Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIX
ème
siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
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L’action militante des socialistes auprès des ouvriers se double d’activités sportives, culturelles
(théâtre), de fêtes populaires. La diffusion de la presse joue un grand rôle dans la politisation des
esprits.
B. De l’interdiction au triomphe électoral
Documents à utiliser : document 1 p. 134, documents 1 et 3 p. 136, Bismarck, le chancelier allemand
contre la social-democratie.
Document 1 : Bismarck, le chancelier allemand contre la social-democratie
Exploitant habilement deux attentats anarchistes commis en mai et juin 1878 contre l'empereur
Guillaume I
er
, Bismarck obtient du nouveau Reichstag, élu en juillet 1878, le vote de la loi du
21 octobre 1878. Cette loi sera reconduite jusqu'en 1890. Elle interdit les groupements, qui servent
aux sociaux-démocrates et aux communistes à attaquer l'État ou à ébranler l'ordre social. Elle interdit
également les rassemblements, les démonstrations publiques, la presse socialiste ; les membres des
groupements socialistes peuvent se voir signifier une interdiction de séjour dans certaines villes et
régions. Mais la loi n'empêche pas les députés socialistes de siéger au Reichstag ; elle ne supprime
pas le droit de coalition.
La loi du 21 octobre 1878 entraîne une désorganisation rapide du parti social-démocrate et des
syndicats à direction socialiste. Dans les douze années de son application, 150 périodiques et 1 067
livres sont frappés, et de nombreuses personnes doivent quitter leur domicile. Malgré cette répression
très dure, Bismarck n'atteint pas le but recherché, car les socialistes mettent sur pied une organisation
illégale qui permet la propagation de leurs idées. De Suisse, de Belgique, de nombreuses publications
passent en Allemagne. L'organe des socialistes, le Social-Démocrate, tiré à 12 000 exemplaires, à
Zurich, puis à Londres, entre dans le Reich sous divers camouflages. La propagande clandestine
porte ses fruits. Très vite, la social-démocratie retrouve et élargit sa clientèle électorale : tombée à
311 961 voix en 1878, elle obtient 549 990 voix en 1884, 763 128 voix en 1887. Devant cet échec,
Bismarck réagit de deux manières. Pour désarmer les socialistes, il pratique la « politique du bout de
sucre », dans l'intention d'amadouer la classe ouvrière et de la réconcilier avec l'État. C'est ainsi que,
reprenant les idées des « socialistes de la chaire », il fait voter par le Reichstag une loi d'assurance
contre la maladie (1883), une loi d'assurance contre les accidents (1884) et même une loi d'assurance
vieillesse (1889). Ces lois passent malgré l'opposition des tenants du libéralisme économique et des
socialistes. Ces derniers estiment les cotisations ouvrières trop lourdes par rapport à la part patronale,
mais ils dénoncent surtout la manœuvre politique qui est à l'origine de la législation sociale
bismarckienne. Cette législation, si elle a le mérite d'être la première en Europe, n'empêche pas de
nouveaux progrès socialistes ; Bismarck s'efforce de les combattre par un renforcement de la
répression. Il revient, à partir de 1886, à la « politique du fouet ». L'interdiction des rassemblements
publics, la multiplication des poursuites judiciaires ne donnent pas les résultats escomptés. Les
sociaux-démocrates obtiennent un véritable triomphe aux élections de février 1890, avec 1 427 300
voix et 35 sièges. L'empereur Guillaume II désapprouve, en 1890, les méthodes bismarckiennes, et
l'opposition sur les questions sociales apparaît comme l'une des causes de la démission du chancelier.
Source : Encylopédie Larousse, article en ligne, 2013
Questions :
1. Expliquez quelles sont les différentes actions de Bismarck, le chancelier allemand, pour contrer
les mouvements socialistes.
En 1878, le chancelier du Reich, Otto von Bismarck fait voter une série de lois antisocialistes, en
profitant de l’émotion provoquée par deux attentats commis contre l’empereur Guillaume I
er
,
attentats sans rapport réel avec le socialisme. Elles interdisent tout groupe (partis et syndicats) et tout
rassemblement ayant pour but de renverser la société et l’Etat. La propagande socialiste est interdite