LA REGULATION DE L’ECONOMIE PAR LE MARCHE (13)
Les théories de l’économie de marché préconisent le désengagement de l’État sous trois formes :
Dérégulation : l’État doit renoncer aux politiques macro-économiques d’ajustement des marchés au profit de
nouvelles politiques favorisant la concurrence.
Déréglementation : l’État doit alléger les contraintes administratives imposées aux divers intervenants sur les
marchés (droit du travail, droit social, droit des affaires, etc.)
Dénationalisation : l’État doit procéder à la privatisation des entreprises publiques vendant des biens sur le
marché ou gérant un service public.
III. Les limites de la régulation par le marché
Dans son fonctionnement concret, le marché est parfois défaillant ; l’État est alors légitimé à intervenir.
A. Concurrence imparfaite et prix artificiel
Lorsque les conditions de fonctionnement des marchés ne sont pas respectées, le prix ne joue plus parfaitement sa
fonction d’information. l’équilibre économique n’est donc pas optimal.
1. Le non respect des hypothèses d’atomicité et de libre entrée sur le marché
Le processus concurrentiel conduit souvent à une concentration des marchés. Sur un marché donné, les offreurs
sont moins nombreux et de plus grande taille. L’hypothèse d’atomicité n’est alors plus respectée. Les prix de
vente ne sont plus le résultat de la concurrence, mais dépendent de l’intérêt propre de l’entreprise dominante
(coûts de production, objectif de taux de profit).
2. Le non respect de l’hypothèse d’homogénéité
Même si l’hypothèse d’atomicité est réalisée, la concurrence par les prix n’est pas obligatoire. C’est le cas
lorsque chaque entreprise adopte une stratégie de différenciation.
Cette différenciation peut revêtir deux formes :
- Différenciation objective par une politique de qualité de service et d’innovation,
- Différenciation subjective fondée sur une politique d’image créée et entretenue par les techniques
mercatiques.
Réussir sa différenciation permet d’atteindre une position de quasi-monopole. Les entreprises peuvent fixer un
prix plus élevé que dans une situation de concurrence et réaliser ainsi des profits élevés.
3. Le non respect des hypothèses de transparence et de mobilité des facteurs de
production
L’information sur les prix est rarement parfaite : il peut donc exister des politiques de prix relativement
indépendantes de la concurrence.
Concrètement il n’existe pas de système d’information centralisé qui indique aux consommateurs les évolutions
de prix des différents biens proposés.
La mobilité des facteurs de production est réduite : d’une part, la mobilité du capital technique est rendue
difficile par les coûts de transfert, d’autre part, la mobilité du facteur travail est fortement limitée par des
contraintes sociales, culturelles et linguistiques.
B. Biens collectifs et externalités : l’absence de prix de marché
Pour certains biens, le marché ne peut remplir son rôle d’allocation efficiente des ressources parce qu’il est
incapable de fixer un prix.
1. Les biens collectifs
Pour ce type de bien, l’offre étant indivisible, il est impossible d’exclure un consommateur du marché avec un
prix qui serait trop élevé pour lui. Le fonctionnement même du marché ne permet pas la fixation d’un tel prix, car
les consommateurs sont incités à ne pas révéler leur intention de payer tel ou tel prix. Ils se comportent en
« passager clandestins ». Ainsi, faute d’une demande exprimée sur le marché, aucune offre ne peut exister pour
des services tels que l’éclairage municipal, la police ou la défense nationale, etc.