Hors thème Le groupement villageois : pertinence d’une organisation d’économie sociale au Burkina Faso1 SOULEYMANA SOULAMA Agrégé de la Faculté des sciences économiques Université de Ouagadougou Burkina Faso [email protected] RÉSUMÉ • Cet article traite de la pertinence du groupement villageois (GV) face à l’apparition récente de nouvelles organisations paysannes. Contre la thèse qui prône la fin des GV, l’article laisse entendre que celui-ci a encore un rôle essentiel à jouer comme acteur de développement socioéconomique, dans le contexte actuel de sous-équipement agricole des paysans, d’insuffisance d’offre de crédit, de déficit d’offre de biens et services publics. En fait, au plan conceptuel, le GV est une organisation d’économie sociale de « type associatif communautaire ». Il combine en son sein, de manière structurelle, l’économique et le social, le marchand et le non-marchand, le marché et la solidarité associative, le tout au service du développement socioéconomique du territoire villageois. Malgré les limites que lui imposent sa nature et les stratégies d’acteurs, il est plus apte que les organisations professionnelles naissantes à traduire l’intérêt collectif et à promouvoir le développement socioéconomique du village. ABSTRACT • This paper examines the relevance of the “groupement villageois” or GV (community-based village organization) in Burkina Faso compared with the more recent peasant organizations. GV’s seem to be facing their demise. However this article suggests that the GV’s still have an essential role to play in rural economic development, due to the under-development of the rural areas, the inadequacy of the rural credit market and the deficit supply of public goods and services. In fact, on a conceptual level the GV’s can be considered a “community-based social economy organization”, for they combine within their very structure both an economic and a social outlook, both the market and a community-based solidarity, in order to better serve the socio-economic development of the village. In spite of 136 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables limits due to its nature and the strategies of various actors, the GV’s are more apt than the new professional peasant organizations to promote public interest and the socio-economic development of the entire village. RESUMEN • Este artículo trata de la pertinencia del groupement villageois (GV) en Burkina-Faso frente a la aparición reciente de nuevas organizaciones campesinas. Contra la tesis que vaticina el fin de los GV, el artículo sugiere que estos regrupamientos juegan aún un rol esencial como actores de desarrollo socioeconómico en el contexto actual de sub-equipamiento agrícola de los campesinos, de la insuficiencia de créditos, del déficit de bienes y servicios públicos. De hecho, en el plano conceptual, el GV es una organización de economía social de tipo comunitario. Combina de manera estructural, lo económico y lo social, lo mercantil y lo no mercantil, el mercado y la solidaridad asociativa, todo ello al servicio del desarrollo socioeconómico del territorio local (comunidad campesina). A pesar de los límites que son impuestos por la naturaleza y las estrategias de los actores, el GV logra traducir mejor que las organizaciones profesionales en emergencia el interés colectivo y promover el desarrollo socioeconómico de toda la comunidad campesina. —•— INTRODUCTION : LE GROUPEMENT VILLAGEOIS (GV), UNE ORGANISATION EN VOIE DE DISPARITION ? Les années 1990 ont été marquées au Burkina Faso2, par l’émergence de nouvelles organisations paysannes3 et le risque de disparition4 des groupements villageois. Cette situation a été favorisée par le processus de mondialisation et de désengagement de l’État qui, tous deux, poussent à la spécialisation des organisations paysannes dans le milieu rural, à leur professionnalisation. Les théories économiques explicatives de l’émergence des nouvelles organisations, fondées sur l’individualisme méthodologique et l’ « économisme » semblent corroborer la thèse de la fin des groupements villageois. Les performances économiques et sociales parfois mitigées des groupements villageois et/ou le surendettement des groupements villageois des zones cotonnières achèvent de convaincre de l’inutilité de ces derniers et de la nécessité de passer à des formes d’organisation « supérieures ». Tout se passe donc comme si les nouvelles organisations paysannes étaient de même nature, de « qualité supérieure » et substituables aux groupements villageois ; ceux-ci auraient fini de jouer un rôle significatif dans le développement économique et social. Certes, la