DOSSIER DE PRESSE e iv Ju L’histoire d’une passion entre deux êtres d’excep3on, Hannah Arendt et Mar3n Heidegger, durant la période sombre de l’Allemagne nazie. Tout pourtant aurait dû les séparer... A"achée de presse : Marie Hélène Brian 01 42 81 35 23 – 06 81 87 70 81 [email protected] NOTE DE MISE EN SCÈNE « Ce qui sépare les amants du monde qui les entoure, c'est le fait qu'ils soient dépourvus de monde, que le monde se consume entre les amants. » (Hannah Arendt) Une passion amoureuse entre deux êtres hors normes et que tout devrait séparer au fil de l'histoire qu'ils traversent. Deux génies de la pensée que rien n'épargne dans un monde traumatisé par les monstruosités de la barbarie nazie. Nous suivrons ces deux êtres dans cet amour somme toute "banal", dans leurs retrouvailles successives et secrètes, tout au long d'une vie. Au delà de la tempête des idées et des actes, c'est une histoire de chair, de passion dévorante, cette nécessité absolue de se revoir encore et encore... Un amour d'une telle puissance que les idées mêmes en sont bousculées, dans la tentative désespérée, non pas de comprendre, mais de pardonner ou d'obtenir le pardon. Sous l'oeil scrutateur et presque scientifique des universitaires, nous nous attacherons à faire vivre au plus près de leur vérité ces instants de vie intime. Dans un espace "intermédiaire du monde" qui se consume peu à peu entre les amants. André Nerman NOTE DE L’AUTEUR Cette pièce, bien que basée sur la relation entre Martin Heidegger et Hannah Arendt, est avant tout une fiction. Beaucoup de références et d’éléments essentiels sont basés sur des faits historiques, mais d’autres sont inventés ou imaginés. Pour écrire cette pièce, l’auteur a fait une recherche historique très poussée et lu beaucoup de livres sur le sujet. Tous ces livres sont moralement dignes de foi. Il a également utilisé beaucoup de phrases et d’expression tirées de la correspondance entre Heidegger et Arendt, ceci afin de donner aux personnages leur propre façon de s’exprimer. Les opinions exprimées par les universitaires sont généralement basées sur des sources authentiques, qui sont répertoriées à la fin. Mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une oeuvre de fiction qui doit être interprétée en tant que telle. MARIO DIAMENT / L’AUTEUR Mario Diament est journaliste et auteur dramatique. Il est né à Buenos Aires en Argentine. Il vit actuellement à Miami où il enseigne le journalisme à l’Universite Internationale de Floride. Il a publié de nombreux ouvrages: des romans et des essais. En tant qu’auteur de théâtre Mario Diament a remporté des prix nationaux et internationaux. Il a écrit, entre autres, "Story of a Kidnapping", "Houseguest", "Equinox", "Lost Tango", "Smithereens", "The Book of Ruth", "Blind Date” et "For the love of Lou". Toutes ces pièces ont connu une carrière internationale. La première mondiale de sa pièce la plus récente, “Land of Fire”, aura lieu en octobre prochain à Stockholm en Suède. “Un rapport sur la banalite de l’amour” a éte joué pour la première fois en 2008 au Promethean Theatre, à Miami en Floride. Depuis la pièce a éte jouée aux Etats-Unis, à Buenos Aires, à Caracas, à Santiago du Chili, à Rio de Janeiro et à Sao Paulo. HISTORIQUE DE LA PIECE La pièce a été créée en anglais au Promethean Theatre à Davie, en Floride, en janvier 2009. Elle a été jouée depuis dans le Minnesota, à Buenos Aires, Sao Paulo, Rio de Janeiro, Caracas et Santiago du Chili. Elle est à l'affiche à Buenos Aires depuis trois ans. Elle est l'objet de lectures et de débats au City College of New York, à New York City et a été étudiée en séminaire lors du Congrès de l'Association des Psychanalystes Argentins (APA) en 2011. Elle a remporté les prix suivants : 2010 – LE PRIX DE LA MEILLEURE PIÈCE MARÍA GUERRERO (BUENOS AIRES, ARGENTINE) 2010 – LE PRIX DE LA MEILLEURE PIÈCE FLORENCIO SÁNCHEZ (BUENOS AIRES, ARGENTINA) 2010 – NOMINÉE AU ACE (THEATER CRITICS ASSOCIATION) EN TANT QUE MEILLEURE PIÈCE (BUENOS AIRES, ARGENTINA) 2010 – NOMINÉE AU CARBONELL AWARD (MIAMI, FLORIDA) EN TANT QUE MEILLEURE PIÈCE. MAÏA GUÉRITTE / HANNAH ARENDT Après des études de