I. La formation du prix de marché

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LA REGULATION DE L’ECONOMIE PAR LE MARCHE (13)
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L’économie de marché est une économie régulée par les prix. Une économie régie par les seuls prix est capable
d’organiser en permanence la totalité de la vie économique de façon efficiente et équilibrée. Certaines
imperfections du fonctionnement des marchés réduisent cependant la capacité autorégulatrice de l’économie de
marché et justifient dans une certaine mesure l’intervention de l’État.
I. La formation du prix de marché

Un marché est un lieu de rencontre (réel ou abstrait) entre les offreurs (les vendeurs) et les demandeurs (les
acheteurs).
Il en existe une multitude en fonction de la nature du bien ou du service échangé (marché de l’automobile, du
pétrole, des capitaux, des cadres, etc.).
A. Les intérêts contradictoires des intervenants sur le marché
Les comportements d’offre et de demande sur le marché sont analysé d’un point de vue micro-économique.
L’offre et la demande globales découlent de l’agrégation des offres et des demandes individuelles exprimées sur
le marché.
1. La demande globale d’un bien

Elle représente la somme des demandes solvables exprimées pour chaque niveau de prix.
Selon l’hypothèse de rationalité, plus le prix est élevé, moins les quantités demandées sont importantes. La
demande globale est donc décroissante par rapport au prix.
2. L’offre globale d’un bien

Elle représente la somme des offres rentables exprimées pour chaque niveau de prix.
Là encore, selon l’hypothèse de rationalité, plus le prix est élevé, plus les quantités offertes sont élevées.
L’offre globale est donc croissante par rapport au prix. Lorsque le prix de marché est à la hausse, des producteurs
qui n’étaient pas rentables à un prix inférieur (en raison de coût de production trop élevés) peuvent offrir leur
production. Le demandeur a intérêt à ce que le prix du marché soit le plus bas possible, alors que l’offreur a un
intérêt totalement inverse.
B. La conciliation des intérêts contradictoires
1. L’équilibre entre l’offre et la demande
Une libre négociation s’engage entre les offres et les demandeurs. Le prix est la variable clé de la négociation.
Les contrats sont conclu définitivement au prix pour lequel la quantité offerte égalise la quantité demandée. On
dit alors que le marché est à l’équilibre. il ne peut en être autrement.
2. Les caractéristiques du prix de marché
Le prix de marché comporte trois caractéristiques :
1. Le prix de marché est un prix d’équilibre : c’est seulement à ce prix que toutes les quantités offertes sont
vendues et que toutes les demandes sont satisfaites. Sur un marché à l’équilibre, il n’y aura donc ni pénurie,
ni excédent.
2. Le prix de marché est un prix stable : tout écart par rapport au prix d’équilibre provoque spontanément son
retour par le libre jeu des forces du marché.
3. Le prix de marché est un prix unique : si le marché réunit trois conditions de fonctionnement :
- conditions d’homogénéité du produit : les produits destinés à un même usage sont identiques (il n’existe
donc pas de différenciation du produit),
- condition de transparence du marché : l’information sur les prix et les biens circulent parfaitement,
- condition d’atomicité du marché : aucun intervenant n’est en mesure, par son poids économique, d’imposer
un prix qui soit différent du prix d’équilibre, sous peine de ne rien pouvoir acheter ou de ne rien pouvoir
vendre.
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II. Les mécanismes de régulation par les prix
L’information transitant sur les marchés par l’intermédiaire des prix engendre :
- L’allocation des ressources économiques (produits, facteurs de production),
- L’équilibre permanent du système économique.
A. L’allocation des ressources
Le marché prétend résoudre de façon optimale plusieurs questions si les conditions de concurrence sont
rassemblées.
1. Quels biens et services produire et en quelle quantités ?
Dans le cas ou l’intérêt des consommateurs (la demande) est grand pour un produit donné, le prix de marché
s’élève. Les conséquences suivantes en découlent :
- Les offreurs présents sur le marché réalisent des profits supplémentaires et investissent pour produire plus.
- De nouveaux offreurs entrent sur le marché.
- L’accroissement de l’offre sur le marché réduit le niveau des prix, donc le profit.
Dans le cas ou les consommateurs se détournent d’un produit, le prix de marché baisse. On constate
l’exclusion de certains producteurs, dont les coûts de production sont trop élevés à ce nouveau prix ou qui
manifestent un désir de production insuffisant à ce prix.
2. Comment produire ces biens et services ?
Les variations de prix des produits jouent un rôle de signal efficace pour l’affectation des facteurs de production
(capital, travail) aux divers types de production.
Les producteurs sont incités :
- À affecter plus de facteurs aux produits dont les prix montent et moins de facteurs aux produits dont les prix
baissent,
- À utiliser les facteurs de production les moins chers pour satisfaire leur volonté de maximisation du profit.
Deux conditions doivent compléter celles qui garantissent la formation du prix unique d’équilibre :
- Les producteurs peuvent librement entrer sur le marché le plus profitable (condition de libre entrée dans la
branche).
- Les facteurs de production circulent sans entrave au gré des variations de l’offre (condition de mobilité des
facteurs de production)

