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Dans la mesure où elle est approchée comme une maladie chronique, des buts
thérapeutiques sont assignés à la problématique de la dépendance, en terme de
réhabilitation bien plus que de guérison (Spicer, 1993). La relation usager-thérapeute est
un rapport de collaboration, qui vise un changement de style de vie, en vue du but à
atteindre à long terme : apprendre à vivre avec sa problématique de dépendance
(Galanter, 1993). Cette problématique chronique implique également une vigilance à vie
et le maintien de l’abstinence, confirmant en cela bien d'autres approches de l'alcoolo-
dépendance.
La dépendance est une maladie physique, mentale et spirituelle (Spicer, 1993 ;
McCrady, 1994). Ce point de vue holistique débouche sur une approche
multidisciplinaire. A côté des problèmes psychiques et physiques, le MM souligne
également la dimension spirituelle. Cela ne signifie nullement une philosophie religieuse
ou sectaire. Cette dimension aborde au contraire la question du sens comme
composante essentielle de la lutte contre la dépendance. L’expérience extrême ou
l’expérience émotionnelle forte sont centrales à cet égard.
Dans le cadre de la problématique de la dépendance, la question de la dimension
existentielle de l’être (c'est-à-dire confrontations avec les vulnérabilités et les limitations)
et de la problématique du sens se fait jour. C'est aussi en cela que l'abstinence ne peut
être un objectif en soi.
Malgré certaines critiques à l’égard de l’approche médicale de la dépendance, Vaillant
(1983) cite des arguments solides pour défendre ce point de vue. La recherche fournit
également une évidence suffisante des 4 critères de Lewis. Cette approche est en outre
tout à fait "relevante" dans le cadre d’une perspective thérapeutique. Cela dispense
l’usager de sentiments de culpabilité immobilisants, constitue un argument en faveur
d’une abstinence à vie et modifie l’attitude de la famille et de l’entourage. Ce concept fait
également appel au sentiment de responsabilité de la personne dépendante en mettant
l’accent sur l’implication active lors du traitement et la nécessité d’un changement réfléchi
de style de vie.
1.3 Les principes et outils thérapeutiques
Les deux piliers de la méthode sont l’abstinence complète et l’amélioration de la qualité
de la vie, l’un renforçant l’autre.
L'abstinence peut être considérée comme une condition première, voire un objectif
opérationnel de l'objectif essentiel qu'est l'amélioration de la qualité de la vie.
L’objectif de la méthode se concentre sur une cible et uniquement sur elle : le traitement
de la dépendance. Il s’agit pour la personne de se dégager en premier lieu de la
consommation de produits toxiques et de se réhabiliter. Elle se donne ainsi les moyens,
tant physiques que psychologiques, de faire face aux éventuels traumatismes anciens
qui seraient à l’origine de la prise de produits. Chaque histoire, chaque situation étant
particulière, le patient fera appel, dans un autre temps, à l’aide thérapeutique qui lui
conviendra le mieux.
Mais elle lui permettra également de faire face aux conséquences, souvent difficiles à
supporter, parce qu'empreintes de honte t de culpabilité, d'années de consommation
a) Pour parvenir à réaliser cet objectif, le MM s’appuie sur trois principes :