liPérature anglo-­‐saxonne, elle a commencé au Théâtre de la Madeleine dans "L'Idiot" d'après Dostoïevski, dans une mise en scène de Gérard Caillaud. Puis les Tréteaux de France l'ont emmenée dans une tournée sous chapiteau avec le rôle d'An3gone, dans la pièce de Jean Anouilh, mise en scène par Jean Danet. Elle a joué les jeunes premières de Hugo ("A Quelque Chose Hasard Est Bon"), Shakespeare ("Roméo et JuliePe"), John Ford ("Dommage qu'elle soit une putain") et surtout Molière : "Le Bourgeois Gen3lhomme", "Le Médecin Malgré Lui", "Psyché" à l'Opéra de Toulon et l'Opéra de Montpellier. Pour les enfants, elle a joué princesses et pe3tes filles: Georgine, dans le conte musical "Barbe-­‐Bleue" mis en scène par André Nerman, Isabel dans une adapta3on de "La Belle au Bois Dormant", Gerda de "La Reine des Neiges" et Neige blanche, dans plusieurs Contes de Grimm et Andersen mis en scène par Quen3n Defalt. Elle a aussi joué les soubrePes de Marivaux (Marton, LisePe), ZerbinePe des "Les Fourberies de Scapin", une pros3tuée ("Sacco et Vanzep") et Jeanne d'Arc dans les ruines du château de Gilles de Rais...Pour enrichir son regard et sa forma3on, elle a assisté Hans Peter Cloos pour la mise en scène de "Saleté", un texte de l'auteur autrichien Robert Schneider, au Théâtre des Mathurins. Les auteurs classiques mais aussi les contemporains l'ont emmenée devant un public toujours différent, curieux et exigeant, comme celui des enfants, de la prison, des écoles, du réseau scien3fique, de l'Opéra... Depuis plusieurs années, elle poursuit une forma3on de chant lyrique, après avoir abordé notamment le répertoire du jazz et de la chanson française. Elle a d'ailleurs eu le bonheur de chanter dans plusieurs spectacles: "Barbe-­‐ Bleue", "Trains de Banlieue", "Le Crâne et la Mécanique"... Elle a tourné pour Canal+ dans la série "Sweet Dream", dans "L'Illuminé" aux côtés de Mathilda May et Michel Jonasz pour Marc Hollogne et son cinéma-­‐ théâtre, et prête sa voix à de nombreux doublages et documentaires pour ARTE. Dernièrement, elle a tourné dans une série pour TF1 et par3cipé au Fes3val d'Avignon avec "Trains de Banlieue", une comédie "roman3co-­‐ ferroviaire musicale" de David Friszman. Hannah Arendt (1906/1975) est une philosophe juive allemande naturalisée américaine, connue pour ses travaux sur l’acBvité poliBque, le totalitarisme et la modernité. Sa rencontre avec Heidegger sera un événement majeur de sa vie, tant sur le plan intellectuel que senBmental. En 1961, elle couvre à Jérusalem le procès du responsable nazi Adolf Eichmann, en qui elle voit l'incarnaBon de la « banalité du mal ». Les arBcles qu'elle écrit alors, réunis dans un livre publié en 1963, nourrissent une importante polémique. ANDRE NERMAN / MARTIN HEIDEGGER André Nerman est comédien et metteur en scène. Né à Biarritz, après des études universitaires à Bordeaux et ses premières expériences théâtrales à Biarritz, André « monte » à Paris et suit les cours d’art dramatique Raymond Girard et Jean Darnel, l’atelier Alain Illel, l’école Etienne Decroux (mime). Engagé par une compagnie de classiques, la Compagnie Sganarelle, il interprète très tôt Rodrigue du Cid de Corneille, Almaviva du Barbier de Séville, Oreste d’Andromaque, de nombreux jeunes premiers de Molière. En 1983, il est engagé aux côtés de Muriel Mayette pour jouer Roméo au Festival d’Anjou. Les engagements au théâtre vont se succéder, retenons "Thérèse Desqueyroux" avec Catherine Salviat, "Madame sans-gênes" avec Annie Cordy, "Antigone" (rôle d’Hémon) aux côtés de Catherine Salviat et Jean Davy, "Le chevalier à la rose" avec le Centre Dramatique National de Nice mis en scène par Jean-Louis Thamin, avec Francine Bergé. Parallèlement, André débute à la télévision avec les premiers rôles des séries "Coulisses" et "Allo tu m’aimes". A partir de 1994, André partage sa carrière avec les Etats-Unis où il est engagé à plusieurs reprises dans des pièces américaines et fera quelques apparitions dans des films et à la télévision. Il complète alors sa formation de comédien à Los Angeles où il étudie les techniques de l’Actors Studio. Il participe en même temps avec Claude Beauclair