Interview Traitement des pseudokystes : le drainage endoscopique remplace le plus souvent le drainage chirurgical ujourd'hui, le traitement endoscopique, dans une équipe entraînée, a les mêmes indications que le drainage chirurgical excepté l'hémorragie intrakystique ou la présence d'un pseudoanévrysme. Le Dr Philippe Ponsot fait le point sur ces différentes techniques et le bilan pré-interventionnel. A Pancréascopie : Le traitement des pseudo-kystes a beaucoup évolué depuis 10 ans. Pourriez-vous nous dire quels sont ceux qui doivent être traités en distinguant l'urgent et l'électif ? Dr Ph Ponsot : Les pseudokystes symptomatiques et/ou de grande taille doivent être traités. On estime qu’au-delà de 4 ou 6 cm de diamètre, il est raisonnable, même en l’absence de symptôme, de proposer un drainage. En effet, le risque de complication des pseudokystes volumineux est plus élevé et leur probabilité de régression est faible. En revanche, les pseudokystes de plus petite taille (inférieurs à 4 - 6 cm) se compliquent rarement et peuvent être surveillés. On sait aujourd’hui grâce au suivi par le scanner qu’il existe des régressions tardives. Il est très rare que le traitement d’un pseudokyste se fasse dans l’urgence. Dans la grande majorité des cas, le traitement endoscopique est réalisé à froid, sauf pour les pseudokystes infectés ou hémorragiques. Pancréascopie : Les traitements par voie radiologique externe très en vogue dans les années 90 sont-ils abandonnés ? Dr Ph Ponsot : On peut rapprocher ce traitement externe radiologique du drainage externe chirurgical qui est également une mauvaise technique. En effet, ce drainage crée une fistule externe qui risque de se chroniciser. Le drainage externe était à l’origine d’hospitalisations prolongées du fait de l’absence de tarissement du liquide de drainage. Lorsque l’on tentait le clampage ou l’ablation du drain, il existait généralement une récidive du pseudokyste pafois sous forme infectée. Cette technique a été abandonnée au profit du drainage interne par voie endoscopique, qui a permis de raccourcir beaucoup la durée d’hospitalisation des patients et d’améliorer les résultats du traitement. Pancréascopie : Quels sont les critères de choix entre un traitement chirurgical et endoscopique ? Dr Ph Ponsot : Les bons résultats du traitement endoscopique en termes d’efficacité et de sécurité en font un traitement de référence, à condition que les indications soient bien posées et le drainage réalisé par une équipe expérimentée. Il n’y a pas d’étude contrôlée comparant le traitement endoscopique et le traitement chirurgical des pseudokystes. Les indications sont en fait les mêmes et le choix entre les deux techniques dépend essentiellement de l’expertise de l’équipe d’endoscopie interventionnelle. Il existe cependant deux contre-indications au traitement endoscopique : - L’hémorragie intra-kystique qui est classiquement une indication à la chirurgie d’exérèse (lorsque l’hémorragie est secondaire à un pseudo-anévrysme, celui-ci peut être traité par embolisation radiologique). - La nécrose solide intra-kystique, car la 2 mise en place d’une prothèse dans le kyste ne permet pas le drainage de cette nécrose et expose fortement à sa surinfection. Il faut insister sur le fait que la nécrose solide est bien visible à l’échographie, mais pas au scanner. - Enfin, certains pseudokystes ne peuvent pas être drainés sous contrôle endoscopique ni par voie trans-pariétale, ni par voie trans-papillaire, car ils sont trop à distance (> 1 cm) de la lumière digestive ou parcequ’il existe une hypertension portale trop importante. Ces pseudokystes doivent être traités chirurgicalement. Pancréascopie : Quel bilan doit-on envisager avant un traitement endoscopique d'un pseudokyste ? Dr Ph Ponsot : Le bilan est clinique et radio-endoscopique. Le bilan clinique est celui du pseudokyste (symptômes, complications) et de pancréatopathie causale aiguë (lithiasique ou alcoolique) ou chronique (alcoolique). Le bilan d’imagerie repose sur 4 examens : l’échographie, le scanner, l’écho-endoscopie et en pré-thérapeutique immédiat la pancréatographie rétrograde endoscopique. Chacun de ces examens apporte des renseignements très utiles sur l’indication et la technique du drainage (tableau 1). L’IRM, de plus en plus utilisée, fournit des renseignements précieux sur le contenu du pseudokyste et la morphologie canalaire.Au terme de ce bilan, il est possible de répondre aux questions suivantes : - Existe-t-il une indication thérapeutique : Interview Siège, taille, nombre Contenu (liquidien, nécrotique) Echographie Scanner Echo-endoscopie + +++ + +++ Pancréatographie rétrograde +++ Paroi (épaisseur, vaisseaux, contact avec le tube disgestif) ++ +++ Canaux