L’auteur se tourne ensuite vers Paul Jove, les Turcs et l’humanisme. Regrettons que, pour situer la
question dans un cadre plus large les livres de Robert Schwoebel4 et de Margaret Meserve5, ne soient
pas cités, bien qu’ils traitent de la période précédente. Paul Jove s’est imposé comme »expert« sur
les Turcs. Il est dommage que pour l’histoire turque Emmanuelle Pujeau s’appuie sur Hammer-
Purgstall dans sa traduction de 18366, toujours utile (mais aussi absent de la bibliographie) et ne cite
ni Halil Inalcik7 ni Colin Imber8 ni, en français, l’»Histoire de l’Empire ottoman«, ouvrage collectif sous
la direction de Robert Mantran9. À partir de sources très diverses (informations données par des
prisonniers, dépêches diplomatiques …), Paul Jove offre une nouvelle image des Turcs, mais
occidentalisée ou orientalisée (et non orientée)? Son aspect humaniste apparaît dans sa démarche
d’historien qui n’est pas orientée vers la croisade (ce qui n’empêchait pas des humanistes d’être en
faveur de la croisade). Ce nouveau regard sur les Turcs valut à Paul Jove des accusations de les
glorifier et même d’adopter certaines de leurs coutumes, bien que ses écrits montrent qu’il semblait
les mépriser (ou était-ce une défense?).
Puis l’auteur se livre à un long excursus (p. 120–184) sur une étude de cas, la prise de Rhodes en
1522, »illustration d’une époque«, qui lui permet de voir comment Paul Jove a rapporté l’événement.
Elle utilise comme source – mais en est-ce une? – l’ouvrage manuscrit de l’historien néerlandais,
professeur d’histoire à Leyde, Johannes Meursius, qui part de Warnerus Rolewinkius (Werner
Rolevinck, 1425–1502), chartreux à Cologne et auteur d’un »Fasciculum Temporum» (de la Création
à 1474) qui a eu un grand succès, Johannes Nauclerus (Johann Vergenhans, v. 1425–1510), auteur
aussi d’une chronique universelle, les »Memorabilium omnis aetatis et omnium gentium chronici
commentarii«, imprimé en 1516, et Johannes Leunclavius (Johann Löwenklau, 1541–1594), auteur, à
côté d’»Annales Sultanorum Othmanidarum« (1588), des »Historiae Musulmanae Turcorum, De
Monumentis Ipsorum Exscriptae, Libri XVIII«, publiées en 1591. Était-ce indispensable? De même,
comment utiliser sur les chevaliers de Rhodes l’ouvrage grand public de Bertrand Galimard Flavigny10
et non pas (absent de la bibliographie) l’ouvrage de Nicolas Vatin11?
4 Robert Schwoebel, The Shadow of the Crescent. The Renaissance Image of the Turk (1452–1517), Nieuwkoop
1967.
5 Empires of Islam in Renaissance Historical Thought, Cambridge, MA, Londres 2008.
6 Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l’Empire ottoman depuis son origine jusqu’à nos jours. Traduit de
l’allemand par J. J. Hellert, 18 vol., Paris, Londres, Saint-Petersbourg 1834–1836.
7 Halil Inalcik, The Ottoman Empire. The Classical Age 1300–1600. Translated by Norman Itzkowitz and Colin
Imber, Londres 1973.
8 Colin Imber, The Ottoman Empire, 1300–1650. The Structure of Power, Basingstoke 2002.
9 Robert Mantran (dir.), Histoire de l’Empire ottoman, Paris 1989.
10 Bertrand Galimard Flavigny, Les chevaliers de Malte. Des hommes de fer et de foi, Paris 1998 (Découvertes
Gallimard. Histoire, 351).
11 Nicolas Vatin, L’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, l’Empire ottoman et la Méditerranée orientale entre les deux
sièges de Rhodes (1480–1522), Louvain, Paris 1994.
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