MÉMOIRE OPTIMISER Mars 2013 LA CONTRIBUTION DES infirmières praticiennes spécialisées POUR MIEUX SERVIR LA POPULATION QUÉBÉCOISE Adopté par le Conseil d’administration de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec le 14 décembre 2012 Coordination et rédaction Suzanne Durand Directrice Direction, Développement et soutien professionnel COLLABORATION À LA RÉDACTION Martine Maillé Infirmière-conseil Direction, Développement et soutien professionnel Remerciements à l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec pour leur soutien à la rédaction du document. Production Service des publications Sylvie Couture Chef de service Claire Demers Adjointe à l’édition Direction des services aux clientèles et promotion, OIIQ conception graphique de la couverture Le Groupe Flexidée réalisation graphique Le Groupe Flexidée Révision linguistique Claire Saint-Georges correction d’épreuves Odette Lord Distribution Ordre des infirmières et infirmiers du Québec Vente des publications 4200, boulevard Dorchester Ouest Westmount (Québec) H3Z 1V4 Téléphone : 514 935-2501 ou 1 800 363-6048 Télécopieur : 514 935-3770 [email protected] www.oiiq.org DÉPÔT LÉGAL Bibliothèque et Archives Canada, 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2013 ISBN 978-2-89229-604-4 (PDF) © Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, 2013 Tous droits réservés Note — Conformément à la politique rédactionnelle de l’OIIQ, le féminin est utilisé uniquement pour alléger la présentation. Table des matières SOMMAIRE de gestion.................................................................................................................................................................................................... 2 INTRODUCTION...................................................................................................................................................................................................................... 3 SITUATION AU QUÉBEC.......................................................................................................................................................................................................... 3 PRESCRIRE DES MÉDICAMENTS..................................................................................................................................................................................... 6 L’INFIRMIÈRE PRATICIENNE SPÉCIALISÉE EN SOINS DE PREMIÈRE LIGNE............................................................................................................ 6 L’INFIRMIÈRE PRATICIENNE SPÉCIALISÉE QUI EXERCE EN MILIEU HOSPITALIER................................................................................................ 8 PRESCRIPTION DES ANALYSES DE LABORATOIRE ET DES EXAMENS D’IMAGERIE MÉDICALE....................................................10 AMORCER UN TRAITEMENT POUR LES MALADIES CHRONIQUES LES PLUS FRÉQUENTES............................................................12 DONNER UN CONGÉ MÉDICAL À UN PATIENT.......................................................................................................................................................14 PROCÉDER À UNE CONSULTATION AUPRÈS DES MÉDECINS SPÉCIALISTES..........................................................................................16 RÉDIGER DES ATTESTATIONS MÉDICALES RELATIVEMENT AUX INDEMNITÉS DE REMPLACEMENT DU REVENU (CSST) ET DES VICTIMES DE LA ROUTE (SAAQ)..........................................................................................................................19 OFFRIR DES SOINS DE SANTÉ AUX TRAVAILLEURS.................................................................................................................................................... 19 OFFRIR DES SOINS DE SANTÉ AUX VICTIMES DE LA ROUTE..................................................................................................................................20 CONCLUSION.........................................................................................................................................................................................................................21 ANNEXE 1 – SOMMAIRE DES EFFECTIFS IPS EN DATE DU 19 février 2013.................................................................................................. 22 ANNEXE 2 – LISTE DES RÈGLEMENTS ENCADRANT LA PRATIQUE DE L’IPS................................................................................................... 23 ANNEXE 3 – NOMBRE COMPARATIF D’HEURES D’ENSEIGNEMENT CLINIQUE DANS LES PROGRAMMES DE FORMATION IP AU CANADA....................................................................................................................................................................................... 24 NOMBRE COMPARATIF D’HEURES D’ENSEIGNEMENT THÉORIQUE DANS LES PROGRAMMES DE FORMATION IP AU CANADA........................................................................................................................................................................................24 ANNEXE 4 – POUVOIR DE PRESCRIRE DES IP TABLEAU COMPARATIF DU QUÉBEC ET DE PROVINCES LIMITROPHES .................. 25 ANNEXE 5 – RÉSUMÉ DES RECOMMANDATIONS.................................................................................................................................................... 29 RÉFÉRENCES...........................................................................................................................................................................................................................31 SOMMAIRE DE GESTION Depuis janvier 2003, un nouveau cadre législatif québécois (« Loi 90 ») établit le champ d’exercice et les activités réservées des professionnels de la santé, notamment des infirmières. Ce cadre a aussi permis la création du rôle de l’infirmière praticienne spécialisée (IPS) dans quatre spécialités : la néonatalogie, la néphrologie, la cardiologie et les soins de première ligne. Aujourd’hui, nous comptons sur la contribution de plus de 170 IPS pour améliorer l’accessibilité des soins et assurer la prise en charge et le suivi des clientèles souffrant de maladies chroniques. Au Québec, comme partout ailleurs au Canada, l’exercice des IPS est balisé par une réglementation qui varie d’une province à l’autre. Des travaux pancanadiens révèlent de nombreuses disparités entre notre réglementation et celles des autres provinces canadiennes qui ne favorisent pas, au Québec, une contribution optimale des compétences des IPS pour améliorer le système de santé et l’accès aux soins pour les patients. Pourtant, la formation universitaire de deuxième cycle des IPS québécoises est largement supérieure en termes d’heures d’enseignements théorique et clinique à celle des autres provinces du Canada. L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), par son mandat de protection du public, remet en question la réglementation actuelle qui prive le patient de recevoir les bons soins au bon moment. Il nous paraît évident que le cadre législatif et réglementaire qui régit les IPS au Québec n’arrive pas à suivre l’évolution scientifique, par exemple en matière de développement de nouveaux médicaments et de production de données probantes sur les traitements reconnus, et ce, pour tous les types de clientèles. En effet, prescrire à partir d’une liste prédéterminée ne permet pas à l’IPS de donner des soins efficaces au moment opportun, lésant ainsi le patient. Non seulement le traitement du patient est retardé, mais il y a double emploi de ressources professionnelles. Pour que l’IPS au Québec puisse mettre toutes ses connaissances et ses compétences au service des patients, il faut repenser la réglementation. Le présent mémoire intitulé Optimiser la contribution des IPS pour mieux servir la population québécoise vise à faire état du contexte de pratique des IPS québécoises comparativement à celui des IPS canadiennes, américaines et britanniques. Nous proposons des recommandations concernant six activités professionnelles, soit : • La prescription des médicaments et autres substances ; • La prescription des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie médicale ; • L’amorce d’un traitement pour les maladies chroniques les plus fréquentes ; • Le congé hospitalier ; • La consultation des médecins spécialistes ; • La rédaction des attestations médicales relativement aux régimes d’indemnisation de la CSST et de la SAAQ. Les changements réglementaires et administratifs demandés serviraient grandement l’intérêt du public, car les retombées possibles sur les patients sont considérables. 