Sous-groupes finis de GLn(Q)
Samuel Baumard Pierre Lairez
 juin 
Sujet d’exposé de maîtrise
proposé par Philippe Gille
L’objet de ce mémoire est un résultat de Hermann Minkowski datant de 
qui majore la taille des sous-groupes finis de GLn(Q). Nous suivons principale
ment la présentation faite par Jean-Pierre Serre dans un exposé récent [Ser],
puis celle de R. M. Guralnick et M. Lorenz [GL].
Dans une première partie, nous énonçons et prouvons ledit théorème ; les
outils utilisés dans la démonstration sont pour la plupart élémentaires, à l’ex
ception d’un résultat général de théorie des caractères.
La deuxième partie donne une généralisation simple du théorème de Min
kowski, découverte par Issai Schur en  [Sch]. Sa démonstration fait inter
venir la théorie des caractères et des représentations des groupes finis.
En troisième partie, on explicite rapidement, à isomorphisme près, les sous-
groupes finis de GL2(Q), en vérifiant au passage un cas très particulier des
théorèmes vus auparavant.
Enfin, la quatrième et dernière partie présente une généralisation de ces deux
théorèmes, elle aussi démontrée par Schur en  : le corps initial Qest alors
remplacé par un corps de nombres quelconque. La preuve utilise la théorie des
anneaux d’entiers de ces corps de nombres.
Table des matières
Théorème de Minkowski
.Notations ...............................
.Énoncé.................................
.Borne multiplicative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.Optimalité de la borne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.Les -sous-groupes maximaux de GLn(Q).............
Traces et représentations
.Domaine d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.Démonstration du théorème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Intermède : sous-groupes finis de GL2(Q)
Vers les corps de nombres 
.Théorème de Schur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
.Préliminaires algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
.Réduction modulo p......................... 
.Inertie de certains nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . 
.Démonstration pour impair . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
Conclusion 
Références 
Théorème de Minkowski
.Notations
Dans tout cet exposé, désigne un nombre premier, [x]la partie entière du
réel x,v`(n)la valuation -adique de l’entier n. Pour un ensemble fini A,v`(A)
désigne la valuation -adique du cardinal de A. La notation G6H, si Hest un
groupe, signifie que Gest un sous-groupe de H. Le symbole désigne le pgcd.
.Énoncé
Théorème .Pour tout entier net tout nombre premier , posons
M(n, ) = r+v`(r!) =
X
i=0 n
i(1)
avec r= [ n
`1]. Définissons de plus M(n) = Q`M(n,`).
(i) Si Gest un sous-groupe fini de GLn(Q), alors |G|divise M(n).
(ii) Les -sous-groupes de GLn(Q)maximaux pour l’inclusion sont conjugués
deux à deux et d’ordre M(n,`).
Commençons par quelques remarques. Ce théorème n’est pas valable pour
un corps quelconque, puisqu’il existe par exemple des matrices d’ordre arbitrai
rement grand à coefficients dans Cou même dans R. Cependant, on verra qu’une
majoration existe toujours lorsqu’on remplace Qpar un corps de nombres.
De plus, le point (ii) du théorème est à rapprocher des théorèmes de Sylow
pour les groupes finis. En effet, les deux premiers théorèmes de Sylow peuvent
s’exprimer ainsi :
Si Gest un groupe fini et un nombre premier, alors tous les -sous-
-groupes maximaux de Gsont conjugués et d’ordre v`(G).
La démonstration de Minkowski se développe en trois parties :
On montre que tout G6GLn(Q)fini est isomorphe à un sous-groupe de
GLn(Fp)ou d’un groupe orthogonal On(Fp). Un pbien choisi prouvera le
point (i).
On exhibe ensuite un -sous-groupe de GLn(Q)de cardinal M(n,`).
Pour voir que les -sous-groupes maximaux de GLn(Q)sont conjugués
deux à deux, on se ramène enfin à un problème de Sylow dans GLn(Fp).
.Borne multiplicative
..Quelques isomorphismes
La première étape de la démonstration consiste à se ramener à l’étude de
matrices à coefficients entiers. On introduit pour cela la notion de réseau de Qn.
Proposition - définition .Soit Run sous-Z-module de Qn. Les deux asser
tions suivantes sont équivalentes :
(i) Rest de type fini, et engendre le Q-espace vectoriel Qn;
(ii) Rest libre de rang n.
Dans l’un ou l’autre cas, on dit que c’est un réseau de Qn.
Corollaire .Une somme finie de réseaux (en tant que Z-modules) est encore
un réseau.
Démonstration. C’est immédiat en utilisant la première caractérisation : une
somme finie de modules de type fini est encore de type fini.
Démonstration (de la proposition ). Prouvons l’équivalence annoncée.
(i) =(ii) : soit Fune famille génératrice finie du Z-module R; on peut donc
écrire R=Pe∈F Ze. On en déduit que Qn= VectQPe∈F Ze=Pe∈F Qe: en
particulier, Fengendre Qn, et on peut en extraire une Q-base B= (ei)i[[1,n]].
