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Au Québec comme ailleurs au Canada, l’exercice des infirmières et des infirmières praticiennes est
réglementé par les ordres infirmiers dont le principal mandat est la protection du public. Chaque
province canadienne possède son propre cadre législatif pour réglementer l’exercice des infirmières
praticiennes. Des travaux pancanadiens ont permis de constater de nombreuses disparités entre notre
réglementation et celle des autres provinces canadiennes. Ce document entend démontrer que la
réglementation concernant les infirmières praticiennes influence leur pratique clinique. Lorsqu’elle est
restrictive, elle ne favorise pas l’utilisation optimale de cette ressource professionnelle pour améliorer
l’accès à des soins efficients et en temps opportun pour le patient. Plusieurs éléments comparatifs
seront discutés quant aux activités médicales exercées par les infirmières praticiennes. Nous proposons
des recommandations pour optimiser la contribution des infirmières praticiennes du Québec pour
mieux servir la population.
Au début de 2003, la Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans
le domaine de la santé, appelée communément « Loi 90 », a permis de créer le rôle de l’infirmière
praticienne spécialisée (IPS) au Québec. À ce jour, il existe quatre spécialités d’IPS : la cardiologie, la
néphrologie, la néonatalogie (2005) et, plus récemment, les soins de première ligne (2007). De plus,
des travaux sont en cours pour la création de la spécialité oncologique. L’OIIQ compte présentement
182IPS dont 125 en soins de première ligne (Annexe I). Elles prodiguent une grande variété de soins
etde services de santé à une population de tout âge et dans des lieux de pratique diversifiés.
Six règlements assurent l’encadrement juridique de la pratique des IPS et ils relèvent tantôt de l’OIIQ,
tantôt du Collège des médecins du Québec (CMQ), ou encore de l’Office des professions du Québec
et du gouvernement du Québec. Plus récemment au Canada, la Loi réglementant certaines drogues et
autres substances autorise les IPS à prescrire des narcotiques et des benzodiazépines (Annexe 2). De
plus, des lignes directrices conjointes OIIQ CMQ sur les modalités de pratique de l’IPS établissent les
paramètres généraux et particuliers de chacune des spécialités.
Mentionnons que la formation de l’IPS consiste en un cumul d’une maîtrise en sciences infirmières et
d’un diplôme complémentaire en sciences médicales totalisant 75 crédits universitaires. La formation,
d’une durée de deux à trois ans, donne accès à un certificat de spécialiste délivré par l’OIIQ, à condition
de réussir un examen de certification élaboré par un comité formé d’IPS et de médecins.
L’exercice de l’infirmière praticienne a fait l’objet de multiples recherches dans le domaine de la santé.
Plus de 1 200 publications comprenant des études descriptives et des essais contrôlés ont démontré
la pratique sécuritaire et efficace des IPS et sa plus-value pour augmenter l’accès aux soins. Les études
menées par la Dre Alba DiCenso, de l’Université McMaster, mettent en évidence la pratique sécuritaire
des IPS dans différents milieux cliniques. Aucune étude ne démontre qu’il y a danger. Aucun autre
groupe professionnel ne peut faire état de telles preuves de sécurité et d’efficacité (NPAO, 2009).
Les travaux relatifs à l’accord sur le commerce intérieur entre les ordres infirmiers canadiens visant
la mobilité de la main-d’œuvre au Canada ont fait ressortir les limites de la pratique des IPS au
Québec comparativement à celle de leurs collègues praticiennes des autres provinces, privant ainsi
les Québécois d’un accès accru aux services de santé. Par conséquent, les provinces de la Colombie-
Britannique et de l’Alberta ont clairement signifié à l’OIIQ qu’elles ne voulaient pas accueillir les IPS
INTRODUCTION
Situation au Québec