchée « oui » ou « non ». On peut donc y répondre
facilement. Toutefois, il ne faut pas oublier que si l'on pose une question, c'est que la réponse
ne va pas de soi.
1-Face à une question, il faut admettre que plusieurs réponses (contradictoires) sont
possibles. Il faut se poser les questions suivantes :
-Quel est le sens exact de la question ? De quel champ de réflexion relève-t-elle (science, morale,
politique, esthétique, etc) ? Dans quel contexte se pose-t-elle ?
-Quelle est la réponse spontanée à cette question ? (réponse du sens commun, la première réponse
qui nous vient à l'esprit, notre première réaction, notre opinion personnelle face à la question ;
-Que faut-il penser d'une telle réponse ? Est-elle indiscutable ? Quelles objections peut-on lui
faire ? On cherchera ensuite une objection qui permettra ensuite de se défaire de cette première
opinion, de ce parti-pris. Si l'on se pose une question, c'est que sa réponse ne va pas de soi ; on
est donc amené à s'interroger sur le problème qu'elle pose ;
2-On peut ensuite transformer la question en affirmation en se demandant :
-quelles sont les raisons qui conduisent à l'affirmer ? Y-a-t-il des philosophes qui l'ont fait ?
Quels sont leurs arguments ?
-Quels sont au contraire les arguments qui conduisent à la rejeter comme fausse ou comme
insuffisante ? Y-a-t-il des philosophes qui l'ont fait ? Quels sont leurs arguments et la réponse
différente qu'ils apportent à la question ?
Il faut trouver des idées qui serviront de preuve pour justifier la réponse immédiate et l'objection
que vous vous posez.. Il est essentiel dans la démarche philosophique de « donner des raisons »
de ce que l'on avance.
Exemples :
Sujet : « l'Etat est-il un obstacle à la liberté individuelle ? »
Cette question appelle une réaction différente selon nos convictions politiques. Un partisan de
l'ultra-libéralisme répondra que l'Etat est une contrainte et qu'il faut s'en remettre à l'initiative
privée et laisser faire le marché. Un partisan de « l'Etat-Providence » répondra au contraire que
l'Etat doit protéger les libertés individuelles, il est le garant des droits des citoyens et doit
introduire une régulation des marchés pour protéger les droits des travailleurs. La difficulté de ce
type de sujet sera de tomber dans un débat stérile entre deux opinions politiques opposées. Pour
sortir de la polémique « oui » ou « non », il faut rechercher les raisons invoquées par les uns et
par les autres en évitant la caricature ; si l'on prend parti pour le « oui » ou le « non », il faudra
chercher des arguments que pourrait donner un interlocuteur qui donnerait une réponse opposée.
Dans tous les cas, il est indispensable de « donner des raisons de ce que l'on avance ». Le but de
cet exercice est de transformer la question en alternative. On voit ici clairement que la
philosophie est un apprentissage de la vie démocratique !!!
Sujet : « L’histoire est-elle une science ? »
a°) A première vue l’histoire est une science. L’historien doit étudier le passé à partir de traces, à
l’aide d’un ensemble de méthodes. Il ne peut étudier telle ou telle période que si une hypothèse
guide son travail. On peut, de ce point de vue, comparer le travail de l’historien à celui du
physicien (c’est la thèse de Marc Bloch, dans son livre « Apologie pour l’histoire ou le métier
d’historien »).
b°) Pourtant, le regard que l’historien porte sur le passé est souvent guidé par des intérêts présents
qui orientent son travail ; l’objectivité en histoire est donc difficile car on ne cesse de réécrire et
d’interpréter l’histoire. L’historien n’a affaire qu’à des archives, c’est à dire à un passé déjà
interpété par des témoins antérieurs ; d’où la difficulté de saisir dans leur réalité les faits, les
institutions. Dans le meilleur des cas, l’histoire est la somme de toutes les interprétations du
passé.
D'autres sujets appellent une réponse plus nuancée « peut-être », « ça dépend ».