littérature abondante et parfois critique qui leur a été consacrée, notamment dans les décennies 1970 et 1980 (Gosselin, 1969 ; Belloncle, 1978, 1984 ; Esman et Uphoff, 1984 ; Gentil, 1984, 1986 ; Pradervand, 1989 ; Mercoiret, 1992 ; Jacob et Lavigne Delville, 1994 ; Olivier de Sardan, 1995), pourrait laisser croire que tout a été dit sur les organisations coopératives et de type coopératif. Cette littérature a éclairé, en effet, bien des aspects des organisations paysannes en Afrique. Les critiques sur l’égalitarisme et la solidarité africaine (Meister, 1977 ; Gentil, 1984), la mise en garde contre l’universalisme coopératif (Belloncle, 1984), la mise en Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 137 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables évidence des stratégies des acteurs à l’intérieur des organisations paysannes (Jacob et Lavigne Delville, 1994 ; Olivier de Sardan, 1995), l’échec de nombreuses expériences ont montré les limites effectives des organisations paysannes. La littérature économique plus récente, économie des organisations et des institutions, théorie du capital social, a inspiré une théorie explicative de l’efficacité des organisations paysannes et remis à l’ordre du jour la problématique des organisations paysannes. Ce qui est toutefois en cause aujourd’hui, c’est moins la question de l’efficacité absolue des groupements villageois, de leurs limites, que celle de leur existence même en tant qu’organisations paysannes. L’émergence des nouvelles organisations paysannes pose en effet le problème de la pertinence du groupement villageois. Cet article laisse entendre que, si le groupement villageois est défini comme étant une organisation d’économie sociale à l’échelle du village, alors il a encore un rôle essentiel à jouer dans le processus de développement économique et social dans les milieux ruraux. Il en est ainsi en premier lieu parce l’existence même au niveau villageois de besoins qui ne sont pris en compte ni par le secteur privé, ni par l’État, et donc l’existence d’une fonction de production de biens et de prestations de services collectifs au niveau villageois justifie de fait l’existence des groupements villageois. En conséquence, la disparition des groupements villageois et leur remplacement dans un même village, par une multitude d’organisations spécialisées, de nature différente, et dont les missions sont également différentes, feront en sorte que des fonctions essentielles jadis remplies par les groupements villageois risquent de ne plus l’être. Par exemple, il s’agit d’abord de la fonction importante de production des biens et services collectifs au niveau villageois ; il s’agit ensuite de la fonction d’intermédiation avec l’extérieur : désormais, qui va prendre en charge au niveau du village, la dimension collective du développement économique et social, la construction et l’entretien des infrastructures collectives (écoles, centres de santé, construction de barrages, etc.) ? Qui va jouer le rôle d’intermédiation entre le village et les intervenants extérieurs ? Outre le fait que la spécialisation généralisée des organisations paysannes n’est pas compatible avec les systèmes traditionnels de production où les producteurs gèrent le risque en diversifiant leurs productions et leurs activités plutôt qu’en se spécialisant, la spécialisation actuelle des organisations paysannes est favorable au développement d’un individualisme qui conduit à l’abandon de la fonction de production d’un surplus collectif au niveau villageois et de son affectation dans l’intérêt de la collectivité villageoise. Les organisations paysannes émergentes ont-elles pour mission de résoudre les problèmes socioéconomiques à l’échelle du village ? Le mode d’affectation de leur surplus à l’avantage de leurs seuls adhérents les détourne des objectifs communautaires. On peut imaginer que les organisations professionnelles de producteurs d’un village s’accordent pour mettre en place une structure de coordination, de concertation et un mécanisme de constitution d’un fond villageois affecté à la production des biens et services collectifs ; mais ce processus ne fera que 138 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables confirmer a posteriori l’insuffisance des organisations professionnelles et la nécessité d’une institution de type « groupement villageois » si tant est que celle-ci est chargée de la production et de l’affection du surplus au niveau du village. En deuxième lieu, il apparaît que la manière la plus efficace de combler le déficit d’offre de biens et services collectifs au niveau villageois est de