Interventions basées sur la pleine conscience en addictologie (PDF

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L’Encéphale (2011) 37, 379—387
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP
THÉRAPEUTIQUE
Interventions basées sur la pleine conscience en
addictologie
Mindfulness based interventions for addictive disorders: A review
S. Skanavi a,∗, X. Laqueille b, H.-J. Aubin c
a
CHS de Navarre, 62, rue des Conches, 27022 Evreux, France
Service d’addictologie, centre hospitalier Sainte-Anne, université René-Descartes Paris V, 1, rue Cabanis,
75674 Paris cedex 14, France
c
Inserm U669, hôpital Paul-Brousse, AP—HP, université Paris-Sud, 12-14, avenue Paul-Vaillant-Couturier,
BP 200, 94804 Villejuif, France
b
Reçu le 6 mars 2009 ; accepté le 3 juin 2010
Disponible sur Internet le 8 February 2011
MOTS CLÉS
Pleine conscience ;
Addiction ;
Tabac ;
Alcool ;
Thérapie cognitive et
comportementale
∗
Résumé Cultiver la pleine conscience consiste à porter intentionnellement son attention à
l’expérience présente des phénomènes externes (stimuli interoceptifs et sensoriels) et internes
(cognitions et émotions) avec une attitude d’acceptation. Plusieurs programmes thérapeutiques
fondés sur la pleine conscience ont été utilisés dans les troubles addictifs. La revue de la
littérature nous a permis de trouver six articles originaux portant sur des essais cliniques qui
étudient les effets de quatre programmes thérapeutiques différents. Cinq essais sur six étaient
contrôlés et quatre randomisés. Le pourcentage de perdus de vue en cours d’étude était assez
élevé (entre 28 et 55 %). Cinq interventions sur six se sont révélées significativement efficaces
dans la réduction des consommations de produits. Parmi les cinq essais contrôlés, quatre ont
montré que le programme évalué était plus efficace que le traitement de référence. Dans les
études où le suivi des patients était suffisamment prolongé, l’efficacité des thérapies utilisant
la pleine conscience et la supériorité de celle-ci sur les traitements témoins devenaient plus
nettes et se maintenaient au fil du temps. Les interventions étudiées ont également permis de
réduire la symptomatologie psychiatrique et le sentiment de stress perçu. Nous discutons des
bénéfices potentiels de la pleine conscience pour les patients souffrant de troubles addictifs,
ainsi que des indications, modalités et limites de son utilisation pratique.
© L’Encéphale, Paris, 2010.
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (S. Skanavi).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2010.
doi:10.1016/j.encep.2010.08.010
380
KEYWORDS
Mindfulness;
Addiction;
Alcohol;
Smoking;
Cognitive behaviour
therapy
S. Skanavi et al.
Summary
Introduction. — In substance use disorders, the lack of empirically supported treatments and
the minimal utilization of available programs indicate that innovative approaches are needed.
Mindfulness based therapies have been used in addictive disorders for the last 10 years. Mindfulness can be defined as the ability to focus open, non-judgmental attention to the full experience
of internal and external phenomena, moment by moment. Several therapies based on mindfulness have been developed. The aim of this study is to review the existing data on the use of
these programs in addictive disorders.
Methods. — We have reviewed the literature published from January 1980 to January 2009, using
the following keywords: mindfulness, mindfulness based stress reduction program, dialectical
behavior therapy, acceptance and commitment therapy, mindfulness based cognitive therapy,
addiction, substance use, alcohol and smoking.
Results. — Results of six clinical trials evaluating four different programs were found. Five studies were controlled and four were randomized. Drop-out rates were relatively high (from 28 to
55%). In five cases out of six, the program significantly reduced substance use. In four comparative trials out of five, interventions based on mindfulness proved more effective than control
conditions. The effectiveness of interventions based on mindfulness and the differential improvement across conditions became greater and was maintained during follow-up when it was
long enough. Participants in mindfulness programs were less likely to endorse the importance
of reducing emotions associated with smoking and reported significant decreases in avoidance
of thoughts which partially mediated alcohol use reduction. Psychiatric symptoms and the level
of perceived stress were also significantly reduced.
Discussion. — Mindfulness may help substance abusers to accept unusual physical sensations that
might be confused with withdrawal symptoms, decentre from a strong urge and not act impulsively. It may reduce an individual’s susceptibility to act in response to a drug cue. Practice
of mindfulness may develop the ability to maintain perspective in response to strong emotional states and mood fluctuations and increase the saliency of natural reinforcers. Mindfulness
based programs require an intensive participation, and should therefore be proposed to highly
motivated patients. In smoking cessation, they should be used in patients who were unable to
quit with less intensive interventions. Some programs are specifically designed for patients with
co-occurring psychiatric disorders.
