Université libre de Bruxelles - 2002 - INFORSCIENCES
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Relativité et énergie
L'avènement de la relativité restreinte a apporté une surprise dans la définition
de l'énergie.
Si nous prenons l'exemple de l'équation (3) ci-dessus, et que nous l'adaptons à
l'expression de l'énergie d'une particule neutre, isolée, nous obtenons quelque
chose du style :
où nous avons simplement explicité le terme d'énergie cinétique. Mais nous
sommes bien évidemment libres d'ajouter n'importe quel terme constant à
chacun des membres de l'équation. En effet, en théorie non relativiste,
l'énergie, même d'une particule libre, n'est définie « qu'à une constante
arbitraire près ». Il n'en va pas de même dans une approche relativiste, même si
nous n'en donnons pas ici la démonstration (voir remarque ci-contre). On trouve
en fait l'expression unique :
Dans cette équation, c représente la vitesse de la lumière dans le vide, et le
membre de droite est une approximation valable dans la limite où les vitesses v
sont nettement inférieures à la vitesse de la lumière. On retrouve bien
l'expression familière de l'énergie cinétique, mais on constate aussi que la
constante est maintenant fixée de manière unique et qu'elle dépend de la
masse de la particule.
L'histoire de ce terme est bien connue, puisqu'elle est à l'origine des
développements de la physique nucléaire d'abord, de la physique des particules
ensuite. Il montre que la masse des particules fait partie du bilan d'énergie, mais
on en déduit aussi que cette énergie peut être libérée par désintégration de la
particule. A l'inverse, la concentration d'une quantité d'énergie suffisante dans
un très petit volume (comme lorsque des particules légères mais de haute
énergie sont lancées les unes contre les autres à l'aide d'un accélérateur) peut
créer des particules plus lourdes. A titre d'exemple, l'accélérateur LEP au CERN
réalise le choc d'un électron et d'un antiélectron pour créer des particules
(comme le boson intermédiaire Z) de masse près de 100.000 fois plus élevée
que celle des particules initiales !
La démonstration est simple, et ne
demande pas de mathématiques
au-delà de celles enseignées dans
le secondaire ; qu'il suffise ici de
préciser que, comme les concepts
d'espace et de temps sont unifiés
en théorie relativiste (conduisant à
des vecteurs à 3 + 1 composantes,
(r, ct)), la même unification lie la
quantité de mouvement (p=mv) et
l'énergie pour former le vecteur
(p, E/c). Comme la définition de la
quantité de mouvement dans un
référentiel donné ne comprend
pas de constante arbitraire,
l'énergie qui y est associée est elle
aussi définie de manière unique.
Remarque : conformément à la
notation usuelle, c représente ici
la vitesse de la lumière dans le
vide.
On trouvera dans l'intéressante
brochure de R. Carreras:
« Et l'énergie devint matière »,
diffusée par le CERN,
une présentation illustrée de ce
domaine de la physique