NB : Si la réponse spontanée est « ça dépend » ou « peut-être », il faudra imaginer quelle
serait la question si la réponse était oui ou non. C’est en fonction de la thèse retenue que les
éléments trouvés deviendront arguments apparaissant comme favorables ou défavorables à l’un
ou l’autre des points de vue.
Exemple :
La question : « dans quelle mesure l'homme est-il prisonnier de son passé ? » apparaît comme un
sujet moins polémique. Pourtant, on ne peut pas attendre de vous que vous donniez une réponse
neutre, du style « ça dépend ». Dans ce cas, il faut radicaliser sa réponse et chercher des réponses
« oui » ou « non » en recherchant des arguments.
a°) l'homme est prisonnier de son passé car tout ce qu’il est et tout ce qu’il fait est lié à ce qui l’a
précédé ; cela veut dire que l’homme est soumis à des lois de cause à effet ; c’est peut-être
inconsciemment, parce qu’on adhère à cette thèse philosophique que l’on se représente le passé
comme à quoi l’être humain ne peut pas échapper.
b°) L’homme peut cependant se libérer du passé parce qu’étant libre, il peut à tout instant
reconnaître, choisir une autre voie que celle de la tradition ; si l’on adhère à cette thèse
progressiste, si l’on invoque le passé, ce sera pour nier la responsabilité humaine.
Ces deux réponses sont chacune liées à une prise de position philosophique :
-si l’homme est prisonnier de son passé, on considère que la liberté est une illusion ;
-si l’homme peut s’affranchir de son passé, on considère au contraire qu’il est libre parce qu’il
existe sur un autre mode que celui d’un objet matériel ;
B°) Lorsque le sujet est constitué d'une affirmation sur laquelle on vous interroge
Dans cette catégorie, les sujets proposant de discuter d'une opinion admise, etc (Est-il vrai de dire
que...?, En quels sens peut-on affirmer...? Dans quels sens peut-on dire que... ?). Ici, la
transformation de l'affirmation est déjà faite. La façon d'analyser le sujet n'est pas très différente.
Toutefois, le travail consiste à :
-partir de l'affirmation pour remonter au problème auquel elle correspond et à le formuler ;
-expliquer cette affirmation, c'est à dire établir son sens ou ses sens possibles et à comprendre ce
qui la justifie
-apprécier la valeur, c'est à dire la discuter. Après avoir rappelé ce que signifie cette affirmation
pour le sens commun, il faudra s'interroger sur ce qui semble la justifier, ce qui la rend discutable.
C°) Lorsque le sujet demande la production d'une définition.
La question invite à préciser le sens d'une notion (Ex. Qu'est-ce qu'être normal ?) où à préciser la
nature d'un objet qui nous paraît familier (Ex. qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ?)
il va de soi qu'on ne nous demande pas de faire une analyse de sémantique. Il faut là encore faire
apparaître un problème. Si la question est posée, c'est qu'il y a une difficulté, que le sens apparent
cache des significations plus essentielles.
Il faut se demander :
-quelle est la signification courante de cette notion dans l'usage habituel de la langue ? ;
-cette définition courante comporte-t-elle des ambiguités ou des difficultés ? ;
-quelle est la question fondamentale qui nous invite à réfléchir ?
Phase 5 : Elaborer une thèse.
Après avoir étudié tous les arguments, on élaborera ensuite une réponse plus réfléchie (qui sera
notre conclusion ou notre thèse).
Il faut donc déterminer la thèse (réponse réfléchie que l’on veut défendre, ce que l’on veut
démontrer) en s’assurant :
-qu’elle répond à la question posée ;
-qu’elle repose sur l’exploration du champ argumentatif ;
-qu’elle s’articule sur un développement progressif et dynamique.
Il faut se poser la question : « quelle idée vais-je soutenir ? » Qu’est-ce que je finirai par
conclure ? » Ces questions doivent animer toute la démarche, lui fournir son fil directeur et
son unité.