Conclusion. — The first clinical studies testing mindfulness based interventions in substance use
disorders have shown promising results. They must be confirmed by larger controlled randomized clinical trials. By developing a better acceptance of unusual physical sensations, thoughts
about drugs and distressing emotions, mindfulness may help in reducing the risk of relapse.
© L’Encéphale, Paris, 2010.
Introduction
L’abus et la dépendance au tabac, à l’alcool et à d’autres
produits psychotropes entraînent des préjudices individuels
et sociaux qui en font des problèmes de santé publique
majeurs [36]. Le faible recours aux programmes de soins
et l’efficacité insuffisante des thérapies existantes, notamment en raison de la fréquence des rechutes, rendent
nécessaire la mise au point d’approches thérapeutiques
innovantes [22]. Dans les pays anglo-saxons, les psychothérapies basées sur la pleine conscience sont employées
dans le domaine des conduites addictives depuis une dizaine
d’années et commencent à susciter un certain intérêt en
Europe. Ce travail constitue une revue de la littérature sur
le sujet.
Contexte
Définition de la pleine conscience
La pleine conscience peut être définie comme un état de
conscience qui résulte d’une attention intentionnelle et
dénuée de jugement de valeur à l’expérience du moment
présent [13]. Elle consiste à s’ouvrir à la totalité de son
expérience des phénomènes externes (stimuli intéroceptifs et sensoriels) et internes (cognitions et émotions),
sans résistance, rejet ou élaboration excessive. La pleine
conscience comprend donc deux composantes. La première concerne l’attention portée au moment présent. La
seconde est celle d’acceptation, d’équanimité et de curiosité envers son expérience qu’elle soit positive ou négative
[12]. L’attention portée au présent soustrait le sujet aux
regrets sur le passé et à l’inquiétude sur l’avenir. Observer avec une attitude de curiosité son expérience amène
à deux réalisations. La première est qu’un état intérieur
pénible peut, malgré tout, être toléré. La seconde est que
nos expériences sont changeantes ce qui implique, d’une
part, qu’une expérience pénible est toujours transitoire
et, d’autre part, que nos pensées et émotions ne nous
donnent pas nécessairement un reflet fidèle de la réalité.
Les mécanismes supposés par lesquels la pleine conscience
conduit à une réduction du sentiment de stress (perceived
stress) et des symptômes psychiatriques sont une meilleure
gestion de ses pensées et émotions (self-regulation), la clarification de ses objectifs (values clarification), une plus
Interventions basées sur la pleine conscience
grande flexibilité cognitive et émotionnelle et l’exposition
aux expériences internes déplaisantes [31].
La pleine conscience est un concept issu de la philosophie
bouddhiste, mais dépourvu de toute référence religieuse ou
transcendantale. À la fin des années 1970, il a été supposé
qu’elle peut être bénéfique dans une variété de situations cliniques dans lesquelles les patients doivent gérer
des émotions difficiles, notamment les troubles anxieux
et les troubles dépressifs. C’est ainsi qu’elle a été intégrée dans les thérapies cognitivocomportementales (TCC)
de troisième vague telles que le programme de réduction
de stress basé sur la pleine conscience (MBSR), la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (MBCT), la
thérapie comportementale dialectique (DBT) et la thérapie
d’acceptation et d’engagement (ACT). Dans ces formes de
thérapie, l’objectif d’acceptation contrebalance celui de
changement des cognitions et des comportements propre
aux TCC classiques [9]. La restructuration cognitive n’y est
pas recherchée d’emblée : l’accent est mis sur le rapport à
ses pensées et émotions plus que sur le contenu de celles-ci.
Ces thérapies ne cherchent pas à remettre en question les
cognitions anxiogènes ou dépressogènes, mais amènent à les
voir comme des événements mentaux qui sont transitoires.
En voici une brève description.
Programme de réduction de stress basé sur la
pleine conscience (mindfulness based stress
reduction program)
Le programme MBSR, développé en 1985 par Kabat-Zinn
[13], est un programme structuré de huit séances hebdomadaires destiné à des groupes de 20 à 30 personnes.