à de grandes tournées aux Etats-Unis (il joue notamment Sartre, Prévert, Tardieu). Puis il crée sa propre compagnie "Caravague" et signe ses premières mises en scène. Il met en scène et joue notamment "Le Livre de Christophe Colomb" de Claudel en anglais au Stage Theatre Center à Hollywood et en français à Paris. Puis, "La Musica deuxième" de Marguerite Duras (USA et Paris), "Molière amoureux" (USA et Paris). Il crée en 2004 le spectacle musical "Jacques Brel ou l'Impossible rêve" (dans lequel il interprète Brel) qui connait un succès ininterrompu depuis 8 ans. Le spectacle est resté à l'affiche 26 mois à Paris dans cinq théâtres différents (en 2010 au Théâtre Daunou et en 2012 au Théâtre le Ranelagh). Il a tourné aux USA, en Russie, au Maroc et au Japon. Par ailleurs, il met en scène "Un certain untel" de Teresa Rita Lopez, "J'accuse" de Zola, "La Voix humaine " de Cocteau. Récemment, en tant qu'acteur, il est engagé au théâtre pour "La Fausse suivante" et "Sur les pas de Virginia Woolf" (rôle de Leonard Woolf) mis en scène par Chantal Lebaillif. Enfin, André poursuit sa carrière à la télévision (il apparaît notamment dans "Tropiques amers" réalisé par Jean-Claude Barny, dans le téléfilm de Serge Meynard "Miroir, mon beau miroir", dans les séries "Un flic" et "Section de recherche", et "Tout le monde il est beau" sur Canal+). Martin Heidegger (1889/1976) est un philosophe allemand. Il est considéré comme l'un des philosophes les plus marquants du XXe siècle. Professeur à Fribourg, marié, avec deux enfants, en 1925, il entame une liaison passionnée avec son étudiante Hannah Arendt. Les rapports qu'entretient Heidegger avec le nazisme sont périodiquement l'objet de vives controverses freinant la pénétration de son œuvre. En 1945, à la fin de la guerre, les autorités lui interdiront d'enseigner. Il sera réhabilité en 1951. Il continuera de voir Hannah Arendt jusqu'à la fin de sa vie. STÉPHANIE LAURENT / SCÉNOGRAPHIE ET COLLABORATION ARTISTIQUE Après avoir passé un diplôme de scénographie et d’architecture intérieure, Stéphanie commence sa vie professionnelle à la Cie Philippe Genty. Depuis elle partage son ac3vité entre décors de cinéma (longs métrages), et des scénographies pour différentes compagnies de théâtre. Parmi ses plus récentes scénographies retenons "Jazz" de Kofi Kwahulé mis en scène par Kris3an Fredric (Coproduc3on Canada/France/Suisse), plusieurs scénographies avec la Cie Le Limon, des spectacles musicaux :"Barbe-­‐bleue", "Le Poète Voyageur" et surtout "Jacques Brel ou l'Impossible Rêve" au Théâtre le Ranelagh en juillet 2012 et en tournées na3onales et interna3onales. Stéphanie a aussi été engagée pour l'opéra "Le Sacrifice d'Hélène" au Grand Théâtre de Tirana en Albanie. Au cinéma, Stéphanie travaille régulièrement comme 1ère assistante déco : récemment "Taken 2" (Europacorp), "Mauvaise fille" de Patrick Mille (chef décorateur Benoit Barouh), "Elles" de Malgoska Szunowska, plusieurs films avec le chef décorateur Jaques Rouxel ("La Vérité si je mens III", "Coco", "Le 7ème juré", "Cash", "Président"...). LAURENT BEAL / CREATEUR LUMIERES En 1988, Régis Santon a été le premier à lui proposer de créer sa lumière avec un Labiche. Il signera pour lui une trentaine de créa3ons depuis Bernard Thomas à Chaillot à Octave Mirbeau au Palais-­‐Royal en passant par Anouilh au Silvia Monfort. Francis Sourbié lui confiera une trentaine de créa3ons depuis 1990. Depuis, de nombreux autres mePeurs en scène ou chorégraphes lui font confiance. Jean-­‐Paul Muel, Pierre Mondy, Annick Blancheteau, Gérard Darrier, Jean Menaud et surtout Patrice Kerbrat pour qui il réalise plus de vingt-­‐cinq créa3ons, dont les pièces de Yasmina Réza ("Art", "Trois versions de la vie"), "En aPendant Godot" au Rond-­‐Point, Pinter à Chaillot, ou Tennessee William à la Renaissance. Michel Fagadau lui a fait confiance à par3r de 1994 ; il signe pour lui, entre autres, "Dîner entre amis" ou "Brooklyn Boy" à la Comédie des Champs-­‐ Elysées parmi une trentaine de pièces. Stéphane Hillel lui confie ses dix dernières créa3ons, dont "Un pe3t jeu sans conséquence" et "Amadeus" au Théâtre de Paris. Anne-­‐Marie