Les médias et la publicité Economie de la presse : De tous les pays libéraux, la France est celui qui accorde les aides les plus fortes à la presse. Pour l’essentiel, ses principes et la plupart de ses modalités datent de la Libération : il s’agissait alors de mettre sur pied une nouvelle presse, qui ne pouvait espérer trouver dans la publicité les moyens de se financer, mais la volonté des résistants et des politiques était aussi de mettre les journaux nouveaux à l’abri des lois "liberticides" du marché. Source : Pierre Albert, La presse française, La documentation française, Paris 2004 La publicité : La publicité est à l’information économique au sens large ce que la propagande est à l’information politique : le journaliste moderne se doit donc de redéfinir, dans le premier cas, les règles qui garantissent à la fois la sincérité de ses articles comme il a, dans le second, à assurer l’indépendance de ses commentaires". Source : Pierre Albert, La presse française, La documentation française, Paris 2004 La grande partie des revenues des médias commerciaux provient non pas de leur public, mais des publicitaires, qui cherchent à vendre leurs produits à ce même public. Ainsi, il est à noter que la transaction la plus importante réalisée sur le marché des médias - la seule dans le cas des télévisions et radios privés - n’est pas celle qui lie les groupes médiatiques à leur public par la vente de contenu, mais celle qui lie les groupes médiatiques aux publicitaires, par la vente de part d’audience. Ce phénomène donne aux publicitaires une influence disproportionnée sur ce que les gens lisent et ce qu’ils voient. Ces derniers rechignent en général à faire appel aux médias qui critiquent régulièrement leurs produits ou qui mettent au jour les errements des grandes entreprises. De façon plus générale, les agences de publicité ont une préférence marquée pour les médias qui anesthésient chez leur public le sens critique et favorise une passivité générale, plus favorable aux ventes. En général les publicitaires sont plus intéressés par les franges les plus aisées du public et n’ont que faire des spectateurs, lecteurs et auditeurs les plus démunis. Ainsi, il sont prêts à payer plus pour avoir accès à un public de consommateurs jeunes, de sexe masculin et blancs, ce qui finit par bouleverser le type de contenu proposé au public. Il devient de plus en plus difficile d’échapper à la propagande mise en place par la publicité. Aux Etats-Unis, nombreux sont les étudiants contraints de regarder des publicités à l’école pour avoir accès à des programmes éducationnels « sponsorisés. »" Source : FAIR (www.fair.org) La publicité dans la presse : Le prix de vente des publications n’a, le plus souvent, que peu de rapport avec son prix de revient. Un périodique est en effet l’objet d’un double marché : comme pour tous les autres produits, chaque numéro est vendu pour un prix fixé, à chacun de ses acheteurs, mais l’ensemble de son lectorat est acheté, en bloc, par des annonceurs qui placent leurs placards et leurs annonces dans ses pages. L’éditeur, associant ces deux types de recettes, fixe le prix de vente, qui n’a plus de rapport direct avec le prix de revient de l’exemplaire. Alors que l’acheteur-lecteur est essentiellement attiré par la qualité du contenu et en partie par l’aspect du contenant, les annonceurs ne prennent en compte que la qualité du lectorat et sa capacité à acheter leurs produits ou leurs services. De là naît l’extrême complexité de l’économie du double marché de la presse (et aussi de la plupart des autres médias). Source : Pierre Albert, La presse française, La documentation française, Paris 2004 Quelques faits marquants : En moyenne, les Américains voient 400 à 600 spots publicitaires par jour, c’est-à-dire, 40 à 50 millions quand ils atteignent 60 ans. « Un enfant de 6 à 9 mois est assis devant la télévision pendant une heure et demi chaque jour. D’ici à ce que l’enfant atteigne l’âge de trois ans, le temps passé devant la télévision aura augmenté à quatre heures par jour. Statistique Canada rapporte que les enfants de 2 à 11 ans regardent une moyenne de 18,5 heures de télévision par semaine. Ce nombre d’heures serait plus élevé n’eut été le temps passé à l’école. » (Jeffery Derevensky, Montreal Gazette, mai 1997 ) L’écoute répétée de messages publicitaires télévisés de jouets par les enfants a fait grimper les ventes de jouets au Canada à 1,5 milliards de dollars (à l’exclusion des jeux vidéos).( Association des manufacturiers canadiens de jouets, 2001 ) Selon un sondage Louis Harris réalisé les 6 et 7 novembre 1998 pour le Ministère de la Culture et de la Communication, 68% des personnes interrogées étaient favorable au projet du Premier Ministre de l’époque de limiter fortement la durée maximale de la publicité à la télévision. Un autre sondage réalisé par la Sofres pour le Figaro montrait le 30 septembre 1998 que 66% des Français « contestaient la trop grande place tenue par la publicité sur les antennes de télévision. ». Le rapport du Ministère de la Culture et de la Communication de l’époque indique d’autre part que « ceux qui se satisfont de la situation actuelle constituent une petite minorité : 6 % ». www.observatoire-medias.info