pancréatiques (sténose, rupture canalaire) + ++ pseudokyste symptomatique et/ou de grande taille ? - Existe-t-il une contre-indication au traitement endoscopique : nécrose solide, hémorragie, collection liquidienne sans paroi propre ? - En cas de drainage trans-pariétal, existet-il une indication à le réaliser sous contrôle écho-endoscopique : compression extrinsèque modérée, présence de vaisseaux dans la paroi kysto-digestive ? Pancréascopie : Quels sont les avantages respectifs des voies transpapillaires et transpariéto-digestives ? Ainsi, au cours de la pancréatite chronique, nous avons pu constater que la mise en place d’une prothèse dans le canal pancréatique principal en amont d’un obstacle juxta-ampullaire pouvait permettre le drainage concomitant d’un pseudokyste non opacifié. Pancréascopie : Une infection ou une hémorragie intrakystique modifie-t-elle la voie d'abord ? +++ d’échec de drainage trans-gastrique plus élevé. Ce risque d’échec peut être réduit par la mise en place d’une ou de deux prothèses dans une zone déclive. La voie transpapillaire, plus récente, nécessite une expertise en cathétérisme interventionnel pancréatique. Son avantage principal réside dans le fait que la prothèse trans-papillaire traite à la fois le pseudokyste et sa cause, obstruction ou rupture canalaire. Les limites du drainage trans-papillaire sont les suivantes : sténose canalaire fibreuse ou lithiasique non franchissable, finesse du réseau canalaire (pancréatite aiguë), pseudokyste non communicant. Cette dernière notion est relative, l’absence d’opacification du pseudokyste lors de la pancréatographie rétrograde n’éliminant pas une communication. En fait, la reproduction rapide des pseudokystes après ponction qui est habituelle est probablement la meilleure preuve de leur caractère communiquant. Dr Ph Ponsot : Une hémorragie intrakystique dépistée par l’imagerie ou la présence d’un pseudo-anévrysme dans la paroi du pseudokyste sont des contreindications au traitement endoscopique. Parfois, le diagnostic d’hémorragie intrakystique n’est pas posé avant le drainage. Lorsque le liquide de recueil intra-kystique est franchement hémorragique, le drainage endoscopique doit être immédiatement interrompu. Quant à l’infection, elle ne constitue pas une contreindication au drainage endoscopique, sauf s’il s’agit d’une nécrose solide infectée. Pancréascopie : En pratique, comment faites-vous votre choix entre ces deux techniques ? Dr Ph Ponsot : Habituellement, on Dr Ph Ponsot : La voie transpariétale est débute par une tentative de drainage par la voie classique qui consiste à drainer le voie trans-papillaire. Le premier temps pseudokyste soit à travers l’estomac, soit est donc la pancréatographie rétrograde à travers le duodénum. Si la compression endoscopique. S’il s’agit d’une pancréatite extrinsèque est importante, la mise en aiguë avec rupture canalaire, la prothèse place de la prothèse est relativement doit être insérée dans le pseudokyste. aisée. Le drainage peut être fait S’il s’agit d’une pancréatite chrosous seul contrôle endoscopique nique avec sténose du canal panà condition que la présence de AU TOTAL créatique principal, la prothèse doit vaisseaux dans la paroi kysto-digesêtre mise en place soit dans le canal tive ait été éliminée par une échoLes deux voies d’abord donnent des résultats pancréatique principal en amont de endoscopie préalable. L’inconvésuperposables : taux de succès de 80 % avec un la sténose, soit dans le pseudokyste. nient de cette technique est qu’elle recul de deux à trois ans. Quelle que soit la voie Lorsque le drainage trans-papillaire ne traite pas la cause lorsqu’il s’agit d’abord, la durée du drainage n’est pas codifiée. n’est pas possible, il faut opter pour Certaines équipes optent pour des drainages d’une obstruction canalaire en aval. un drainage trans-pariétal sous Lorsque le contact entre le pseud’assez courte durée (deux à trois mois), contrôle endoscopique seul si toutes d’autres pour des drainages plus prolongés, dokyste et la paroi digestive est les conditions de sécurité sont en particulier par voie trans-papillaire lorsfaible, le drainage, même réalisé réunies, ou sous contrôle échoqu’il existe une sténose que l’on souhaite calisous contrôle écho-endoscopique endoscopique lorsque le bombebrer. Dans ce cas, un changement systémaexpose au risque de fuite péritoment n’est pas franc ou qu’il existe tique de prothèse doit être réalisé tous les néale du liquide kystique. Enfin, les des vaisseaux dans la paroi kystotrois mois environ pour éviter une rare mais pseudokystes très volumineux, digestive. grave complication infectieuse. souvent situés dans l’arrière cavité propos recueillis par C. Mura des épiploons, comportent un taux 3