procéder par l’association de l’économique et du social au sein d’une même unité de production ; cela justifie la nature de ces institutions en tant qu’organisation d’économie sociale. Il existe donc une place dans les villages pour les organisations d’économie sociale qui opèrent non pas au niveau des spécialisations, mais à l’échelle même du village. Les nouvelles organisations paysannes ne sont donc pas substituables aux groupements villageois. Dès lors, montrer qu’il existe des fonctions de production de biens et services collectifs à l’échelle du village, que ces biens et services sont d’autant mieux produits qu’ils le sont par des organisations d’économie sociale, que le groupement villageois est une organisation d’économie sociale, aide à faire la différence entre celui-ci et les organisations émergentes, aide à préciser le rôle et la fonction des groupements villageois aux côtés des autres organisations paysannes, à évaluer leurs performances économiques et sociales. Il devient possible de « réhabiliter » ainsi le groupement villageois, si l’on remet au premier plan les questions fondamentales relatives à la nature même de ces organisations au plan théorique et conceptuel, à la nature des activités qu’elles peuvent prendre en charge avec succès, à la nature et à la destination du surplus qu’elles génèrent. Ne s’agit-il pas en fait, d’une composante de l’économie sociale à l’échelle du village tout entier ? Quelle est sa particularité ? L’approche officielle du groupement villageois éclaire très peu sur la nature et les fonctions précises de ce dernier par rapport à l’économie sociale malgré le qualificatif officiel de « pré-coopérative » qui situe le groupement villageois dans le champ de l’économie sociale et sousentend une transformation nécessaire du groupement villageois en coopérative. La réponse à ces questions passe par l’examen des activités économiques mises en œuvre par les groupements villageois, d’une part, et, d’autre part, par la caractérisation du mode d’affectation du surplus engendré par ces activités productives. À un certain niveau d’abstraction, on peut admettre, toutes activités productives confondues, que le groupement villageois est une organisation d’économie sociale de « type associatif communautaire », une unité de production d’un surplus collectif à l’échelle d’un village et d’affectation de ce surplus au profit de la communauté villageoise. Pour mener cette analyse, on montrera dans un premier temps, l’importance qu’ont eu les GV dans un passé récent au Burkina Faso tant du point de vue de leur effectif que du point de vue des activités menées et des fonctions assurées ; dans un deuxième temps, l’étude de leurs performances organisationnelles et économiques de même que du mode d’allocation des ressources et d’affectation du surplus permettra de les caractériser comme étant une composante de l’économie sociale et de discuter de leur pertinence dans un troisième temps. Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 139 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables LE GROUPEMENT VILLAGEOIS, RÉALITE AU BURKINA FASO La formule du groupement villageois (groupement villageois au Burkina Faso et au Bénin, Association villageoise au Mali et au Sénégal, groupement villageois à vocation coopérative en Côte-d’Ivoire…) est apparue dans les années 1970, sous le vocable de développement communautaire. Les textes portant sur le statut général des Groupements pré-coopératifs et sociétés coopératives au Burkina Faso5 définissent les groupements villageois comme étant « des organisations volontaires à caractère économique et social jouissant de la personnalité morale et dont les membres ont des intérêts communs ». Leur objet s’étend à « toute activité économique, sociale et culturelle visant au bien-être de leurs membres et de la communauté ». Implicitement, le groupement villageois est une organisation de développement socioéconomique qui associe en son sein, de manière structurelle, l’économique et le social, le marchand et le non-marchand, le tout, au service du développement socioéconomique du territoire villageois. C’est dans cette perspective que le groupement villageois a constitué, jusqu’au milieu des années 1990, la structure de base des stratégies de développement rural. Les groupements villageois, quelques évidences empiriques Avec un effectif de plus de 15 000 groupements villageois en 1996 contre 120 coopératives environ, toute catégorie confondue, le groupement villageois est la composante la plus importante des organisations paysannes au Burkina Faso. On distingue respectivement (tableau I) selon le