L’ensemble de ces données justifie des explorations
cardiovasculaires systématiques et répétées dans ce sous-
groupe de patients à haut risque pour détecter et traiter les
cardiomyopathies dites « urémiques » et la coronaropa-
thie du dialysé, notamment chez les candidats à la trans-
plantation, étant donnés les risques majeurs de mortalité
après transplantation rénale, en présence d’une cardiopa-
thie préexistante.
Diagnostic de cardiomyopathie
urémique
Le diagnostic clinique de la cardiomyopathie urémi-
que est d’autant plus difficile que les signes de surcharge
hydrosodée peuvent être présents en l’absence de toute
atteinte myocardique.
Échocardiographie
L’échocardiographie est l’examen de choix dans la
détection et l’évaluation de ce type de cardiopathie. Étant
données les variations importantes de la volémie, cet
examen doit être réalisé chez un patient « sec », de préfé-
rence dans les 15 à 20 heures suivant la séance de dialyse,
soit à la période où le volume extracellulaire est le plus
proche de celui des non-dialysés. Dans tous les cas, le
délai entre la dernière séance de dialyse et l’échocardio-
graphie doit être mentionné.
L’échocardiographie doit mesurer les épaisseurs des
parois, la masse et les volumes ventriculaires gauches qui
sont des facteurs prédictifs indépendants de mortalité dans
cette population [5]. La cardiomyopathie urémique peut
comprendre :
–une hypertrophie ventriculaire gauche (65 % des
dialysés),
–une dilatation ventriculaire gauche sans altération de
la fonction systolique (4 % des dialysés),
–une dilatation ventriculaire gauche avec altération
de la fonction systolique (16 % des dialysés).
Une échocardiographie normale n’est trouvée que
dans 16 % des cas chez les patients dialysés chroniques.
L’incidence de l’hypertrophie ventriculaire gauche
(masse myocardique indexée > 110 g/m
2
) augmente avec
la durée de la dialyse, touchant 75 % des patients après
10 ans de dialyse.
L’incidence de la dysfonction systolique du ventricule
gauche augmente avec l’âge, l’anémie, l’hypoprotidémie,
l’hypertension artérielle et les épisodes d’ischémie myo-
cardique, justifiant les échocardiographies systématiques
avec un rythme annuel.
Les calcifications valvulaires aortiques et mitrales, pro-
bablement liées aux désordres du métabolisme phospho-
calcique, sont fréquentes avec une prévalence croissante
en fonction de la durée de la dialyse. L’évolution du
rétrécissement aortique chez le dialysé peut être parfois
très rapide, justifiant une surveillance échographique rap-
prochée, tous les 6 mois, en présence de rétrécissements
aortiques peu ou modérément serrés [6].
Recherche de l’ischémie myocardique
chez le dialysé
L’existence d’une coronaropathie est l’un des facteurs
majeurs de mauvais pronostic après transplantation ré-
nale, rendant nécessaire la recherche de l’ischémie myo-
cardique avant de poser l’indication de la transplantation.
La figure 3 résume la conduite diagnostique et thérapeu-
tique à tenir avant la transplantation rénale selon les
recommandations de la société américaine de transplan-
tation.
La prévalence élevée du diabète, de l’hypertension
artérielle, et de l’hypertrophie ventriculaire gauche chez
les patients dialysés, est à l’origine d’une maladie coro-
naire souvent silencieuse et associée à des troubles de
repolarisation non spécifiques sur l’électrocardiogramme
de repos. Ces troubles de repolarisation rendent l’épreuve
d’effort peu utile chez ces patients, d’autant plus que 44 %
des dialysés n’arrivent pas à atteindre 85 % de la fré-
quence maximale théorique d’où l’intérêt des tests phar-
macologiques couplés à la scintigraphie ou à l’échocar-
diographie [7].
Tomoscintigraphie myocardique de stress
La tomoscintigraphie myocardique au Tl201 sous di-
pyridamole a été utilisée dans divers types de population
(figure 4). Chez le patient dialysé asymptomatique tout
venant, ses performances sont assez médiocres avec une
sensibilité de 37 % et une spécificité de 73 % dans la
Abréviations
IRM : imagerie par résonance magnétique
FAV : fistule artérioveineuse
IRC : insuffisance rénale aiguë
FVW : facteur von Willebrand
10
1
0.1
Mortalité annuelle (%)
0.01 25-34 35-44 45-55
Âge (années)
55-64 65-74 75-84 > 85
PG masculine
PG féminine
PG race noire
PG race blanche
Dialysé homme
Dialysé femme
Dialysé noir
Dialysé blanc
Figure 1.Mortalité cardiovasculaire chez les patients dialysés et dans
la population générale (PG) dans le registre USRDS (United States
Renal Data System).
Explorations cardiaques chez l’hémodialysé et le transplanté rénal
mt cardio, vol. 1, n° 6, novembre-décembre 2005
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Revue
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