Un temps de mise au point
En reformulant l'énoncé, en transformant la question en alternative ou en problème, on parvient à
organiser un développement. Pour être cohérent, ce développement doit être organisé en fonction
du but que l’on veut démontrer, de la résolution du problème que l’on a identifié. Trois moments
sont nécessaires : 1/ la formulation du problème (introduction), 2/ le développement (ou corps du
devoir divisé en parties et parvenant à la fin à la résolution du problème), 3/ enfin la conclusion.
Il n'existe pas de recette absolue pour bâtir son plan. Il faut se méfier des plans « passe-partout »
et se préoccuper davantage de la qualité de la réflexion que de la perfection formelle du plan. Il
faudra donc chercher des arguments, car il est impossible de répondre à une question
philosophique en se contentant d'énumérer des exemples qui se terminerait par l'affirmation « ça
dépend », « des fois oui, des fois non ». Il faudra aussi veiller aux transitions. Leur caractère
progressif, clair et rigoureux, est le signe d’un exercice réussi. C’est pourquoi, il ne s’agit jamais
d’énumérer des points de vue, de décrire les aspects d’un problème ou d’en faire l’historique. Il
s’agit de réfléchir à un problème de manière conceptuelle. L’argumentation se dirige vers une
forme de solution –qui bien sûr (la rigueur de la philosophie n’est pas celle d’une science exacte)
consistera le plus souvent en une autre formulation, plus approfondie des termes du problème, ou
dans la découverte d’une difficulté que l’on précisera, qui interdit toute résolution.
La Rédaction de l’introduction : formuler le problème
L’introduction doit être rédigée dès que l’on a une vision suffisamment précise de la question et
de la problématique. Elle a une double fonction :
 Montrer que la question posée fait problème et qu’il n’est pas possible de donner une
seule réponse, mais deux réponses contradictoires ;
 Indiquer comment on va aborder l’étude de ce problème. C’est donc le sujet qui détermine
l’introduction ; il faut donc écarter toute généralité, toute anecdote.
Son rôle est de formuler la problématique ou le paradoxe, c’est à dire une nouvelle question qui
naît de votre analyse de la question posée et qui formule deux réponses divergentes à la question
posée.
Les difficultés à éviter :
-les introductions bateau
La problématique doit être directe et assez rapide. Il faudra éviter à tout prix les introductions
« bateau » commençant par « de tous temps les hommes se sont interrogés, etc ». Il n’est pas
nécessaire d’analyser en détail chaque terme du sujet mais à rendre celui-ci clair. Par exemple, si
deux notions sont en jeu (est-il nécessaire de réfléchir pour être heureux ?), il ne s’agit pas de les
analyser l’une après l’autre. Il s’agit de les confronter, et cela de la première ligne de
l’introduction à la dernière de la conclusion.
Attention, vous devez avant tout questionner le libellé, le reformuler et élucider le sens des
notions qui s’y rapportent par des définitions brèves mais précises. Il ne suffit pas de répéter la
question qui vous est posée pour poser le problème. Sous couleur d’être directes, trop
d’introductions répètent le sujet en guise de commencement ; c’est aller à l’encontre de la
problématique, dont le travail est de justifier que l’énoncé fait problème. On cherchera quel
problème se trouve inclus dans l’énoncé. Il ne s’agit pas de questions de cours, de suggestion
d’exposés. La problématique est à construire.
-Multiplier les questions
Si plusieurs questions sont posées, elles doivent être reliées en fonction d’une seule, centrale, qui
les domine.
-Résumer à l’avance
Une introduction n’est pas une dissertation en miniature. Il faut, comme dans une bande annonce
de film, attirer l’attention du lecteur sans résumer le film. S’il est interessant d’indiquer l’ordre
que l’on va suivre sans trop en dire et par quelle voie on va s’orienter, la problématique doit tenir
en quelques lignes. Chercher à être bref ne nuit pas à la clarté, c’est au contraire chercher la
formulation juste au lieu de multiplier les approximations. Il est important au contraire de
préciser l’enjeu du sujet, sa portée, sa pertinence.
