Les patients ne paieront plus chez le médecin, au grand
dam de professionnels
Paris, 19 juin 2014 (AFP) -
Le tiers payant sera généralisé d'ici 2017 permettant à l'ensemble des patients de ne plus avancer d'argent lors
d'une consultation, au grand dam des médecins, qui n'ont pas été apaisés jeudi par les propos de la ministre de la
Santé Marisol Touraine.
Octroyé actuellement aux seuls bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie universelle) et de l'AME (Aide
médicale d'Etat), le tiers payant sera étendu en 2015 aux patients les plus modestes bénéficiant de l'aide à la
complémentaire santé, puis d'ici 2017 à tous les assurés.
Marisol Touraine a confirmé jeudi que cette mesure figurerait dans la future loi de santé publique, dévoilée jeudi
devant un parterre de professionnels.
Le dispositif, qui se pratique déjà en pharmacie, constitue "une avancée pour les patients", et illustre la réforme
"qui permet d'attaquer les inégalités de santé à la racine", a assuré la ministre.
Elle a voulu balayer dans son discours les craintes d'une hausse de la consommation, induite par la gratuité des
soins: "Le tiers payant n'aura pas d'impact sur la consommation", a-t-elle dit.
"Je refuse l'idée de Français qui seraient irresponsables. Les gens qui ne vont pas voir des professionnels de santé
aujourd'hui, c'est parce qu'ils n'arrivent pas à avancer l'argent ou parce qu'ils ont des difficultés financières ou des
appréhensions, mais je ne crois pas qu'il y ait aujourd'hui des patients touristes ou des malades imaginaires du
XXIème siècle", a souligné Marisol Touraine.
En exemple: la CMU, après laquelle il n'y a pas eu "d'explosion du recours aux soins", a-t-elle dit.
Le dispositif "n'est pas justifié économiquement", "c'est un mauvais signal, le signal que la consultation est
gratuite", a pourtant rétorqué Roger Rua, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), selon qui "faire
l'avance de 23 euros n'est pas unfrein à l'accès aux soins".
Le tiers payant pour les ACS, c'est "un tiers payant social sur lequel tous les médecins sont d'accord", mais le
généraliser à l'ensemble des assurés est "une incitation à une attitude consumériste", a abondé Jean-Paul Ortiz, à la
tête du syndicat de médecins CSMF.
Faisabilité technique
Or, "les problèmes techniques ne sont pas réglés, il y a 400 assureurs complémentaires", ce qui compliquera le
remboursement des médecins, a avancé Jean-Paul Ortiz de la CSMF qui craint une bureaucratie trop lourde.
Le tiers-payant "apportera au médecin une garantie de paiement sans délai et de simplicité", a assuré la ministre de
la Santé, soulignant que le tiers payant n'était pas "une invention étatiste", mais un dispositif déjà utilisé dans
plusieurs pays de l'OCDE.
Pour la première étape de la généralisation de l'avances des soins aux patients les plus modestes, l'Assurance
maladie sera aux commandes. C'est elle qui paiera les médecins, elle sera chargée de collecter l'argent auprès des
complémentaires.
Actuellement pour une consultation chez le médecin traitant généraliste, le patient paie 23 euros. Avec le tiers
payant généralisé, il n'avancera ni la part prise en charge par l'assurance maladie (15,10 euros) ni les 6,90 euros à
la charge des mutuelles (pour ceux qui en ont). Reste un euro de participation forfaitaire à la charge du patient.
Or, s'il ne verse plus rien lors de la consultation, comment s'acquittera-t-il de cette participation forfaitaire?
C'est "l'un des points qui fait l'objet des discussions", a-t-on reconnu dans l'entourage de la ministre.
La participation d'un euro, instaurée pour préserver le système de santé, est demandée pour chaque consultation
médicale, examen radiologique ou analyse de biologie. Actuellement retranchée du remboursement de chaque
acte, elle est limitée à 50 euros par an et par personne et ne peut être prise en charge par une complémentaire.
Dans un récent rapport, l'inspection générale des affaires sociales (Igas) estimait que la généralisation du tiers
payant était "techniquement possible" mais à condition de veiller au risque de délais de paiement excessifs ou de
TX-PAR-TQX97
Tous droits de reproduction réservés
Mots : 663
Date : 19/06/2014
Pays : FRANCE
Edition : Fil Gen
Périodicité : Quotidien
Surface : 98 %
perte financière lorsque le patient n'a pas les droits requis.
asl/db/nm
Afp le 19 juin 14 à 15 59.
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