Les séances durent entre deux heures et 2 heures 30 à
l’exception de la sixième séance qui consiste en une
journée entière d’exercices. Les séances sont composées
d’exercices pratiques alternés de commentaires et de
réponses aux questions des participants. Le premier exercice enseigné est le balayage corporel : pratiqué couché, il
consiste à prendre conscience des points de contact avec
le sol, de la respiration, puis à diriger son attention sur
différentes parties du corps pour ressentir les sensations
corporelles qui s’y manifesteraient. Si l’attention est distraite par une pensée, l’élément distracteur est accueilli
avec acceptation et patience : les participants sont invités à en prendre note, puis à ramener leur attention sur
le point de focalisation. Une attitude de curiosité bienveillante à l’égard de toute expérience est encouragée. Les
exercices corporels suivants consistent à effectuer des étirements et à marcher en pleine conscience. La méditation est
abordée progressivement, d’abord par le biais d’une observation de ses sensations corporelles et de la respiration,
puis de ses pensées et émotions. Vers la fin du programme,
des situations personnelles difficiles (par exemple un conflit
interpersonnel) sont évoquées en méditation en observant
ses réactions mentales et corporelles.
Entre les séances, il est demandé aux participants de
pratiquer pendant au moins 45 minutes six jours sur sept
les exercices formels enseignés en séances, ainsi que des
exercices informels qui consistent à accomplir en pleine
conscience des activités de tous les jours (laver la vaisselle,
sortir la poubelle. . .).
381
Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience
(mindfulness based cognitive therapy)
Le programme MBCT a été développé par Segal et al. en
2002 en reprenant et en adaptant les éléments du MBSR
à la prévention des rechutes dépressives [30]. Il repose
sur l’hypothèse que les personnes qui ont eu des épisodes dépressifs ont tendance à réactiver automatiquement
des pensées négatives lors d’un état de tristesse passager.
Apprendre à considérer les pensées comme des événements
impermanents (les pensées ne sont que des pensées et
non des faits) et se focaliser sur son expérience présente
permettent de sortir de la spirale négative qui de la tristesse peut conduire à la dépression. La MBCT s’adresse à
des groupes de 12 personnes au maximum et comporte huit
séances hebdomadaires de deux heures.
Thérapie comportementale dialectique adaptée
aux troubles liés aux substances (dialectical
behavioral therapy for substance use disorders)
La DBT est une forme de traitement développée par Linehan
au début des années 1990 pour traiter des patientes ayant
une personnalité borderline [15]. Le caractère dialectique
de la thérapie se traduit dans la combinaison d’objectifs de
changement avec des stratégies d’acceptation. Elle a été
ultérieurement adaptée pour les patientes qui présentent
un trouble lié aux substances co-occurent (dialectical behavioral therapy for substance use disorders, ou DBT-SUD). Ce
programme intensif très complet comprend 2 heures 30 de
thérapie de groupe par semaine où sont abordées la pleine
conscience, l’efficacité dans les rapports interpersonnels, la
régulation des émotions et la tolérance à la détresse. Elle est
complétée par des séances de psychothérapie individuelle à
raison d’environ une heure par semaine, par un traitement
pharmacologique s’il est nécessaire, par des consultations
téléphoniques et un coaching pour la gestion des problèmes
quotidiens. Le programme inclut également des réunions de
ressourcement pour les thérapeutes [28].
Thérapie d’engagement et d’acceptation
(acceptance and commitment therapy)
L’ACT a été mise au point par Hayes et al. en 1999 pour
traiter les troubles anxieux, les troubles dépressifs et
les conduites addictives [10]. Son utilisation dans cette
dernière indication repose sur l’hypothèse que l’abus de
substances psychotropes a une fonction d’évitement des
affects négatifs, des cravings et des symptômes de sevrage.
Le changement de comportement passerait par la capacité
à accepter ces états internes négatifs. La thérapie fait appel
à la pleine conscience pour apprendre aux patients à observer et à accepter leurs sensations et émotions, notamment
celles qui peuvent conduire à consommer des produits. Ils
apprennent à prendre du recul par rapport à leurs pensées (notamment les pensées sur les effets positifs d’une
consommation) en se souvenant qu’elles ne sont pas un
reflet fidèle de la réalité. La thérapie amène également les
patients à clarifier leurs valeurs personnelles (par exemple
leur objectif de rester abstinent) et à s’engager dans des
382
comportements conformes à celles-ci. Le programme thérapeutique se déroule sur sept à 16 semaines (selon les
protocoles) avec des séances hebdomadaires individuelles
d’environ 60 minutes et de groupe de 90 minutes.