La construction de l’introduction
a°) Partir d’une opinion commune, d’une réponse évidente à la question posée
b°) Opposition à cette opinion, un fait, un contre exemple dont l’opinion ne peut rendre compte
c°) Transformation de la question en alternative.
Exemples d’introduction rédigée :
1/Est-il nécessaire de réfléchir pour être heureux ?
Première réponse (Opinion commune)
Le penseur sculpté par Rodin n’évoque pas un homme heureux mais paraît plutôt accablé par ses
pensées ; de même, un homme de science dans son laboratoire sembleplus accaparé par des
difficultés théoriques que débordant de bonheur ; réflechir est un acte difficile par lequel la
personne revient sur ses idées, se concentre, se remet en question, ce qui conduit plutôt à la
fatigue qu’au bonheur. En revanche, celui qui vit avec insouciance, ne se pose pas de questions
profite de la vie immédiatement ; il semble que, pour être heureux il faut être capable de sentir
sans trop réfléchir.
Objection
Cette opposition entre la pensée réfléchie et le bonheur ne va pas de soi. Il n’est pas sûr que tout
penseur soit forcément malheureux. Malgré la fatigue et le doute qu’occasionne la réflexion, on
peut éprouver de la joie, une sorte de satisfaction à pratiquer la réflexion qui nous procure plus
de sagesse et de liberté de jugement. N’est-ce pas la réflexion qui nous permet de mesurer
vraiment la valeur d’un moment de bonheur ? Par ailleurs, celui qui ne se pose aucune questions
est dans un état qui se rapproche davantage de l’inconscience que du bonheur qui, à la
différence de la joie intense ou du plaisir immédiat désigne un état de satisfaction durable et
complète.
Alternative
Le problème est donc de savoir si la réflexion nous place nécessairement à distance de notre
bonheur où si elle est au contraire ce par quoi nous le mesurons et l’éprouvons vraiment ?
2/L’histoire n’est-elle qu’un roman ?
Opinion commune
« L’histoire relève davantage de l’œuvre de fiction, d’imagination que de la connaissance
scientifique. Il n’existe aucun moyen de vérifier expérimentalement le passé ; on souçonne que la
subjectivité de l’historien joue un rôle dans le choix des faits passés et dans leur explication.
Objection
Toutefois, considérer l’histoire comme une fiction la réduit à une image d’épinal. L’histoire, en
tant que discipline scientifique ne se réduit pas à un récit romancé de la vie des grands hommes.
Cette histoire évènementielle n’est que la surface, l’écume (selon l’expression de l’historien
Fernand Braudel) de vagues beaucoup plus profondes (mouvements démographiques,
économiques) qui ne peuvent être connus qu’au terme d’une recherche et par un ensemble de
méthodes qui ne diffèrent pas dans leur principe que celles qui valent dans les sciences exactes.
Alternative
L’histoire n’est-elle qu’une fiction ou peut-elle prétendre à l’objectivité comme les sciences de la
nature ?
3/Qu’est-ce qu’un fait ?
Opinion commune
Un fait est ce qui s’offre à nous d’une manière certaine, indubitable, par opposition à a théorie,
l’hypothèse. C’est ce que rappelle souvent l’opinion, lorsque nous disons « c’est un fait », « les
faits s’imposent à nous » ; ces expressions dénotent le caractère d’immédiateté des faits.
Contrexemple
Pourtant, si nous disons bien « c’est un fait qu’il pleut », nous disons aussi « c’est un fait que la
Terre tourne », « c’est un fait que 2+2=4 ; ces contreexemples montrent à l’évidence quun fait
n’est pas toujours une donnée de perception sensible, mais la conclusion d’une théorie
scientifique, ou le résultat d’une démonstration.
Alternative
Le problème est donc de savoir si un fait est donné ou construit ?
