Point de vue des associations d`entraide sur la Réduction

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 Point de vue des associations d’entraide sur la Réduction du Risque &
Dommages.
Tout d’abord, un avertissement, je pense qu’il y a un amalgame qui est fait entre la
réduction des risques et des dommages dans le cadre de la toxicomanie et de
l’alcoolisme. Dans le premier cas on est entrain de mettre en place des centres
d’injection (salles de shoot) alors que pour l’alcool nous avons depuis bien longtemps
déjà des centres d’ingestion appelé : tavernes, cafés, bistrots, bars, pubs etc...
Dans le premier cas on met en place des kits d’injection (seringues jetables) pour
l’alcool il y a des canettes jetables, des gobelets plastiques (pas terrible pour
l’environnement mais il en est de même pour les seringues) voir le lavage des verres
dans les cafés.
Dans le premier cas il y a des produits de substitutions, contrairement à ce que l’on
dit souvent je pense qu’il y en a un au moins pour le sevrage alcoolique : il se
nomme café très utilisé lors du sevrage et immédiatement après. J’ai eu l’occasion
récemment de constater un « énervement de résident d’un CSSRA lors d’une
proposition de remplacer le café par du déca. Voilà, une première chose.
La Réduction des Risques et des Dommages ne doit pas être focaliser sur le seul
item réducteur du médical. La définition de la santé, que se soi celle de l’OMS : « La
santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste
pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » ou de la charte d’Ottawa,
dont la formulation est certes différente : « La santé est l’équilibre et l’harmonie de
toutes les possibilités de la personne humaine (biologiques, psychologiques et
sociales) » mais a le même sens.
Dans la dénomination de ces items, nous nous apercevons qu’un seul y est
reconduit dans un autre genre peut-être c’est le mot social (es). Et c’est bien sur ce
point que la R.d.R. & D. pour les associations d’entraide prend toute son importance
ainsi que sur l’item « mental ou psychologique ».
Si pour nous il n’y a pas d’alternative à l’abstinence, une abstinence librement
consentie, pour qu’un malade alcoolo-dépendant retrouve la plénitude de sa qualité
de vie harmonieuse dans un espace de liberté retrouvé, notre investissement et notre
implication dans la limitation des risques s’effectue également en promouvant de
vivre avec plaisir et bonne santé sans pour autant interdire si ce n’est pas dans les
objectifs premiers du patient. Bien évidemment notre démarche aura pour but de
mener à terme vers le choix de l’abstinence.
De part nos réunions, nos groupes de parole, nos manifestations et, en général,
notre travail d’accompagnant, nous agissons sur :
La Réduction du Risque de réduction de l’espérance de vie. (Plusieurs études et
méta-analyses confirment la nette augmentation d’espérance de vie chez les
abstinents). Une méta-analyse de 16 études présentée à l’ESBRA (La Société
européenne pour la recherche biomédicale sur l'alcoolisme) à mis en évidence que
toutes les formes de réduction de la consommation d’alcool, y compris l’abstinence,
favorisaient une diminution de la mortalité chez les alcoolodépendants.
Le gain d’espérance de vie était en moyenne de 8 ans. Plus la réduction de
consommation était importante, plus l’espérance de vie augmentait. L’abstinence
était associée avec le taux de mortalité le plus faible.
D’autres analyses avalisent ce constat : J.CHICK, UKATT, etc...
L’étude UKATT (United Kingdom Alcohol Treatment Trial) précisant que les
abstinents atteignent mieux leurs objectifs que les patients à consommation
contrôlée, ceci est partagé par de nombreux thérapeutes mais pas tous par exemple
par 72% des addictologues en Autriche et seulement 49% en France.
La Réduction du Risque d’isolement pour des personnes qui se sont retrouvés mis
à l’écart voir au ban de la société et qui moralement ressentent douloureusement
cette solitude. La prise en charge de ces personnes seules par nos structures dans
le cadre des réunions, groupes de parole, formation, et même et surtout les activités
de loisir ayant vocation de réinsertion.
La Réduction du Risque de précarité par l’intégration dans la durée et la stabilité
de la personne dans nos structures. Pour les mêmes raisons que précédemment,
La Réduction du Risque de désocialisation en réintégrant la personne dans la
participation à la vie sociale, en la sortant de sa mise à l’écart du système productif,
en la valorisant, en lui donnant le droit à l’expression.
La Réduction du Risque de perte de confiance en soi en lui redonnant de la
valeur, du courage, de l’assurance, en lui faisant confiance, en la responsabilisant
dans certaines de nos activités.
La Réduction du Risque de démotivation en lui redonnant des raisons de
reprendre son travail, ses revendications, des objectifs.
La Réduction du Risque de rechute ou de réalcoolisation par l’effet de groupe et
d’exemple en complément de toutes les mesures précédentes, en lui donnant la
possibilité d’avoir un interlocuteur qui fasse abstraction de jugement, en le prenant
immédiatement en charge et plus simplement en étant à son écoute.
La Réduction du Risque d’accidents et de maladies par le maintien et la
stabilisation d’un état d’abstinence, déjà abordé dans le premier item : espérance de
vie.
La Réduction des Risques futurs encourus par les jeunes dans le cadre de nos
actions d’information, de prévention en milieux scolaires, chantiers d’insertions et
autres stages FPA, ceci avec l’agrément des inspections académiques.
Mais aussi la Réduction du Risque de surconsommation chez les buveurs
excessifs qui viennent nous rejoindre et qui ne sont pas intéressés par un objectif
d’abstinence mais acceptent celui de la réduction.
Nous leur proposons une évaluation de leur consommation suivie d’une réduction de
celle-ci en effectuant des points réguliers avec reconduction ou révision de cette
pratique. La difficulté de réduction du nombre de verres consommés étant un moyen
de prendre conscience de leur état réel et constituer un facteur motivationnel au
changement.
Des propositions de rencontres avec des addictologues ou autres professionnels
entrant naturellement dans notre démarche d’accompagnement notamment pour les
demandeurs de « Baclofène » ou autre molécule dont la prescription, pour nous, doit
être suivi dans un programme ou nous serions intégré.
Nous utilisons également des outils comme les entretiens motivationnels (formations
programmées entre autre par la CAMERUP), l’approche systémique, etc..
Et enfin, notre investissement dans la Réduction du Risque de l’inflation du trou
de la sécurité sociale par notre statut de bénévole qui, bien que mis à mal ces
dernières années, est une garantie et un atout majeur à la qualité de notre travail qui
mériterai une toute autre reconnaissance de la part de tous les acteurs œuvrant dans
la thématique santé et plus précisément la problématique alcool.
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