S. Skanavi et al.
based cognitive therapy, addiction, substance use, alcohol
et smoking dans le titre et/ou l’abstract. L’ensemble des
articles originaux portant sur les essais cliniques de programmes basés sur la pleine conscience dans les troubles
addictifs ont été retenus (six publications).
Méditation Vipassana
Résultats
Le programme de méditation Vipassana consiste en un enseignement délivré en milieu résidentiel pendant dix jours
consécutifs. Les participants visionnent des enregistrements
video de cours de Goenka sur les concepts bouddhistes de
la souffrance, de l’attachement et de l’addiction, et pratiquent la méditation huit à dix heures par jour [8]. La
pleine conscience est enseignée à travers une observation
de soi objective, détachée et dénuée de réactivité, qui
permet d’accepter ses pensées et sensations comme des
événements indépendants et impermanents, et non comme
des reflets directs du soi. Les expériences (par exemple
le craving) sont appréhendées comme des événements qui
n’appellent pas nécessairement une action ; le méditant
peut ainsi « lâcher prise » sur ses manières compulsives ou
impulsives de penser et de se comporter [1].
Programme de prévention des rechutes basé sur la
pleine conscience
Le programme de prévention des rechutes basé sur la
pleine conscience (MBRP) mis au point par Marlatt et al.
en 2002 combine la pleine conscience avec les techniques
cognitivocomportementales classiques [37]. Il se donne pour
objectif de développer la conscience et l’acceptation des
pensées, sentiments et sensations, pour s’en servir comme
stratégie d’ajustement (coping) efficace dans les situations à risque de consommer. Le programme comprend
l’enseignement des techniques de la pleine conscience (par
exemple la méditation Vipassana), mais aussi la gestion de
situations stressantes ou à risque de consommer, le développement du sentiment d’efficacité personnelle, la remise en
question des attentes positives d’une consommation et une
information sur l’effet de violation de l’abstinence.
Protocole de l’hôpital du Mont Sinaï destiné aux
patients présentant un comportement addictif et
un trouble psychiatrique co-occurent
Hoppes a mis au point en 2004 un protocole inspiré de la
MBCT, destiné aux personnes dont le trouble addictif est
associé à un trouble de l’humeur, un trouble anxieux et/ou à
un trouble de la personnalité [12]. Ce programme intègre les
techniques cognitivocomportementales traditionnelles et la
pleine conscience pour aider les patients à mieux réguler
leurs affects négatifs et leurs variations thymiques.
Méthode
Une recherche bibliographique a été réalisée à partir des
articles de la base Medline publiés entre janvier 1980 et
janvier 2009 en croisant les mots clés mindfulness, mindfulness based stress reduction program, dialectical behavior
therapy, acceptance and commitment therapy, mindfulness
Les résultats des six essais cliniques de programmes basés
sur la pleine conscience dans les troubles addictifs sont résumés dans le Tableau 1 .
Les effets de quatre programmes thérapeutiques différents ont été étudiés (DBT-SUD, ACT, Vipassana et MBSR)
dont trois ont été menés en ambulatoire (DBT-SUD, ACT et
MBSR) et un en milieu résidentiel (Vipassana). Les situations cliniques étudiées ont été diverses : femmes ayant
une personnalité borderline et un trouble lié aux substances
[17] ou une dépendance aux opiacés [16], polytoxicamanes
ayant récemment eu une rechute sous méthadone [11],
consommateurs de tabac [4,7] et détenus consommateurs
de drogues [1]. Cinq interventions sur six se sont révélées significativement efficaces dans la réduction de l’usage
des produits [1,4,11,16,17]. Parmi les cinq essais contrôlés, quatre ont montré que le programme évalué a été
plus efficace que le traitement de référence [1,11,16,17].
Dans les études où le suivi des patients était suffisamment prolongé, l’efficacité des thérapies utilisant la pleine
conscience et la supériorité de celle-ci sur les traitements
témoins devenaient plus nettes et se maintenaient au fil
du temps. Les interventions étudiées ont également permis de réduire la symptomatologie psychiatrique (DBT-SUD
et Vipassana) [1,16,17] ou de réduire le sentiment de stress
perçu (MBSR) [4]. Alors qu’une réponse inflexible et évitante
face aux affects négatifs était prédictive d’un échec de
l’arrêt du tabac, les fumeurs ayant participé au programme
ACT accordaient moins d’importance au fait de réduire ou
de supprimer les émotions qui déclenchent la consommation [7]. De même, les participants au programme Vipassana
rapportaient une diminution de l’évitement de leurs pensées qui pouvait partiellement expliquer la réduction de leur
consommation d’alcool [2].