Un marché sur lequel sont réunies ces cinq conditions de fonctionnement est appelé marché de concurrence
pure et parfaite :
- atomicité du marché,
- homogénéité du produit,
- transparence du marché,
- libre entrée dans la branche,
- mobilité des facteurs de production.
B. L’équilibre économique
Dans une économie de marché parfaite, les déséquilibres ne peuvent persister. En effet, seule une manipulation
des prix de type étatique peut produire des situations durables de pénurie ou d’excédent ;
1. L’équilibre général
Le système des prix permet la réalisation simultanée de l’équilibre macro-économique sur les différents marchés.
 Équilibre du marché des biens et des services. Par la flexibilité des prix, la demande de biens est toujours
égale à l’offre des biens.
 Plein emploi de la force de travail offerte sur le marché du travail. Par la flexibilité des salaires, l’offre de
travail égalise en permanence la demande de travail.
 Stabilité de la valeur de la monnaie. Par l’évolution des taux d’intérêt sur le marché des capitaux, l’offre de
monnaie est toujours égale à la demande de monnaie.
 Solde équilibré des opérations avec l’extérieur par la variation des prix relatifs (taux de change).
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Les théories de l’économie de marché préconisent le désengagement de l’État sous trois formes :
 Dérégulation : l’État doit renoncer aux politiques macro-économiques d’ajustement des marchés au profit de
nouvelles politiques favorisant la concurrence.
 Déréglementation : l’État doit alléger les contraintes administratives imposées aux divers intervenants sur les
marchés (droit du travail, droit social, droit des affaires, etc.)
 Dénationalisation : l’État doit procéder à la privatisation des entreprises publiques vendant des biens sur le
marché ou gérant un service public.
III. Les limites de la régulation par le marché
Dans son fonctionnement concret, le marché est parfois défaillant ; l’État est alors légitimé à intervenir.
A. Concurrence imparfaite et prix artificiel
Lorsque les conditions de fonctionnement des marchés ne sont pas respectées, le prix ne joue plus parfaitement sa
fonction d’information. l’équilibre économique n’est donc pas optimal.
1. Le non respect des hypothèses d’atomicité et de libre entrée sur le marché
Le processus concurrentiel conduit souvent à une concentration des marchés. Sur un marché donné, les offreurs
sont moins nombreux et de plus grande taille. L’hypothèse d’atomicité n’est alors plus respectée. Les prix de
vente ne sont plus le résultat de la concurrence, mais dépendent de l’intérêt propre de l’entreprise dominante
(coûts de production, objectif de taux de profit).
2. Le non respect de l’hypothèse d’homogénéité
Même si l’hypothèse d’atomicité est réalisée, la concurrence par les prix n’est pas obligatoire. C’est le cas
lorsque chaque entreprise adopte une stratégie de différenciation.
Cette différenciation peut revêtir deux formes :
- Différenciation objective par une politique de qualité de service et d’innovation,
- Différenciation subjective fondée sur une politique d’image créée et entretenue par les techniques
mercatiques.
Réussir sa différenciation permet d’atteindre une position de quasi-monopole. Les entreprises peuvent fixer un
prix plus élevé que dans une situation de concurrence et réaliser ainsi des profits élevés.
3. Le non respect des hypothèses de transparence et de mobilité des facteurs de
production
L’information sur les prix est rarement parfaite : il peut donc exister des politiques de prix relativement
