Juin 2007 Pour la qualité Une série d’analyses présentant les options pour une gestion et des politiques éclairées par les données probantes pour de meilleurs services de santé L’ENSEIGNEMENT DE L’AUTOGESTION POUR AMÉLIORER LA SANTÉ ET RÉDUIRE LES ADMISSIONS À L’HÔPITAL DES PATIENTS ATTEINTS DE MALADIES CHRONIQUES Problème : les patients atteints de maladies chroniques ne participent pas à leurs propres soins On estime que 30 p. 100 des Canadiens souffrent d’une maladie chronique telle que le diabète, l’arthrite, l’asthme ou une maladie cardiaquei. Ces personnes ont des besoins à long terme complexes. Pourtant, les systèmes de services de santé ne répondent pas aux besoins de ces malades qui luttent pour gérer les conséquences physiques, émotionnelles et sociales accompagnant leur état, les rendant ainsi plus vulnérables à une aggravation de leur maladieii, iii. Par exemple, sans un régime sain, un taux de glycémie adéquat, ainsi qu’une pression artérielle et un niveau de cholestérol contrôlés, les diabétiques ont plus de risques de souffrir de complications, telles que la cécité, les ulcères au pied, les amputations, les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et les insuffisances rénalesiv. Les données probantes semblent indiquer que les médecins seuls ne peuvent pas améliorer la gestion des maladies chroniquesv, vi. En fait, les médecins, les infirmières, les diététistes, les autres professionnels de la santé et, peut-être la personne la moins considérée dans l’équipe, le patientii, iii, vii-ix, ont tous un rôle à jouer. Les efforts visant à améliorer les résultats des soins chroniques ont surtout prouvé l’importance d’enseigner l’autogestion aux patientsii, iii, vii-ix. que remplacer des soins gérés par un professionnel. L’autogestion peut comprendre, par exemple, le suivi d’un régime spécial ou l’administration de médicaments, le suivi de conseils sur la façon de réaliser des activités quotidiennes et la gestion des conséquences émotionnelles de l’état de santéxiii. L’enseignement de l’autogestion peut prendre de multiples formes, depuis la distribution de brochures et la transmission de renseignements aux patients à des exercices individuels de formation axée sur les compétences et à des ateliers de groupeii. Heureusement, plusieurs ressources existent déjà, dont l’édition canadienne du Healthwise Handbook (en anglais), un guide sur l’autoadministration des soins qui aide les personnes à comprendre leurs symptômes et à opter pour des modes de vie sainsxiv. Les données probantes indiquent que les stratégies suivantes s’avèrent les plus efficaces : l’examen régulier de l’état du patient et de sa médication par un médecin ou une infirmière praticiennex, xv, l’obligation pour les professionnels de la santé de réitérer des messages grâce à des formations spécialisées en stratégies de changement de comportementviii, une intervention d’au moins 12 semaines, une convergence sur des sujets précis, un rôle actif des patients dans l’enseignement et la formation et la participation de la famille ou d’autres personnes prodiguant des soins aux patients de façon informelleii. Les résultats de recherche L’enseignement de l’autogestion permet d’éviter les complications prévisibles et les visites imprévues chez le médecini, ii, viii, x, xi. Mais il donne surtout aux patients atteints de maladies chroniques la confiance nécessaire pour mieux gérer leur maladiexii. La recherche indique que l’enseignement de l’autogestion s’avère plus efficace auprès des patients qui communiquent bien avec leur médecin, qui bénéficient d’un soutien social et qui n’ont pas de difficultés financières. Les professionnels de la santé doivent donner la priorité aux patients dont l’état de la maladie chronique est plus accentué puisque ce sont les plus susceptibles d’en profiter au maximumii, viii, xvii. L’enseignement de l’autogestion et le soutien aux patients atteints de maladies chroniques visent à leur donner les connaissances et les capacités qui leur permettront de gérer leur maladiexiii. Ces compétences sont censées compléter plutôt Tous les programmes d’enseignement de l’autogestion des maladies chroniques ne sont toutefois pas créés de la même façoni, ii, vii. Par exemple, les programmes qui se contentent d’offrir des renseignements améliorent les connaissances du Stratégie de changement 1565, avenue Carling, bureau 700, Ottawa (Ontario) K1Z 8R1 Tél. : 613-728-2238 * Téléc. : 613-728-3527 Données à l’appui est préparé par le personnel du Transfert et de l’échange de connaissances de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé et publié uniquement après avoir été revu par un spécialiste sur le sujet. patient sans modifier son comportementii, vii, xviii. En revanche, il a été prouvé que les programmes intensifs et interactifs qui forment le patient à se surveiller et qui utilisent des plans d’action écrits et adaptables ont plus d’effet. Outre les connaissances du patient, il a été prouvé que ces programmes améliorent le comportement, la gestion des symptômes, l’observance du traitement et la capacité de se traiter, la qualité de vie en générale et dans certains cas, ils réduisent l’utilisation de services de santé inutiles et les coûts qui y sont liésii, vii, x. Dans le cas du diabète, l’apprentissage de l’autogestion réduisent les complications et améliorent la santé des patientsii. Les programmes de diabète semblent tout aussi efficaces qu’ils soient dirigés par un médecin, une infirmière ou un diététistei, ii. Les programmes d’enseignement de l’autogestion paraissent également viables d’un point de vue économique. Un projet pilote d’autoadministration des soins parrainé par le gouvernement de la Colombie-Britannique a démontré qu’ils améliorent la capacité et la confiance des patients à prendre de meilleures décisions concernant leurs services de santé tout en réduisant le recours aux services médicauxxix. Un autre cas a montré que les patients atteints d’asthme sont moins hospitalisés, vont moins souvent chez le médecin et prennent moins de jours de maladie au travail ou à l’école après l’introduction de programmes d’autogestion de l’asthmex. En outre, l’étude des données probantes indique que les participants à des programmes de groupe et ceux atteints d’asthme modéré à grave ont enregistré la plus grande diminution en matière d’utilisation de services de santéxi. Conclusion Les programmes d’enseignement de l’autogestion doivent faire partie d’une stratégie plus large visant à améliorer les services de santé destinés aux personnes souffrant de maladies chroniques. D’autres stratégies possibles comprennent les outils d’aide à la prise de décisionxx s’adressant aux patients et la prestation de services de santé par une équipe coordonnée de professionnels de la santéxxi. Ensemble, elles peuvent aider à améliorer les services de santé dans la collectivité ainsi que pour les praticiens et le patient. Elles permettent aussi de donner aux personnes souffrant de maladies chroniques les outils et les traitements nécessaires pour vivre mieux. Données à l’appui est préparé par le personnel du Transfert et de l’échange de connaissances de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé et publié uniquement après avoir été revu par un spécialiste sur le sujet. Références i. Conseil canadien de la santé. 2007. Importance du renouvellement des soins de santé : Leçons du diabète.www.healthcouncilcanada.ca/docs/rpts/2007/ HCC_DiabetesRpt_FRE.pdf ii. Coulter A, Ellins J. 2006. Patient-focused interventions: A review of the evidence. The Health Foundation and Picker Institute Europe. www.pickereurope.org/Filestore/ Downloads/QEI_Review_AB.pdf viii. Klomp H et al. 2005. 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