Les auteurs indiquent que les mécanismes du changement que permet d’opérer la pleine conscience doivent
faire l’objet d’investigations complémentaires. Cependant,
ils émettent d’ores et déjà les hypothèses suivantes sur ses
bénéfices potentiels.
Gestion des sensations physiques inhabituelles
pouvant être confondues avec un état de manque
Après l’arrêt de l’usage d’un produit psychoactif, la rechute
peut survenir à l’occasion d’un symptôme de manque ou
d’une sensation physique inhabituelle pouvant être interprétée comme tel et entraîner une réaction anxieuse
[24]. Les programmes qui emploient la pleine conscience
consacrent plusieurs séances à l’observation de ses sensations corporelles et à l’écoute de son corps. C’est
l’occasion pour l’usager de drogues, qui en est souvent
déconnecté, d’apprendre à reconnaître les sensations sensorielles, proprioceptives et intéroceptives, notamment celles
qui peuvent être entraînées par une émotion. De cette
Résumé des résultats des essais cliniques évaluant les thérapies basées sur la pleine conscience dans les troubles addictifs.
Référence
Situation clinique
Nombre de patients
Traitement testé
Traitement témoin
Résultatsa
Linehan et al. (1999) [17]
Femmes ayant une
personnalité borderline et
un trouble lié aux
substances
28 en intention de
traiter
DBT-SUD
Traitement de référence
(prise en charge habituelle
en addictologie et en
psychiatrie : programme
communautaire,
psychothérapie individuelle,
suivi social)
Plus grand pourcentage de jours
sans consommation de drogues et
d’alcool dans le groupe DBT après
la thérapie et à 4 mois
Nombre plus grand de dosages
urinaires négatifs dans le groupe
DBT après la thérapie et au cours
du suivi
Plus grande amélioration dans
l’adaptation globale et sociale
dans le groupe DBT au cours du
suivi
Diminution des dosages urinaires
positifs dans les 2 groupes ;
diminution plus importante à
8—12 mois dans le groupe DBT
Moins de dosages urinaires positifs
à 12 mois dans le groupe DBT
Pourcentage de dosages urinaires
positifs à 4 mois de suivi
comparable dans les 2 groupes
(27 % vs 33 %)
Amélioration de la
psychopathologie après la
thérapie et au cours du suivi dans
les 2 groupes
Durée : 1 an
Linehan et al. (2002) [16]
Hayes et al. (2004) [11]
Femmes ayant une
personnalité borderline et
une dépendance aux
opiacés
Polytoxicomanie avec une
rechute récente sous
méthadone
28 en intention de
traiter
DBTSUD + substitution
opiacée (TSO)
Thérapie de validation
globale + 12 étapes + TSO
19 à 16 mois
Durée : 1 an
Durée : 1 an
124 en intention de
traiter
ACT + méthadone
78 après traitement
Durée :
16 semaines
Facilitation à la
participation au
programme de 12 étapes
(ITSF) + méthadone.
Durée : 16 semaines
Méthadone seule.
Durée : 16 semaines
Interventions basées sur la pleine conscience
Tableau 1
Plus de dosages urinaires négatifs
aux opiacés dans le groupe
ACT + méthadone (61 %) vs
méthadone seule (28 %) à 6 mois
Plus de dosages urinaires négatifs
pour l’ensemble des drogues dans
le programme ACT + méthadone
(50 %) vs méthadone seule (12 %)
au cours du suivi
69 à 6 mois
383
384
Tableau 1 (Suite )
Référence
Situation clinique
Nombre de patients
Traitement testé
Traitement témoin
Résultatsa
Gifford et al. (2004) [7]
Dépendance à la nicotine
depuis au moins 12 mois
76 en intention de
traiter
ACT
Traitement de
substitution nicotinique
(TSN)
62 après traitement
Durée : 7 semaines
Tendance à des taux d’arrêt plus
élevés dans le programme ACT
(35 %) vs TSN (15 %) à 12 mois
(mais différence non significative)
Taux d’arrêt relativement bas
dans le programme ACT
Traitements de
référence (traitements
médicamenteux et
information sur les
produits psychotropes)
Plus grande diminution de la
consommation d’alcool, de crack
et de cannabis à 3 mois dans le
groupe Vipassana
55 à 12 mois
Bowen et al. (2006) [1]
Population de détenus
305 en intention de
traiter
Vipassana
173 après
traitement
Durée : 10 jours
Plus grande amélioration des
symptômes psychiatriques à
3 mois dans le groupe Vipassana
87 à 3 mois
Davis et al. (2007) [4]
a
Fumeurs de plus de 10 cig/j
18 en intention de
traiter
MBSR sans
traitement
pharmacologique
Durée : 8 semaines
Aucun (étude pilote)
Taux d’abstinence de 56 % à
6 semaines
Le taux d’abstinence est plus
élevé chez les sujets qui ont
consacré plus de temps à la
méditation
Les sujets qui ont consacré plus de
temps à la méditation rapportent
moins de stress perçu
Résultats statistiquement significatifs sauf précision contraire.