indépendantes de la concurrence.
Concrètement il n’existe pas de système d’information centralisé qui indique aux consommateurs les évolutions
de prix des différents biens proposés.
La mobilité des facteurs de production est réduite : d’une part, la mobilité du capital technique est rendue
difficile par les coûts de transfert, d’autre part, la mobilité du facteur travail est fortement limitée par des
contraintes sociales, culturelles et linguistiques.
B. Biens collectifs et externalités : l’absence de prix de marché
Pour certains biens, le marché ne peut remplir son rôle d’allocation efficiente des ressources parce qu’il est
incapable de fixer un prix.
1. Les biens collectifs
Pour ce type de bien, l’offre étant indivisible, il est impossible d’exclure un consommateur du marché avec un
prix qui serait trop élevé pour lui. Le fonctionnement même du marché ne permet pas la fixation d’un tel prix, car
les consommateurs sont incités à ne pas révéler leur intention de payer tel ou tel prix. Ils se comportent en
« passager clandestins ». Ainsi, faute d’une demande exprimée sur le marché, aucune offre ne peut exister pour
des services tels que l’éclairage municipal, la police ou la défense nationale, etc.
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2. Les effets externes
Il y a effet externe (externalité) lorsqu’un agent économique (producteur ou consommateur) procure, par son
activité, un gain ou un dommage non compensé sur le plan monétaire.
Le marché ne prend pas en compte l’existence des externalités. Ainsi, il est incapable de pénaliser une entreprise
trop polluante (coûts sociaux) qui réalise de gros profits (bénéfices privés). Cette externalité négative que
constitue la pollution est ignorée du marché, le coût n’est pas supporté par l’entreprise qui en est la source, mais
par la collectivité.
Dans ces situations de mise en échec du marché, le rôle de l’État consiste à produire les biens collectifs et à
placer sous tutelle certaines activités génératrices d’effets externes positifs (scolarisation, vaccination, R&D, etc.)
ou négatifs (pollution, nuisances sonores, etc.)
La découverte des externalités contribue à justifier les interventions de l’État. dans les théories de la croissance
endogène, l’État doit développer les infrastructures publiques, le capital humain, l’innovation technologique, la
recherche et le développement.
C. La prise en compte du temps et l’ajustement par les quantités
Si l’on prend en considération le temps, il apparaît que les ajustement sur les marchés sont assurés plus
facilement par les quantités (emploi, investissement, stock, production, etc.) que par les prix. Il pourra donc
exister des déséquilibres durables.
Ceux ci trouvent leur sources dans deux phénomènes trop souvent négligés :
- L’information est incertaine, changeante, et rend les ajustements difficiles et risqués.
- Les coûts de transaction (des ajustements) sont élevés en termes de négociation, d’incertitude et de stabilité
des relations contractuelles.
Par exemple sur le marché su travail, l’ajustement entre l’offre et la demande passe théoriquement par la
flexibilité des salaires. Cependant, l’employeur pourra préférer adapter le niveau d’emploi (licencier) plutôt que
le niveau des salaires. En effet, la modification des salaires peut lui être préjudiciable en l’absence d’information
certaines sur l’évolution du marché du travail. La baisse des salaires risque de faire manquer l’entreprise de main
d’œuvre, de faire partir les meilleurs…
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