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Un Peuple - Un But – Une Foi
MINISTERE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES
DIRECTION DE LA PREVISION ET DES
ETUDES ECONOMIQUES
Document d’Etude N°22
LA RIGIDITE DES SALAIRES ET SES EFFETS
SUR LA PRODUCTIVITE AU SENEGAL
DPEE/DEPE @ février 2012
La rigidité des salaires et ses effets sur la
productivité au Sénégal
Février 2012
Mouhamadou Bamba DIOP 1
Serigne Moustapha SENE 1
Résumé
L’économie sénégalaise est marquée par la faiblesse structurelle de la productivité. Ce papier cherche à
appréhender le lien entre la rigidité des salaires et la productivité du travail dans le secteur moderne.
Pour cela, des données de panel d’entreprises sont utilisées. L’analyse de la distribution des variations
de salaires par secteur confirme la présence de la rigidité qui est davantage réelle que nominale.
L’analyse fine de la rigidité des salaires a également établi que les sous-secteurs «Textile», «PapierCarton-Edition-Imprimerie», «Autres Industries mécaniques», «BTP Construction» et «Industries
alimentaires» sont ceux où la flexibilité des salaires est la moins aigue. Par ailleurs, l’utilisation d’un
modèle à effets de censure a permis d’estimer le niveau de rigidité sectorielle des salaires, qui s’établit à
17% pour la rigidité nominale et à plus de 26% pour la rigidité réelle. Les résultats des estimations
corroborent les faits stylisés et indiquent qu’une hausse d’un pourcent de la rigidité réduit de 0.94% la
productivité du secteur moderne.
Mots-Clés: Rigidité des Salaires, Modèles à censure, Productivité du travail
Classification JEL: J31, C34, J24
Abstract
The Senegalese economy suffers from the structural weakness of the productivity. This paper tries to
study the relationship between the wage rigidity and the labor productivity in the modern sector.
Wage variance distribution analysis confirms a rather real than nominal rigidity. A sectoral analysis
reveals that wages in “Textiles and Garments”, “Paper-Paperboard-Edition-Printing”, “Other
Mechanical industries”, “Construction” and “Food industries” are more rigid. Furthermore, findings
from an econometric approach (Panel Censored Model) show a 17% nominal rigidity and a 26% real
rigidity. These results confirm the stylized facts and indicate that a 1% increase of wage rigidity
reduces modern sector productivity by 0.94%
Key Words: Wage Rigidity, Censored Models, Labor Productivity
JEL Classification: J31, C34, J24
Economistes à la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques, Ministère de l’Economie et des
Finances de la République du Sénégal.
Contacts : [email protected], [email protected], [email protected] Tél +221338250050
1
I.
Introduction
Le Sénégal enregistre une timide croissance économique même si son taux est supérieur
au croît démographique. Les effets se traduisent notamment sur le taux d’occupation
de la population qui est passé de 74% à 69% entre 1994 et 2008. Ainsi, plusieurs
dizaines de milliers de demandeurs d’emplois, de plus en plus qualifiés, se présentent
chaque année sur le marché alors que l’économie crée peu d’emplois. Dans les centres
urbains, le sous-emploi visible est la caractéristique majeure du marché de l’emploi
mais, d’une manière générale, la prévalence du chômage et sa persistance de même que
l’essor du secteur informel se juxtaposent et constituent des manifestations de l’excès
d’offre de travail.
Cette situation ne favorise pas la réduction de la pauvreté quoiqu’une meilleure
répartition des fruits de la croissance par le ciblage et un fonctionnement efficace des
filets sociaux permettent- de réduire la vulnérabilité des ménages les plus pauvres. La
création massive d’emplois viables reste le moyen adéquat pour réduire la précarité. Un
exercice sur les déterminants de l’offre d’emplois est donc d’une grande portée dans ce
contexte de convulsions sociales aggravées par le problème de l’emploi.
D’ailleurs, la configuration du marché de l’emploi et ses implications jouent un rôle
important dans la dynamique économique. La rigidité des salaires constitue un élément
clé de la modélisation macroéconomique et sectorielle. C’est dans ce contexte qu’il
convient d’inscrire le fort regain d’intérêt relatif à l’existence de rigidités nominales à la
baisse des salaires. Selon Smith (2000), la viscosité des salaires s’entend comme tout
mécanisme selon lequel les salaires varient moins qu’ils ne devraient. Lorsque
l’inflation est élevée, les entreprises n’ont pas besoin de revoir les salaires nominaux à
la baisse pour réduire les salaires réels. En période d’inflation maitrisée, à l’envers,
l’existence de rigidités nominales modère l’ajustement du salaire réel. Les entreprises
sont alors tentées de réagir à un ralentissement de l’activité en corrigeant l’emploi à
travers par exemple les licenciements. D’où l’expression empruntée à Tobin : l’inflation
permet de «mettre de l’huile dans les rouages» du marché du travail.
Les rigidités sur les salaires desservissent la compétitivité car l’ajustement par les prix
de l’output alimente l’inflation et conduit, toutes choses restant égales par ailleurs, à
des pertes de compétitivité dont l’accumulation fait sans doute courir le risque d’un
1
ajustement du taux de change. A l’ère de la compétition internationale, le secteur des
biens échangeables doit être particulièrement soumis aux ajustements permanents, non
seulement en termes de pratiques de gouvernance d’entreprise et de management mais
aussi relativement à la maitrise des coûts de production dont les salaires.
Pourtant, au Sénégal, les rigidités nominales sur les salaires sont souvent dénoncées par
les travailleurs eux-mêmes qui enregistrent une baisse de leur pouvoir d’achat avec
l’inflation. Si les syndicats de travailleurs luttent pour la sécurité de l’emploi, la
garantie d’emplois et de salaires fixes à la majeure partie des travailleurs est de nature à
affecter la compétitivité. Dans ce cadre, la législation du travail ne peut pas ignorer la
problématique de l’arrimage des salaires à l’évolution de la productivité surtout dans
les secteurs soumis à la concurrence étrangère.
Les efforts de réduction de l’inefficacité-X de l’entreprise ne suffisent pas lorsque celleci fait face à de fortes contraintes exogènes. D’autres facteurs dont le défaut de
qualifications dans beaucoup de métiers ne favorisent pas la mobilité et l’ajustement
des salaires. L’adéquation de l’éducation aux besoins des entreprises et la dynamisation
des structures de promotion de l’emploi sont des éléments à ne pas négliger dans le
cadre des incitations à l’emploi. Par ailleurs, les prestations sociales préservent le
pouvoir d’achat des travailleurs et facilitent l’ajustement des salaires et de l’emploi. A
défaut du fonctionnement efficace des mécanismes publics de compensation et
d’allocation sociale, les effets des distorsions salariales sont amplifiés. In fine, apparait
la nécessité de garantir la flexibilité des salaires tout en assurant la sécurité sociale des
travailleurs, ce qui est connue dans la littérature sous l’appellation de «flexicurity».
