Prof. Dr. PIERRE SPRUMONT
De la fécondation à la naissance: un développement continu?
La naissance est l'aboutissement spectaculaire de phénomènes complexes amorcés par la fécondation un peu plus de 36 semaines
auparavant. La fécondation elle-même résulte de la conjugaison de cellules particulières, les gamètes, qui se démarquent activement de
celles composant le corps des futurs parents.
Les huit premières semaines de l'embryon sont cruciales. Issu d'une seule cellule (le zygote), il forme d'abord un amas lobulé minuscule au
sein duquel apparaît très vite une cavité. C'est sous cet aspect encore très homogène qu'il s'enfonce dans la paroi utérine avec laquelle il
constitue une véritable greffe. L'amas se développe d'abord sous forme d'un disque auquel on peut donc reconnaître deux surfaces
indiquant les futures faces ventrale et dorsale. Puis une strie apparaît du côté dorsal, ce qui permet de distinguer une extrémité antérieure
et une extrémité postérieure. Les cellules antérieures se multiplient et s'insinuent dans l'épaisseur du disque. L'embryon, à ce moment âgé
d'un peu moins de 3 semaines, possède dès lors un plan de symétrie. Il se compose de 3 feuillets qui vont chacun subir une évolution
particulière. Il mesure moins de 1 mm de long et son extrémité antérieure, sa future tête, est légèrement renflée.
Dès la 4ème semaine, les trois feuillets embryonnaires donnent naissance à des tissus et à des organes spécifiques, d'abord sous forme
d'ébauches encore très éloignées de la forme adulte. L'embryon de 3 semaines avait la forme d'une poire, celui de 4 semaines montre déjà
quelque chose qui deviendra un œil et des palettes informes qui deviendront des membres. La cavité amniotique, d'abord minuscule et
située du côté dorsal du disque, a grandi et enveloppe maintenant le corps de l'embryon qui mesure environ 3 mm. Le futur placenta forme
une sphère creuse de 2,5 cm de diamètre entourant la cavité amniotique, elle-même visible aux ultrasons. Il fait saillie dans la cavité d'un
utérus légèrement épaissi.
Au cours des 4 semaines suivantes, les organes vont progressivement croître et prendre leur aspect plus ou moins définitif. Leur taille
relative par rapport à celle de l'ensemble du corps reste cependant variable. C'est ainsi que la tête occupe plus du tiers de la longueur de
l'embryon de 8 semaines, qui prend maintenant le nom de fœtus. Son intestin est proportionnellement tellement long qu'il a souvent
tendance à faire hernie dans le cordon ombilical. Le "jeune fœtus" mesure 3 cm de long et pèse un peu moins de 3 g.
C'est dire que les 32 semaines qui lui restent à vivre dans l'utérus de sa mère représentent pour le futur enfant une période de croissance
extrême. Son poids se multipliera par un facteur d'au moins 1000 et sa longueur par un facteur d'environ 17. Certains organes, comme le
cerveau, verront apparaître en leur sein de nouvelles structures. Quelques organes comporteront même à la naissance des excédents
considérables de cellules. C'est à nouveau le cas du cerveau, mais c'est aussi celui de l'ovaire, dont le stock de cellules susceptibles de
devenir des gamètes est de plus de 1000 fois supérieur à ce qui est nécessaire à la future reproduction.
La complexité des phénomènes biologiques reliant la fécondation à la naissance est spectaculaire, au point de paraître même miraculeuse.
Elle pose de nombreuses questions auxquelles la médecine est cependant incapable de répondre. Quelques pistes de réflexion existent,
qui valent la peine d'être explorées. Qu'en est-il par exemple de la spécificité des gamètes, tous différents entre eux aussi bien que de la
personne qui les produit? Qu'en est-il de la spécificité des cellules primitives de l'embryon, d'abord totipotentes puisqu'une seule d'entre
elles suffit pour produire un embryon complet, puis multipotentes, et dont on sait depuis peu qu'il en subsiste, chez nous les adultes, des
îlots encore susceptibles de développement et d'évolution? Qu'en est-il des malformations, dont on sait que certaines sont liées aux
gamètes, d'autres au développement individuel de l'embryon, et d'autres encore à la compétition entre jumeaux? Peut-on les prévoir?
Doit-on les prévoir? Et finalement: une malformation doit-elle nécessairement être visible à l'œil nu, ou bien peut-elle être cachée dans
l'intimité microscopique de quelques cellules embryonnaires pour ne se révéler que des années plus tard sous forme de maladie?
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