Croissance économique : sortir du court

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Croissance économique : sortir du court-­‐termisme Par Raphaël Cardet – section du IXe arrondissement de Paris L’objectif historique des socialistes est de permettre à chaque individu de s’épanouir dans une société juste. Pour atteindre cela, il est apparu évident que la production nationale devait être suffisante pour pouvoir satisfaire les besoins de tous, via l’offre des biens et des services et surtout l’emploi. La croissance continuelle de la production nationale semble être aujourd’hui le seul moyen d’atteindre ces objectifs. En 2013, nous avons gagné 0,3% de croissance économique (0,0% en 2012, 2,0% en 2011, 1,7% en 2010). Dans le même temps, la population de notre pays augmente de 0,5% : ainsi la richesse par habitant ne croît quasiment pas – elle tendrait même à diminuer. Notre économie a également « créé » 177 000 chômeurs en 2013, soit une augmentation de +5,7% du taux de demandeurs d’emploi de la catégorie A. On nous répondra que c’est à un taux de croissance plus élevé que notre économie créera des emplois. On estime que le seuil minimal d’une croissance créant des emplois est en France de 2%. Ce taux a beau avoir été dépassé quatre fois pendant les années 2000, le taux de chômage n’a jamais durablement baissé, oscillant entre 6,5% et 10% en France métropolitaine entre 2003 et 2013. A ce taux idéal de 2%, il faut encore retrancher l’inflation et la croissance démographique dans les analyses de long terme pour parvenir à une idée claire de la croissance économique de long terme. La totémisation des chiffres de la croissance comme seuls indicateurs du progrès de notre économie et plus largement de notre société n’a donc que peu de sens. Quelles solutions sont aujourd’hui mobilisées pour grappiller quelques points de croissance chaque année ? L’endiguement de la croissance des prélèvements obligatoires, couplé à un timide investissement public et au déficit de l’Etat semble être les seules armes que nos décideurs possèdent. Or pour accroître la productivité globale des facteurs de production (qui génèrent in fine ladite croissance) avec les facteurs du capital et du travail stabilisés, le seul élément variable est affecté positivement par le progrès technique, lui-­‐même résultante d’inventions, d’innovations et de diffusion des améliorations technologiques. L’investissement public en matière de recherche scientifique et de « capital humain » (essentiellement l’éducation et la culture) joue un rôle crucial pour stimuler ce facteur de production. Ainsi, une véritable stratégie de long terme pour améliorer notre croissance n’est pas à chercher dans une dévaluation infinie de notre modèle fiscal et social, mais bien dans l’investissement dans l’éducation et dans la recherche et les facteurs de production avancés. Les sujets à explorer ne manquent pas : massification des énergies renouvelables, économie numérique, bio-­‐ et nano-­‐technologies… Contrairement à une idée reçue, les pouvoirs publics se sont emparés de la question de l’investissement dans les facteurs de production. Le programme d’investissements d’avenir, doté originellement de 35 milliards d’euros et investi dans des projets comme la transition énergétique, l’industrie, la recherche. Les universités et les grandes écoles n’ont pas attendu l’initiative de l’Etat pour nouer des partenariats avec des entreprises privées autour de la recherche. Par ailleurs, la banque publique d’investissement BPIFrance assure depuis 2012 une plus grande clarté dans la stratégie d’investissement de l’Etat dans les entreprises grâce au regroupement de plusieurs structures préexistantes (OSEO, CDC entreprises, le Fonds stratégique d’investissement, FSI Régions). La Banque européenne d’investissement, créée en 1958, dispose d’un capital de plus de 240 milliards d’euros et investit dans des projets en cohérence avec la stratégie de développement des territoires de l’Union européenne. Si la nature et le montant de chacun des investissements de ces structures peuvent être amplement discutés, force est de constater que les outils pour investir dans la croissance de demain existent déjà. Pour les socialistes, il convient de les mettre au cœur du débat public et de les porter à la connaissance des citoyens. L’important n’est donc pas de chercher à augmenter artificiellement les chiffres trimestriels de croissance du PIB mais de jouer sur les facteurs de long terme pour véritablement créer de l’emploi. Nous socialistes devons également nous battre pour que d’autres indicateurs soient tout aussi importants pour la prise de décision politique et citoyenne, comme le taux de chômage (notamment celui de long terme), le taux de pauvreté, le taux de mal-­‐logés, d’illettrés, l’indicateur de développement humain… Autant de chiffres qui doivent permettre de rendre la croissance économique utile à tous. 
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