2 INTRODUCTION Au Québec comme ailleurs au Canada, l’exercice des infirmières et des infirmières praticiennes est réglementé par les ordres infirmiers dont le principal mandat est la protection du public. Chaque province canadienne possède son propre cadre législatif pour réglementer l’exercice des infirmières praticiennes. Des travaux pancanadiens ont permis de constater de nombreuses disparités entre notre réglementation et celle des autres provinces canadiennes. Ce document entend démontrer que la réglementation concernant les infirmières praticiennes influence leur pratique clinique. Lorsqu’elle est restrictive, elle ne favorise pas l’utilisation optimale de cette ressource professionnelle pour améliorer l’accès à des soins efficients et en temps opportun pour le patient. Plusieurs éléments comparatifs seront discutés quant aux activités médicales exercées par les infirmières praticiennes. Nous proposons des recommandations pour optimiser la contribution des infirmières praticiennes du Québec pour mieux servir la population. Situation au Québec Au début de 2003, la Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé, appelée communément « Loi 90 », a permis de créer le rôle de l’infirmière praticienne spécialisée (IPS) au Québec. À ce jour, il existe quatre spécialités d’IPS : la cardiologie, la néphrologie, la néonatalogie (2005) et, plus récemment, les soins de première ligne (2007). De plus, des travaux sont en cours pour la création de la spécialité oncologique. L’OIIQ compte présentement 182 IPS dont 125 en soins de première ligne (Annexe I). Elles prodiguent une grande variété de soins et de services de santé à une population de tout âge et dans des lieux de pratique diversifiés. Six règlements assurent l’encadrement juridique de la pratique des IPS et ils relèvent tantôt de l’OIIQ, tantôt du Collège des médecins du Québec (CMQ), ou encore de l’Office des professions du Québec et du gouvernement du Québec. Plus récemment au Canada, la Loi réglementant certaines drogues et autres substances autorise les IPS à prescrire des narcotiques et des benzodiazépines (Annexe 2). De plus, des lignes directrices conjointes OIIQ CMQ sur les modalités de pratique de l’IPS établissent les paramètres généraux et particuliers de chacune des spécialités. Mentionnons que la formation de l’IPS consiste en un cumul d’une maîtrise en sciences infirmières et d’un diplôme complémentaire en sciences médicales totalisant 75 crédits universitaires. La formation, d’une durée de deux à trois ans, donne accès à un certificat de spécialiste délivré par l’OIIQ, à condition de réussir un examen de certification élaboré par un comité formé d’IPS et de médecins. L’exercice de l’infirmière praticienne a fait l’objet de multiples recherches dans le domaine de la santé. Plus de 1 200 publications comprenant des études descriptives et des essais contrôlés ont démontré la pratique sécuritaire et efficace des IPS et sa plus-value pour augmenter l’accès aux soins. Les études menées par la Dre Alba DiCenso, de l’Université McMaster, mettent en évidence la pratique sécuritaire des IPS dans différents milieux cliniques. Aucune étude ne démontre qu’il y a danger. Aucun autre groupe professionnel ne peut faire état de telles preuves de sécurité et d’efficacité (NPAO, 2009). Les travaux relatifs à l’accord sur le commerce intérieur entre les ordres infirmiers canadiens visant la mobilité de la main-d’œuvre au Canada ont fait ressortir les limites de la pratique des IPS au Québec comparativement à celle de leurs collègues praticiennes des autres provinces, privant ainsi les Québécois d’un accès accru aux services de santé. Par conséquent, les provinces de la ColombieBritannique et de l’Alberta ont clairement signifié à l’OIIQ qu’elles ne voulaient pas accueillir les IPS 3 du Québec sans formation supplémentaire. Ces provinces considèrent que les IPS du Québec sont limitées dans leur pratique, notamment parce qu’elles ne peuvent pas amorcer le traitement des maladies chroniques les plus fréquentes. Pourtant, le nombre d’heures de formation théorique et de stages cliniques des IPS québécoises est bien supérieur à celui des autres provinces canadiennes (Annexe 3). Récemment, les modifications réglementaires obtenues par l’ordre infirmier ontarien pour les IPS mettent davantage en évidence l’écart entre la pratique de nos IPS et celle des IPS ailleurs au Canada. L’Annexe 4 présente un tableau comparant les activités exercées par les IPS du Québec et celles exercées par les IP de deux provinces limitrophes, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick. De plus, nous remarquons que les écarts se répercutent aussi dans les autres provinces canadiennes. Il s’ensuit que les infirmières praticiennes des autres provinces canadiennes qui viendraient exercer au Québec verraient leur pouvoir de prescription diminué substantiellement. Notre pouvoir d’attraction et de rétention en est d’autant affaibli. Il nous paraît évident que le cadre législatif et réglementaire qui régit les IPS au Québec n’arrive pas à suivre l’évolution scientifique, par exemple en matière de développement de nouveaux médicaments et de production de données probantes sur les traitements reconnus pour tous les types de clientèles. Il est dans l’intérêt de la population que les IPS puissent prescrire davantage et de façon plus flexible afin de pouvoir traiter une grande partie des problèmes de santé de leurs patients. Lorsque des médicaments sont requis dans le plan de traitement du patient, ce dernier mérite d’avoir accès au meilleur choix disponible. Prescrire à partir d’une liste prédéterminée empêche l’IPS d’occuper pleinement son champ d’exercice, diminue son efficacité et alourdit considérablement les processus de soins. En définitive, ce pouvoir de prescription limité lèse le patient. Un système basé sur des listes, même s’il semble rationnel, ne fait pas que retarder le traitement du patient, il engendre un chevauchement des services et une mauvaise allocation des ressources. Ainsi, l’OIIQ recommande des modifications réglementaires et des mesures administratives pour améliorer l’accessibilité des soins et des services de santé à la population, réduire les temps d’attente et optimiser la contribution des IPS. Les changements souhaités concernent : • La prescription des médicaments et autres substances ; • La prescription des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie médicale ; • L’amorce d’un traitement pour les maladies chroniques les plus fréquentes ; • Le congé hospitalier ; • La consultation des médecins spécialistes ; • La rédaction des attestations médicales relativement aux régimes d’indemnisation de la CSST et de la SAAQ. Ces changements serviraient grandement l’intérêt public. Voici quelques exemples des retombées possibles des amendements réglementaires et modifications des mesures administratives demandés : • Les patients pourraient avoir un accès immédiat aux médicaments appropriés à leur état de santé ; • Les patients pourraient obtenir une ordonnance de médicaments combinés ; • Les patients pourraient réclamer, auprès de leur compagnie d’assurance, des médicaments ou autres substances en vente libre ; • Les patients pourraient être traités par l’IPS pour les maladies chroniques les plus fréquentes, telles que le diabète, l’asthme, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’hypothyroïdie, etc. ; • Les patients pourraient avoir accès aux analyses de laboratoire et aux examens médicaux nécessaires, selon les données probantes, qui permettraient de compléter leur bilan de santé ; 4 • Les patients pourraient recevoir sans délai le traitement reconnu scientifiquement et approprié à leur état de santé ; • Les patients pourraient recevoir leur congé hospitalier sans délai si leur condition de santé le permet ; • Les patients auraient accès plus rapidement aux nouveaux médicaments et traitements appropriés à leur état de santé ; • Dans les régions isolées et éloignées, où les ressources humaines sont limitées, les patients pourraient eux aussi recevoir le traitement approprié au bon moment ; • Les travailleurs et les victimes de la route auraient accès plus facilement à des services préventifs et curatifs offerts par la CSST et la SAAQ ; • Une meilleure utilisation des ressources humaines. Finalement, ces changements réglementaires aideraient à réduire le risque de complications, préviendraient la détérioration de l’état de santé du patient et contribueraient à traiter plus rapidement les maladies. 