L’étude se propose précisément d’aborder la question de la viscosité des salaires et ses
implications. L’exercice consiste à tester l’existence de rigidités nominales et/ou réelles
dans les secteurs puis à estimer leurs effets sur des variables d’intérêt. En effet, pour
des économies à faible taux d’inflation comme le Sénégal (depuis la dévaluation de
1994 en dehors de quelques périodes de chocs externes), la rigidité des salaires
nominaux limite la baisse des rémunérations réelles en cas de chocs négatifs affectant
l’économie. De plus, lorsque les salaires sont rigides à la baisse, la façon la plus simple
de les réduire est de laisser l’inflation en rogner la valeur réelle au cours du temps :
plus forte sera l’inflation et plus vite s’érodera le pouvoir d’achat des salaires rigides à
2
la baisse. C’est pourquoi certains auteurs préconisent une politique monétaire visant un
taux d’inflation modéré plutôt qu’un taux inférieur quand la rigidité des salaires est
générale dans l’économie. Dans ce cadre, lorsque la rigidité à la diminution des salaires
et une faible inflation font obstacle à la contraction des rémunérations réelles, le
chômage s’accroit.
D’ailleurs, au Sénégal –et dans d’autres pays- Rama (2000) prouve l’existence d’une
rigidité à long terme des salaires réels dans le secteur privé formel sous la forme d’un
effet de contagion par lequel les salaires du privé suivent l’évolution de ceux des
fonctionnaires et celle de l’inflation alors qu’il n’y a pas de preuve pour établir
l’existence de rigidités nominales. Du point de vue de la demande d’emplois, la
caractérisation des capacités des ménages détermine leur attractivité pour les
entreprises ; néanmoins, cette étude se focalise sur les caractéristiques des entreprises et
des secteurs. Quel que soit le type de rigidité sectorielle, les conséquences seront tirées
en termes de simulation d’une variation de la rigidité sur des variables d’intérêt telles
que la productivité.
L’intérêt de l’approche sectorielle, comme mis en exergue par Howitt (2002), est qu’elle
évite les propositions générales, à preuve : l’ajustement du salaire dans un secteur
hautement capitalistique ne tire pas nécessairement à la baisse les coûts de production
alors qu’il charrie des risques de démotivation des employés (shirking effect). En outre,
les conditions de travail et l’évolution de l’activité conduisent parfois à l’absence de
modification des salaires d’un secteur qui ne relève pas effectivement d’une rigidité.
Le reste de l’article est organisé comme suit. Après avoir tiré les enseignements de la
littérature, les faits stylisés sont déclinés avant les estimations et l’analyse des résultats.
Les implications de politique économique et les conclusions bouclent l’étude.
II.
Enseignements de la littérature
Au plan théorique, les économistes ont longtemps postulé l’incompatibilité entre
l’existence de rigidités nominales et l’hypothèse de rationalité des agents qui, en
l’absence d’illusion monétaire persistance, devraient s’intéresser à leur revenu réel
plutôt qu’à leur revenu nominal. Ce consensus a été malmené dans les développements
récents. Il existe également des motifs d’ordre sociologique, institutionnel et
3
psychologique justifiant la viscosité des salaires (voir Keynes, 1936 ; Bewley, 1999 ;
MacLeod et Malcomson, 1993 et ; Holden, 1999, etc.).
La question importante de la mesure de la rigidité nominale a été l’objet de larges
investigations. Les premiers travaux relatifs aux rigidités nominales portaient
essentiellement sur les prix et remontaient déjà à Mills (1927) qui a ouvert la voie sur les
modes d’ajustement des prix et a montré que les prix ne s’ajustaient pas
immédiatement aux chocs. A la suite des nombreux travaux menés sur les prix à la
production et leur réaction au cycle économique, un nouveau programme de recherche
a été initié dans les années 70 pour développer des modèles théoriques capables
d’expliquer le comportement de fixation des prix des entreprises en présence de coût
d’ajustement (Barro, 1972; Sheshinski et Weiss, 1977 et 1979). C’est dans cette optique
que les premières investigations empiriques ont traité du problème de mesure des
effets liés aux coûts d’ajustement (menu cost effects) et de leur amplitude (Carlton, 1986;
Cecchetti, 1986) ; voir également Elsby (2009). De plus, des travaux empiriques (Card,
1983; Taylor, 1983; Cecchetti, 1987 etc.) ont été menés sur la base des modèles
théoriques de Fisher (1977) et de Taylor (1980) portant sur la mesure de la durée des
contrats de salaire.
Récemment, une attention particulière s’est attachée à la rigidité à la baisse des salaires
nominaux grâce d’une part à la disponibilité d’informations longitudinales qui
permettent aux chercheurs de détecter une rigidité à la baisse à l’aide de tests formels ;
d’autre part du point de la politique économique, le constat d’une inflation faible a
suscité de l’intérêt dans l’optique keynésienne qui vaudrait que lorsque l’inflation se
situe à des niveaux très bas, la rigidité des salaires nominaux empêche les
rémunérations réelles de diminuer autant qu’elles le devraient quand l’économie subit
des chocs négatifs. Ce débat s’inscrit dans le sillage de l’analyse approfondie de la
courbe de Phillips et de la recherche d’une inflation optimale.
Au plan empirique, plusieurs évidences sur la rigidité à la baisse des salaires nominaux
existent au niveau international (Dickens et al. 2007, 2008 ; Messina et al. 2010) même si
les facteurs explicatifs sont multiples.
C’est dans cette perspective qu’il convient d’inscrire les travaux du système européen
de banques centrales qui a mis en place des réseaux (Wage Dynamics Network, WDN))
4
regroupant des chercheurs de la Banque centrale européenne et des banques centrales
nationales dans le but d’améliorer la compréhension des mécanismes économiques. Ces
travaux consistent à partir des données sur les individus et les salaires pour étudier les
causes et les conséquences des rigidités. Cette démarche s’inscrit dans la
compréhension globale des causes et des caractéristiques de la dynamique des salaires
pertinentes pour la politique monétaire ainsi que dans la clarification de la relation
microéconomique et macroéconomique entre les salaires, le coût de la main-d’œuvre et
les prix.
S’agissant de la mesure de la rigidité du salaire, de nombreux travaux ont été menés
dans le cadre du International Wage Flexibility Project (Dickens et al., 2007). Cette
méthodologie qui permet de calculer la viscosité des salaires s’appuie sur l’analyse de
la distribution de la variation du taux de salaire obtenue à partir des micro-données. En
d’autres termes, l’identification des rigidités salariales repose sur la nécessité de
disposer d'une distribution «contrefactuelle», qui serait observée en l'absence de
rigidités. Ce qui suppose de formuler des hypothèses sur la nature de cette distribution
ou de modéliser le salaire «notionnel» (Altonji et Devereux, 2000; Fehr et Goette, 2005;
Knoppik et Beissinger, 2003).
Par ailleurs, la rigidité nominale des salaires à la baisse (Downward Nominal Wage
Rigidity ou DNWR) est définie comme la fraction de travailleurs dont le salaire nominal
ne diminue pas alors qu’elle aurait dû connaître une réduction en l’absence de rigidité.
Par contre, la rigidité des salaires réels à la baisse (Downward Real Wage Rigidity ou
DRWR) est mesurée par la fraction de travailleurs dont le salaire nominal ne diminue
pas en-dessous du taux d’inflation de référence, alors qu’elle aurait dû connaître une
réduction en l’absence de rigidité (Du Caju et al., 2007 et 2009; Messina et al., 2009;
Blinder et Choi, 1990; Akerlof, Dickens, et Perry, 1996; Bewley, 1999; Agell et Lundborg,
2003; Kimura et Ueda, 2001).
