UNE PUBLICITE BIEN MEMORISEE PAR LE PUBL ULTRA BRITE : LA BLONDE A L'OEILLET ENTRE LES DENTS a publicité est parfois insupportable. Quand elle suinte d'un bonheur béat malaxant des clichés de série rose peuplés de jeunes gens sinistrement sains et joyeux. Cela se fait moins aujourd'hui, où les imageries, même naïves, sont plus torturées, mais on n'échappe pas à quelques reliquats du L genre Hollywood Chewing Gum, Adidas ou Coca-Cola. Encore que les versions branchées années 80 dégorgeant sur un rythme clip des zazous atteints de torticolis subodorent la même immense niaiserie. Mais qu'importent mes angoisses existentielles de sartrien attardé puisque, sur un strict plan commercial, ça CONJUGAISONS RADIOPHONIQUES Partie de punching-ball chez les radios. Premier round: le « Vous j'sais pas, moi c'est RTL ». Deuxième round, Europe 1 torpille: « Moi c'est Europe 1». Troisième round: «Nous, c'est NR 1 » sur image d'une foule. La partie n'est certainement pas terminée. Mais, pour le moment, NRJ ramasse le tapis. A COLLE SUR LES MURS Campagne très adhésive, et à l'événement, que les affiches pour les colles Pattex de l'agence Delrieu Duprat et Associés. Des panneaux, disséminés aux emplacements les plus fréquentés de Paris, font la démonstration publique de l'efficacité des «colles à tout coller». Un bric-à-brac d'objets courants y ont été collés. AFFICHES MIAM-MIAM Une affiche qui se dévore jusqu'à la dernière miette, ce n'est pas banal. Claude Posternak et son agence Ulysse ont réussi un joli coup événementiel pour leur client le Moule à Gâteau. En faisant déguster par les passants, Champs- 76 IL'OBS ÉCONOMIE marche, ce qui est, somme toute, le plus important et la seule raison de toute communication marchande. Justement, dans le genre, Ultra Brite vaut son pesant de cacahouètes. Le dernier film, réalisé par Jean-Pierre Roux à qui on doit pas mal de jolis morceaux (Shell, Maggi, Barilla...), est un vrai monument. «Moderne et vertigineux », dit-on à l'agence FCB (celle qui a inventé le « schwepping » et la «Rue Gaina », détentrice du budget depuis un an). Objectif : « Rajeunir la communication existante en reformulant la promesse de séduction d'Ultra Brite en phase avec les attentes et les goûts des jeunes de 15-24 ans». Le «dentifrice au goût sauvage que Colgate Palmolive a lancé sur le marché en 1972 n'y va pas par quatre chemins. D'ailleurs la voie est déjà balisée par le code de communication qui a établi la notoriété d'Ultra Brite : « Sea, ses, sua». Mer, sexe, soleil. La belle blonde énergique artistiquement sauvageonne aux dents éclatantes qui file sur l'eau un oeillet rouge à la bouche, dans le sillage d'une course effrénée. Pas d'erreur, sa fureur de vivre a bien réussi à la marque, du moins en France, car elle est restée marginale dans les autres pays. Elle occupe en 1985 6,3 % de part du marché: près de 8 millions de tubes vendus. Positionnement cosmétique (promesse de séduction et de fraîcheur de l'haleine, 20 % du marché) et non santé (promesse de protection des gencives et anti•plaque dentaire, 58 % du marché). Et, dans le secteur, c'est avec Tonigencyl la publicité la plus mémorisée par le public. Alors « le grand plongeon », tourné à l'île de mou, au sud de Cassis, se veut d'un goût sauvage plus prononcé. SOUS forme d'un « défi gratuit lancé d'égal à égal». La fille en haut de la falaise blanche ravagée par le soleil. Elle défie du regard le mâle, qui plonge d'une hauteur de vingt mètres dans le gouffre bleuté de la mer chercher l'oeillet que la belle provocatrice y a négligemment jeté. Elle passe au-dessus de lui en Deltaplane. Preuve qu'aujourd'hui, pour séduire, il faut savoir plonger profond. Sans oublier de se brosser les dents. • P. G. Elysées, deux affiches entièrement en gâteau, l'une au chocolat, l'autre à la noisette. Des gâteaux de 12 mètres carrés pesant chacun 220 kilos.