Les imperfections des mécanismes du marché de CPP Créé le

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Les imperfections des mécanismes du marché de CPP
Créé le : jeudi 20 novembre 2008 - Dernière mise à jour : lundi 23 février 2009 par Simonnet
Jean-Paul
Sommaire
1. Le rationnement de l’offre ou de la demande : la rigidité des prix
2. Stabilité instabilité de l’équilibre : rigidité des quantités
3. Absence de commissaire priseur : l’échange en “déséquilibre"
Il n’est pas question dans cet article de discuter des imperfections de la concurrence
transformant un ou des offreurs, un ou des demandeurs en "faiseur de prix" (price-maker). Il
s’agir simplement de revenir sur le mécanisme d’ajustement des prix et des quantités qui est
censé conduire à l’établissement d’une situation d’équilibre du marché.
Jusqu’à présent, les mécanismes du marché ont été présentés dans un cadre très particulier
relevant d’au moins trois hypothèses discutables :
- 1) on a supposé que les prix et les quantités peuvent s’ajuster immédiatement (les prix sont
flexibles)
- 2) il existerait un agent centralisateur, un commissaire-priseur charger de gérer la formation
et la réalisation de l’échange
- 3) la concurrence est supposé pleine et entière, pure et parfaite comme dise les économistes.
Qu’en est-il quand ces trois conditions (ou l’une d’entre elles) ne sont pas (n’est pas) réalisées
(réalisée) ?
1. Le rationnement de l’offre ou de la demande : la rigidité des prix
Dans les faits, les prix peuvent s’adapter avec retard parce qu’ils résultent d’une négociation
institutionnalisée. Les salaires par exemple sont fixés périodiquement dans le cadre de
négociations collectives entre salariés et employeurs.
- Les prix de certains produits sont réglementés par les pouvoirs publics.
- Même pour les produits qui ne sont pas soumis à une réglementation il y a souvent des
retards dans l’adaptation du prix aux nouvelles conditions du marché : les prix sont souvent
rigides.
Il faut envisager deux situations : le prix est soit supérieur soit inférieur au prix d’équilibre.
Face à l’une ou l’autre de ces situations, les réactions des demandeurs et des offreurs font que
l’ajustement se réalise alors par les quantités et qu’un rationnement s’effectue :
- si le prix effectif est plus faible que le prix d’équilibre, la demande est supérieure à l’offre,
d’où une situation de pénurie, les acheteurs réduisent alors leur demande : rationnement de la
demande,
- si le prix effectif est plus élevé que le prix d’équilibre, l’offre est supérieure à la demande,
d’où une- situation de surproduction [1], et dans ce cas, les producteurs ne peuvent pas vendre
tous leurs produits : rationnement de l’offre.
Exemples : le "salaire minimum" ou le “blocage des loyers“
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Si l’offre et la demande de travail pour chaque
employeur et chaque salarié est normale (respectivement croissante et décroissante avec le
salaire réel) l’existence d’une réglementation fixant un salaire minimum est une cause de
déséquilibre sur le marché du travail.
En l’absence de salaire minimum l’équilibre se réaliserait par l’ajustement du salaire : tous les
salariés qui ne trouvent pas d’emplois, mais qui sont prêts à travailler pour un salaire plus
faible trouveraient un emploi. Ceux qui resteraient sans emplois sont ceux qui refusent la
baisse du salaire, parce qu’ils considèrent que le revenu ne compense pas la “peine“ associée
au travail. Pour ces derniers il s’agirait alors d’un “chômage volontaire”.
Le SMIC interdit cet ajustement. Si le niveau du salaire minimum est plus élevé que celui
correspondant à l’équilibre entre l’offre et la demande de travail, certains salariés sont sans
emploi, alors même qu’ils accepteraient des emplois moins bien rémunérés : ils sont alors des
“chômeurs involontaires”.
Les économistes libéraux considèrent que la rigidité du prix du travail est la principale cause
de chômage involontaire.
Le même raisonnement peut être conduit pour le “blocage des loyers”.
Les pouvoirs publics peuvent imposer un niveau maximum pour les loyers de manière à
permettre de fournir des logements "bon marché" à tous ceux qui veulent être locataires. Si ce
loyer maximum n’est pas assez élevé (s’il est inférieur au loyer d’équilibre traduisant l’égalité
entre l’offre et la demande de logements) certains propriétaires vont se retirer du marché
parce qu’ils considèrent que le gain n’est pas suffisant. Les logements "bon marché" existent
mais ils sont trop peu nombreux pour que tous ceux qui recherchent un logement puissent être
satisfaits....Le blocage des loyers conduit à une crise du logement (pénurie).
2. Stabilité instabilité de l’équilibre : rigidité des quantités
En introduisant un retard dans la réaction des offreurs aux variations du prix il est très facile
de faire apparaître un modèle d’ajustement ne conduisant à l’équilibre que pour des formes
particulières des fonctions d’offre et de demande. [2].
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Les prix de nombreux produits agricoles
(viande de bœuf, de porc, pomme de terre...) connaissent des fluctuations cycliques [3]
Le comportement des offreurs est commandé par le prix auquel ils espèrent vendre leur
production lorsque celle-ci sera livrée sur le marché. S’ils choisissent de considérer que le
prix futur correspondra au prix présent constaté l’ajustement dynamique est incertain. La
demande est peu élastique alors que l’offre est très élastique.
L’offre à la date t1 est O1, le prix attendu par les vendeurs est p1, ils constatent qu’à ce prix, la
demande D1 est supérieure à l’offre, ils obtiennent un prix plus élevé p*1.