Le développement
N’oubliez pas qu’un raisonnement philosophique n’est jamais un débat entre deux opinions
particulières qui s’opposent. A la fin d’un débat d’opinion, chacun rentre chez lui avec sa propre
conviction sans forcément avoir fait progresser l’analyse ni s’être mis d’accord. Une
dissertation, cherchant à démontrer une thèse, discute et argumente selon un ordre
progressif. La philosophie est l’art d’interroger, de questionner au cours d’un dialogue avec soi
même et avec les autres, certaines idées que l’on cherche à approfondir en élucidant le sens d’une
question. Entre l’introduction et la conclusion se déroule une argumentation orientée vers un but
(ce que l’on veut démontrer), afin de résoudre la question formulée en introduction.
Le plan doit être bien choisi en fonction de la problématique proposée. Il se dégage au fur et à
mesure que vous détaillez, mettez en perspectives les différentes réponses possibles qui
constituent la problématique. Il s’agit donc de développer les données du problème énoncé en
introduction en produisant une argumentation convaincante, en apporter des preuves de ce que
l’on dit, en illustrant par des exemples et des références Etant donné que le plan doit être adapté à
la spécificité du sujet , il existe trois type de plans principaux :
 le plan dialectique : partir d’une opinion commune (développée dans une première
partie) qui sera ensuite dépassée et critiquée dans un second temps. Puis, une réponse
nuançant l’objection sera trouvée dans une troisième partie. Ce plan convient pour des sujets
qui comportent une opposition explicite ou implicite. Dans le premier temps, il faut
développer si possible, même si elle est paradoxale, l’idée principale qui apparaît comme la
plus évidente. Dans le second temps, il convient d’étudier la thèse opposée en cherchant des
parallélismes. Il est tout à fait possible d’inverser cet ordre si l’on se sent plus à l’aise. Dans
le troisième temps, il faut nuancer l’objection sans répéter la thèse initiale, mais en cherchant
d’autres arguments.
 le plan analytique : il peut se dérouler de la façon suivante : faits - causes
conséquences. Il permet d’étudier en profondeur une notion littéraire ou un problème social.
Il s’agit moins de discuter sur le propos que de s’interroger sur le comment et le pourquoi de
ce que l’on étudie.
 le plan explicatif : il part de la question posée et essaye d’en analyser les diverses
composantes.
Plan type d’une dissertation :
Introduction :
-Annonce du sujet (présenter le sujet dans un contexte général)
-Enoncé de la problématique (ce qui implique de reformuler le sujet)
-Annonce du plan (indiquer les différentes parties du développement)
Développement (2 ou 3 parties)
-Première partie :
 Phrase d’ouverture : rappel du thème de la première partie
 Paragraphe 1 : argument développé + 1 exemple analysé
 Paragraphe 2 : idem
 Paragraphe 3 : idem
 Bilan-transition.
-Deuxième partie :
même structure (si le sujet s’y prête, introduire un parallèle entre les paragraphes de la
première partie et ceux de la deuxième).
-Troisième partie (éventuellement), selon la même structure.
Conclusion :
 Bilan : rappel des points clefs du développement
 Jugement personnel
 Ouverture, élargissement
Exercices :
Sujet 1 : les technologies modifient-elles notre vie ? Imaginez leur place dans votre vie future.
Plan analytique (faits-causes-conséquences)
1ere partie : typologie et impact des nouvelles technologies sur notre vie quotidienne.
2eme partie : place des nouvelles technologies dans notre vie future.
Sujet 2 : est-il bien vrai que l’étude des mathématiques est nécessaire dans la vie ?
Plan dialectique.
1ere partie : importance de la rigueur et de la précision des mathématiques dans la vie.
2eme partie : importance de la créativité et de l’imaginaire sur la raison.
3eme partie : recherche d’un équilibre.
Le rôle important de la dernière partie.
La dernière partie est très importante, car elle a pour rôle d’achever l’argumentation. Alors a lieu
la synthèse des acquis de la réflexion, ; dans la progression du travail, c’est là le moment clé, où
prend fin et s’accomplit la progression des idées. Elle doit donc être particulièrement soignée,
alors que souvent, faute de temps, on la néglige.