S. Skanavi et al.
Interventions basées sur la pleine conscience
façon, il peut non seulement faire la différence entre les
symptômes de manque et les sensations corporelles physiologiques, mais aussi développer une certaine tolérance
vis-à-vis de sensations nouvelles. Alors qu’auparavant, toute
sensation inhabituelle était alarmante car elle était considérée comme le signal annonciateur d’un état de manque,
l’observation et la connaissance de ses sensations physiologiques procurent au sujet une certaine sérénité : ces
sensations sont des expériences transitoires normales et ne
sont pas inquiétantes. Il est possible d’attendre qu’elles
passent en les observant de manière non réactive. Faire la
différence entre des sensations corporelles physiologiques
et celles qui sont symptomatiques d’un manque permet non
seulement d’éviter une consommation de produits, mais
aussi de limiter la consommation de traitements de substitution et d’anxiolytiques.
Gestion des cravings et des pensées sur le produit
ou sur le comportement addictif
Le projet d’abstinence d’un usager de produits psychoactifs peut être compromis par des envies impérieuses de
consommer (cravings) et des pensées sur les produits accompagnées d’attentes positives. Mais la fréquence de ces
pensées pourrait avoir moins d’importance en termes de
risque de rechute que la manière de les gérer [2]. Ainsi,
chercher à supprimer les pensées sur le tabac diminue les
chances de réussir à arrêter de fumer [29], [33]. De même,
lorsque des consommateurs massifs d’alcool en situations
sociales essaient de supprimer leurs pensées sur l’alcool,
leurs attentes positives vis-à-vis du produit sont plus fortes
[25].
La pleine conscience amène au contraire à accepter ses
pensées sans réagir : elles sont perçues comme des événements mentaux transitoires que l’on peut contempler
apparaître et disparaître. On peut les voir comme des voitures passant sur une autoroute et qu’il suffit de regarder
de loin, sans les suivre des yeux plus que nécessaire, ou de
trains qu’on regarderait partir d’un quai sans être obligé de
monter à l’intérieur pour ne pas être emmené vers une destination non souhaitée. Le craving peut, quant à lui, être
comparé à une vague qu’on se contenterait de laisser passer sans être entraîné par le torrent. La pensée « je dois
suivre cette envie » laisse la place à la pensée alternative
« cette envie va passer ». La posture de la pleine conscience
amène donc à se décentrer de la pulsion et à développer des
facultés inhibitrices vis-à-vis du comportement addictif.
Gestion des variations thymiques et des affects
négatifs
L’utilisation continue de substances entraîne des phénomènes de sensibilisation, d’adaptation et des changements
structurels du circuit de la récompense. Ils conduisent à
une déplétion en dopamine qui peut persister longtemps
après l’arrêt des produits et avoir de graves conséquences sur la régulation de l’humeur et des affects.
L’utilisation prolongée de substances conduit également
à des adaptations d’autres systèmes de neurotransmission
en particulier glutamatergique, GABAergique, sérotoninergique, neuropeptidiques et ceux des opioïdes endogènes
385
(endorphinergiques et enkephalinergiques) [35]. Ces phénomènes peuvent expliquer que chez les usagers de substances
psychotropes, les émotions négatives et les états dysphoriques soient plus fréquents durant la période de
consommation active et dans celle qui suit l’arrêt. Or les
états émotionnels négatifs seraient à l’origine de 30 % des
rechutes après l’arrêt de l’usage d’un produit psychoactif
[21].
La pleine conscience est un outil de régulation émotionnelle. Elle consiste à prendre acte de l’émotion ou de
l’état thymique négatifs, de les accueillir avec une attitude d’ouverture, sans résistance ni évitement. Elle invite à
observer ses expériences intérieures sans réaction aversive
et sans s’engager dans des ruminations sur le passé ou des
anticipations anxieuses de l’avenir qui pourraient aggraver
l’affect négatif déclencheur. On est plutôt amené à s’ancrer
dans le présent en portant son attention sur ses sensations
corporelles et notamment sur la respiration. Les pensées
(par exemple le regrets ou la honte de ses erreurs), émotions et états thymiques peuvent être comparés à des nuages
dans le ciel : ce sont des phénomènes passagers et naturels.