5 PRESCRIRE DES MÉDICAMENTS Étant donné l’évolution scientifique rapide et la diversité des pratiques des IPS, l’OIIQ souhaite le retrait des listes de classes de médicaments pour les IPS en soins de première ligne et des règles d’utilisation des médicaments (RUM) pour les IPS en milieu hospitalier. Nous demandons que toutes les IPS puissent prescrire des médicaments de manière plus large et plus flexible. Les IPS ont la compétence pour prescrire des médicaments et cette activité fait partie intégrante du processus de soins et de traitement du patient. Avant de prescrire, l’IPS procède à une évaluation exhaustive de l’état de santé du patient, fait l’examen physique et établit l’anamnèse. L’IPS formule une impression diagnostique, processus systématique d’analyse qui lui permet de bien cibler le problème de santé du patient. L’IPS vérifie les médicaments pris par le patient afin de réduire le risque d’interactions potentielles. L’IPS comprend comment et pourquoi ce médicament est utilisé pour traiter le problème de santé du patient et elle tient compte des caractéristiques de ce dernier qui pourraient modifier l’effet désiré du médicament. Promouvoir une thérapie optimale pour le patient implique aussi l’éducation à la santé pour encourager l’adhésion au traitement. Ainsi, l’IPS est en mesure d’assurer le suivi du patient pour vérifier l’effet désiré du médicament et de prendre les mesures nécessaires si le traitement ne donne pas les résultats escomptés. En fait, l’IPS prescrit les médicaments qu’elle a la compétence de prescrire et sa formation couvre l’ensemble du continuum : évaluation, impression diagnostique et traitement. La tendance canadienne est d’autoriser la prescription ouverte de médicaments pour les IPS. En effet, la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador ont tous accordé à leurs IP une autorisation ouverte de prescrire. Il en est de même pour la plupart des États américains. La dépendance à toutes formes de nomenclatures, par médicament ou par classe de médicaments, constitue une restriction au champ d’exercice des IPS. C’est aussi une restriction à l’accessibilité des soins pour le patient. Restreindre l’habilité des IPS à utiliser au bon moment le médicament le plus approprié et le plus courant se fait au détriment de la sécurité de la population et à l’encontre du meilleur intérêt du patient. L’infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne La liste réglementée des médicaments que peut prescrire l’IPS en soins de première ligne contient 119 classes, 11 médicaments hors formulaire et 42 médicaments d’exception. Même si ces nombres semblent importants, cette liste n’en demeure pas moins restrictive et très incomplète. Il est difficile d’assurer un contrôle constant de cette liste fondée sur la classification utilisée par la RAMQ pour établir la Liste de médicaments couverts par le régime général d’assurance médicaments du Québec, puisqu’elle est mise à jour deux à trois fois par année. Les modifications apportées peuvent soustraire une classe de médicaments, changer des médicaments de classes, retirer des médicaments, etc. D’ailleurs, ces modifications incessantes engendrent un nombre important d’appels d’IPSPL ou de pharmaciens et constituent un risque pour le patient. De plus, la réglementation amendée en janvier 2012 par suite de travaux menés il y a deux ans est déjà désuète, car le processus jusqu’à l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions est très long. 6 Parlons de la liste de médicaments et de ses retombées. D’abord, il n’y a aucun lien entre l’utilisation d’une liste de médicaments et la prescription sécuritaire des médicaments. Il n’y a rien dans la liste qui indique à l’IPS qu’elle sélectionne le bon médicament ou choisit la bonne dose pour traiter tel ou tel problème de santé. C’est plutôt la formation de l’IPS, ses compétences en matière d’évaluation du patient et son utilisation des données probantes qui assurent la prescription sécuritaire d’un médicament. De plus, il est impossible de prévoir et d’énumérer chaque médicament qu’une IPS pourrait avoir besoin de prescrire à son patient. La liste de médicaments est rigide : le médicament y est inscrit ou non. Si le médicament n’est pas sur la liste, l’IPS ne peut pas le prescrire, y compris les médicaments en vente libre. Si un médicament n’est plus vendu, l’IPS ne peut pas prescrire le médicament équivalent recommandé s’il n’est pas dans la liste. Si le patient a besoin de recevoir un médicament combiné, même si l’IPS peut prescrire chacune des composantes du médicament, elle ne pourra pas prescrire le médicament combiné s’il n’est pas dans la liste. Par exemple, Clindoxyl®, un médicament pour le traitement de l’acné, est composé de peroxyde de benzoyle et de clindamycine. Ces médicaments peuvent être prescrits séparément par l’IPS, mais pas la combinaison des deux, puisqu’elle ne se trouve pas sur la liste. De plus, la liste ne permet pas de suivre ni les recommandations de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) ni les lignes directrices reconnues. Ainsi, en janvier 2012, l’INESSS publiait une série de guides d’usage optimal des médicaments pour le traitement des ITSS. Le traitement des ITSS, un problème de santé courant, fait partie du champ d’exercice des IPS. Or, certains traitements recommandés (pénicilline G IM, en dose unique ; céfoxitine IM en dose unique ; imiquimod 3,75 % ou 5 % en crème) ne pourront pas être prescrits par l’IPS, car ils ne sont pas inscrits dans la liste. Les IPS devront-elles passer outre aux données probantes et aux lignes directrices pour traiter leurs patients jusqu’à un amendement réglementaire ? Il en est de même avec PradaxMC, pour le traitement d’anticoagulothérapie chez les personnes présentant de la fibrillation auriculaire non valvulaire. Le guide de l’INESSS, publié en décembre 2011, recommande ce médicament pour les patients nécessitant une anticoagulothérapie autre que la warfarine ou la nicoumalone. Non seulement l’IPS ne peut pas prescrire d’anticoagulants, mais elle ne pourra pas renouveler ou ajuster le médicament PradaxMC dans le suivi d’une maladie chronique stable, puisqu’il n’est pas inscrit dans la liste. Lorsque la liste est rigide, il devient difficile de répondre aux besoins des patients. La liste de médicaments ne sert pas l’intérêt public, car il y aura toujours des délais inutiles entre le besoin de prescrire un médicament en particulier, le moment où le Collège des médecins du Québec accepte cette prescription par une IPS, le moment où il sera ajouté à la liste et celui où le règlement entrera en vigueur. Notre expérience en matière d’amendements du règlement des IPS nous indique que c’est un processus de deux ans ; sans compter les erreurs de transcription des amendements à la réglementation en vigueur qui lèsent le pouvoir de prescription des IPS (codification des médicaments modifiée, mauvais alignement des éléments qui fait en sorte d’induire en erreur les IPS et autres professionnels qui consultent la liste, médicament effacé de la liste, etc.). Dans ce contexte, il est impensable de tenir une liste à jour dans un règlement. La liste crée une barrière artificielle entre la compétence de l’IPS à prescrire le traitement médicamenteux optimal et le droit du patient à recevoir ce traitement. L’IPS perd un temps précieux, ainsi que son médecin partenaire, lorsqu’elle doit faire signer une prescription qu’elle a préparée pour le médecin partenaire, mais qu’elle n’est pas en mesure de prescrire parce que le médicament n’est pas inscrit sur la liste. Nous assistons alors à un chevauchement des soins, à l’utilisation inutile des services de deux professionnels et donc, à une façon de faire qui, ultimement, maintient le médecin responsable de cette prescription. 7 Est-ce dans l’intérêt public de restreindre la prescription des IPS à une liste de médicaments ? Les autres provinces canadiennes, y compris tout récemment l’Ontario, ont implanté des solutions plus progressives en retirant les listes. Le Royaume-Uni et plusieurs États américains ont aussi accordé un pouvoir de prescription plus large à leurs IPS. Recommandation de l’OIIQ : L’OIIQ recommande le retrait des listes de médicaments et propose que l’IPS en soins de première ligne puisse prescrire des médicaments lorsqu’ils sont nécessaires pour répondre aux besoins des clients. Ces médicaments doivent être inscrits dans la liste fondée sur la classification utilisée par la Régie de l’assurance maladie du Québec pour établir la Liste de médicaments couverts par le régime général d’assurance médicaments du Québec. L’infirmière praticienne spécialisée qui exerce en milieu hospitalier L’infirmière praticienne spécialisée en néonatalogie, en néphrologie ou en cardiologie prescrit, renouvelle et ajuste les médicaments de sa spécialité selon les règles d’utilisation des médicaments (RUM), adoptées par le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) et le CA de l’établissement où elle exerce. Tout comme pour l’IPS en soins de première ligne, cette modalité limite le pouvoir de prescription et les conséquences négatives décrites pour les soins de première ligne s’appliquent aux infirmières praticiennes travaillant dans les milieux hospitaliers. De plus, l’IPS est confrontée à des difficultés dans le processus d’élaboration des RUM, ce qui fait en sorte que, dans certains hôpitaux universitaires, son pouvoir de prescrire des médicaments est non seulement très limité, mais inexistant. Souvent, les RUM sont aussi balisées que les ordonnances collectives et doivent préciser les indications, les contre-indications, les dosages (dose minimale, dose maximale, etc.), faisant fi des connaissances, des compétences et du jugement clinique des IPS. Par exemple, dans certains milieux, la mise à jour des RUM entraîne de longues discussions et est devenue un processus excessivement ardu au détriment des soins et des traitements à donner au patient. Notons aussi la lourdeur du processus d’acceptation d’une RUM par les différents paliers de l’établissement (comité de pharmacologie, CMDP, CA), les réticences aux changements et la mobilisation de nombreuses ressources humaines pour leur rédaction. De plus, il devient également difficile pour un patient évalué par une IPS en clinique ambulatoire de l’hôpital d’obtenir un médicament (une nouvelle prescription ou un renouvellement de prescription) à la pharmacie communautaire, ce qui retarde encore l’accès à ses médicaments. 