
La rupture franche et brutale en péricarde libre (inté-
ressant plutôt la paroi antérieure ou latérale) est à l’origine
d’un hémopéricarde aigu massif avec une dissociation
électromécanique irréversible et une issue fatale en quel-
ques minutes. D’autres patients présentent un tableau
clinique moins aigu avec une hypotension sévère, une
bradycardie sinusale, voire un état de choc cardiogénique
[21, 22], dû à une hémorragie intrapéricardique plus lente
ou répétitive. Le patient survit alors quelques heures voire
jours, ce qui permet une prise en charge chirurgicale
adaptée. Enfin, la rupture peut être parfois circonscrite par
un péricarde adhérent, une cicatrice fibreuse ou la forma-
tion de thrombus, et est à l’origine d’un pseudo-anévrisme
[23]. Ce dernier type de rupture, parfois asymptomatique
et de découverte fortuite lors du suivi échographique du
patient, présente un risque d’aggravation secondaire en
rupture franche et fatale. C’est pourquoi la cure chirurgi-
cale des pseudo-anévrismes est préconisée, bien qu’il y ait
plusieurs séries rapportées de patients ayant une survie à
long terme sans traitement chirurgical [24-27]. Yeo et al.
[28] ont rapporté une mortalité globale de 31 % et de
60 % respectivement pour les patients traités chirurgica-
lement d’une part et médicalement d’autre part pour un
suivi moyen de 4 ans. À la différence des anévrismes vrais,
les pseudo-anévrismes se localisent toujours sur le seg-
ment basal de la paroi inférieure en cas de nécrose infé-
rieure et sur l’apex en cas de nécrose antérieure [29].
En effet, ce sont les parois les plus sévèrement isché-
miques en cas d’occlusion coronaire respectivement des
artères coronaire droite et interventriculaire antérieure
(vascularisation terminale). En ce qui concerne les faux
anévrismes de topographie postérieure, le diaphragme
semble jouer un rôle de contention de l’hématome. Par-
fois, ils peuvent être de taille relativement importante, se
raccordant au ventricule gauche par un collet étroit, et
contenir plusieurs épaisseurs de thrombus anciens et ré-
cents à l’origine d’éventuelles embolies systémiques (fi-
gure 3). Le diagnostic se fait par l’échocardiographie ou
l’angiographie, mais parfois la distinction avec un ané-
vrisme vrai peut être difficile. Dans ces circonstances,
l’imagerie par résonance magnétique pourra déterminer
s’il existe ou non du myocarde dans la paroi respective-
ment de l’anévrisme ou du pseudo-anévrisme.
Traitement
Le traitement chirurgical ne doit pas être retardé par la
prise en charge réanimatoire du patient dans les délais les
plus brefs. Elle consiste en la résection de la portion
nécrotique et rompue du myocarde avec reconstruction
primaire (mise en place et suture d’un patch prothétique)
(figure 4), associée à d’éventuels pontages aortocoronai-
res en cas d’échec de désobstruction percutanée préala-
ble. En cas de situation hémodynamique extrêmement
précaire ou d’arrêt cardiocirculatoire, une ponction péri-
cardique salvatrice pourra être effectuée, au mieux écho-
guidée, le temps d’accompagner le patient au bloc opéra-
toire.
Rupture septale
Incidence
À l’ère préthrombolytique l’incidence rapportée de la
rupture septale était de 11 % des séries anatomopatholo-
giques et 2 % des patients hospitalisés pour infarctus du
myocarde [1]. Elle n’est plus que de 0,2 % [8, 30]. La
rupture septale apparaît plus volontiers dans les infarctus
de localisation antérieure (66 % des ruptures septales)
(tableau 2). L’hypothèse d’un effet aggravant de la throm-
bolyse (rupture par hémorragie intramyocardique) a été
débattue mais non confirmée [9].
Diagnostic
La rupture peut atteindre plusieurs centimètres de lon-
gueur (
figure 1). Elle est soit franche au travers de l’épais-
seur du myocarde soit plus anfractueuse. L’étendue de la
rupture détermine l’importance du shunt gauche-droite,
ses répercussions hémodynamiques et par conséquent le
pronostic [1]. Elle intéresse en général la portion apicale
des infarctus antéroseptaux avec nécrose transmurale.
L’atteinte de la portion basale du septum est beaucoup
Thrombus
Ép. péricardique
VD
VG
Figure 2.Rupture de la paroi antérieure du ventricule gauche avec
visualisation d’un volumineux épanchement péricardique hémati-
que (thrombus), en échographie par voie transthoracique (incidence
sous costale).
Complications mécaniques de l’infarctus du myocarde récent
mt cardio, vol. 1, n° 6, novembre-décembre 2005
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Revue
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