Es3enne, Isabelle Nanty, Roger Louret, Gad Elmaleh , José Paul ("L’Amour est enfant de salaud", "La Sainte Catherine") et, plus récemment, Didier Long ("Richard lll" à la Coursive, "Marie Stuart" au Marigny, "La Folle de Chaillot" à la Comédie des Champs-­‐Elysées), Pierre Laville, Jean Rochefort, Christophe Corea, Patrice Leconte, Florian Zeller, Agnès Boury, Anne Bourgeois pour "Les Diablogues" au Rond-­‐Point, ainsi que Arnaud Denis et Jacques Gamblin qui ont rejoint le groupe des fidèles depuis quelques saisons récemment suivis par Alain Sachs et Jean-­‐Michel Ribes. Enfin Fabrice Luchini lui confie tous ses spectacles depuis 1996. Pour les chorégraphes, ce sont Thierry Escarment, Richard Cayre et Olivier Pathé pour l’Opéra Garnier, qui collaborent avec lui. Pour la musique, Béatrice Thiriet, Agnès Boury pour "Panique à bord" au 20ème Théâtre, rejoint par Rolland Auzet en 2003 avec qui il crée "Shlag" pour L’Ircam, puis ses trois dernières créa3ons à Chalon. Pour le cirque, il crée les trois derniers spectacles de la compagnie Trespace. Laurent Béal a été nominé aux Molières comme meilleur créateur de lumières en 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2010. UN RAPPORT SUR LA BANALITE DE L’AMOUR DANS LA PRESSE 26 juin 2013 12/18 juin 2013 24/25 mai 2013 5 Juin 2013 8 mai 2013 Juin 2013 Un rapport peu banal La nouvelle création du Théâtre de la Huchette permet de découvrir un auteur encore inédit en France, Mario Diament, écrivain argentin, dont Un rapport sur la banalité de l'amour, première pièce traduite en France, évoque, avec une grande maîtrise, la passion entre Hannah Arendt et Martin Heidegger durant la période sombre de l'Allemagne nazie. Une belle découverte. Juin 2013 8 juin 2013 17 juin – 25 septembre 2013 UN RAPPORT SUR LA BANALITE DE L’AMOUR SUR LE NET 29 avril 2014 UN RAPPORT SUR LA BANALITE DE L’AMOUR Comédie dramatique de Mario Diament, mise en scène d’André Nerman, avec Maïa Guéritte et André Nerman. La passion tumultueuse entre le grand philosophe allemand Heidegger et son élève, Hannah Arendt, depuis les Années folles jusqu’au Crépuscule des dieux, sur la scène mythique et minuscule de la Huchette... Ah ? Ce pari à écueils - Hannah Arendt est en train de devenir la Camille Claudel tous terrains, un film sort au même moment, la philosophie passe mal au théâtre - le metteur en scène, adaptateur, et comédien André Nerman l’a réussi brillamment, offrant au public un des plus émouvants spectacles du moment. Heidegger, le professeur sévère et austère, s’embrase, à la fin des cours, pour une jeune étudiante juive, alors jolie, mademoiselle Arendt. Son devoir révèle son intelligence, ses yeux sont ravissants, Heidegger est marié au Devoir et à la Perfection, c’est-à-dire à l’ennui domestique. C’est l’embrasement des sens, dans la petite cabane du Platon teuton. Le temps passe. Les Allemands portent Hitler au pouvoir avec enthousiasme. Heidegger est-il nazi ? Heidegger est dans la vague. Sa maîtresse, juive, tâche de gagner un rivage : ce sera la France, pas encore vaincue. L’Allemagne écrasée, la civilisation vengée, Hannah reverra son maître, en l’aimant toujours. Le doute subsiste sur son engagement auprès des barbares. Mais la certitude de l’amour demeure. Au service de cette histoire naïve et bouleversante, entre la maturité et la jeunesse, la philosophie séduite par le pouvoir brutal de la politique et celle qui, par la menace sur sa vie, est obligée à la résistance, deux splendides comédiens illuminent la scène de leur talent, de leur métier, de leur passion. André Nerman, au charme cendré, incarne le grand philosophe, éternel jeune homme, trouble par naïveté et aveugle parce que professeur, face à Maïa Guéritte, fabuleuse, belle, biche, exigeante et humaine, incroyablement juste, la diction parfaite des vrais grands comédiens, une révélation à l’avenir constellé. Bravo ! Le plaisir d’un moment rare, intense, exceptionnel. La mise en scène, simple, sert parfaitement le texte. Le public, ému, ovationne l’excellence. Moment rare et précieux dans un lieu qui en propose souvent. Christian-Luc Morel Lundi 29 avril 2013 Martin Heidegger