Le prix p*1 sert de base pour la production à la date t2 soit O2. Cette quantité ne peut être
absorbée que si le prix est p*2.
L’excès d’offre entraîne une chute du prix vers p*2 et les producteurs décident de modifier
leur production pour la date t3
Les fluctuations des prix des produits agricoles font l’objet de commentaires parfois trop
rapides. L’augmentation (?) des prix constatée en 2007 et 2008 pour certains produits a par
exemple été souvent expliquée en invoquant la pression exercée par la demande chinoise. Sur
son blog "déchiffrages", Jean-François Couvrat, apporte une ponse courte mais sans appel
aux propose tenus par Eric Le Boucher dans un article du monde [4].
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3. Absence de commissaire priseur : l’échange en “déséquilibre"
Lorsque les offreurs et les demandeurs se rencontrent directement sans qu’un processus de
marchandage soit réalisé par un tiers, le prix ne peut pas s’ajuster.
Supposons que les courbes d’offre et de demande se présentent comme sur le graphique ci-
dessous.
Si le prix est au niveau A (pA) les demandeurs sont disposés à acheter la quantité Ad et les
offreurs à vendre la quantité Ao.
Normalement l’écart devrait entraîner une nouvelle proposition de prix (plus élevée pour
attirer de nouvelles offres). En l’absence d’ajustement la quantité échangée est celle proposée
par les offreurs soit Ao. On voit qu’une partie seulement de la demande peut-être satisfaite : la
demande est contrainte quand le prix est inférieur au prix d’équilibre.
Si le prix est au niveau B (pB) les demandeurs sont disposés à acheter la quantité Bd et les
offreurs à vendre la quantité Bo.
Normalement l’écart devrait entraîner une nouvelle proposition de prix (moins élevée pour
attirer de nouvelles demandes). En l’absence d’ajustement la quantité échangée est celle
proposée par les demandeurs soit Bd. On voit qu’une partie seulement de l’offre peut-être
satisfaite : l’offre est contrainte quand le prix est inférieur au prix d’équilibre.
Cela revient à dire qu’une partie seulement des courbes d’offre et de demande traduit la
relation entre prix et quantités pouvant être effectivement échangées.
Il y a bien équilibre au sens où tous ceux qui veulent vendre ou acheter à un prix donné
peuvent le faire mais avec un rationnement pour les offreurs ou les demandeurs en fonction de
la position du prix relativement au prix d’équilibre. [5]
[1] La surproduction est une situation dans laquelle l’offre est supérieure à la demande. C’est
un excès d’offre. Mais c’est aussi une insuffisance de la demande.
Il est donc parfaitement justifié de caractériser certaines situations comme surproduction ou
comme sous consommation [[Dans la discussion de l’origine des crises industrielles c’est le
point de vue défendu par Thomas Robert Malthus (1766-1834), Karl Marx (1818-1883) et
John Maynard Keynes (1883-1946). Selon eux, la crise est le résultat d’une insuffisance de la
demande et pas d’une surproduction "absolue" signifiant que toutes les demandes sont
satisfaites (saturation de la demande), alors qu’il s’agit d’une distribution insuffisante de
pouvoir d’achat..
[2] La présentation systématique du modèle remonte à un article paru en 1938 de
l’économiste américain Mordecai Ezekiel, qui travaillait sur le cycle du porc. Cette idée est
présente dès 1930 dans des articles publiés en allemand par Henry Schultz, Jan Tinbergen et
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Umberto Ricci. Le nom du mécanisme, cobweb est introduit par Nicholas Kaldor en 1934. Il
signifie toile d’araignée en anglais et fait référence à l’aspect de sa représentation graphique.
Présentation détaillée dans cet article publié par Emeric Lendjel sous le titre L’origine
statistique du diagramme du cobweb, 1998, disponible sur le site de documentation HAL
(hyper articles en ligne, CNRS).
[3] Le prix du porc par exemple dépend de nombreux facteurs :
- la tendance à long terme qui évolue comme le coût de revient moyen des producteurs, dans
un marché européen très concurrentiel. Depuis 1985, la baisse tendancielle du prix du porc
résulte des gains de productivité et de la baisse du coût de l’aliment qui représente 60% du
coût de revient du porc.
- le cycle du porc caractérisé par des fluctuations autour de la tendance s’expliquant par la
vitesse de réaction de la production aux variations de prix (surcroît de production, au bout de
12 à 18 mois, suite à des prix attractifs et à une augmentation du cheptel reproducteur).
- le mouvement saisonnier de la demande, selon le type de pièces de découpe (prix moyen
plutôt élevé en été et bas en hiver).
- des variations exceptionnelles : sur l’offre (accidents climatiques, stockage, importations des
pays tiers) ou la demande (exportations, promotions de la distribution…)... Les marchés à
terme permettent normalement de réduire les effets de ces variations de prix. Pour une
illustration du cycle du porc voir les pages 119 à 123 dans Les marchés à terme agricoles en
Europe et en France, Agreste, Notes et études économiques, n°30, mars 2008, pp. 99-124.
[4] Le Monde des 16 et 17 mars 2008
[5] On dit qu’il s’agit d’un équilibre avec rationnement ou encore d’un K-équilibre par
référence à Keynes parce que l’analyse keynésienne est construite dans le cadre des prix
rigides ou peu flexibles.
Documents joints
Marchés à terme (agriculture)
23 février 2009
Document : PDF
329 ko
23 février 2009
Document : PDF
253.3 ko
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