Présentation du séminaire
Mesdames, Messieurs, chers collègues,
Je vous souhaite à toutes et à tous, la bienvenue.
Très brièvement quelques remarques liminaires.
Nous avons délibérément axé cette journée sur le pouvoir de marché des producteurs de lait,
d’une manière plus générale du pouvoir de marché de l’agriculture familiale.
Le marché du lait est organisé dans l’Union européenne par la politique agricole commune
qui comprend une organisation commune des produits laitiers. Elle est basée sur un système
de gestion de l’offre au travers un système de quota de production et de la régulation du
marché qui s’appuie sur un régime douanier et un système de soutien aux exportations.
Cette organisation de marché a commencé à être réformée (Luxembourg 2003) : l’intégration
de la production laitière dans le système Droit à Paiement Unique, l’augmentation des quotas
laitiers (1,5% en trois ans) (pardonnez moi de schématiser,) et l’on attend un papier de la
Commission en vue de lancer le health check (2008). Nous découvrirons bientôt ce que
comprendra ce papier (accroissement progressif des quotas, diminution des
superprélèvements…), mais nous savons d'ores et déjà que le régime de quota ne sera
maintenu que jusqu’au 31 mars 2015, si aucune décision du Conseil ne vient modifier la
situation.
Ce que souhaite la Commission, c’est de préparer la disparition de la gestion de l’offre, or,
c’est, nous le pensons, une grave erreur. Nous somme convaincu, c’est ce qui nous réuni au
sein du groupe de travail de la PFSA, que gérer l’offre constitue le meilleur moyen d’assurer
un pouvoir de marché aux producteurs, mais pas uniquement, ce système à d’autres vertus, ce
sera l’objet de la seconde session de ce séminaire.
Un dernier mot, le contexte actuel sur les marchés internationaux des matières premières
(fortes hausses) modifie quelque peu la donne. En Europe, des voix s’élèvent pour accuser le
système de quotas. En Afrique, par exemple, l’on demande de supprimer plus encore les
droits de douane - c'est-à-dire à raréfier encore plus le soutien aux agriculteurs africains
Cela ne va pas faciliter la tâche de ceux qui croient à la gestion de l’offre.
Mais d’autre part, la situation constitue également un atout. Après des décennies
« d’excédents », la tension sur les marchés internationaux inquiète. La FAO dans son dernier
bulletin sur la sécurité alimentaire n’est pas loin de souhaiter que l’Union européenne et les
États-Unis accroissent leurs exportations pour réduire la pénurie de poudre de lait sur ces
marchés internationaux, ajoutant, qu’étant donné les niveaux de prix actuels, ils pourraient le
faire en conformité avec les règles et leurs engagements à l’OMC.
Est-il normal que les stocks soient à ce point faible, que l’on semble découvrir les
implications pour l’agriculture de la croissance chinoise et du pouvoir d’achat des pays
producteurs de pétrole, sans parler de la concurrence des agrocarburants. Tout cela dénote
surtout de l’absence de vision et de gestion politique de la question agricole et alimentaire,
comme si les marchés internationaux devaient pourvoir à tout. La désintrumentation des
politiques agricoles est une faute majeure.
L’atout, donc, c’est que cette flambée, si elle perdure, pourrait enfin réhabiliter les politiques
agricoles de soutien et de régulation qui ont permis la croissance de la production et de la
productivité. Et reconnaître que les soutiens à l’agriculture ont essentiellement bénéficié aux
consommateurs et aux autres secteurs. Bref, à l’économie tout entière.
C’est bien lorsque l’offre est contenue que les agriculteurs bénéficient, pour le moins, d’un
regain d’attention. Cela plaide pour que la gestion de l’offre ait leur faveur.
Alex Danau
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