et Hannah Arendt : l'amour est-il amoral ? Par Florence Gopikian Yérémian Le mythique théâtre de la Huchette n’est plus à présenter. Cela fait un demi-siècle qu’il propose chaque soir (et en salle comble !) les deux pièces cultes d’Eugène Ionesco : La cantatrice chauve et La leçon. Pour la saison nouvelle, sa toute petite scène accueille une adaptation de l’oeuvre “Un rapport sur la banalité de l’amour » écrite par le journaliste argentin Mario Diament. Une histoire d’amour germano-juive sur fond de IIIe Reich. Dans un décor sobre et minimaliste, les excellents comédiens Maïa Gueritte et André Nerman mettent en scène l'histoire d'amour contrariée de deux philosophes d'exception: Martin Heidegger et Hannah Arendt. De leur première rencontre en février 1925 jusqu’à leur ultime rendez-vous – vingt cinq ans plus tard - ces deux génies vont tenter de vivre une passion amoureuse et intellectuelle par delà leurs différences. Hannah est juive et Martin allemand. Etudiante timide mais audacieuse, elle est convoquée par son professeur afin de lui présenter ses idées sur Platon. Première rencontre : l’attraction est évidente. Elle, impressionnée par l’intelligence et l'aura du maître. Lui, ensorcelé par son déterminisme philosophique autant que par ses charmes. Elle, enthousiaste, passionnée, fraîche comme une brise d’été. Lui, la quarantaine séduisante, orateur hors-pair adulé de toutes ses étudiantes. Rien ne pourra plus désunir cet amour clandestin : ni l’épouse d’Heidegger, ni les vingt ans qui séparent les amants, ni même le nazisme dont l’ombre se profile en arrière plan. Scellée comme un pacte secret, la liaison de ces deux êtres diamétralement opposés est captivante autant qu’énigmatique : Comment une femme aussi altruiste et libérée qu’Hannah Arendt a-t-elle pu aimer intensément un être pragmatique et égocentrique comme Martin Heidegger ? Comment ce philosophe si germaniquement rigide a-t-il adoré jusqu’à sa mort une femme qui l’accusait intérieurement de lâcheté et d’antisémitisme ? Les questions sont posées. Au fil de cinq rencontres, la pièce d’André Nerman va tenter d’y répondre. Dans l’intimité des amants, on découvre à quel point Hannah peut être une source d’inspiration pour Heidegger. C’est effectivement en partageant sa couche que son effervescence philosophique s’amplifie. De son côté Hannah ne cesse de s’épanouir, la voici devenue une femme moderne qui s’assume et dont l’engagement est aussi sincère en amour qu’en politique. L’avancée du nazisme l’effraie et elle met en garde son amant qui ne semble nullement s’en inquiéter. Nommé recteur de l’université de Fribourg, il adhère apparemment à la doctrine fasciste de son peuple. Contrainte de s’éloigner de ce IIIe Reich annihilateur, Hannah ne peut cependant se résoudre à quitter son propre bourreau. Une dépendance bipolaire s’est ancrée en eux : une dépendance intellectuelle de maître à l’élève, une addiction physique d'amant à maîtresse. A la fois forte et fragile, elle accuse son mentor puis ferme vite les yeux. Son accusation devrait être double car Heidegger est non seulement lâche face à la réalité du nazisme mais il est également faible face à l’évidence des sentiments qu’il porte envers Hannah : pour elle, il aurait dû depuis longtemps renoncer à sa femme, à ses enfants et au confort de sa situation professionnelle. Il est émouvant de voir que, malgré toutes ces accusations, la belle Hannah tente encore de disculper son amant, de lui pardonner. Pensait-elle donc que l’immensité de son amour pouvait apporter une rédemption à Heidegger ? Cette réflexion est noble mais aveugle. Comme le dirait Pascal : Le coeur a ses raisons que la raison ignore… La seule évidence qui s’impose à la fin de cette histoire est que l’amour est amoral. Elle est magnifiquement portée par le tandem Guéritte – Nerman qui maîtrise les mots autant que les silences. Ces deux comédiens sont simplement beaux, ils vivent leur texte sur scène et incarnent à ravir des amoureux maudits. Leur jeu précis et grave, est mis en valeur par l’éclairage subtil de Laurent Béal et par les interludes pianistiques de Laurent Clergeau. 