8 Recommandation de l’OIIQ : L’OIIQ recommande le retrait des règles d’utilisation des médicaments et propose que l’IPS qui exerce en milieu hospitalier puisse prescrire des médicaments lorsqu’ils sont nécessaires pour répondre aux besoins des clients dans sa spécialité. Ces médicaments doivent être disponibles dans le milieu hospitalier et inscrits sur la liste fondée sur la classification utilisée par la Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ) pour établir la Liste de médicaments fournis en établissements. Pour la clientèle ambulatoire, les médicaments doivent être inscrits dans la liste fondée sur la classification utilisée par la RAMQ pour établir la Liste de médicaments couverts par le régime général d’assurance médicaments du Québec. En conclusion, l’IPS est compétente pour prescrire. Elle est responsable d’exercer ses fonctions à l’intérieur d’un cadre légal et selon son propre niveau de compétence. Le cadre législatif devrait refléter cette responsabilité. Une liste ou une règle d’utilisation des médicaments crée une barrière artificielle entre la compétence de l’IPS à prescrire de façon sécuritaire un médicament et le droit du patient d’avoir accès, au moment opportun, au traitement dont il a besoin. Notons que l’OIIQ est responsable de surveiller l’exercice des IPS dans le but de protéger le public, d’établir des normes de pratique, ainsi que d’assurer la qualité de la pratique professionnelle et le développement continu des compétences. La sécurité du patient est bien protégée par les mécanismes de régulation : règlements, lignes directrices, programme de formation agréé par l’OIIQ et le CMQ, examen de certification, norme professionnelle de formation continue et surveillance de l’exercice au moyen de l’inspection professionnelle. Le retrait de la liste des médicaments et des règles d’utilisation des médicaments contribuerait à assurer un accès immédiat et approprié aux soins de santé pour les Québécois et rehausserait la qualité et la continuité des soins. 9 PRESCRIPTION DES ANALYSES DE LABORATOIRE ET DES EXAMENS D’IMAGERIE MÉDICALE Les IPS prescrivent des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie médicale pour divers besoins, notamment à des fins d’évaluation, de détermination du problème de santé, de surveillance clinique, de dépistage et de traitement. Lorsqu’une IPS prescrit des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie médicale, elle a la responsabilité : • D’expliquer au patient l’utilité médicale et le motif de l’analyse ou de l’examen ; • De communiquer en temps utile les résultats ; • De demander les analyses et les examens d’imagerie médicale pertinents à la situation du patient et d’éviter le double emploi ; • De veiller au suivi adéquat des analyses et des examens d’imagerie prescrits (connaître les résultats, consulter les résultats, assurer un suivi en temps utile, au besoin). La réglementation actuelle exige que l’IPS prescrive les analyses de laboratoire et les examens d’imagerie médicale selon une liste déterminée ou selon des règles de soins médicaux. Ces deux modalités limitent le pouvoir de prescription des IPS et l’efficience de l’évaluation, du traitement et du suivi médical du patient. Le fait de rediriger le patient vers le médecin pour des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie médicale non compris dans cette liste ou ces règles devient un irritant qui entraîne une perte de temps et une hausse des coûts pour le patient. Là encore, il y a double emploi des services des professionnels de la santé. En milieu hospitalier, la rédaction et les procédures d’adoption des règles de soins médicaux sont particulièrement laborieuses et les cliniciens tardent à effectuer la mise à jour ou à élaborer d’autres règles de soins médicaux au détriment des soins aux patients. Tout comme les médicaments, les pratiques cliniques évoluent et les suivis recommandés pour des problèmes de santé particuliers se modifient avec le temps. Limiter la prescription des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie médicale ne permet pas à l’IPS d’appliquer les nouvelles lignes directrices dans le suivi de ses patients. Malgré une mise à jour du règlement des IPS en soins de première ligne en janvier 2012, des analyses de laboratoire et examens d’imagerie médicale qui font maintenant partie des bonnes pratiques pour le suivi des clientèles ne figurent pas dans les listes. Par exemple, l’urée qui est souvent comprise dans les bilans de base et l’IgG pour le dépistage des intolérances alimentaires telles que le lactose, la protéine de lait et les protéines bovines, l’Ac transglutaminase pour la maladie coeliaque (intolérance au gluten) ou le 25 OHD pour le dosage de la vitamine D. Quant aux examens d’imagerie médicale, l’échographie de surface ne devrait pas être limitée qu’au système veineux périphérique. Par exemple, cet examen peut être nécessaire pour rechercher un corps étranger dans un kyste. De plus, la radiographie d’un sinus non prescrite lors d’une première consultation pourrait être prescrite par l’IPS s’il y a une récidive de sinusite. Ainsi, le client pourrait être vu par le médecin partenaire sans délai avec un résultat pouvant orienter le plan médical de ce problème de santé courant. Enfin, à certaines conditions particulières, un examen tel un scan cérébral pourrait être prescrit par une IPS, notamment pour le suivi de clientèles présentant un déficit cognitif ou un étourdissement persistant. 10 Recommandations de l’OIIQ : • L’OIIQ recommande le retrait des listes d’analyses de laboratoire pour les IPS en soins de première ligne et le retrait des règles de soins médicaux pour les IPS exerçant en milieu hospitalier. Les IPS prescrivent des analyses de laboratoire lorsqu’elles sont nécessaires pour répondre aux besoins des patients. • L’OIIQ recommande que l’IPS puisse prescrire les examens d’imagerie médicale dans les domaines suivants : examens radiologiques, examens échographiques, densité osseuse et mammographies, sans préciser les régions anatomiques. Par conséquent, cette recommandation implique le retrait des règles de soins médicaux pour les IPS en milieu hospitalier et une modification de la liste des examens d’imagerie médicale pour les IPS en soins de première ligne. • L’OIIQ recommande que d’autres examens d’imagerie médicale non mentionnés précédemment, pour le suivi d’une maladie chronique ou pour surveiller une blessure, puissent être prescrits par les IPS après consultation du médecin partenaire ou du médecin spécialiste. La prescription de tels examens doit indiquer le nom du médecin. 11 AMORCER UN TRAITEMENT POUR LES MALADIES CHRONIQUES LES PLUS FRÉQUENTES Les maladies chroniques sont d’importants problèmes de santé. Leur incidence et leur prévalence au sein de la population sont en augmentation et la situation pourrait s’accentuer encore davantage (OMS, 2010). Les principales maladies chroniques, en termes de morbidité et de mortalité, sont les cancers, les maladies cardiovasculaires y compris l’hypertension, les maladies respiratoires, le diabète, les maladies de l’appareil musculosquelettique, les maladies mentales et les maladies neurodégénératives. Au Québec, 16,1 % des personnes souffrent d’hypertension, 5,9 % de diabète, 5,5 % de maladies cardiaques, 11,2 % d’arthrite et 8,5 % d’asthme (MSSS, INSPQ et ISQ, 2011, p. 136). La combinaison du vieillissement de la population, de l’exposition aux facteurs de risque, des avancées thérapeutiques ainsi que de l’augmentation de l’espérance de vie des individus atteints contribue à la croissance des maladies chroniques (MSSS, 2012). Selon l’Organisation mondiale de la santé (2010), la prise en charge des maladies chroniques est l’un des plus grands défis de tous les systèmes de santé du monde. Les maladies chroniques qui entraînent principalement des décès prématurés font dorénavant partie des maladies qui causent de grandes souffrances à la population. Puisque cette clientèle aura besoin de plus de suivis sur une base continue autant dans la communauté que dans les hôpitaux, nous croyons que les IPS peuvent contribuer efficacement et