Il est possible de les observer venir et s’éloigner. Cette attitude permet d’éviter d’ajouter une peine supplémentaire
à un état de tristesse passager. Les émotions intenses sont
appréhendées comme des vagues qui peuvent être traversées sans se noyer : il est possible d’y survivre sans avoir
recours à la consommation de produits.
Appréciation des renforçateurs naturels
L’utilisation prolongée de substances addictives réduit le
nombre de récepteurs dopaminergiques D2 fonctionnels, ce
qui diminue la sensibilité des sujets aux stimuli naturels
[34]. L’exposition répétée aux produits psychoactifs augmente par conséquent le seuil de l’intensité minimale des
stimuli nécessaire pour activer les voies dopaminergiques
impliquées dans l’expérience du plaisir et la motivation.
L’effet des récompenses naturelles s’en trouve diminué car
la stimulation des circuits de récompense par les drogues est
telle qu’il paraît fade en comparaison. Ainsi, après l’arrêt,
les sujets addicts ont moins d’attentes positives vis-à-vis des
expériences hédoniques naturelles.
Les programmes qui emploient la pleine conscience
visent à développer la capacité des sujets à être plus
attentifs à des expériences plus nuancées, plus subtiles
que celles procurées par les comportements addictifs. Ils
canalisent leur attention sur les phénomènes sensoriels, les
émotions positives induites par les activités quotidiennes,
les invitent à être davantage présents ici et maintenant,
en contact direct avec leurs expériences pour apprécier les
renforçateurs naturels.
Effet favorable sur les troubles psychiatriques
co-occurents
Dans les essais cliniques qui l’ont exploré, les symptômes
psychiatriques des patients ayant des comportements addictifs ont été améliorés par les programmes basés sur la
pleine conscience [1,16,17]. Les fumeurs ayant bénéficié
du programme MBSR ont rapporté une réduction du stress
perçu [4]. Ce constat confirme les données de la littéra-
386
ture sur l’efficacité de ces thérapies dans divers troubles
mentaux. Chez les patients ayant fait au moins trois épisodes dépressifs majeurs, la MBCT a en effet permis de
réduire très significativement le taux de rechute dépressive
par rapport au traitement de référence [19,30]. Une forme
modifiée de la DBT en adjonction à la chimiothérapie s’est
révélée plus efficace dans le trouble dépressif majeur des
personnes âgées que la pharmacothérapie seule [18]. Différentes formes de thérapies utilisant la pleine conscience
se sont montrées bénéfiques pour les patients atteints de
trouble anxieux généralisé [5,14,23,27] et de phobie sociale
[3]. Enfin, les thérapies fondées sur l’acceptation semblent
être un complément utile chez les personnes atteintes de
troubles psychotiques. Ainsi, l’ACT a permis de réduire le
taux de rehospitalisations, de diminuer la détresse liée aux
hallucinations et d’améliorer le fonctionnement social de
ces patients [6].
Discussion
Dans l’abondante littérature consacrée à l’utilisation médicale de la pleine conscience, seuls six essais cliniques
évaluant cette technique dans les troubles addictifs ont été
publiés. Ce faible nombre et la taille restreinte des échantillons étudiés tiennent au fait que la pleine conscience a été
d’abord utilisée pour d’autres troubles mentaux et que son
emploi pour traiter les conduites addictives est récent. La
faible rétention dans les programmes évalués peut être due
au caractère intensif et exigeant des thérapies utilisant la
pleine conscience, ainsi qu’à la motivation fluctuante et la
faible compliance au traitement des usagers de substances
psychoactives.
L’efficacité des thérapies employant la pleine conscience
en intention de traiter a pu être établie dans cinq études
sur six. De plus, dans quatre études contrôlées sur cinq,
ces interventions ont été plus efficaces que les traitements
témoins. Le constat que l’efficacité des interventions utilisant la pleine conscience devient plus net au fil du temps et
persiste au cours du suivi est compatible avec l’hypothèse
que les effets des programmes cognitivocomportementaux,
dont l’objectif est d’enseigner aux participants des compétences nouvelles, sont durables.
Ces résultats prometteurs doivent toutefois être tempérés par les biais méthodologiques des études publiées.