sexe, l’âge et l’activité, les groupements villageois des hommes (51,80 %), les groupements villageois des femmes (30,60 %) et les groupements villageois mixtes (13,20 %). Les autres catégories, d’importance moindre, groupements des jeunes agriculteurs, groupements des jeunes installés et groupements autour des barrages, représentent 5,50 % des effectifs. L’appartenance du membre au terroir villageois est un critère essentiel d’adhésion même si la référence au terroir villageois n’empêche pas qu’il y ait une différenciation des sous-groupes ou sous-sections de l’association villageoise, selon le sexe, les groupes d’âges ou la profession. Le groupement est donc une association préalable des membres d’un territoire villageois ; ensuite seulement, il entreprend dans l’intérêt de ses membres des activités productives qui peuvent n’intéresser qu’un sous-ensemble des membres du groupement initial. C’est pourquoi les groupements villageois ont été et sont encore les partenaires et intermédiaires privilégiés de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) et/ou associations de développement qui interviennent dans les milieux ruraux. Dans presque toutes les situations d’intervention au profit d’un village, d’une région ou d’un département, l’existence préalable ou la constitution de groupements villageois (ou d’unions de 140 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables groupements villageois) est une condition (Piveteau, 1998, p. 243-244) imposée par les intervenants. C’est en cela que le groupement villageois diffère de certaines formes d’organisations nouvelles, notamment les organisations professionnelles de producteurs telles que le groupement de producteurs de coton. S’il ne peut exister qu’un seul groupement villageois dans un village, il peut par contre exister, et c’est la situation générale, plusieurs groupements de producteurs de coton dans un seul village. Tableau I Situation des GV selon la nature Nature GVH GVF GVM GJA GJI GB Total Effectif % 8 029 51,80 4 742 30,60 2 044 13,2 380 2,5 218 1,4 81 0,5 15 494 100 Source : Compilation des données du ministère de l’Agriculture et des Ressources animales, 1996. Tableau II Situation des GV selon les secteurs d’activité Nature A-M-E6 Forêt Art. Effectif % 14 655 94,6 143 0,9 271 1,75 Ep. et Cr. Pêche 146 0,9 Autres Total 181 1,15 15 494 100 98 0,7 Source : Compilation des données du ministère de l’Agriculture et des Ressources animales, 1996. La répartition des groupements villageois par secteur d’activité révèle une forte représentation dans le secteur primaire. En regroupant l’agriculture, l’élevage, le maraîchage, l’environnement et la pêche dans le secteur primaire classique (voir le tableau II), celui-ci concentre 96,2 % des effectifs. Ils sont peu nombreux dans les autres secteurs, soit artisanat, épargne et crédit entre autres (1 à 2 % de la population). Sur le plan géographique, il existe deux zones caractéristiques de développement des GV : la région Nord-Ouest (Yatenga, Passoré, Bam) et la région Centre-Ouest (Mouhoun, Sourou, Kossi). La première région connaît ces dernières années un développement des cultures de contre-saison avec une variante de GV qu’est le « Groupement Naam ». La seconde région a une longue tradition de culture du coton. Ces deux régions concentrent à elles seules plus des deux tiers de cette forme d’organisation paysanne. Les activités économiques et socioéconomiques Pour accomplir leur mission, deux grandes catégories d’activités productives sont en général pratiquées par les GV : des activités productives marchandes et des activités productives non marchandes. En théorie, et dans une perspective Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 141 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables où le groupement villageois est au service du développement socioéconomique local, les activités productives non marchandes sont financées par les surplus dégagés par les activités productives marchandes. Les activités productives marchandes Les activités productives marchandes englobent toutes les activités de prestations de biens et services marchands utiles et nécessaires, de faible rentabilité financière et non prises en compte par le secteur privé. Ces activités permettent non seulement de répondre à des besoins formulés par les adhérents, mais aussi de fournir des prestations de qualité et de dégager sur le plan économique et financier des fonds qui seront réinvestis dans la production ou dans les réalisations socioéconomiques. Parmi l’éventail des activités productives, on relève cinq activités ou catégories d’activités caractéristiques. En