6 mai 2013 Un rapport sur la banalité de l'amour De Mario Diament Depuis la nuit des temps, dans la littérature, dans nos vies quotidiennes, des milliers d'histoires suivent le même schéma : un homme rencontre une femme ou bien l'inverse ; et de ces rencontres surgit souvent l'inexorable big-bang de l'amour/passion. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour Hannah Arendt et Martin Heidegger ?... Qu'importe si Hannah n'est qu'une bien jeune étudiante brillante et intelligente et Martin un maître incontesté de la pensée de son temps qui influencera des décennies de philosophes ; qu'importe si une bonne vingtaine d'années les séparent ; qu'importe si Hannah est de confession juive et Martin catholique (il se destinait à la prêtrise avant d'abandonner la religion) ; l'amour/passion les élèvera vers des monts d'insoutenables émotions. En cette année 1923, pour leur première rencontre, leur attirance physique, alors que leur intelligence a déjà déboulonné jusqu'au moindre écrou leurs remords, gommera d'un baiser, comme un souffle sur un château de cartes, les convenances de leurs existences passées. L'amour a des raisons devant lesquelles la morale ne peut que s'effacer. Un rapport sur la banalité de l'amour de Mario Diament, qui se joue actuellement au Théâtre de La Huchette, nous entraîne de cette première fusion passionnelle entre Hannah et Martin, de cette première rencontre, tout au long d'une tragédie au cours de laquelle l'amour résistera forgé qu'il est dans sa terrible addiction. Car cette Allemagne au bord du naufrage qui leur sert de toile de fond, qui pèse de tout son poids sur leur conscience, cette Allemagne qui avance le corps transi de misère, la tête lourde d'espoirs relégués aux oubliettes, cette Allemagne qui avance les yeux grands ouverts vers son destin, celui qui se profile, se dessine peu à peu à grands traits, et qui émergera sous l'apparence d'un mirage… sous l'apparence d'un Petit-Grand Homme. Hannah est juive. Il n'y a aucun baptême, aucun bain dans les eaux de Lourdes qui peuvent de cette naissance étoilée effacer l'origine. Elle est l'exclue de ce renouveau que des hordes… et des hordes de ses concitoyens fêtent de rue en rue. Elle est l'ombre, comme toutes celles de son peuple, qu'un index a désignée comme paria. Vade retro ! Martin, quant à lui, espère une Allemagne unie, il la désire de tout son cœur. Il rêve d'une nation enfin fière et libre. Aux élections de 1932 il vote pour le NSDPA auquel il adhère l'année suivante. Le 21 avril 1933, trois mois après l'avènement d'Adolph Hitler comme chancelier du Reich, il est élu recteur de l'Université de Fribourg. Un mois plus tard, il prononce au rectorat un discours qui prouve son attachement aux idéaux de cette nouvelle Allemagne. Hannah Arendt sait tout cela, elle suit le cheminement de son amant, mais son cœur ne peut s'allier à sa tête, pour se révolter contre lui… elle pense et repense à lui jour après jour, nuit après nuit. Elle se souvient des caresses, de ses mains et ne peut se révolter contre son Martin. Ainsi son amour/passion ne peut que banaliser le mal pour mieux conserver cette chair, cette peau qui l'enrobe. La pièce, au-delà de son canevas cornélien, est d'une sensualité palpable, une sensualité affûtée par les dialogues de Mario Diament et toujours par le jeu de Maïa Guéritte et André Nerman. Un rapport sur la banalité de l'amour nous entraîne dans l'intimité des deux protagonistes, à l'intérieur du huis clos de leur amour. Le décor sobre se transforme (astucieusement) de scène en scène avec les quelques éléments qui le composent. Seul le texte compte ; seul le texte est au centre de la scène. Un texte qui s'adresse simultanément à notre cœur et à notre intelligence ; un texte que Maïa Guéritte (Hannah) et André Nerman (Martin) nous offrent avec une puissance de conviction qui les déshabille de leur jeu d'acteur pour les dresser dans la réalité de leur personnage. Faudrait-il conclure, après avoir vu… entendu cette pièce, que l'amour peut-être immoral comme l'affirmera Hannah Arendt ?... A nous de juger. Un rapport sur la banalité de l'amour est un rare moment de bonheur théâtral et le silence