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ajustement du taux de change. A l’ère de la compétition internationale, le secteur des
biens échangeables doit être particulièrement soumis aux ajustements permanents, non
seulement en termes de pratiques de gouvernance d’entreprise et de management mais
aussi relativement à la maitrise des coûts de production dont les salaires.
Pourtant, au Sénégal, les rigidités nominales sur les salaires sont souvent dénoncées par
les travailleurs eux-mêmes qui enregistrent une baisse de leur pouvoir d’achat avec
l’inflation. Si les syndicats de travailleurs luttent pour la sécurité de l’emploi, la
garantie d’emplois et de salaires fixes à la majeure partie des travailleurs est de nature à
affecter la compétitivité. Dans ce cadre, la législation du travail ne peut pas ignorer la
problématique de l’arrimage des salaires à l’évolution de la productivité surtout dans
les secteurs soumis à la concurrence étrangère.
Les efforts de réduction de l’inefficacité-X de l’entreprise ne suffisent pas lorsque celle-
ci fait face à de fortes contraintes exogènes. D’autres facteurs dont le défaut de
qualifications dans beaucoup de métiers ne favorisent pas la mobilité et l’ajustement
des salaires. L’adéquation de l’éducation aux besoins des entreprises et la dynamisation
des structures de promotion de l’emploi sont des éléments à ne pas négliger dans le
cadre des incitations à l’emploi. Par ailleurs, les prestations sociales préservent le
pouvoir d’achat des travailleurs et facilitent l’ajustement des salaires et de l’emploi. A
défaut du fonctionnement efficace des mécanismes publics de compensation et
d’allocation sociale, les effets des distorsions salariales sont amplifiés. In fine, apparait
la nécessité de garantir la flexibilité des salaires tout en assurant la sécurité sociale des
travailleurs, ce qui est connue dans la littérature sous l’appellation de «flexicurity».
L’étude se propose précisément d’aborder la question de la viscosité des salaires et ses
implications. L’exercice consiste à tester l’existence de rigidités nominales et/ou réelles
dans les secteurs puis à estimer leurs effets sur des variables d’intérêt. En effet, pour
des économies à faible taux d’inflation comme le Sénégal (depuis la dévaluation de
1994 en dehors de quelques périodes de chocs externes), la rigidité des salaires
nominaux limite la baisse des rémunérations réelles en cas de chocs négatifs affectant
l’économie. De plus, lorsque les salaires sont rigides à la baisse, la façon la plus simple
de les réduire est de laisser l’inflation en rogner la valeur réelle au cours du temps :
plus forte sera l’inflation et plus vite s’érodera le pouvoir d’achat des salaires rigides à