premier lieu, le groupement villageois se caractérise par l’exploitation d’un champ collectif ou « chantier école ». Le champ collectif est mis en valeur, soit comme cadre d’apprentissage des techniques agricoles, soit comme modalité de gestion et d’exploitation d’une ressource spécifique devenue rare, les terres et périmètres irrigués en l’occurrence, sollicités pour les cultures de rente et de contre-saison. À travers le champ collectif, le GV vise trois objectifs : renforcer la solidarité et l’esprit d’entraide ; disposer d’un champ de démonstration lors des séances de vulgarisation de techniques agricoles (formation) ; alimenter la caisse par les revenus monétaires issus des ventes des produits du champ collectif. Le champ collectif est une forme embryonnaire de coopérative de production. En deuxième lieu, les groupements mettent en œuvre une activité d’approvisionnement en intrants et équipements agricoles. Cette activité offre à l’échelle du village la possibilité pour le paysan pauvre d’user de la caution solidaire du groupement et de pouvoir acquérir les intrants et les équipements agricoles à crédit. L’adhésion au GV, condition d’accès au crédit, accroît la probabilité d’adoption de la culture attelée. La gestion correcte de cette activité est aussi une preuve de maturité du GV, car l’activité d’approvisionnement en intrants agricoles comporte plusieurs opérations : estimation des besoins en intrants agricoles, commande des quantités estimées, réception et répartition du produit en fonction des besoins individuels estimés au préalable, récupération après campagnes agricoles des sommes dues par chaque adhérent. La situation est la même dans le cas des activités de production et de mise en marché des produits du maraîchage. La commercialisation des produits agricoles des membres est une autre activité de prestation de service, caractéristique des groupements villageois. C’est un service que certains GV offrent à leurs adhérents dans les zones cotonnières ou maraîchères. On distingue principalement deux formes de commercialisation : 142 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables les marchés autogérés (MAG) et la commercialisation (traditionnelle) de produits maraîchers. Le MAG (coton) est une structure intégrée d’approvisionnement en intrants agricoles, de production de commercialisation et de réalisation de projets communautaires. Le MAG est aussi un caractère distinctif du pouvoir économique et financier des GV : les GV qui abritent un MAG sont ceux dont les fonds d’accumulation individuels et collectifs sont les plus importants. Cette structure initiale est fondamentalement modifiée avec la prise en charge de la production du coton par les groupements de producteurs en lieu et place des groupements villageois. En quatrième lieu, la gestion du crédit, de l’épargne et de l’assurance est proposée par certains groupements villageois à leurs membres ; il s’agit d’une activité autonome de crédit et d’épargne. Tant que les prêts se font à partir de fonds collectifs propres (résultats d’autres activités productives), ils ont un caractère sporadique. Le développement rapide des expériences de microcrédit à partir des années 1980 a ouvert aux GV de nouvelles possibilités d’activités (gestion de caisses populaires ou caisses villageoises d’épargne et de crédit). Il en est de même de la micro-assurance apparue dans les années 1990 (Fonteneau, 2000) et qui s’insère harmonieusement dans les activités de certains groupements villageois. Une cinquième catégorie d’activité productive regroupe les unités communautaires. Ce sont les unités économiques qui permettent aux GV de produire des services collectifs : banques de céréales, boutiques villageoises, pharmacies villageoises, moulins villageois, etc. Lorsqu’un groupement dispose de ristournes importantes ou de fonds disponibles pour l’investissement, il s’oriente généralement vers ce type de réalisation. Ces activités constituent également les raisons d’être de tous les groupements villageois. Une des illustrations la mieux connue mais aussi la moins bien réussie est la banque de céréales. La banque a pour fonction de garantir la disponibilité et l’accessibilité des céréales en régulant les flux entre les deux périodes extrêmes que sont la période d’abondance (après la récolte) et la période de soudure (période de transition). Il est supposé que les paysans vendent leurs céréales après la récolte à des prix peu rémunérateurs et s’approvisionnent pendant la période de soudure à des prix relativement élevés. La création et la gestion par le groupement villageois d’un magasin de stockage