Certes, on peut légitimement prôner que l’entreprise, contrainte par les relations de
long terme avec l’employé, choisisse de lisser les salaires individuels dans le temps sans
affecter le coût marginal anticipé du facteur travail. La solution la plus simple serait de
concevoir que l’entreprise limite les augmentations futures de salaires de manière à
soutenir la valeur présente nette du coût du travail. Même dans ce cas, l’entreprise
5
court le risque de perdre en compétitivité à la période actuelle, ce qui peut
compromettre sa survie. Par ailleurs, comme l’ont montré MacLeod et Malcolmson
(1989), en théorie des jeux répétés appliqués aux relations de travail de long terme, ce
mécanisme de lissage admet une infinité de solutions d’équilibre.
Plusieurs travaux empiriques ont été menés dès les années 1980 aux Etats Unis
(McLaughlin, 1994 ; Kahn, 1997, Akerlof et al., 1996 ; etc.) mais aussi de plus en plus
dans les autres pays développés (Crawford et Wright, 2001 ; Farès et Hogan, 2000) à la
faveur de la disponibilité accrue des données individuelles sur les salaires, les
travailleurs et les entreprises ainsi que leurs caractéristiques respectives. Dans la
plupart des cas, l’idée d’une DWNR est accréditée même si les implications
économiques font l’objet de moins de consensus. Pour une revue empirique, voir
Babecky et al. (2009, 2010), Holden et Wulfsberg (2008) etc. En revanche, peu
d’évidences empiriques existent sur les caractéristiques des entreprises ou des secteurs
typiquement associés à chaque type de rigidité, nominale ou réelle.
III.
Faits stylisés
L’absence de dynamisme de la demande de travail dans le secteur moderne au Sénégal
se prête à plusieurs niveaux d’analyse. L’attractivité du pays pour les investissements
étrangers est faible alors que l’esprit entrepreneurial local dans l’industrie est atone.
Alors qu’on s’achemine vers la congestion des activités économiques à Dakar, les
politiques d’aménagement et de répartition des infrastructures n’ont pas véritablement
favorisé l’essor des pôles économiques régionaux. Pourtant, les régions disposent d’un
potentiel dans les secteurs à haute intensité de main d’œuvre dont l’agro-industrie. Par
ailleurs, relativement au cadre institutionnel de l’emploi, de multiples défaillances
persistent, en l’occurrence l’absence de mesures spécifiques dédiées à l’ajustement de
l’emploi et des salaires dans les stratégies de promotion du secteur privé.
Aussi, contrairement à une idée souvent véhiculée, l’employabilité ne constitue pas
toujours une contrainte majeure à la création d’emplois dans le secteur moderne. Les
fondements microéconomiques du chômage dont le salaire d’efficience ne sont pas
déterminants dans ce contexte de rareté des offres d’emplois. Des efforts restent bien à
consentir pour une meilleure adéquation de l’éducation et de la formation aux
6
exigences des entreprises mais l’économie crée peu d’emplois non seulement en termes
absolus mais également par rapport à la demande exprimée par les actifs.
Ces difficultés sont plus symptomatiques du secteur formel, moteur de la création
d’emplois viables grâce surtout à une meilleure contractualisation des relations de
travail. Malgré une croissance appréciable de la valeur ajoutée (168% de 1994 à 2008), le
secteur moderne enregistre une très faible élasticité de l’offre d’emploi.
Dans une optique d’ajustement du facteur travail, les multiples distorsions sont
éloquemment traduites en termes de coût d’embauche et de licenciement. Le
relèvement des salaires et l’allocation de bonus sont des pratiques usuelles; par contre,
pour absorber les chocs négatifs, la baisse des salaires et/ou le licenciement pour des
raisons économiques sont rares. L’indice de rigidité de l’emploi qui traduit la régulation
de l’emploi dans l’économie, notamment en termes de recrutement, de licenciement et
d’ajustement du nombre d’heures de travail, se situe à 60 sur une échelle de 0 à 100
selon la rigidité croissante contre 10 en Malaisie, 33 au Ghana, 45 en Tunisie et 51 au
Mali. La fixation d’un salaire minimum représentant en moyenne 0.48 de la valeur
ajoutée du travailleur, les autres rigidités sur les heures de travail (Doing Business) ainsi
que la force des syndicats de travailleurs bien étayée par leur courbe de résistance ne
sont pas favorables à l’ajustement de l’emploi et des salaires.
L’entreprise devient frileuse sur les effectifs à défaut de pouvoir ajuster
convenablement les salaires. Les employés (insiders) seraient favorisés par rapport aux
autres actifs (outsiders). Les actifs non employés sont aussi désavantagés par le
relèvement de l’âge à la retraite dont les raisons avancées gravitent autour de l’âge
assez avancé au premier emploi et de la détérioration du revenu réel des travailleurs.
Il convient également d’avoir à l’esprit que les statistiques officielles montrent que la
majorité des ménages au Sénégal tirent leurs revenus du travail, d’où la nécessité de
protéger encore les salaires tout en promouvant l’emploi. Aussi, s’agit-il de s’inscrire
durablement dans une double optique de préservation de la compétitivité de
l’économie et des intérêts de travailleurs à travers leur revenu réel et la sécurité de
l’emploi.
7
Après ces considérations d’ensemble, on s’intéresse à la mesure sectorielle du degré de
rigidité nominale et de rigidité réelle des salaires. La pratique courante dans la
littérature empirique consiste à utiliser des variations du taux de salaire horaire. A
défaut de disposer des données sur les salaires horaires, la démarche s’appuie sur
l’analyse des lois de distribution des variations mensuelles de salaires moyens pour
chaque entreprise du secteur. Le risque de biais si le coût unitaire du travail n’est pas
calculé à partir des heures de travail effectif durant le mois est quelque peu limité si
l’on s’intéresse aux employés qui ont effectivement travaillé durant tout le mois.
La distribution renseigne sur la flexibilité des salaires de diverses manières :
Son profil : une base étroite et un sommet élevé (concentration des fréquences
autour d’un point) signalent une rigidité des salaires, une base large et basse une
extrême flexibilité. Un profil en cloche, donc similaire à une loi normale de
distribution, serait idéal ;
Son centre de gravité : si la distribution des fréquences est concentrée autour de
la valeur zéro, les salaires sont rigides en termes nominaux. Si la distribution est
concentrée autour d’une valeur correspondante à l’inflation anticipée, les
rigidités sont réelles ;
Sa symétrie autour d’un centre de gravité. Si une distribution symétrique des
variations de salaires autour de l’inflation anticipée est parfaitement
envisageable, une distribution asymétrique (concentration sur la droite) autour
de la valeur zéro est souvent la règle. Elle témoigne des obstacles à réduire le
salaire nominal.
L’analyse est ainsi menée pour l’essentiel des sous-secteurs modernes à but lucratif.
L’agrégation des entreprises permet de palier les problèmes de mesure découlant de
l’évolution de la durée du travail et de la distribution par chaque sous-secteur. La
représentativité des entreprises du panel est consignée dans le tableau 5 (annexe).
8
Graphique 1 : Distribution des variations de salaires
24
21
18
15
12
9
6
3
0
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Extractives
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
28
24
20
16
12
8
4
0
5
6
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
24
21
18
15
12
9
6
3
0
5
6
7
-6
-5
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
16
14
12
10
8
6
4
2
0
5
8
6
14
12
10
8
6
4
2
0
0
1
2
3
4
5
7
6
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
5
7
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-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
-5
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
21
18
15
12
9
6
3
0
8
4
5
6
7
8
4
5
7
8
9
6
Matériaux construction
-7
8
7
Chimiques
-6
8
6
Bois
-6
9
Caoutch. Plastiq.
