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Introduction
Le centenaire de la première guerre mondiale est l’occasion de se souvenir des
grandes batailles dévoreuses d’hommes que furent celle de Verdun, de la Somme ou
encore du Chemin des Dames. Mais il est d’autres combats, aux noms moins connus
et donc moins prestigieux dans la mémoire collective française. D’âpres luttes ont eu
pour théâtre tragique l’ouest du massif vosgien. Du kilomètre zéro à Pfetterhouse
dans le Sundgau, à la frontière de la France, de l’Allemagne et de la Suisse, au col du
Bonhomme, la guerre commence par deux offensives françaises pour reconquérir
l’Alsace, annexée en 1871 à la suite de la signature du traité de Francfort.
Aux combats brefs mais vains succède une guerre de position ponctuée des
grandes batailles qui ont pour enjeu le contrôle des crêtes vosgiennes : l’Hartmanns-
willerkopf et le Linge. Dans ces lieux, tranchées, casemates et fortins rappellent, aux
visiteurs curieux, la sinistre réalité de ces années de guerre. La guerre se déroule
également dans les airs. Les fragiles aéronefs de bois et de toile permettent d’obser-
ver l’ennemi puis sont engagés dans des combats où l’esprit chevaleresque subsiste
parfois. Les aviateurs, ces nouveaux héros, écrivent de véritables épopées avant de
connaître, souvent, une fin tragique.
En Alsace et dans les Vosges, la guerre n’est pas seulement affaire de militaires.
Victimes des bombardements, parfois obligées de quitter leur domicile pour une
période plus ou moins longue, les populations civiles participent à l’effort de guerre
français ou allemand pour les territoires qui n’ont pas été libérés dans les premiers
mois. Face à ce conflit qui se prolonge, face aux victimes toujours plus nombreuses,
la religion redevient un appui moral.
Le 11 novembre 1918, les cloches des villes et des villages sonnent à pleine volée.
La guerre est enfin finie. Vient alors le temps de la mémoire. Des nécropoles, lieux
vastes et émouvants, qui rassemblent les corps des soldats, parfois ennemis, parfois
venus des colonies. Nécropoles qui symbolisent à jamais l’ampleur et l’horreur de la
première guerre mondiale.
La défaite allemande pose le problème du devenir du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et
de la Moselle, ces trois départements annexés par l’empereur Guillaume en 1871.
Comment les réintégrer dans l’espace français en tenant compte de plus de qua-
rante années de domination allemande ? Et que faire de Belfort et de la centaine
de communes détachées du Haut-Rhin et laissées à la France ? Retour à la situation
d’avant 1871 ou nouveau statut ? Le premier conflit mondial pose autant de ques-
tions qu’il en résout.