insuffisant, compte tenu des émissions réalisées, l’installation doit s’acquitter d’une amende, non
libératoire, s’élevant à 40 euros par tonne de CO2 manquante pour la première phase (2005-2007) et
à 100 euros pour la seconde (2008-2012).
Pour faciliter la mise en place et l’acceptation du système par les acteurs, les quotas ont
essentiellement été distribués gratuitement aux installations au cours de la première phase. Le
manque de temps dans la préparation des PNAQs et la méconnaissance des émissions réelles par les
régulateurs ont fait que les allocations ont été supérieures aux émissions constatées. Dès lors, à
partir du moment où les premiers résultats ont été publiés, le prix de la tonne de CO2 sur les marchés
a tendu vers zéro, les quotas de phase 1 ne pouvant être conservés en vue d’une utilisation en phase
2. Mais cette première période a été utile. Elle a servi de test pour la Commission européenne et les
installations sous quotas. De plus, le carbone a désormais un prix. Concernant l’allocation de la
seconde phase du marché européen, qui correspond à la période d’engagements du protocole de
Kyoto (2008-2012), Bruxelles a ainsi affirmé sa volonté de durcir la contrainte environnementale en
Europe. Le plafond autorisé des émissions de CO2 a de la sorte été réduit de 9 % par rapport à la
première phase. Les règles d’allocation des quotas ont été harmonisées entre les pays de l’UE et le
pouvoir de la Commission renforcé. La seconde période marque également le développement des
ventes de quotas : désormais, chaque pays à la possibilité de mettre aux enchères jusqu’à 10 % du
total des quotas distribués, contre 5 % en première période. Enfin, la couverture du marché des
quotas a été étendue. Après la Bulgarie et la Roumanie, qui ont intégré le marché suite à leur
adhésion à l’UE en 2007, trois nouveaux Etats, appartenant à l’espace économique européen, ont
rejoint le système en 2008 : l’Islande, la Norvège et le Lichtenstein. A partir de 2012, dernière année
de la seconde phase, c’est un secteur entier qui sera intégré au marché des quotas : le transport
aérien.
Si cette évolution des règles d’allocation a permis de rendre le marché globalement en situation de
déficit de quotas en 2008, l’arrivée de la crise économique et la baisse consécutive des émissions ont
fait que les acteurs ont reçu à nouveau davantage de quotas que leurs émissions en 2009. Cette
situation devrait s’atténuer à mesure de la reprise de l’activité économique, même si le marché
demeurera probablement en situation d’excédent sur la période. Malgré cela, l’Europe est en bonne
voie pour respecter son engagement Kyoto de réduction des émissions de 8 % à l’horizon 2012. Par
ailleurs, les règles de fonctionnement de la troisième période (2013-2020), qui sont d’ores et déjà
connues, vont se traduire par une intensification de la contrainte environnementale en Europe. En
effet, avec l’adoption du paquet « énergie-climat » fin 2008, l’Europe s’est dotée d’un objectif
commun de réduction des émissions de 20 % d’ici à 2020, par rapport au niveau de 1990, objectif
auquel participera pleinement le marché des quotas. Par ailleurs, cet objectif pourra être porté à
30 % si un accord international de réduction des émissions « satisfaisant » est adopté. Ensuite, la
mise aux enchères des quotas sera généralisée. Elle s’appliquera à la quasi-totalité des producteurs
d’électricité et concernera 20 % des quotas alloués aux secteurs hors-électricité dès 2013,
pourcentage qui augmentera progressivement pour atteindre les 100 % en 2027. De nouveaux gaz
(N2O, PFC) et de nouveaux secteurs (aluminium, chimie) seront également intégrés au système et
viendront en accroître sa couverture.