davantage à la détermination des maladies chroniques les plus fréquentes et à leur prise en charge. Lorsque l’on compare le résultat des soins des patients gérés par une IPS par rapport à ceux gérés exclusivement par un médecin, les résultats sont comparables et certains sont meilleurs. Les soins fournis par une IPS et par le médecin ont été jugés comme équivalents quant aux résultats sur le patient, notamment concernant le contrôle glycémique, le contrôle de l’hémoglobine glyquée, la satisfaction du patient, la perception de sa santé, le contrôle de l’asthme, le contrôle de la pression artérielle, le statut fonctionnel, le contrôle des lipides (Aleshire, Wheeler et Prevost, 2012). Assurer aux patients un accès au bon traitement au bon moment est essentiel. Présentement, les IPS en soins de première ligne ne peuvent pas amorcer le traitement d’une maladie chronique sans que le médecin partenaire voie le patient et prescrive le traitement initial et le plan de traitement avec les cibles attendues. Au-delà du suivi pour une condition stable, les traitements des maladies chroniques les plus fréquentes telles que le diabète, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’insuffisance cardiaque, les maladies obstructives pulmonaires chroniques, l’asthme, l’arthrite et l’hypothyroïdie pourraient être initiés par l’IPS. Dans leur formation universitaire, les IPS étudient la physiopathologie et la pharmacologie des pathologies chroniques les plus fréquentes, les problèmes de santé liés au vieillissement ainsi que le suivi de ces clientèles selon les lignes directrices reconnues. Les IPS sont qualifiées pour traiter les maladies chroniques. Les soins directs qu’elles donnent tiennent compte d’une perspective holistique, du partenariat patient-professionnel de la santé, du raisonnement clinique expert, des données probantes et des approches de gestion des maladies chroniques. Il a été démontré que la pratique des IPS auprès de ces clientèles a des effets positifs sur les résultats cliniques, la capacité fonctionnelle, l’impact sur la famille, la satisfaction du client et la diminution de l’utilisation des services de santé (Cumbie, Conley et Burman, 2004 ; Ohman-Strickland et al., 2008). Elles peuvent 12 être une ressource pivot dans les soins de santé répondant, entre autres, au besoin d’une population croissante, vieillissante et souffrant de plus en plus de maladies chroniques (Ford, 2010). Augmenter le pouvoir de prescription des IPS en soins de première ligne conduirait à des interventions plus précoces, aiderait à diminuer les complications, le taux d’hospitalisation, le taux de réadmission, la durée de séjour hospitalier et amènerait ultimement une meilleure utilisation des ressources professionnelles en santé. Une recherche récente du C.T. Lamont Primary Health Care Research Centre révèle qu’il y a un gain de performance d’environ 10 % lorsqu’il y a au moins une infirmière praticienne qui travaille avec un médecin auprès des clientèles de maladies chroniques (Russell et al., 2009). La capacité d’amorcer un traitement médicamenteux pour les maladies chroniques les plus fréquentes fait partie de la pratique clinique des infirmières praticiennes des autres provinces canadiennes alors que les IPS du Québec ne peuvent qu’ajuster ou renouveler ces médicaments. De plus, le renouvellement est possible seulement si le médicament a déjà été prescrit par le médecin partenaire. Cette restriction supplémentaire fait en sorte que les IPS qui assurent le suivi de nombreux patients atteints de maladies chroniques, y compris la clientèle orpheline, qui se sont déjà vu prescrire des médicaments par des médecins autres que le médecin partenaire (par exemple : un médecin qui a pris sa retraite, un médecin spécialiste, un médecin à la clinique sans rendez-vous) ne peuvent pas renouveler la prescription sans que le médecin partenaire voie le patient au moins une fois. Recommandation de l’OIIQ : L’OIIQ recommande que les IPS en soins de première ligne puissent amorcer des traitements médicamenteux pour les maladies chroniques les plus fréquentes, par exemple, le diabète, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque, l’hypercholestérolémie, l’asthme, les maladies obstructives pulmonaires chroniques et l’hypothyroïdie. 13 DONNER UN CONGÉ MÉDICAL À UN PATIENT Les infirmières praticiennes admettent des patients et décident de leur congé de façon sécuritaire aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Au Canada, deux provinces ont déjà une réglementation en vigueur autorisant les IPS à admettre un patient et à lui donner son congé hospitalier. L’Ontario a été la première province canadienne à reconnaître cette activité aux IPS. Depuis juillet 2011, elles peuvent accorder leur congé aux patients hospitalisés et depuis juillet 2012, elles traitent aussi les admissions, qu’elles exercent en milieu hospitalier ou dans la communauté. À cet effet, l’Ontario Hospital Association a publié un guide intitulé Enabling Nurse Practitioners to Admit and Discharge: A Guide for Hospitals, en septembre 2012, pour soutenir l’implantation de cette nouvelle activité des IPS. Pour sa part, la Colombie-Britannique a légiféré en septembre 2012 pour habiliter les IPS à admettre les patients et à leur donner leur congé. Ces deux provinces ont jugé nécessaire d’amender leur réglementation afin d’être congruentes à leur programme politique en matière de soins de santé qui visent notamment à : • Fournir des soins de santé centrés sur le patient, sécuritaires et de qualité ; • Diminuer le temps d’attente ; • Améliorer l’accès aux soins de santé ; • Enlever les barrières pour assurer une pratique qui utilise toutes les compétences des IPS ; • Promouvoir une intégration complète des IPS dans le système de la santé ; • Soutenir l’innovation et permettre une collaboration interprofessionnelle plus efficace. Ces décisions par l’Ontario et la Colombie-Britannique visent à considérer l’admission et le congé comme des étapes d’un processus de soins plutôt que comme des actes isolés. De plus, les infirmières praticiennes de l’Île-du-Prince-Édouard peuvent traiter des patients et décider de leur congé hospitalier depuis février 2011 lorsqu’elles sont autorisées à le faire par un médecin traitant. Toutefois, elles ne peuvent admettre de patients. Au Québec, les lignes directrices et la réglementation encadrant la pratique des IPS en milieu hospitalier limitent la possibilité pour celles-ci d’admettre un patient ou de lui donner son congé. Ces activités sont régies par le Règlement sur l’organisation et l’administration des établissements qui prévoit qu’une personne est admise dans un centre hospitalier de soins de courte durée à la suite d’une demande d’admission écrite, accompagnée d’un diagnostic provisoire faite par un médecin ou un dentiste, membre du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de l’établissement et agissant dans les limites de ses privilèges. Ce même règlement stipule que le congé, dans un centre hospitalier, doit être signé par le médecin ou le dentiste traitant. Il en est de même dans un centre hospitalier offrant des soins de longue durée ou dans un centre d’hébergement si le patient a reçu des soins. Dans le cadre de ce mémoire, nous souhaitons, dans un premier temps, cibler uniquement la possibilité pour les IPS du Québec de donner le congé hospitalier. Il faut reconnaître que les IPS participent toujours au processus de planification du congé du patient. Elles traitent les patients tout au long de leur hospitalisation, complètent les étapes nécessaires pour le congé en préparant un résumé du dossier et les ordonnances médicales de départ, et en coordonnant, au besoin, le suivi y compris le lien avec le médecin de famille. Toutefois, elles ne peuvent pas signer le congé. L’habilitation à donner le congé permettrait aussi de transférer les patients dans un autre établissement ou une autre 14 installation, par exemple en réadaptation ou en soins de longue durée. Les restrictions actuelles ont pour conséquences de retarder le congé des patients dans les unités de soins, d’augmenter le temps d’attente, privant ainsi un patient d’un lit dont il a grandement besoin, de fragmenter l’épisode de soins et finalement, de nuire à la continuité des soins. L’OIIQ considère que les IPS ont les connaissances, les habiletés et le jugement clinique pour exercer cette activité. La capacité des IPS de donner le congé aux patients représente une opportunité pour les centres hospitaliers d’améliorer les soins aux patients, d’assurer une meilleure gestion des lits et d’optimiser la contribution des professionnels de la santé, ce qui est loin d’être négligeable. Recommandation de l’OIIQ : L’OIIQ recommande que les IPS puissent procéder au congé médical du patient hospitalisé. 