-10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1
-5
18
15
12
9
6
3
0
Papier Carton Edition Imprim.
-7
-6
7
Textiles Habillement
-4
Alimentaires
-6
-5
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
5
6
24
Métallurg. Travail Métaux
20
Autres Industries Mécaniq
16
12
8
4
0
-9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
-6
-5
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
15
20
Energie
12
BTP Construction
16
9
12
6
8
3
4
0
0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0
1
2
3
4
5
6
7
8
9 10 11 12
-12 -10 -8
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10 12 14 16 18
15
18
15
12
9
6
3
0
Postes Télécoms
Banques Assurances
12
9
6
3
0
-5 -4 -3 -2 -1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10 11 12 13
-10
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
12
14
9
La distribution de la variation mensuelle des salaires est illustrée par le graphique 1. En
abscisse, les variations de salaires sont classées en intervalle d’amplitude 1. Par
exemple, la valeur 2 sur l’axe des abscisses correspond à des variations de salaires
>1.5% et ≤2.50%.
Conformément au profil dégagé pour connaitre du degré de rigidité des salaires, les
différents graphiques montrent qu’au Sénégal les entreprises du secteur moderne
affichent généralement peu de flexibilité dans les salaires.
Cela peut être confirmé par le calcul sectoriel de la proportion de variations de salaires
qui ne s’écartent pas de zéro. Les variations nulles s’établissent donc comme suit.
Tableau n° 1: Rigidité au sens strict
Sous-secteurs
Proportion
autour de 0
Industries Extractives
Alimentaires
23.5%
17.9%
Textiles et Habillement
24.0%
Bois
16.7%
Papier Cartons, Edition,
Imprimerie
Industries Chimiques
24.5%
Caoutchouc et Plastiques
14.9%
Métallurgie et Travail des Métaux
06.0%
Autres Industries Mécaniques
22.2%
Matériaux de Construction
17.6%
Energie
BTP Construction
13.2%
Poste et Télécoms
17.2%
Banques et Assurances
14.3%
12.1%
19.7%
Source : Calculs des auteurs
Au regard de la proportion assez importante autour de zéro, on peut soupçonner que
les salaires nominaux sont peu sujets à des modifications. L’existence de rigidité ne
peut pas pour autant être établie à cette étape car les faibles variations de salaires
autour de zéro sont très liées aux menu costs.
L’analyse fine des concentrations montre que la rigidité des salaires cache beaucoup de
disparités. Les sous-secteurs «Textiles Habillement», «Papier, Edition Imprimerie»,
«Autres Industries mécaniques», «BTP Construction» et «Industries alimentaires» sont
ceux où la rigidité des salaires (au sens strict) est la plus sévère. Pourtant, certains soussecteurs («Textile et Habillement») sont soumis à une forte concurrence, au niveau
10
international, qui explique en partie leur déclin constaté depuis plusieurs années, et/ou
au plan intérieur par les importations (produits alimentaires et textiles). D’autres
activités marquées par une rigidité moins aigue se comportent relativement bien, sur le
marché intérieur («Poste et Télécommunications» et «Métallurgie») et à l’exportation
(«Matériaux de construction» et «Industries chimiques»).
En termes de dispersion des variations mensuelles de salaires, les activités les plus
affectées sont les services de banques assurances et de télécommunications ainsi que
l’énergie. Ces activités sont particulièrement intensives en capital et/ou comportent
une proportion relativement importante de contrats de courte durée pour lesquels la
rémunération de l’employé comporte une part liée à la performance de celui-ci durant
le mois.
S’agissant des impacts sur la croissance, le secteur tertiaire et les «BTP Construction»
qui constituent les deux moteurs de la croissance économique durant la dernière
décennie pourraient souffrir de la forte rigidité des salaires qui limite l’ajustement
désiré. Les rigidités notées au niveau du premier -essentiellement dans le volet formel
car les contrats dans les entreprises informelles sont moins formalisés donc les salaires
plus ajustables- et dans certaines activités de services, ont un moindre impact sur la
compétitivité extérieure étant donné la faible exposition à la concurrence internationale.
Par ailleurs, pour bien identifier les différences sectorielles, une analyse inférentielle est
menée à l’aide de deux t-statistiques permettant de contrôler si les observations sont
significativement différentes (Bienvenu et al. 2011) de :
zéro pour connaître le degré de rigidité nominale. Le test s’écrit dans ce cas
w yoy ,t
t
0
VAR w yoy
l’inflation anticipée pour capter le degré de rigidité réelle. Ici, le test s’écrit :
t
w yoy ,t
ihcp yoy ,t
VAR w yoy
wyoy,t : les variations annuelles des salaires horaires
VAR wyoy ,t :leur variance
ihcp yoy,t : l'inflation moyenne au temps t
11
Les résultats de l’analyse inférentielle se présentent comme suit pour les secteurs
considérés.
Tableau n°2 : Test de l’hypothèse H0 de présence de rigidités
T-Student selon
la rigidité
Sous-secteurs
Nominale
Réelle
Extractives
Alimentaires
0.31
0.01
0.01
-0.20
Textiles et Habillement
0.53
0.31
Bois
0.25
0.02
Papier Cartons, Edition, Imprimerie
-0.07
-0.33
Industries Chimiques
0,32
0.10
Caoutchouc et Plastiques
0,00
-0.18
Métallurgie et Travail des Métaux
0.25
0.12
Autres Industries Mécaniques
0.30
0.10
Matériaux de Construction
-0,21
-0.44
Energie
0.33
0.17
BTP Construction
-3.39
-3.68
Poste et Télécoms
0,64
0.48
Banques et Assurances
0,04
-0.07
Source : Calculs des auteurs
Le test statistique sur la rigidité nominale des salaires montre que l’hypothèse nulle de
présence de rigidité n’est pas rejetée sauf pour les «BTP Construction». Autrement dit,
le secteur moderne est caractérisé par l’existence de rigidités des salaires mensuels. Ce
constat confirme la forte concentration de la distribution autour de zéro telle
qu’évoquée précédemment. Le test statistique sur la rigidité réelle, qui utilise la
moyenne des taux d’inflation mensuels sur toute la période étudiée, aboutit aussi à la
conclusion.
L’examen de la relation entre la rigidité salariale et la productivité du travail est
également d’un grand intérêt dans une optique de compétitivité. Une sévère rigidité
des salaires affecterait la productivité du facteur travail. La relation inverse n’est pas à
écarter car, en l’absence de gains de productivité significatifs, l’ajustement des salaires
n’est pas automatique au risque de détériorer davantage la productivité. Il s’agit par
conséquent de voir si les sous-secteurs les plus productifs sont effectivement marqués
par une moindre rigidité salariale et vice versa. Le graphique suivant en fournit une
parfaite illustration.