Parmi les six essais cliniques, cinq seulement ont comparé
le traitement évalué à un traitement témoin [1,7,11,16,17]
et quatre seulement ont été randomisés [4,7,16,17]. Les
échantillons de patients étudiés étaient de relativement
faible taille dans quatre études (n = 18 à 76 en intention de
traiter) [4,7,16,17]. Le pourcentage de perdus de vue en
cours d’étude était assez élevé (entre 28 et 55 %). Dans
quatre essais contrôlés sur cinq, les programmes thérapeutiques basés sur la pleine conscience évaluée étaient plus
intensifs que les traitements témoins [1,7,11,17]. Enfin, on
peut regretter qu’un traitement pharmacologique n’ait pas
été associé à l’intervention basée sur la pleine conscience
dans l’aide à l’arrêt du tabac [4,7].
L’analyse des données publiées permet d’esquisser les
premières orientations sur les indications, les modalités et
les limites de l’utilisation pratique des interventions basées
sur la pleine conscience en addictologie.
S. Skanavi et al.
Les thérapies basées sur la pleine conscience ne sont pas
stigmatisantes. L’abstinence des consommations ne constitue pour elles ni un préalable ni l’objectif exclusif. Elles
pourraient donc intéresser de nombreux patients. Il n’existe
pas dans la littérature de données sur les effets indésirables
de cette approche thérapeutique. Cependant, Philippot
déconseille leur utilisation chez les patients ayant une tendance à la dissociation ou des phobies de type intéroceptif
(attaques de panique et hypocondrie notamment) [26].
Il faut souligner que dans la mesure où les programmes
basés sur la pleine conscience demandent aux participants
de consacrer au minimum 45 minutes aux tâches assignées
six jours par semaine, ils ne peuvent s’adresser qu’à des personnes fortement motivées. Dans l’aide à l’arrêt du tabac,
le MBSR pourrait être proposé aux fumeurs qui n’ont pas pu
arrêter leur consommation à l’aide des traitements habituels.
Certains programmes basés sur la pleine conscience
s’adressent spécifiquement à des usagers de produits
psychoactifs qui présentent des troubles psychiatriques
co-occurents. C’est le cas du programme DBT-SUD qui a été
conçu pour des femmes ayant un comportement addictif
associé à une personnalité borderline et du protocole
inspiré de la MBCT mis au point à l’hôpital du Mont Sinaï
qui s’adresse aux personnes qui en plus d’un comportement
addictif présentent un trouble dépressif, anxieux et/ou de
la personnalité.
Les modalités des traitements basés sur la pleine
conscience varient selon les programmes, mais elles
comportent toutes des sessions de groupe. Ils peuvent
être réalisés en ambulatoire, mais la rétention dans le
programme ainsi que la pratique des exercices et des tâches
assignées sont facilitées par un contexte résidentiel. Ces
thérapies seraient donc au mieux employées au cours d’une
hospitalisation pour sevrage thérapeutique, en soins de
suite et de réadaptation, durant un séjour de post-cure ou
dans le cadre d’un suivi en hôpital de jour.
Les limitations à l’utilisation de ces programmes intensifs
tiennent au caractère fluctuant de la motivation des usagers
de produits psychoactifs à s’engager dans une démarche
de soins exigeante. Le très faible nombre de thérapeutes
formés à la pleine conscience en France est également un
obstacle à son utilisation. Enfin, l’organisation de sessions
de groupe employant des techniques psychocorporelles est
empêchée par le manque de salles suffisamment spacieuses
et possédant des matelas au sol dans ou à proximité des lieux
de soins.
Conclusion
Les premiers essais cliniques publiés qui évaluent les thérapies basées sur la pleine conscience en addictologie
montrent des résultats prometteurs qui se maintiennent
dans le temps. Grâce à une meilleure acceptation des
pensées et affects, la pratique de la pleine conscience augmenterait la flexibilité cognitive et comportementale, et
réduirait le risque de rechutes. Ces résultats devront être
confirmés par des études méthodologiquement rigoureuses
portant sur des effectifs plus larges. Les thérapies basées
sur la pleine conscience sont non stigmatisantes, ne font de
l’abstinence ni un préalable ni leur objectif exclusif. Elles
Interventions basées sur la pleine conscience
pourraient donc intéresser de nombreux patients ayant des
conduites addictives. Elles pourraient s’adresser aux usagers
de produits psychotropes les plus motivés et aux fumeurs
qui n’ont pas pu arrêter de fumer à l’aide des traitements
habituels. Certains de ces programmes thérapeutiques sont
destinés aux patients dont l’addiction est associée à un
trouble psychiatrique co-occurent.
Conflit d’intérêt
Aucun conflit d’intérêt.
387
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