État des lieux
Le syndrome sein-ovaire (BRCA1/2)
Il y a une dizaine d’années, l’identification des gènes BRCA1 et BRCA2, res-
pectivement situés sur les chromosomes 17(q21) et 13(q12-13) et codant pour des
protéines impliquées dans la réparation des lésions de l’ADN, a constitué une
avancée majeure. La recherche de mutation constitutionnelle (MC) de BRCA1/2 est
maintenant de pratique médicale courante (dans le cadre d’un dispositif légal bien
codifié).
Les risques principaux de cancers associés à une MC de BRCA1/2 concernent la
survenue d’un cancer du sein et/ou des ovaires [1-4]. Les estimations du risque cumulé
(pénétrance) de cancer pour les femmes ayant une MC de BRCA1/2 sont de l’ordre
de 40 à 85 % de développer un cancer du sein à 70 ans pour BRCA1 et BRCA2 contre
8 % dans la population générale, et de 20 à 60 % pour le cancer de l’ovaire pour
BRCA1 et de 6 à 27 % pour BRCA2 contre 1 % dans la population générale. Le risque
ovarien lié à BRCA1 est nettement plus élevé avant 50 ans que celui associé à BRCA2.
Le risque de développer un cancer du sein précocement (avant l’âge de 45 ans) est
de 25 % en cas d’implication du gène BRCA1, et de 7 % pour le gène BRCA2.
Il n’est pas possible aujourd’hui d’établir de lien entre telle mutation et la survenue
de tel type de cancer (sein, ovaire...), ni d’estimer les risques en fonction de la lourdeur
de l’histoire familiale, notamment par rapport à l’âge de survenue.
Le risque relatif d’autres cancers que ceux du sein et de l’ovaire est faible, hormis
le cancer de la trompe. Il est très probable qu’il existe un excès modéré de risque de
cancer de la prostate chez les hommes porteurs d’une mutation. Par ailleurs, pour
un homme porteur d’une mutation BRCA2, le risque cumulé de cancer du sein à
70 ans a été estimé à 5 %.
Les MC BRCA1 et BRCA2 n’expliquent pas l’ensemble des familles où une pré-
disposition au cancer du sein et de l’ovaire est évoquée. Il doit donc exister d’autres
gènes majeurs responsables des cas familiaux, mais, en dépit de nombreuses recher-
ches, ils n’ont pas encore été identifiés, sans doute en raison de l’hétérogénéité des
familles étudiées, chaque gène ne pouvant expliquer qu’une très faible proportion de
familles. Aucun nouveau gène BRCAx n’a été retenu. De nouvelles analyses de ségré-
gation sont plutôt en faveur d’un modèle récessif ou polygénique, rendant plus dif-
ficile l’identification des gènes responsables.
Autres syndromes héréditaires connus
D’autres syndromes héréditaires, tous de transmission autosomique dominante,
comportent un excès de risque de cancer du sein mais sont exceptionnels : syndrome
de Li-Fraumeni et mutation du gène TP53, maladie de Cowden et mutation du gène
PTEN, syndrome de Peutz-Jeghers et mutation du gène STK11.
184 30es journées de la SFSPM, La Baule, novembre 2008
C. Noguès