12
Graphique 2: Rigidité vs productivité apparente du travail
30%
Textiles
Papier Impr
25%
Autres ind méc
20%
Rigidité stricte
Matériaux Const
Aliment
Bois
BTP
Poste Télécoms
Banq Assur
15%
Energie
Caout Plast
10%
Chimiq Extrac
5%
Métaux
0%
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
110
Productivité du travail (en milliers francs)
Source : Calcul des auteurs
Ce graphique a le mérite de montrer la concentration des sous-secteurs au niveau de la
zone de faible productivité et de rigidité élévée. Autrement dit, on peut globalement
accréditer l’idée d’une relation étroite entre la productivité et la rigidité. De manière
spécifique,
les
sous-secteurs
«Matériaux
de
construction»,
«Postes
et
Télécommunications» et, dans une moindre mesure, les « Banques et Assurances»
enregistrent à la fois les niveaux de productivité et de flexibilité les plus élevés. Ces
sous-secteurs présentent la particularité d’être peu intensifs en travail. Toutefois, les
«Métallurgie», «Industries chimiques» et «Industries extractives» dont les salaires sont
également flexibles n’enregistrent pas une productivité élevée du travail. Le soussecteur des «BTP Construction», pour lequel on n’a pas accepté la rigidité nominale
et/ou réelle stricte (tableau 2), n’enregitsre pourtant pas une productivité élevée.
Au titre du niveau de la concurrence et de la rigidité des salaires, il faut noter que
l’amélioration de la concurrence sur les marchés des biens et services demeure une
préoccupation croissante dans le cadre de la définition des politiques publiques. Depuis
plus de deux décennies, plusieurs travaux ont cherché, à travers la proposition de
réformes pro concurrentielles adéquates, à établir les conditions qui favoriseraient la
croissance et la création d’emplois. En effet, dans la plupart des secteurs, l’insuffisance
relative de concurrence fait partie des facteurs régulièrement évoqués comme entravant
la croissance. Néanmoins, au Sénégal, les gains de productivité et la baisse des prix ne
sont pas toujours constatés avec le relèvement de la concurrence (Sène, 2010).
13
Pour apprécier le degré de concurrence, la pratique courante est de recourir à des
indices tels que ceux de Herfindahl et de Penrose. Par ailleurs, considérant qu’en
situation de concurrence pure et parfaite, le prix égalise le coût marginal de production,
le ratio entre le prix de vente et le coût marginal de production, appelé taux de marge
ou markup, peut être utilisé pour mesurer l'intensité concurrentielle d'un secteur. Un
taux de markup élevé traduit des profits anormalement forts.
Le markup n'est pas directement observable mais il peut être estimé par des méthodes
économétriques. La littérature s’est penchée sur cet indicateur depuis notamment les
travaux de Hall (1988) renforcés par ceux de Roeger (1995). De même, des travaux
empiriques tels que ceux de Hylleberg et Jørgensen (1998), Martins et al. (1996),
Christopoulou et Vermeulen (2008) se sont intéressés à cette question. Ces auteurs ont
proposé une méthodologie permettant d'évaluer le markup à partir de l'hypothèse de
concurrence pure et parfaite qui correspond à un taux de markup nul. De plus, le
coefficient liant le taux de croissance du résidu de Solow nominal au taux de croissance
de la productivité nominale du capital est appelé l'indice de Lerner. Il permet au final
d'obtenir le taux de marge.
Au plan empirique, la mesure du taux de markup est une tâche difficile surtout pour
une analyse agrégée. La littérature économique donne peu de conseils sur les mesures
appropriées et les travaux sont rares (Geroski et al., 1995) à cause principalement de
l’absence de données observables pour les coûts marginaux. Cependant, des mesures
indirectes ont été développées, notamment par Hall (1986 et 1988), qui consistent à
exploiter les fluctuations à court terme de la production et les inputs sectoriels. La
méthode proposée par Hall est devenue populaire dans la littérature empirique
(Domowitz et al., 1988 ; Caballero et Lyon, 1990). Cette méthode s’appuie sur l’idée de
base développée par Solow (1957) sur la mesure de la productivité. A cet effet, suivant
la méthodologie proposée par Diop (2010)2, les markup se présentent comme suit.
2
Voir Diop (2010) pour des développements théoriques.
14
Tableau 3 : Mark up brut sectoriel
Sous-secteurs
Markup
Primaire (Pêche et Extractives)
1,23
Secondaire
1,14
Construction
1,12
Services (commerce inclus)
1,30
Estimations plus fines
Agro-alimentaire
1,15
Industries pétrochimiques
1,19
Industries bois et papier
1,11
Industries métallurgiques et métaux
1,05
Autres industries
1,18
Transports
1,35
Construction
1,12
Commerce
1,28
Toutes les industries
1,22
Source : Diop (2010)
Tous les secteurs considérés sont de la sorte caractérisés par des facteurs de marge
supérieurs à l’unité et globalement, le markup se situe à 1,22 avec quelques disparités
notées au niveau de certains sous-secteurs. A cet effet, il faut signaler que le secteur des
services renferment les segments où il y a moins de concurrence ; ce qui témoigne d’un
moindre degré de compétition.
Sur un autre registre, on peut constater que les sous-secteurs les moins exposés à la
concurrence enregistrent une plus faible rigidité des salaires. Il s’agit notamment des
services, des industries métallurgiques et des métaux.
En définitif, il faut dire que l'amélioration de la concurrence sur les marchés des biens et
services permet de stimuler l'activité économique et de créer des emplois, en améliorant
le pouvoir d'achat des consommateurs et en incitant les entreprises à plus d’innovation.
IV. Modélisation de la rigidité et de ses effets
L’approche méthodologique part d’une typologie des salaires en fonction des
caractéristiques des employés et des individus (entreprises ou secteurs) au Sénégal. Les
rigidités sur les salaires font supporter à l’entreprise un taux de salaire souvent plus
élevé à l’embauche et, pour les travailleurs déjà en activité, elles empêchent l’entreprise
d’ajuster le salaire en cas de baisse continue de la productivité. Ainsi, durant les
15
périodes de récession, l’ajustement du facteur travail porte essentiellement sur l’emploi
non permanent notamment en termes d’heures de travail. Suivant Gottschalk (2005), il
est supposé que les changements de salaires se font à temps discret.
Deux méthodes sont déclinées pour analyser la rigidité à partir des données.
Approche par le mésalignement
Elle s’appuie sur une estimation du mésalignement du taux des salaires, autrement dit
de l’écart entre le salaire observé et celui qui reflèterait les fondamentaux de
l’entreprise (salaire d’équilibre) en l’absence de rigidités (Rama, 2000 pour la zone
CFA). Suivant cette optique, on apprécie le niveau de mésalignement ainsi calculé en le
comparant par exemple à celui d’autres pays de niveau de développement similaire.
Approche ad hoc
Dans la littérature, plusieurs méthodes sont utilisées pour établir l’existence d’une
rigidité. Certains travaux empiriques portant sur l’identification des rigidités salariales
ont révélé qu’il est nécessaire de disposer d'une distribution «contrefactuelle», qui
serait observée en l'absence de rigidités. Cela suppose que l’on pose des hypothèses
identifiantes relatives à cette distribution ou que l’on soit capable de modéliser le
salaire «notionnel», désiré par les agents avant que ne s’impose à eux la contrainte de
rigidités et les résultats dépendent fortement de la qualité des données utilisées (la
présence et la forme d’erreurs de mesure) et des hypothèses contrefactuelles.
Précisément, à partir de la distribution factuelle ou empirique, on peut tracer une «vraie
distribution» en prenant en compte les données aberrantes ; enfin la distribution
notionnelle est établie.