Par suite, tout élément xde Fse décompose sous la forme x=Pqiei, où les qi
sont rationnels ; en notant dun dénominateur commun des qi, on trouve par
conséquent n
M
i=1
ZeiR1
d
n
M
i=1
Zei
ce qui prouve d’une part que Rest libre comme sous-module d’un module libre
sur un anneau principal, et d’autre part qu’il est de rang n.
(ii) =(i) : soit Bune Z-base de R. Il s’agit en particulier d’une famille
Q-libre : en chassant les dénominateurs, on voit qu’une relation de liaison à
coefficients rationnels impliquerait une relation de liaison à coefficients entiers.
On en déduit donc que Best une Q-base de Qn, et le résultat.
Remarque. Faisons une remarque d’apparence triviale mais qui sera utile par la
suite : dans la démonstration de la proposition, on a en fait utilisé le fait que Z
est principal, en particulier factoriel, et que Qest son corps des fractions.
Dans la suite de ce paragraphe, on désigne par Gun sous-groupe fini de GLn(Q).
Lemme .Le groupe Gest conjugué à un sous-groupe de GLn(Z).
Démonstration. L’idée est de montrer que Gstabilise un réseau de Qn. Posons
R=PgGgZn, qui est un réseau par le corollaire . De plus, il est bien stable
par G. Ainsi, dans une Z-base de R, les matrices de Gsont à coefficients entiers,
ce qui prouve le lemme.
Lemme .Il existe une forme quadratique qsur Qndéfinie positive et à coef
ficients entiers telle que G6O(q), où O(q)est l’ensemble des matrices de
GLn(Q)orthogonales pour la forme q.
Démonstration. Le procédé est assez semblable à celui du lemme précédent.
Posons q(x) = Pn
i=1 x2
ipour des xQn; c’est une forme quadratique définie
positive sur Qn. Quitte à la multiplier par un entier, PgGqgconvient.
..Réduction dans Fp
Lemme (Minkowski).Soit m>3. Alors le noyau du morphisme canonique
ϕ: GLn(Z)GLn(Z/mZ)est sans torsion. En d’autres termes, l’identité est
le seul élément d’ordre fini de Ker ϕ.
Démonstration. Supposons au contraire qu’il existe gKer ϕ,g6= 1 et qentier
tels que gq= 1. Quitte à élever gà une certaine puissance, on peut supposer
que qest premier.
Il existe h∈ Mn(Z)non nulle à coefficients premiers entre eux dans leur
ensemble et d > 0tels que g= 1 + mdh. En écrivant gq= 1, on obtient
q
X
k=1 q
k(md)khk= 0.
En particulier, mdivise les coefficients de qh car
qh +q
2mdh2+· · ·
|{z}
multiple de m
= 0.
Par hypothèse sur les coefficients de h, on en déduit que mdivise q, et donc par
primalité que q=m. Comme qest impair (car m>3), il divise q
2. Puisque
h+q
2dh2+· · ·
|{z}
multiple de q
= 0,
l’entier qdivise tous les coefficients de h: c’est absurde.
Corollaire .Si Gest un sous-groupe fini de GLn(Z),GKer ϕ={1}.
Remarque. En fait, seul le corollaire servira, et même une forme plus faible et
évidente : pour massez grand, ϕGest une injection.
..Lemmes calculatoires
Nous allons calculer explicitement la valuation de l’ordre de certains groupes de
matrices, ce qui nous permettra de conclure quant au premier point du théorème.
Lemme .Pour  > 2, et ppremier générateur de (Z/2Z)
×,
v`(GLn(Fpr)) = (1 + v`(r)) n
τ+v`n
τ!
avec τ=`1
r(`1) .
Remarque. Le théorème de la progression arithmétique de Dirichlet (voir par
exemple [Hin], théorème .) assure l’existence d’une infinité de tels p. De
plus, pour r= 1, le membre de droite est précisément la borne M(n, ).
Démonstration. Montrons que pour i > 0,
v`(pi1) = (1 + v`(i)si 1divise i
0sinon.
D’abord, pest premier avec 2, donc avec . De plus, si pi1 (mod ), alors
p`i 1 (mod 2)et ϕ(2) = (1) |i, d’où 1|i. La réciproque étant
facile, on en déduit que pi1 (mod )si et seulement si 1|i.
Supposons maintenant que iest de la forme m(1)kavec mpremier avec
et raisonnons par récurrence sur k. Notons s=pm(`1).
Si k= 0, alors |pi1, mais 2-pi1car (1) -m(1). Pour k > 0,
posons par hypothèse de récurrence s`k11 = uk, avec -u. Alors
s`k=1 + uk`= 1 + uk+1 +
`
X
j=2
jujjk
| {z }
multiple de `k+2 car ` > 2
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