qui couvait dans l'obscurité de la salle durant toute la représentation, un silence tendu d'émotion, s'est brisé à la dernière réplique comme un verre de champagne pour libérer l'ovation qu'il méritait. David Nahmias (06/05/13) 30 avril 2013 Arendt / Heidegger par Michèle Valmont Un rapport sur la banalité de l’amour Ils se sont rencontrés en 1925. Lui est un brillant philosophe, marié et père de famille ; elle, son élève admirative. Lui c’est Martin Heidegger, elle Hannah Arendt. Entre eux naît une passion qui les hantera leur vie durant, bien que tout semble les séparer. La pièce de Mario Diament, fiction basée sur des faits réels nourris de la correspondance des deux personnages, relate à travers leurs rencontres l’évolution de leurs relations, scandées par la montée du nazisme. Hannah , juive, s’exile pour fuir les persécutions. Martin, lui, séduit par la nouvelle idéologie, bien qu’il s’en défende, flirte ouvertement avec le pouvoir hitlérien, pour préserver son statut social et familial. Au fond de la scène, sur un écran, une discussion entre intellectuels rappelle opportunément à la mémoire déficiente du spectateur les personnalités exactes des deux philosophes. Les dialogues, denses et passionnés, mêlent habilement problèmes personnels et conjoncture politique. La question la plus lancinante demeurant toujours celle de l’attitude de l’écrivain ou de l’artiste face au nazisme, thème récemment traité au théâtre à propos de Richard Strauss ou de Willem Furtwängler. Il fallait pour incarner deux personnages aussi exceptionnels des acteurs remarquables. Ils le sont : Maïa Guéritte, toute à son combat amoureux et politique, est stupéfiante de véhémence, déchirante de vérité. Quant à André Nerman, on ne pouvait rêver mieux pour traduire l’ambiguïté d’un Heidegger écartelé entre passion et respectabilité. Cet acteur-metteur en scène possède une présence, une stature et une beauté (oui !) rares. Qu’attend-on pour en faire une tête d’affiche ? L’ingéniosité du décor de Stéphanie Laurent et la sobre élégance des costumes de Maïna Thareau contribuent à la réussite de l’ensemble. Une fois encore, le théâtre de la Huchette s’honore en présentant un spectacle d’une telle richesse. Michèle Valmont 2 mai 2013 Un rapport sur la banalité de l'amour de Mario Diament En fait, cette liaison, véritable passion amoureuse, fut tout sauf banale. Il ne suffirait pour s'en convaincre que de lire l'ouvrage que Laure Adler écrivit en mettant ses pas dans ceux d'Hannah Arendt. Pourtant, quoi de plus banal effectivement, qu'une élève puisse tomber amoureuse de son Maître? D'autant que lors de la première rencontre, celui-ci n'avait que 35 ans et Hanna 19. Ensuite, il deviendra de plus en plus difficile de dire lequel des deux eut plus d'influence sur l'autre ? ... Car si Heidegger enseignait Aristote et Platon tout en se déclarant disciple d'Husserl et de Jaspers, Hannah avait quant à elle, réussi l'exploit d'assimiler la philosophie classique en l'étudiant seule, puis s'était inscrite un an plus tôt à l'Université de Marbourg où l'analyse de Kant était la spécificité. Cette élève n'était donc pas ordinaire et ne pouvait qu'attirer l'attention de cet homme brillant, doublé d'un impénitent séducteur. André Nerman a conçu le spectacle en une succession de rencontres réalisées en des lieux différents, en des villes diverses car Heidegger mettait un soin quasi paranoïaque à garder cette liaison secrète, ayant de fort bonnes raisons pour cela. Cet homme très en vue était marié, père de famille et nourrissait les plus hautes ambitions, la montée du national socialisme fera le reste ... Comme chacun sait, Hanna Arendt était juive et prendra rapidement la décision de rompre quand elle constatera que celui qu'elle aime adhère au nazisme mais une attirance comme celle-là ne saurait s'éteindre complètement et elle reviendra à lui sans cesse et réciproquement. Martin maîtrisait parfaitement le double langage mais ne pouvait abuser l'esprit de cette jeune femme dont la pensée se voulait constamment aiguisée. La présence d'un écran en fond de scène justifiera l'intervention ponctuelle d'un groupe d'universitaires