Ainsi, suivant les travaux de Altonji et Devereux (2000) étendus par Knoppik et
Beissinger (2001, 2005), on introduit le concept de variation du taux de salaire notionnel
( wit ). Ce taux, qu’il soit nominal ou réel, prévaut en l’absence de rigidité nominale à
la baisse si l’on ignore les coûts d’étiquetage.
Pour le secteur ou l’entreprise i à la date t, la variation du salaire notionnel est
modélisée en fonction de variables explicatives xit pouvant refléter l’hétérogénéité
individuelle (âge, niveau d’éducation, expérience, ancienneté, attitude face à l’illusion
16
monétaire, sexe, statut marital, etc.), les caractéristiques sectorielles, l’environnement
macroéconomique (taux de chômage), etc.
Dans le cas de cette étude, il s’agit de considérer certaines parmi les caractéristiques de
l’entreprise (ancienneté, taille, croissance de la valeur ajoutée, croissance de l’emploi,
coûts du turnover des employés, etc.), associées à des variables exogènes telle que la
concurrence ou les conditions macroéconomiques pour expliquer la variation du taux
de salaire notionnel. Cela se justifie essentiellement par des évidences empiriques ; en
effet, l’économie sénégalaise est caractérisée par un excédent d’offre de travail dans
plusieurs catégories professionnelles sans pour autant que l’employabilité des
demandeurs -d’emploi- soit véritablement en cause.
wit
xit
it ,
it
Où xit un vecteur de variables explicatives et
 N 0, 2
contient les paramètres à estimer. Par
ailleurs, il convient de souligner que la variation du taux de salaire
wit est égale à la
variation du taux de salaire notionnel à l’exception du cas suivant : la variation du
salaire notionnel est négative et l’individu est affecté par la rigidité nominale à la baisse.
Dans ce cas, on introduit une variable indicatrice Dit qui prend la valeur 1 avec une
probabilité de
s’il y a rigidité nominale à la baisse et la valeur zéro ailleurs. Ainsi, on
a:
xit
yit
it
0
xit
it
si xit
it
0
si xit
it  0
Dit
1, Pr Dit
si xit
it  0
Dit
0
Cette nouvelle représentation est donc un modèle à censure où
1
(2)
permet de mesurer le
degré de rigidité dans le modèle.
Etant donné l’existence d’un écart entre le salaire effectif et le salaire observé, il vient :
yit
Où yit est le salaire effectif et
wit
it
it une variable qui capte les erreurs de mesure.
En général, les auteurs retiennent une erreur de mesure classique et supposent qu’elle
suit une loi normale i.i.d. et est indépendante des autres variables du modèle. En
combinant les deux précédentes équations, on obtient :
17
xit
yit
it +
it
it
xit
it + it
si xit
it
si xit
it  0
Dit
1, Pr Dit
si xit
it  0
Dit
0
yit
L’erreur de mesure normalisée s’écrit
0
wit
1
3
it
NME
it
 N 0, 2
Toutefois, il est possible de fixer un seuil de tolérance positif
(par exemple 3% annuel
en référence au ciblage de l’inflation dans l’espace sous-régional d’intégration, 2% par
rapport à l’objectif de la Banque centrale etc.) en deçà duquel on considère que la
rigidité reste valable. Ainsi, comme dans certains travaux, dont Fehr et Goette (2000),
l’expression (3) peut être réécrite comme suit :
xit
yit
it +
it
si -
it
xit
si xit
it + it
si xit
it
0
it  0
xit
it  -
Dit
Dit
1, Pr Dit
1
0
S’agissant de la mesure de la rigidité (nominale ou réelle) à la baisse, qui peut être
interprétée comme une hausse du coût de la main-d’œuvre du fait de l’ajustement
incomplet du salaire nominal, elle est estimée par la probabilité suivante :
rit
r xit ˆ , ˆ , ˆ
ˆ Pr
wit  0
ˆ
xit ˆ
ˆ
Cette expression s’assimile à l’impossibilité pour l’individu (entreprise ou secteur)
d’ajuster le salaire notionnel.
Dans la perspective des nouveaux développements relatifs à l’amélioration de la
compréhension des fluctuations macroéconomiques induite par la prise en compte des
rigidités de salaires, une fois l’indicateur de rigidité (DWNR et DRWR) calculé, il est
possible de l’ajouter à l’équation décrivant la dynamique d’une variable d’intérêt
comme l’emploi, la productivité ou la compétitivité afin d’évaluer l’impact de la rigidité
des salaires. Certes, la rigidité est généralement plus prononcée pour les anciens
travailleurs que pour les nouvelles recrues dont la rémunération est plus sensible à la
18
productivité3 mais l’essentiel à ce niveau est d’estimer l’impact de la rigidité pour
l’ensemble des employés dans chaque secteur. Ainsi, on a :
VIit
Zit
rit
uit
Où VI est la variable d’intérêt notamment la productivité et Z it un vecteur de variables
explicatives, idiosyncratiques ou exogènes.
V. Application au secteur moderne de l’économie sénégalaise
Des bases de statistiques officielles du Sénégal, notamment celles de l’Agence Nationale
de la Statistique et de la Démographie et de la Direction de la Prévision et des Etudes
Economiques, sur les états financiers ainsi que sur les effectifs et les salaires mensuels
des entreprises, ont servi aux estimations. La période couverte va de 1998 à 2009. Ces
types de statistiques sont en général moins biaisées que les données d’enquêtes. En
outre, l’estimation par sous-secteurs permet d’éviter les problèmes de représentativité
des échantillons assez fréquents.
Les variables retenues pour l’exercice économétrique trouvent leur justification dans le
fait qu’elles reflètent la situation économique de l’entreprise ou la situation globale de
l’économie. A cet effet, on peut mentionner :
Ventes. Il s’agit de prendre en compte la croissance de l’entreprise. En réalité, de bonnes
performances peuvent inciter les travailleurs à exiger une hausse des salaires dans le
cadre du partage de la valeur ajoutée.
Plus-value (pluval). Cette variable traduit la profitabilité de l’entreprise et par ricochet sa
performance et sa bonne situation financière. Elle favorise la hausse de la rémunération.
Taille. A l’instar de l’actif immobilisé, la taille, mesurée par le nombre de travailleurs,
donne une idée l’importance de l’entreprise dans le secteur. Les grandes entreprises
sont souvent plus rigides en termes d’organisation, de management, de gouvernance
mais également dans l’ajustement des salaires. Les entreprises sont regroupées en cinq
groupes selon le nombre d’employés.
3
Voir Haefke et al. (2008) pour une étude empirique.
19
Cadres. Plus les agents cadres sont nombreux, moins on enregistrerait des
revendications salaires. En effet, ils sont en général les moins syndiqués mais
demeurent les plus mobiles sur le marché du travail. Leur forte présence dans une
entreprise garantirait plus de rigidité des salaires.
Concentration (conc). Le niveau de la concurrence pousse les entreprises à adopter des
comportements dynamiques suivant les meilleures pratiques dans le secteur. En
conséquence, la variable conc est attendue avec un signe positif.
Inflation (infl). Le taux d’inflation annuel permet de prendre en compte la situation
macroéconomique. Tout de même, l’inflation présente un avantage majeur par rapport
à d’autres indicateurs de la conjoncture tel que l’output gap : la hausse du niveau
général des prix à la consommation agit sur les incitations des travailleurs à exiger une
hausse des salaires.