15 PROCÉDER À UNE CONSULTATION AUPRÈS DES MÉDECINS SPÉCIALISTES Nous croyons à un système de santé québécois basé sur des soins centrés sur le client dans lequel les personnes ont accès à une continuité de soins par des professionnels de santé de leur choix. Pour faciliter cet accès, il faut permettre aux IPS, selon l’état de santé des patients, de les diriger vers des médecins spécialistes pour des consultations. La consultation est l’examen d’un patient à la demande écrite d’un autre médecin. Le médecin traitant doit alors demander l’opinion de son collègue spécialiste en raison de la complexité ou de la gravité du cas, ou dans le cas d’une consultation mineure, en raison de l’expertise de ce spécialiste au regard du problème du patient. Le médecin spécialiste consultant doit soumettre son opinion et ses recommandations par écrit au médecin traitant. La consultation entre médecins spécialistes est une demande d’opinion au sujet du diagnostic ou du traitement d’une pathologie chez un patient dont l’état paraît grave ou complexe. Des honoraires sont accordés pour ces consultations à condition que le médecin consultant adresse un rapport au médecin qui lui a dirigé le patient. Le patient peut consulter par lui-même un spécialiste ou tout autre professionnel de la santé. Cependant, sans requête d’un médecin traitant, le médecin spécialiste peut seulement réclamer des honoraires pour l’examen médical spécifique, mais pas les honoraires de la consultation, ce qui est le cas pour une demande de consultation en provenance d’une IPS. Il s’ensuit que la rémunération du médecin spécialiste est approximativement de 13 % à 69 % moindre si c’est une IPS qui demande la consultation pour le patient. De plus, sans les honoraires de consultation, le médecin spécialiste n’a pas l’obligation de communiquer ses conclusions au professionnel qui lui a envoyé le patient. Par exemple, lorsqu’un médecin de famille dirige un patient vers un médecin spécialisé en allergies, ce dernier reçoit une rémunération totale de 110,60 $, soit 61,40 $ pour l’examen médical spécifique et 49,20 $ pour la demande de consultation. Pour le même patient dirigé par une IPS, le médecin spécialiste pourra réclamer uniquement le tarif établi pour l’examen médical spécifique, soit un manque à gagner de 44,5 %. Le tableau suivant présente les principales spécialités médicales que l’IPS pourrait demander en consultation et illustre le pourcentage du manque à gagner pour le médecin spécialiste lorsqu’il n’y a pas de demande de consultation. 16 Consultation des médecins spécialistes en cabinet privé Spécialité médicale Visite principale Supplément de consultation Total Pourcentage de manque à gagner Allergies 61,40 49,20 110,60 44,5 % Cardiologie 67,90 56,20 124,10 45,3 % Dermatologie 47,90 14,30 62,20 23,0 % Gastro-entérologie 64,70 43,80 108,50 40,4 % Neurologie 74,00 60,20 134,20 44,9 % Obstétrique /gynécologie 47,00 34,90 81,90 42,6 % Oto-rhino-laryngologie 50,90 7,80 58,70 13,3 % Pédiatrie 42,40 88,70 131,10 68,0 % Pneumologie 42,25 95,95 138,20 69,4 % Urologue 59,30 17,80 77,10 23,1 % Source : Régie de l’assurance maladie du Québec (octobre 2012). « Tarification des visites », dans Manuel des médecins spécialistes. Une étude de l’Université McMaster et d’IBM Business Consulting Services, Report on the Integration of Primary Health Care Nurse Practitioners into the Province of Ontario, indique que 88 % des IPS qui consultent précisent qu’elles préparent la note de consultation et que le médecin partenaire signe la demande de consultation en y indiquant son numéro de prescripteur. Moins de 10 % indiquent qu’elles dirigent le patient vers le médecin de famille qui voit le patient et prépare la note de consultation. Puisque l’IPS doit faire signer la demande de consultation et faire voir le patient à son médecin partenaire déjà surchargé, il s’ensuit un délai pour la consultation et un chevauchement des soins. En dernier recours, le patient doit se rendre à l’urgence de l’hôpital pour une consultation avec un médecin spécialiste. Dans le modèle actuel, le médecin partenaire peut recevoir un rapport d’un patient qu’il n’a pas nécessairement évalué, puisqu’il a été examiné par l’IPS. De plus, comme c’est le médecin qui reçoit les résultats de la consultation, l’IPS en est informée plus tard. Non seulement nous créons une utilisation inappropriée de l’urgence, mais nous fragmentons aussi la continuité des soins, puisque l’IPS ne reçoit pas directement le rapport de consultation du médecin spécialiste. Pourquoi augmenter le fardeau du médecin partenaire ou celui de l’urgence de l’hôpital ? 17 Pourtant la RAMQ prévoit qu’une sage-femme ou un optométriste peut faire une demande de consultation à un médecin spécialiste. Ainsi, lorsqu’un médecin évalue un patient à la demande d’une sage-femme ou d’un optométriste et produit, à l’intention de ceux-ci, un rapport de son évaluation, de ses recommandations ou du traitement qu’il initie, il est rémunéré selon le tarif de la consultation en fonction du type d’examen effectué. Les IPS travaillent en collaboration avec les différents professionnels de la santé, y compris avec les médecins spécialistes. Les équipes de soins les plus efficaces sont fondées sur la confiance et le respect des connaissances, des compétences et de l’expertise de chacun. Elles prennent des décisions dans le meilleur intérêt des patients. Permettre aux médecins spécialistes de facturer normalement une consultation en provenance d’une IPS améliorerait la collaboration interprofessionnelle et l’accès aux soins pour les patients. Recommandation de l’OIIQ : L’OIIQ recommande que les IPS puissent faire des demandes de consultations auprès des médecins spécialistes et que le manuel de facturation de la RAMQ le prévoie tout comme c’est le cas pour les sages-femmes et les optométristes. Les IPS en soins de première ligne s’entendront avec leur médecin partenaire au sujet des spécialités vers lesquelles elles pourront diriger leurs patients. 18 RÉDIGER DES ATTESTATIONS MÉDICALES RELATIVEMENT AUX INDEMNITÉS DE REMPLACEMENT DU REVENU (CSST) ET DES VICTIMES DE LA ROUTE (SAAQ) Actuellement, les IPS peuvent remplir un certificat d’arrêt de travail ou prescrire une période de convalescence à certaines conditions. D’ailleurs en 2011, l’OIIQ, le CMQ et l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) ont convenu par communiqué de la légitimité de l’IPS à remplir un certificat d’arrêt de travail. Par contre, dans le cadre du régime de prévention et de réparation des lésions professionnelles de la CSST et du processus d’indemnisation des victimes de la route de la SAAQ, seuls les médecins peuvent rédiger et signer les formulaires. Offrir des soins de santé aux travailleurs Au printemps dernier, l’OIIQ était invité à faire une présentation à la Commission de l’économie et du travail sur le projet de loi n° 60, loi visant principalement la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail (CSST) et son application aux domestiques. Or, l’annonce des élections pour septembre 2012 a fait en sorte que la commission parlementaire prévue en août 2012 a été annulée. Pourtant, l’OIIQ y voyait là une occasion favorable de démontrer la contribution des IPS auprès des travailleurs qui présentent une lésion professionnelle due à un problème de santé courant. Dans ses activités cliniques, l’IPS est appelée à évaluer et traiter des patients présentant des problèmes de santé courants, y compris des blessures ou des traumatismes mineurs et des blessures de surutilisation. Mentionnons, par exemple, une lacération nécessitant des points de suture, une brûlure ou une engelure non complexe du premier ou du deuxième degré, un corps étranger dans l’œil, une entorse des extrémités, une lombalgie simple et une bursite. Sauf en cas d’accident de travail ou pour une travailleuse enceinte travaillant dans des conditions dangereuses, l’IPS peut intervenir auprès de la clientèle et délivrer des certificats d’arrêt de travail, car ces activités font partie de son champ d’exercice. En raison de la Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles et de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, l’IPS en soins de première ligne ne peut pas remplir les certificats relatifs à ces régimes. Seuls les médecins peuvent signer l’attestation médicale qui donne la possibilité d’obtenir l’indemnité de remplacement du revenu, peu importe la gravité de la lésion professionnelle. Cette situation freine l’accès rapide à des soins courants et amène très souvent un dédoublement des interventions par les médecins et les IPS. Nous croyons que l’IPS est en mesure de délivrer l’attestation requise pour confirmer l’existence d’un problème de santé courant qu’elle peut reconnaître et traiter, et que la définition de lésion professionnelle devrait être ajustée en ce sens. L’IPS devrait pouvoir remplir le formulaire d’indemnisation de la CSST lorsque la situation clinique du travailleur entre dans son champ d’exercice. Le suivi des femmes enceintes en partenariat avec le médecin partenaire est une autre activité de l’IPS en soins