permet une meilleure régularisation des flux et des prix au profit des villageois. Depuis le début des années 1990, les bourses céréalières paysannes sont apparues comme une nouvelle activité des groupements villageois. Elles constituent une approche nouvelle pour résoudre le problème de la sécurité alimentaire (disponibilité, stabilité des approvisionnement et accessibilité). Il est possible d’améliorer les conditions de fonctionnement du marché en créant un réseau d’échanges où les organisations de producteurs à travers les GV pourront vendre ou acheter des céréales à des prix librement négociés. Les bourses céréalières paysannes forment donc un réseau d’échange de céréales entre différentes régions du Burkina Faso dans la sphère des organisations Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 143 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables paysannes. Dans ce réseau, les organisations paysannes se rencontrent afin de proposer des produits à vendre ou à acheter. L’échange porte sur des flux physiques de céréales, généralement le sorgho, le maïs et le petit mil. Les activités productives non marchandes Les activités productives non marchandes désignent pour l’essentiel les activités d’aménagement du cadre de vie et de sauvegarde de l’environnement (aménagement hydro-agricole, sites anti-érosifs, diguettes, reboisement), de réalisations socioéconomiques et sanitaires (éducation, formation, santé, communication). Ces activités non marchandes sont le lieu par excellence d’organisation collective du travail et d’investissement humain. Le reboisement, la confection de diguettes, de puits sont à des degrés divers des activités que l’on retrouve dans toutes les organisations. En comparaison avec les autres organisations paysannes, les GV affectent le plus de ressources à des réalisations pouvant bénéficier à la communauté villageoise : investissements dans les infrastructures (routes, écoles, centre de formation d’adulte, centres de santé). Les GV interviennent surtout dans le domaine de la sauvegarde de l’environnement (55,6 %), dans le domaine de l’alimentation (64,4 %) et dans celui de l’éducation (42,2 %). Un exemple intéressant reste le cas du GV de Sanrgo dans la province du Bam ; il a mis en place dans les années 1990 une gamme complète d’infrastructures socioéconomiques : une maternité, un poste de santé primaire, une école à trois classes, six puits, trois retenues d’eau, des latrines publiques, une salle d’alphabétisation et de formation, des opérations de récupération et de conservation des sols, des travaux collectifs de réfection des routes avec institution d’un « système de péage » par les usagers. LE GROUPEMENT VILLAGEOIS, PERFORMANCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES À partir de l’éventail disponible d’activités productives, le GV arrive-t-il à mettre en œuvre la combinaison optimale qui lui permette de « maximiser » la ristourne sociale à partir de laquelle il peut effectivement contribuer au développement économique et social ? Les performances socioéconomiques et la contribution au développement Les performances peuvent s’analyser comme la capacité des GV à faire bénéficier le plus grand nombre de personnes par la mise en œuvre de procédures appropriées d’affectation des résultats. C’est une forme de ristourne sociale. Pour maximiser « la ristourne sociale », le GV doit auparavant accomplir des performances intermédiaires : des performances organisationnelles et des performances économiques. 144 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables Les performances organisationnelles La fonctionnalité des organes permet de mesurer le fonctionnement effectif du groupement villageois. Ces organes constituent des structures formelles qui disposent de tous les attributs juridiques leur conférant une personnalité morale : statut, règlement intérieur, agrément par les autorités, etc. Toutefois, le fonctionnement effectif des organes est très pragmatique et s’écarte en réalité de la norme. C’est dans les GV que l’on rencontre, comparativement aux autres organisations rurales de même nature, le plus d’organes de gestion et d’administration (bureau notamment) sans que des mandats précis, ni une périodicité précise de réunion ne soient préalablement définis. La prise de décision, longue à obtenir, se fait plus par consensus que par vote majoritaire. En ce qui concerne les assemblées générales (AG), elles ont lieu en fonction des problèmes rencontrés d’où la fréquence des AG extraordinaires. Le deuxième critère de mesure de la performance organisationnelle est la capacité de mobilisation des ressources