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La fin de la croissance économique
C’est le mois d’août, et le rituel estival le moins favori
de chacun est de retour – c’est la révision annuelle des
prévisions de croissance mondiale. La Banque
mondiale a réduit ses prévisions pour la croissance
mondiale en 2016 de 2,9% à un « insipide » 2,4%. Le
FMI a baissé les siennes à 3,2% dans un rapport intitulé
Une croissance trop faible depuis trop longtemps, et
l’OCDE a déclaré que l’économie mondiale est
maintenant coincée dans le « piège de la faible
croissance. »
Le problème provient des pays riches: leur croissance
n’est simplement pas assez rapide. Qu’il s’agisse
d’emplois, de salaires, d’intérêts sur les fonds de
pensions ou des recettes fiscales, nous dépendons
d’une croissance d’une marge de 3%. Nous nous y
fions à chaque année et, à chaque fois, nous restons
déçus.
Le cas est particulièrement poignant au Canada, où
l’enjeu le plus important de la dernière campagne
électorale fut de savoir si le budget devait être
équilibré ou s’il fallait dépenser pour stimuler
l’économie. Nous avons maintenant un déficit de 29,4$
milliards, et la croissance... n’a pas été très bonne. La
Banque du Canada vient de réduire ses prévisions de
croissance pour 2016 de 1,7% à 1,3%, en parti à cause
des feux de forêts de l’Alberta, mais aussi, parce que
les investissements des entreprises vont diminuer de
1% et que celles des exportations sera pratiquement
nulle, à la hausse que de 0,3%.
Toutefois, pour être juste, tous les pays riches sont
coincés dans ce piège de la faible croissance. L’Europe
et les États-Unis sont chanceux de s’en sortir avec une
croissance de 1.5% cette année, et ce, malgré tous les
dommages causés sur les marchés par le Brexit et par
le candidat présidentiel au visage orange et aux doigts
courts.
Nous avons trois principaux défis. La démographie en
est un – nous vieillissons et la main d’œuvre
canadienne commencera à diminuer l’an prochain. Les
investissements ont été faibles à cause de l’incertitude
mondiale. Par contre, la plus grande déception
provient du manque de productivité. C’est là, la
meilleure façon de faire croitre l’économie, car
augmenter la production des travailleurs est la seule
façon de faire croître de façon durable nos salaires. De
plus, la productivité globale a chuté. Entre 1990 et
2007, elle s’éleva en moyenne de 2% par année dans les
pays de l’OCDE. Depuis 2009, la croissance est tombée
en dessous de 1%. La productivité de la main d’œuvre
américaine n’a grimpé que de 0,6% l’an dernier alors
qu’au Canada, elle a légèrement fléchi de 0,2%.
Il semble étrange en cette étonnante ère de l’innovation
que nous ayons une crise de productivité. Nous avons
tous des superordinateurs dans nos poches qui
peuvent accéder à l’intégralité du catalogue de la
connaissance humaine. Mais est-ce que les innovations
de 2016 ont amélioré notre rendement par rapport aux
inventions passées comme les ordinateurs et la
production de masse? Si nous doublons la vitesse du
processeur de votre téléphone mobile et nous vous
donnons accès à un nouveau logiciel incroyable, serez-
vous plus productif au travail? Ou irez-vous à la
chasse aux Pokémon?
Et même s’il se produit un miracle dans la productivité
des robots et de l’intelligence artificielle, nous ne
pouvons pas garantir l’amélioration de la croissance.
L’OCDE craint que la nouvelle technologie soit le
moteur de la productivité et des salaires dans la partie
hautement qualifiée de la population active. Par
contre, l’automatisation des tâches de routine pousse
vers le bas les salaires d’un bien plus grand nombre de
travailleurs moins qualifiés.