de première ligne. Qui dit femme enceinte, dit aussi travailleuse enceinte ou travailleuse qui allaite. À cet égard, il serait pertinent que l’IPS puisse remplir le formulaire pour les retraits préventifs sans l’exigence de la contre-signature du médecin partenaire, d’autant plus que la décision d’accorder le retrait préventif revient à la CSST. 19 Offrir des soins de santé aux victimes de la route Au même titre que le travailleur, la victime de la route qui présente un problème de santé courant devrait aussi avoir accès à une IPS pour l’évaluation, le traitement et le suivi. Cette intervention doit être reconnue par la SAAQ en vue d’indemniser la victime. Puisqu’il s’agit de procédures administratives et non pas d’une réglementation, l’Ordre est particulièrement étonné qu’après cinq ans de demandes répétées au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), ce dossier soit toujours en suspens. Recommandations de l’OIIQ : L’OIIQ demande la reprise des travaux sur le projet de loi n° 60 afin de permettre aux IPS en soins de première ligne de délivrer les attestations requises pour confirmer l’existence d’un problème de santé courant relativement au régime d’indemnité de remplacement du revenu de la CSST. De plus, nous demandons la modification de la Loi sur la santé et la sécurité du travail afin qu’elle prévoie que le certificat de retrait préventif de la travailleuse enceinte ou qui allaite puisse être délivré par une infirmière praticienne spécialisée. L’OIIQ recommande que le MSSS revoie les procédures administratives du processus d’indemnisation des victimes de la route (SAAQ) pour autoriser les IPS en soins de première ligne, qui évaluent et traitent la victime de la route présentant un problème de santé courant, à établir et signer l’attestation médicale. 20 CONCLUSION L’OIIQ met de l’avant une dizaine de recommandations concrètes et réalistes pour optimiser la contribution des IPS afin de mieux servir la population québécoise. Ailleurs au Canada et dans plusieurs pays comparables au Canada, les lois et les politiques de santé permettent aux IPS d’utiliser pleinement leurs compétences et leurs habiletés pour satisfaire les besoins en soins de santé d’une population croissante, vieillissante et atteinte de maladies chroniques. Le Québec doit aussi prendre les moyens pour mieux intégrer les IPS au réseau de la santé tant en milieu hospitalier que dans la communauté. Le patient doit recevoir le traitement approprié à son état en temps opportun. Pour ce faire, il faut éliminer les barrières qui limitent l’étendue des activités cliniques des IPS. Il faut à tout prix repenser la réglementation et les différentes mesures administratives qui régissent le cadre de pratique des IPS. Ce mémoire invite tout particulièrement le CMQ et le MSSS à réviser les modalités favorisant une contribution optimale des IPS auprès des patients. Le but ultime est de permettre aux IPS d’être un levier important dans l’accès au système de santé québécois au bénéfice de la population. 21 ANNEXE 1 Sommaire des effectifs ips en date du 19 février 2013 22 Spécialité Nombre d’IPS certifiées Nombre de CIPS admissibles à l’examen Cardiologie 31 2 Néphrologie 14 0 Néonatalogie 12 3 Soins de première ligne 125 26 TOTAL 182 31 ANNEXE 2 LISTE DES RÈGLEMENTS ENCADRANT LA PRATIQUE DE L’IPS Règlement Objectif Auteur Règlement sur les activités visées à l’article 31 de la Loi médicale qui peuvent être exercées par des classes de personnes autres que des médecins Habiliter les IPS à pratiquer les activités médicales prévues selon leur spécialité. Collège des médecins du Québec Règlement sur les classes de spécialités de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour l’exercice des activités visées à l’article 36.1 de la Loi sur les infirmières et les infirmiers Définir les conditions et modalités de délivrance du certificat de spécialiste obligatoire pour exercer à titre d’IPS. Ordre des infirmières et infirmiers du Québec Règlement sur les comités de la formation de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec Créer un comité consultatif dont le mandat est d’examiner les questions relatives à la qualité de la formation de l’IPS. Gouvernement du Québec Règlement sur les conditions et modalités de vente des médicaments Officialiser la fonction de prescripteur de l’IPS. Office des professions du Québec Règlement sur les diplômes délivrés par les établissements d’enseignement désignés qui donnent droit aux permis et aux certificats de spécialistes des ordres professionnels Décrire les diplômes d’admissibilité à l’examen d’IPS. Gouvernement du Québec Règlement sur les nouvelles catégories de praticiens Habiliter les IP des provinces canadiennes à prescrire des médicaments contrôlés conformément aux lois de la province où elles exercent. Gouvernement du Canada 23 ANNEXE 3 NOMBRE COMPARATIF D’HEURES D’ENSEIGNEMENT CLINIQUE DANS LES PROGRAMMES DE FORMATION IP AU CANADA Province Enseignement clinique (heures) Québec (toutes les universités) 950 Alberta (University of Alberta) 700 Nouveau-Brunswick (University of New-Brunswick) 700 Colombie-Britannique (University of British Columbia) 794 Ontario 700 Ontario (diplôme en soins de santé primaires) 416 Moyennes canadiennes 764,6 heures* *La moyenne canadienne provient du rapport Nurse Practitioner Education in Canada publié par l’Association canadienne des écoles de sciences infirmières en 2011. NOMBRE COMPARATIF D’HEURES D’ENSEIGNEMENT THÉORIQUE DANS LES PROGRAMMES DE FORMATION IP AU CANADA Province 24 Enseignement théorique (heures) Québec (toutes les universités) 630 Alberta (University of Alberta) 429 Nouveau-Brunswick (University of New-Brunswick) 468 Colombie-Britannique (University of British Columbia) 492 Ontario 234 Ontario (diplôme en soins de santé primaires) 273 25 Analyses de laboratoire Constat : Limitation réglementaire. Soins de première ligne : Maximum d’analyses permises par domaine : • Pathologie : une seule analyse • Biochimie /sang : 40 analyses • Biochimie /urine : 7 analyses • Cytologie : 3 analyses • Hématologie : 7 analyses • Microbiologie : 23 analyses • Dépistage anténatal : 7 analyses La liste peut être différente d’un centre à l’autre. Spécialité hospitalière : Liste des analyses déterminées par des règles de soins médicaux. Constat : Sans limitation réglementaire. Pathologie anatomique : • Biochimie • Coagulation • Cytopathologie • Hématologie • Immunologie • Microbiologie • Génétique moléculaire • Médecine nucléaire • Sérologie • Suivi thérapeutique pharmacologique • Médecine transfusionnelle • Virologie Peuvent prescrire des examens de laboratoire dans les domaines suivants selon la population qu’elles servent et le cadre de leur pratique. Il n’y a pas de liste prédéterminée dans chaque domaine. NOUVEAU-BRUNSWICK POUVOIR DE PRESCRIRE DES IP TABLEAU COMPARATIF DU QUÉBEC ET DE PROVINCES LIMITROPHES Peuvent prescrire des examens de laboratoire dans les domaines suivants selon la population qu’elles servent et le cadre de leur pratique. QUÉBEC ANNEXE 4 Constat : Sans limitation réglementaire. Peuvent prescrire des analyses en fonction des besoins en soins de leurs clients et doivent se conformer aux principes énoncés dans la norme. ONTARIO 26 Examens d’imagerie médicale Constat : Limitation réglementaire. Maximum d’examens radiologiques • Tête et cou : 2 examens • Thorax : 2 examens • Membres supérieurs : 8 examens • Membres inférieurs : 8 examens • Abdomen : un seul examen • Divers : 2 examens Maximum d’examens échographiques • Sein (thorax) : 2 types d’examen • Abdomen : 2 examens • Obstétrique : un seul examen • Organes génitaux : un seul examen • Échographie de surface : un seul examen Soins de première ligne : Nombre d’examens radiologiques et échographiques permis par catégories : La liste peut être différente d’un centre à l’autre. Spécialité hospitalière : Liste des examens radiologiques déterminés par des règles de soins médicaux. QUÉBEC Constat : Limitation réglementaire par domaine, mais les IP peuvent prescrire d’autres examens radiologiques non prévus au règlement à certaines conditions. D’autres examens d’imagerie médicale pour suivre une maladie chronique ou surveiller une blessure peuvent être prescrits après avoir consulté le médecin consultant de l’IP. La prescription de tels examens doit indiquer le nom du médecin. L’IP peut prescrire de tels examens dans les domaines suivants : • Radiographies générales • Échographies • Densité osseuse • Mammographies NOUVEAU-BRUNSWICK Constat : Limitation réglementaire. Examen d’ultrasonoscopie • Abdomen • Bassin (y compris à des fins obstétriques) • Seins Les IP sont autorisées à prescrire les radiographies suivantes : • Thorax • Côtes • Bras • Poignet • Jambe • Mammographie ONTARIO 27 Constat : Limitation réglementaire. Les médicaments liés aux maladies chroniques ne peuvent être initiés. Ils sont codés soit R (renouveler), soit A (ajuster). Cette liste est codifiée, c’est-à-dire qu’une