Combien de parties dans la dissertation ? Peu importe, si celle-ci est structurée. La supériorité du
chiffre trois n’a rien de magique. Elle correspond à la progression naturelle d’une discussion qui
part d’une affirmation ou d’un premier état de la question pour réfléchir, puis revient sur cette
contradiction, élève le niveau de la réflexion en reconnaissant qu’elle s’est ancrée dans un
premier moment qui n’est pas dénué de pertinence. Les trois parties sont importantes mais cela ne
doit pas devenir une règle de rhétorique (thèse-antithèse-synthèse) qui serait par miracle
applicable à n’importe quelle question.
Encore une fois, il n’y a pas de recette pour affronter un problème ; les bonnes copies sont
« personnelles » non en ce qu’elles expriment la subjectivité ou recherchent l’originalité mais
qu’elles font l’effort d’une argumentation suivie et structurée, mobilisée vers un but précis, qui
montre que l’élève s’est approprié le sujet proposé par une solide problématique. Il faut
approfondir une question, prendre au sérieux un problème, comme les philosophes ont pu le faire.
La conclusion
Une conclusion doit toujours être concise. Elle ne doit pas répéter tel ou tel point du
développement. C’est une partie qui est souvent négligée, faute de temps ; elle ne doit pourtant
pas être baclée. Une dissertatoin qui se termine de façon abrupte produit toujours une impression
d’inachèvement.
La fonction de la conclusion est double :
1/Résumer la démarche suivie et les résultats auxquels l’analyse aboutit. On dresse un bilan de ce
qui a été dit dans le développement ;
2/Répondre à la question posée de façon plus précise et approfondie (voire indiquer les raisons
pour lesquelles une réponse définitive ne peut pas être donnée).
Exemples de trames de conclusions
1/Est-il nécessaire de réfléchir pour être heureux ?
Résumé
Cette analyse a permis de réfuter l’opinion commune selon laquelle la réflexion ne nous apporte
pas le bonheur. Certes, la réflexion ne nous conduit pas à la plénitude mais nous rend inquiets,
mais d’un autre côté, c’est seulement par elle que nous pouvons mesurer ce que vaut notre
bonheur.
Réponse
On peut donc affirmer que c’est parce que nous réfléchissons, que nous sommes capables d’un
bonheur inquiet, d’un bonheur partagé, d’un bonheur menacé, nous pouvons gagner en sagesse
et en lucidité.
2/L’histoire n’est-elle qu’un roman ?
Résumé
Cette analyse a permis de réfuter l’opinion commune qui voit dans l’histoire un pur produit de la
subjectivité de l’historien. L’histoire est une science qui étudie le passé grâce à des méthodes
comparables à celles qui existent dans les sciences de la nature, même si une vérification
expérimentale de la validité des résultats est, à strictement parler, inconcevable.
Réponse à la question
On peut donc affirmer que l’histoire n’est pas un roman si l’on entend pas roman une œuvre de
fiction. Et pourtant, comme le romancier, l’historien dispose vis à vis du passé d’une grande
liberté. Il choisit les questions qu’il pose au passé ; et, parce que ce passé est le passé humain,
l’histoire nous permet de comprendre d’autres temps, d’autres cultures, d’autres hommes, dans
leur singularité. De là, le caractère très particulier de la connaissance historique qui offre « en
prime » au lecteur le prestige et le charme du roman.
3/Qu’est-ce qu’un fait ?
Résumé
« Cette analyse a permis de montrer que la notion de fait est liée aussi bien pour le sens commun
que pour le savant à l’idée de certitude, mais contrairement à l’opinion commune, cette certitude
n’est pas immédiate. Elle est le résultat d’une élaboration intellectuelle, il s’agit non d’une
certitude sensible mais d’une certitude expérimentale. »
Réponse
« Qu’il s’agisse de la perception la plus banale ou de l’élaboration scientifique d’un fait, l’esprit
opère constamment un dépassement, une synthèse des données des sens. C’est l’activité de
l’esprit qui confère au fait sa certitude. On peut donc dire que le fait n’est pas donné mais
construit ; il est, selon l’expression de Kant « ce dont le concept constitue l’unité du divers de
l’intuition. »
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