humaines. La mobilisation des ressources humaines représente un des objectifs des GV en plus d’être un facteur fondamental pouvant contribuer à la formation de capital ou à la réalisation d’économie d’échelle. La participation aux AG est relativement bonne, car plus de la moitié des membres se présentent aux AG. Quant à la présence aux travaux collectifs, la tendance est aussi à une bonne participation. Ces résultats s’expliqueraient-ils par la contrainte de paiement d’amende en cas d’absence qui pèse sur les membres ?... Le troisième critère de mesure de la performance organisationnelle est la performance dans la gestion et l’administration. Sur ce point, on note l’absence de normes de gestion qui serait due à la difficulté de maîtriser des outils de gestion ou à l’absence d’un système de comptabilité simple maîtrisable par les paysans. Dans un environnement où l’analphabétisme domine ce fait peut s’expliquer mais constitue un facteur limitatif à l’autonomie de gestion des GV. Évidemment, cette situation n’est pas générale. Certains GV sont dotés d’organes d’administration et de gestion compétents et disposent d’instruments fiables de gestion et fonctionnent de façon satisfaisante. Enfin, l’apprentissage et l’autopromotion permettent de savoir s’il y a un processus de renforcement des capacités. Par l’intermédiaire de certaines activités (commercialisation, approvisionnement en intrants, MAG), le groupement villageois est engagé dans un processus d’apprentissage de l’économie de marché. Pour la commercialisation, le groupement assure toutes les opérations afférentes à la mise en marché des produits : collecte, choix de qualité, pesée, conditionnement, etc. Le MAG coton est une activité encore plus complexe qui exige beaucoup de savoir-faire. Il est multidimensionnel, intègre la gestion des approvisionnements (en intrants et équipements agricoles), la gestion du crédit, la collecte et la commercialisation proprement dite, le paiement des montants dus à chaque producteur et, enfin, la gestion des ristournes Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 145 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables accumulées collectivement. La maîtrise de ce processus par un GV peut être considérée comme un signe de maturité. La formation des groupements de producteurs de coton résulte en partie de ce processus d’apprentissage. Les performances économiques La nature des données disponibles ne permet pas de calculer des résultats économiques comme le surplus. Toutefois, les performances peuvent s’apprécier à partir d’indicateurs disponibles qui permettent de déduire les performances économiques proprement dites : la capacité de mobilisation et d’accumulation des ressources financières par les organisations de type coopératif (OTC) et leur part de marché. La capacité de mobilisation et d’accumulation mesure la capacité de création et de capitalisation des ressources financières ou de constitution d’un patrimoine. Les organisations paysannes souffrent de l’absence d’activités rentables pouvant renforcer leur assise économique et financière. Un autre constat qui peut être perçu comme un corollaire du premier est l’incapacité des GV à sauvegarder leur autonomie financière vis-à-vis de l’extérieur. Les marchés autogérés de coton font la force de nombreux GV dans le Mouhoun. C’est en effet dans les zones cotonnières que l’on rencontre les GV les mieux pourvus sur le plan financier. On estime qu’au titre des ristournes MAG à des GV, chaque GV reçoit en moyenne plus d’un million de FCFA par GV. Au total, l’examen empirique et les différentes analyses arrivent tous à la conclusion que les OTC ont des ressources financières limitées. En ce qui concerne la part de marché au niveau des activités, elle mesure la capacité du GV à intéresser le maximum d’usagers possible aux prestations de service qu’il offre en principe sur leur propre demande. C’est la part des transactions effectives ou les intentions d’achat que les adhérents effectuent par l’intermédiaire de leur GV. Naturellement, les GV pratiquant le MAG ou la commercialisation des produits maraîchers réalisent le taux de pénétration le plus élevé ; ils contrôlent en effet la quasi-totalité de leur marché et affichent une bonne performance en ce qui concerne l’approvisionnement en intrants (84 %) et la commercialisation des produits maraîchers. La banque de céréales et le moulin du GV ont atteint, surtout à leur démarrage, la proportion de 80 % pour s’effondrer par la suite. Mais, en général, les banques de céréales comme les moulins ont essuyé un échec pour des raisons liées à la mauvaise gestion mais