Business. Il s’agit du climat des affaires dont l’amélioration est bénéfique à l’essor du
secteur privé. Celui-ci favorise une flexibilité de la rémunération, par le jeu de la
concurrence entre les entreprises soucieuses d’attirer les meilleurs travailleurs, tout
comme elle peut constituer un obstacle à l’ajustement, car les employés acceptent
difficilement une baisse de leur rémunération, d’autant que des opportunités de travail
leur sont offertes à la faveur de la création d’entreprises dans un bon climat des affaires.
Variation des salaires retardée ( sal(-1)). Le choix d’un modèle dynamique grâce à
l’introduction de la variable endogène décalée permet de considérer une certaine inertie
dans l’explication de la rigidité elle-même.
Les estimations économétriques (tableaux 6 et 7 en annexe) permettent de conclure que
les origines d’une forte rigidité dans le secteur moderne au Sénégal se situent à la fois
dans les spécificités sectorielles et au niveau du cadre macroéconomique, à travers
l’environnement des affaires ,et au niveau sectoriel avec la variation de la plus-value et
la croissance des ventes. Dans les entreprises les plus profitables et/ou celles où les
ventes croissent rapidement, on a tendance à enregistrer une hausse des salaires si les
revendications des travailleurs gagnent en intensité ou par le jeu du partage des
résultats. Une certaine inertie dans la variation des salaires est néanmoins à relever, ce
qui renvoie au concept de rigidité. Par contre, l’inflation encourage les salariés à
20
réclamer une revalorisation de leur rémunération mais cela ne se traduit pas
systématiquement par une revalorisation salariale.
Tableau n°4 : Estimation de la rigidité sectorielle
Sous-secteurs
Rigidité
Extractives
23,3%
Alimentaires
23,5%
Textiles et Habillement
31,6%
Bois
17,3%
Papier Cartons, Edition, Imprimerie
27,3%
Industries Chimiques
32,6%
Caoutchouc et Plastiques
29,8%
Métallurgie et Travail des Métaux
26,9%
Autres Industries Mécaniques
24,8%
Matériaux de Construction
24,3%
Energie
22,0%
BTP Construction
29,7%
Poste et Télécoms
26,5%
Banques et Assurances
27,1%
Source : Calculs des auteurs
En examinant la rigidité moyenne obtenue avec l’approche économétrique, on peut
confirmer l’existence d’une rigidité assez forte pour l’ensemble des secteurs retenus
dans l’exercice. Les secteurs les plus rigides recensés avec l’approche descriptive sont
confirmés avec l’exercice économétrique. De plus, on constate qu’avec l’approche
économétrique, la rigidité devient plus marquée qu’avec l’approche descriptive car
l’intervalle considéré dans le premier cas pour capter la rigidité est beaucoup plus
large. Même pour le sous-secteur «BTP Construction» pour lequel la rigidité au sens
stricte n’a pas été observée, on est parvenu à une estimation robuste de l’indicateur de
rigidité avec la fixation d’un seuil de tolérance pour la variation des salaires.
Par ailleurs, les salaires au niveau des «BTP Construction» et des «Postes et
Télécommunications», les deux moteurs de la croissance économique durant la
décennie 2000-2010, ont une rigidité moyennement élevée. Le sous-secteur «Textile et
Habillement», érigé en grappe de croissance, affiche une forte rigidité des salaires qui
pourrait expliquer les importantes difficultés qu’il traverse. A cela, il faut ajouter (voir
graphique n°2) la faiblesse de sa productivité.
21
Des sous secteurs comme «Autres Industries mécaniques», «Matériaux de construction»
et «Energie», sont ceux classés parmi les moins rigides en matière de rémunération
salariale. Par contre, les «Industries chimiques» constituent l’un des secteurs les plus
rigides. Cela pourrait s’expliquer par la vigoureuse concentration du sous-secteur,
l’intensité capitalistique et/ou le fort niveau de qualifications requis dans ce soussecteur.
Au titre des effets de la rigidité, l’analyse économétrique par l’intermédiaire de panels
dynamiques permet de noter que la rigidité des salaires a un impact négatif sur la
productivité des entreprises du secteur moderne. En effet, une hausse de 1% de la
rigidité fait baisser la productivité du secteur moderne de 0,9%. Les autres variables
explicatives considérées dans l’estimation (voir tableau 8 en annexe) relèvent
respectivement de la plus-value, la concurrence et l’environnement des affaires tels que
définis précédemment ainsi que de la variation de l’investissement immatériel (immat)
relativement aux ventes.
Par ailleurs, la coexistence d’une rigidité salariale et d’un objectif d’inflation faible prôné
aussi bien par la BCEAO et l’UEMOA témoigne quelque peu d’un anachronisme. En effet,
la cible de 2% ou de 3% selon l’institution considérée n’est pas compatible avec l’existence
d’une rigidité au Sénégal. Ce résultat est parfaitement en cohérence avec d’autres travaux
menés dans la perspective d’une redéfinition de la politique monétaire et de change dans
les pays de l’UEMOA. Nombreux sont les travaux (Diop et Thiaw, 2010 ; Diop et Fall,
2011) qui militent en faveur de plus d’inflation et d’un régime intermédiaire pour libérer
les énergies des économies de l’UEMOA. En d’autres termes, la Banque centrale doit tout
faire pour alimenter nos économies en liquidité et lutter contre le rationnement du crédit
car sa bonne distribution permet d’assurer une forte croissance économique.
A l’aune des enseignements de la littérature économique et des principes d’efficacité
dictés par la politique économique, la flexibilité au niveau du marché du travail est
synonyme d’une meilleure efficacité notamment lorsque l’économie est quelque peu à
l’abri de la concurrence étrangère. Les expériences des pays comme le Japon, la Chine
ou le Vietnam sont à citer dans le sens où ils ont modulé les principes du consensus de
Washington bâti sur la trilogie «libéraliser, privatiser et réformer». De plus, les
stratégies de croissance gagnantes doivent prendre en compte le contexte national. En
22
effet, il faut certes aspirer à la maitrise des salaires surtout si l’on sait que le Sénégal
enregistre un fort taux d’ouverture porté plus par les importations et que toute hausse
de la demande portée par une revalorisation salariale risquerait d’augmenter les
consommation de biens importés mais la productivité dépend de d’autres facteurs tels
le niveau d’éducation.
23
Conclusion
Les gains de productivité de l’économie sénégalaise issus de la dévaluation de 1994
sont en train de se dissiper. La faiblesse de la productivité constitue donc une
contrainte structurelle pour une croissance forte et durable, génératrice d’emplois
viables. Les frictions sur le marché du travail ne sont certes pas univoques mais le focus
de l’étude a porté sur le secteur formel du fait surtout de la disponibilité accrue de
données longitudinales sur les entreprises et les secteurs modernes et des contraintes de
statistiques sur l’emploi dans les secteurs non structurés.
A la lumière des nombreux travaux empiriques qui font prévaloir la rigidité des
salaires à travers les économies, les résultats confirment les conjectures sur la rigidité
des salaires au Sénégal, même si celle-ci se conjugue au pluriel. A l’exception des «BTP
Construction», la rigidité nominale et la rigidité réelle sont constatées dans tous les
secteurs ; au demeurant, la rigidité est davantage réelle que nominale. Pour l’ensemble
des secteurs considérés, 17% des variations mensuelles de salaires sont quasi nulles.