commentant la démarche de ces deux personnages hors du commun. Entre chaque tableau, dans la pénombre, sur fond musical, l'espace scénique sera aménagé en direct afin d'héberger la rencontre suivante. André Nerman est un Heidegger plus beau que l'original, plus grand et d'une élégante sveltesse - pas ce " petit homme brun " que certains connaissent grâce aux documents photographiques - mais qui pourrait s'en plaindre ? A Maïa Guéritte incombe la lourde tâche d'être Hannah en moins sauvageonne et beaucoup plus lisse, pour incarner cette intellectuelle angoissée, passionnée de paroles et d'arguments. On passe ici un excellent moment et si l'envie de nous plonger dans les écrits des deux nous taraude singulièrement en sortant, n'est-ce pas là une preuve de réussite ? Simone Alexandre www.theatrauteurs.com 29 avril 2013 Un rapport sur la banalité de l’amour, de Mario Diament Ou Hannah Arendt et Martin Heidegger, histoire d’une passion. Adaptation et mise en scène André Nerman, avec Maïa Gueritte et André Nerman. Le titre français de cette oeuvre comporte les mots 'rapport' et 'banalité' qui feraient un peu peur, mais soyez rassuré, le Théâtre de la Huchette a, une fois encore, décidé de nous présenter un chef-d’oeuvre à découvrir jusqu’à la fin juin. Vous en sortirez bouleversé et ravis tant par la qualité du texte que par la mise en scène et encore par l’utilisation du plateau que par le jeu de comédiens mieux qu’excellents. Vous connaissez l’histoire de Hannah et de son professeur de lycée qui s’éprennent l’un de l’autre au point que la jeune fille avoue vite ne pas pouvoir survivre sans rapports passionnés avec ce professeur-initiateur, charmeur mais également père de famille, dont la carrière deviendra de plus en plus brillante. Elle l’a d’abord admiré puis est devenue de plus en plus critique au fil des années, à cause de ses prises de position dans l’Allemagne nazie qu’elle, Juive, a finalement dû fuir risquant la violence, la déportation, la torture et la mort. L’auteur nous propose cinq rencontres de ces amants Outre-Rhin dans des villes et lieux différents. A chaque fois malgré leurs discussions passionnées ils se retombent dans les bras et s’étreignent tendrement ou violemment. Lui est de plus en plus mal à l’aise devant cette ancienne étudiante au courage remarquable devenue héroïne et donneuse de leçons magistrales. Sur un écran à l’arrière-plan de la scène apparaissent des séquences filmées : autour d’une table des commentateurs tentent d’expliquer les pourquoi et les comment de cette saga-feuilleton, puis tout reprend sur scène. Pendant les noirs le comédien a déplacé les planches, lits, meubles et autres éléments de décors. Lumière… le public admire ce travail remarquable et Hannah est de plus en plus gracieuse dans des tenues d’époque qui lui vont à ravir. Martin est toujours très élégant, même s’il semble se tasser un peu, la douleur et l’incompréhension de sa passionaria y contribuant. Aux saluts la salle trépigne. 29 avril 2013 Cette pièce est une grande oeuvre ; car la plupart des échanges sont à la portée de tout un chacun, experts ès philosophie ou non. Oui mais pourquoi ? Parce qu’elle est complète, qu’elle comprend à la fois des aspects sentimentaux, politiques, ethniques et… contradictoires (la chair est faible et il est difficile de lutter contre un authentique sentiment amoureux). Je pense qu’il faut avoir vu cette pièce. Je vous la recommande. Car moi, j’ai beaucoup apprécié. Gérard Bensaid UN RAPPORT SUR LA BANALITE DE L’AMOUR EST A L’ECRAN Vous pouvez revoir les extraits d’Un rapport sur la banalité de l’amour (à partir de la 23ème minute de l’émission) diffusés le 24 juin dans l'émission "Les Matins de Paris" de Paul Wermus sur : http://www.tv-replay.fr/les-matins-de-paris/?category=programmestv&channel=nc&broadcastDate=24-06-13&sort=date&page=1 UN RAPPORT SUR LA BANALITE DE L’AMOUR EST SUR LES ONDES Le 9 juin, Un rapport sur la banalité de l’amour a passé avec succès l’examen du Masque et la plume. Réécoutez l’émission sur : http://www.franceinter.fr/reecouter-diffusions/172807 Et puis : France Culture Radio Notre-Dame Radio Libertaire…