Stéphane T’Jampens, un spécialiste de l’anti-matière
Les travaux de Stéphane T'Jampens portent principalement sur l'asymétrie entre matière et antimatière.
L’existence de cette dernière n’est plus à prouver, on en détecte, on en fabrique, on en stocke, on en
utilise en imagerie médicale.
Il est connu que nous sommes tous issus de poussières d’étoiles. Ce qui l’est moins, c’est que nous
sommes issus d’une violation de la symétrie, une loi pourtant fondamentale de la physique. A chaque
particule correspond une particule symétrique de même masse mais de charge opposée : par exemple, à
l’électron correspond l’antiparticule appelée positron de charge positive par exemple. L’une des
conséquences essentielles de cette symétrie : quand une particule rencontre son antiparticule, elles
s’annihilent l’une l’autre et disparaissent en dégageant énormément d’énergie.
Or, il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour voir que nous vivons dans un monde fait de matière. Où est passée
l’antimatière ? Lors du Big Bang, la matière et l’antimatière créées se sont annihilées. Il n’est resté qu’un
excédent de matière. Tout ce que nous voyons, les astres, les plantes, nos amis, est le fruit de cette
violation de la symétrie.
Cette asymétrie (appelée également « violation de CP »), découverte en 1964, est modélisée en 1973 par
Kobayashi et Maskawa (Prix Nobel 2008) où ils montrent qu'avec au moins six quarks, elle est une
propriété de l'interaction faible. L'expérience BABAR de SLAC aux Etats-Unis que Stéphane choisit pour y
effectuer son travail de thèse a fortement contribué à confirmer le bien-fondé du modèle de Kobayashi-
Maskawa.
Cependant, la recherche dans ce domaine se poursuit activement car un mystère demeure. L'ampleur du
déséquilibre matière-antimatière créé par ce modèle est beaucoup plus faible que celui observé dans
l’Univers. Cela pose aussi d’autres questions cosmologiques : si des régions de l’Univers qui contiennent
surtout de la matière jouxtent des régions dans lesquelles c’est l’antimatière qui domine, on devrait
observer d’importantes annihilations à leurs frontières.
L‘expérience LHCb du LHC4 au CERN, que Stéphane a rejoint en 2005 en intégrant le LAPP, est conçue
pour poursuivre activement l'élucidation de ce mystère qui ouvrira peut-être une fenêtre sur une nouvelle
physique à découvrir. Parallèlement, Stéphane coordonne un groupe international menant des études
phénoménologiques en physique des saveurs lourdes. Chercheur de très haut niveau tourné également
vers l'enseignement et des activités de médiation scientifique, il a une très grande visibilité internationale.
(1) Laboratoire d’Annecy-le-Vieux de physique théorique (CNRS/U. Savoie)
(2) Laboratoire d’Annecy-le-Vieux de physique des particules (CNRS-IN2P3/U. Savoie)
(3) Le keV est un multiple de l’électron-volt eV, 1 keV = 1000 eV, une unité utilisée très couramment en physique des hautes énergies. La
correspondance avec des unités usuelles est donnée par 1 eV = 10-19 Joule)
(4) Large Hadron Collider : Grand collisionneur de hadrons inauguré fin 2008, le plus grand accélérateur de particules jamais créé par
l’homme et doté de 4 expériences (Alice, Atlas, CMS et LHCb).
Jeudi 30 avril – 14h30
LAPP – LAPTH, 9 chemin de Bellevue, 74 Annecy-le-Vieux
Programme :
14h30 : Allocutions
15h30 : Exposés scientifiques des lauréats
16h20 : Remise des médailles aux lauréats
Contact
Presse CNRS
l Aurélie Lieuvin l T 04 76 88 10 62 ou 06 84 15 81 14 l aureli[email protected]