Néanmoins, les menu cost effects peuvent expliquer une bonne partie de ce ratio. Ainsi,
pour mieux appréhender la rigidité, des marges ont été tolérées, en référence
particulièrement au ciblage de l’inflation (2% ou 3%) dans l’espace communautaire.
Dans ce cas, le niveau de rigidité va jusqu’à plus de 26%. Ce résultat milite en faveur
d’une révision de la politique monétaire et de change en faveur davantage de souplesse
de la part de la Banque centrale.
En tout état de cause, l’absence de flexibilité des salaires empêche l’économie de
procéder aux ajustements nécessaires sur le facteur travail en cas de chocs négatifs
macroéconomiques ou sectoriels. Bien que l’économie sénégalaise se situe dans une
période vertueuse de croissance et d’inflation faible, la rigidité des salaires nominaux à
la baisse reste un sujet d’une grande importance en ce sens qu’elle empêche les salaires
réels de baisser autant qu’en période de récession. Tout choc négatif est alors
difficilement absorbé chez les entreprises. De plus, l’examen des effets de la rigidité des
salaires a montré qu’elle agit négativement sur la productivité des entreprises du
secteur moderne.
24
En termes d’implications sur la création d’emplois, la rigidité figure en bonne place
dans la sphère des barrières à l’entrée spécifiques au marché du travail. La rigidité peut
inciter les entreprises à substituer progressivement du capital au travail car le premier
est plus facilement ajustable bien que l’irréversibilité des investissements ne soit pas à
négliger. Les effets de l’inadaptation de la rémunération à la conjoncture sont amplifiés
par les niveaux de salaires déjà relativement élevés par rapport à ceux des concurrents,
pour des raisons indissociables des charges fiscales et sociales.
Contrairement au secteur public où les ajustements de salaires sont discutés de manière
centralisée, c’est le pouvoir de négociation de l’entreprise et des travailleurs –syndicatsqui détermine dans une large mesure la possibilité d’ajustement des salaires selon le
cycle économique de l’entreprise. Pour autant, le gouvernement ne peut pas faire
l’économie d’une meilleure protection des travailleurs du secteur privé au risque de
compromettre les objectifs de réduction de la pauvreté clairement définis dans la
politique économique et sociale du pays. A cet égard, un secteur privé fort et
dynamique constitue le meilleur moyen de créer beaucoup d’emplois viables et de
distribuer davantage de revenus.
En conséquence, les efforts multidimensionnels engagés par le gouvernement sont à
encourager. Il s’agit évidemment de soutenir les entreprises confrontées à des
difficultés conjoncturelles –par des initiatives telles que les programmes de mise à
niveau- pour éviter que l’ajustement porte toujours sur l’emploi. Par ailleurs, une
meilleure organisation des syndicats de travailleurs s’impose de manière à ce qu’ils
intègrent davantage la dynamique participative dans les actions de défense de leurs
membres. Il s’agit, tout en défendant les intérêts des employés, de ne pas affaiblir
l’entreprise par des raisons abusives ou de s’opposer à l’ajustement des salaires lorsque
la situation de l’entreprise l’exige. L’actionnariat des travailleurs est donc à promouvoir
dans le secteur privé. En outre, les actions remarquables entrepris par le Comité
National pour le Dialogue Social doivent être soutenues pour mieux encrer le dialogue
dans les relations de travail au sein des entreprises.
En perspectives, l’analyse peut être améliorée en cas de disponibilité d’information sur
le degré de syndicalisation des travailleurs et grâce à l’accès aux fichiers individuels des
travailleurs.
25
Bibliographie
Azam, J-P, M. Dia, C. Tsimpo et Q. Wodon, (2007), «Has Growth in Senegal After the 1994
Devaluation Been Pro-Poor? » Published in: Growth and Poverty Reduction: Case Studies from
West Africa, World Bank Working Paper No.79, pp.45-67
Banque mondiale, (2007), «Sénégal : A la Recherche de l’Emploi - Le Chemin vers la
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27
Annexes
Tableau 5 : Représentativité des entreprises
Part dans la
VAB sectoriel
Alimentaires
30%
Textiles et Habillement
94%
Bois
90%
Papier Cartons, Edition, Imprimerie
34%
Industries Chimiques et Extractives
51%
Caoutchouc et Plastiques
42%
Métallurgie et Travail des Métaux
79%
Autres Industries Mécaniques
49%
Matériaux de Construction
95%
Energie
32%
BTP Construction
33%
Poste et Télécoms
15%
Banques et Assurances*
43%
* Part dans l’emploi du secteur
Tableau 6 : Régression Tobit à effets aléatoires pour différentes seuils
1%
Seuil de tolérance
2%
3%
5%
-0.6582694***
(0.1909053)
-0.3486621***
(0.1140791)
-0.2922435***
(0.095876)
-0.2574462***
(0.0765867)
plusval
0.0129349 **
(0.0065203)
0.0122717***
(0.0044846)
0.0102194***
(0.0038303)
0.0096491 ***
(0.0032121)
( plusval)2
-0.0023552*
(0.0011876)
-0.0019515*
(0.0008372)
-0.002025 ***
(0.000688)
-0.0018004***
(0.0005998)
ventes
0.3234957***
(0.0845415)
0.2160269***
(0.0566707)
0.1765018***
(0.0472853)
0.1634574***
(0.0381746)
( ventes)2
-0.1634751**
(0.0686227)
-0.1005683***
(0.049348)
-0.0757938**
(0.0418707)
-0.0629029*
(0.0349145)
business
0.057993***
(0.0158525)
0.0241792**
(0.0088482)
0.0177769**
(0.0071739)
0.0118882**
(0.0060455)
infl
-0.0056423
(0.0054759)
-0.0022882
(0.0035468)
-0.0002706
(0.0030068)
-0.0012991
(0.0023592)
prob > chi2
0.0000
0.0000
0.0000
0.0000
sigma_e
0.0971775
0.0739447
0.0671348
0.0569114
sal(-1)
( ) le t-Student.
Le nombre d’étoiles de 1 à 3 rend respectivement compte de la significativité à 1%, 5% et 10%
28
Tableau 7 : Elasticités
Seuil de tolérance
2%
3%
1%
5%
sal(-1)
-0.216374
-0.2150223
-0.233773
-0.2820141
plusval
0.2473342
0.4402514
0.4755462
0.6148765
( plusval)2
-0.1552961
-0.2414259
-0.3249378
-0.3956178
ventes
0.3620341
0.4535928
0.4807043
0.6096326
( ventes)2
-0.0970822
-0.1120537
-0.1095391
-0.124492
business
0.9720738
0.7604015
0.7251499
0.6640841
Tableau 8 : Impact de la rigidité sur la productivité apparente du travail
produc
variables
explicatives
produc(-1)
0.8621707***
(0.1091084)
plusval
0.250211***
(0.0990649)
conc
0.48699*
(0.2887358)
immat
0.0424517**
(0.0132705)
business
0.0518498
(0.0999204)
rigid
-0.9414048**
(0.4079043)
prob > chi2
0.0000
Wald stat
1445.25
( ) le t-Student
Le nombre d’étoiles de 1 à 3 rend respectivement compte de la significativité à 1%, 5% et 10%
29
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