codification (prescrire, renouveler ou ajuster) et parfois des conditions particulières (durée) sont précisées pour chaque médicament ou produit. Soins de première ligne : Liste de médicaments limitée à la liste de médicaments couverts par le régime général d’assurance médicaments. Cette liste contient moins de 200 médicaments et produits. La liste peut être différente d’un centre à l’autre. Spécialité hospitalière : La liste des médicaments est déterminée par des règles d’utilisation des médicaments en vigueur dans les centres hospitaliers. Constat : Sans limitation réglementaire. Il n’y a pas de codification (prescrire, renouveler ou ajuster) relativement à la liste disponible de l’ANORP. l’annexe I1 des annexes nationales de l’Association nationale des organismes de réglementation de la pharmacie (ANORP) : 1 417 médicaments disponibles. • Les IP peuvent rédiger une ordonnance pour les médicaments en vente libre, s’il y a lieu (annexes II2 et III3 de l’ANORP) : 275 médicaments et produits disponibles. • Les médicaments mentionnés à Les IP ont le pouvoir de prescrire des médicaments comme suit : NOUVEAU-BRUNSWICK Constat : Sans limitation réglementaire. Il n’y a plus de liste. Les IP peuvent prescrire les médicaments appropriés à la condition du client. ONTARIO 3. Annexe III : des produits peuvent présenter des risques pour certaines personnes. Bien que disponibles sans ordonnance, ces médicaments sont destinés à être vendus à partir de la zone de libre choix de la pharmacie qui est exploitée et supervisée par le pharmacien. Cet environnement accessible au client correspond clairement à la « zone de services professionnels » de la pharmacie. Le pharmacien est disponible pour aider le client à faire une sélection de produit ou de médicament. 2. Annexe II : moins strictement réglementés, mais nécessitent l’intervention du pharmacien au point de vente et, parfois, l’orientation vers un praticien. Même si une ordonnance n’est pas nécessaire, les médicaments ne sont disponibles que par l’intermédiaire du pharmacien et ils doivent être conservés dans un espace de la pharmacie où il n’y a pas d’accès public et aucune possibilité d’autosélection pour le patient. 1. Annexe I : médicaments nécessitant une prescription pour la vente et la dispensation au public par un pharmacien à la suite de l’intervention ou du diagnostic d’un praticien. La vente des médicaments est contrôlée par un environnement réglementé et définie par la législation pharmaceutique provinciale. Médicaments QUÉBEC 28 Non prévus au règlement. Spécialité hospitalière : Les IPS ne peuvent pas demander une consultation. Admission et congé du patient hospitalisé Consultation de médecins spécialistes La RAMQ ne prévoit pas de rémunération pour les médecins spécialistes lorsque la demande de consultation provient de l’IPS. d’un problème de santé courant ; • Il s’agit d’une bonne pratique reconnue. • Il s’agit d’une demande relative au suivi Soins de première ligne : L’IPSPL ne peut pas d’emblée demander une consultation à un autre médecin, sauf si cette modalité a été discutée et consignée dans l’entente de partenariat (médecin partenaire et IPSPL) et si elle répond aux conditions suivantes : L’IPS ne peut pas amorcer un traitement pour les maladies chroniques. Amorce d’un traitement pour des maladies chroniques courantes QUÉBEC Les IP peuvent orienter des clients vers des médecins spécialistes. En 2009, les dispositions législatives provinciales ont été modifiées de façon à permettre aux spécialistes d’être payés lorsqu’ils voient en consultation des clients qui leur ont été adressés par des IP sans la cosignature de leur médecin consultant. Sans objet. Aucune spécialité hospitalière. L’IP peut amorcer un traitement pour les maladies chroniques. NOUVEAU-BRUNSWICK Si la consultation donne lieu au besoin de transférer le client, la décision est alors prise conjointement par l’IP, le nouveau prestataire de soins et le client, le cas échéant. Dans cette situation, le transfert de responsabilité est direct, et l’IP discute du motif du transfert avec le client. L’IP consulte d’autres professionnels de la santé lorsqu’elle doit répondre à des besoins qui s’éloignent de son champ d’exercice, qui vont au-delà de ses compétences individuelles ou lorsque ces soins pourraient profiter de l’expertise ou des conseils d’autres professionnels de la santé. Les IP sont autorisées à admettre et à donner leur congé aux clients hospitalisés. L’IP peut amorcer un traitement pour les maladies chroniques. ONTARIO ANNEXE 5 Résumé des recommandations Prescription des médicaments 1. L’OIIQ recommande le retrait des listes de médicaments et propose que l’IPS en soins de première ligne puisse prescrire des médicaments lorsqu’ils sont nécessaires pour répondre aux besoins des clients. Ces médicaments doivent être inscrits dans la liste fondée sur la classification utilisée par la Régie de l’assurance maladie du Québec pour établir la Liste de médicaments couverts par le régime général d’assurance médicaments du Québec. 2. L’OIIQ recommande le retrait des règles d’utilisation des médicaments et propose que l’IPS qui exerce en milieu hospitalier puisse prescrire des médicaments lorsqu’ils sont nécessaires pour répondre aux besoins des clients dans sa spécialité. Ces médicaments doivent être disponibles dans le milieu hospitalier et inscrits sur la liste fondée sur la classification utilisée par la RAMQ pour établir la Liste de médicaments fournis en établissements. Pour la clientèle ambulatoire, les médicaments doivent être inscrits dans la liste fondée sur la classification utilisée par la RAMQ pour établir la Liste de médicaments couverts par le régime général d’assurance médicaments du Québec. Prescription des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie médicale 3. L’OIIQ recommande le retrait des listes d’analyses de laboratoire pour l’IPS en soins de première ligne et le retrait des règles de soins médicaux pour l’IPS exerçant en milieu hospitalier. Les IPS prescrivent des analyses de laboratoire lorsqu’elles sont nécessaires pour répondre aux besoins des patients. 4. L’OIIQ recommande que l’IPS puisse prescrire les examens d’imagerie médicale dans les domaines suivants : examens radiologiques, examens échographiques, densité osseuse et mammographies, sans préciser les régions anatomiques. Par conséquent, cette recommandation implique le retrait des règles de soins médicaux pour les IPS en milieu hospitalier et une modification de la liste des examens d’imagerie médicale pour les IPS en soins de première ligne. 5. L’OIIQ recommande que d’autres examens d’imagerie médicale non mentionnés précédemment pour le suivi d’une maladie chronique ou pour surveiller une blessure puissent être prescrits par l’IPS après consultation du médecin partenaire ou du médecin spécialiste. La prescription de tels examens doit indiquer le nom du médecin. Amorce d’un traitement pour les maladies chroniques les plus fréquentes 6. L’OIIQ recommande que l’IPS en soins de première ligne puisse amorcer des traitements médicamenteux pour les maladies chroniques les plus fréquentes, par exemple, le diabète, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque, l’hypercholestérolémie, l’asthme, les maladies obstructives pulmonaires chroniques et l’hypothyroïdie. 29 Congé d’un patient hospitalisé 7. L’OIIQ recommande que l’IPS puisse procéder au congé médical du patient hospitalisé. Consultation des médecins spécialistes 8. L’OIIQ recommande que les IPS puissent faire des demandes de consultations auprès des médecins spécialistes et que le manuel de facturation de la RAMQ le prévoie tout comme c’est le cas pour les sages-femmes et les optométristes. L’IPS en soins de première ligne s’entendra avec son médecin partenaire au sujet des spécialités vers lesquelles elle pourra diriger leurs patients. Rédaction des attestations médicales relativement aux indemnités de remplacement du revenu (CSST) et des victimes de la route (SAAQ) 9. L’OIIQ demande la reprise des travaux sur le projet de loi n° 60 afin de permettre aux IPS en soins de première ligne de délivrer les attestations requises pour confirmer l’existence d’un problème de santé courant relativement au régime d’indemnité de remplacement du revenu de la CSST. De plus, nous demandons la modification de la Loi sur la santé et la sécurité du travail afin qu’elle prévoie que le certificat de retrait préventif de la travailleuse enceinte ou qui allaite puisse être délivré par une infirmière praticienne spécialisée. 10. L’OIIQ recommande que le MSSS revoie les procédures administratives du processus d’indemnisation des victimes de la route (SAAQ) pour autoriser les IPS en soins de première ligne, qui évaluent et traitent la victime de la route présentant un problème de santé courant, à établir et signer l’attestation médicale. 30 RÉFÉRENCES Aleshire, M.E., Wheeler, K., et Prevost, S.S. 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