qui s’expliquent fondamentalement par « le paradoxe du bien public7 ». Le choix de la combinaison productive optimale Le GV est une combinaison d’activités productives marchandes et non marchandes. Cette combinaison est-elle optimale ? L’analyse économique révèle que l’élargissement de la base d’accumulation du GV nécessite la mise en œuvre 146 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables d’activités économiques rentables et le recours à de nouvelles activités intégrables dans son champ d’activité. Au plan de l’analyse théorique, tout se passe comme s’il existait au sein du groupement villageois un quasi-marché (Soulama, 1995) des activités productives. La demande d’activité émane du GV et est fonction décroissante du coût. L’offre d’activité, fonction croissante du coût, est faite par les adhérents. Le coût de l’activité productive est un coût d’opportunité que les adhérents assument. Le coût d’opportunité représente l’utilisation alternative du temps ou le bénéfice auquel l’adhérent renonce en n’achetant pas ses biens ou prestations de services auprès du secteur privé. La demande d’activité par le GV est en principe limitée à l’éventail des activités des individus membres (champ collectif, approvisionnement en intrants, commercialisation, crédit épargne, assurance, etc.). Dans ce cadre théorique, le choix optimal du GV commande que les activités additionnelles soient associées selon le principe de la rentabilité marginale décroissante. Le GV « rationnel » commence donc par intégrer (dans l’éventail du possible) les activités les plus rentables et procède ainsi, jusqu’au point où la courbe de demande d’activité égale la courbe d’offre des individus. La figure I illustre cette situation selon le bénéfice marginal décroissant qu’elles procurent : dans ce cas, l’intégration des activités dans le champ d’action du GV concerne les activités [1, 2] [2, 3] et [3, 4]. Au-delà, toute activité additionnelle [4, 5] et [5,6] entraîne une perte d’efficacité. En fait, la problématique du choix de l’activité productive débouche sur une série de questions. Quelle est la règle Figure I Quasi-marché des activités productives P Rm RM P0 0 1 2 3 4 5 6 Activités Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 147 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables optimale d’allocation des ressources ? Au nom de la recherche de l’optimum de l’entreprise, le GV ne doit-il pas s’en tenir qu’à l’activité [1, 2] ? Le GV doit-il entreprendre des activités non économiquement rentables telle l’activité [4, 5] par exemple ? Selon l’orthodoxie de l’économie sociale, il sera répondu négativement à l’ensemble de ces questions. Le GV ne peut pas limiter son action à l’activité [1, 2], car en termes de surplus social, il produirait moins qu’en intégrant les activités [2, 3] et [3, 4]. De même, le GV ne peut étendre son action à l’activité [4, 5]. Dans le cas burkinabé, les contre-performances dans les choix des activités par les GV sont encore plus nettes, car il n’est pas rare de trouver dans les GV des combinaisons productives du genre : Activité [1, 2] (optique de l’entreprise classique), Activité [4, 5] + [5, 6] (optique d’un GV qui ne fonctionne que par subvention), Activité [1, 2] + [5, 6] (optique d’un GV avec surplus social non optimal), etc. ; on vérifie sur le graphique que la combinaison d’activités [4, 5] + [5, 6] n’est pas économiquement soutenable. Comme nous l’avons mentionné, le groupement villageois est donc une structure de production et d’allocation d’un surplus collectif, ancré dans le terroir villageois. Par le mode de production et d’affectation de ce surplus, il s’apparente à une organisation d’économie sociale. LE GROUPEMENT VILLAGEOIS, UNE ORGANISATION D’ÉCONOMIE SOCIALE DE « TYPE ASSOCIATIF COMMUNAUTAIRE » La filiation du GV avec l’économie sociale peut être établie à la lumière de l’histoire, d’une part, et de l’analyse conceptuelle, d’autre part. Il sera possible de tirer dans un deuxième temps les implications normatives de cette caractérisation et de « réhabiliter » le groupement villageois en tant qu’organisation d’économie sociale efficace et pertinente. La filiation avec l’économie sociale L’économie sociale ou économie des organisations coopératives et de type coopératif, au sens pur et normatif, est entendu ici, dans la tradition de Fauquet (Fauquet, 1942 ; Vienney, 1982, 1994 ; Soulama 1995 ; Bidet, 2000) comme la combinaison entre l’économique et le social au sein d’une seule et même unité de production dont la coopérative est la forme idéale. Le critère distinctif est l’existence d’une entreprise, d’une activité ou d’un ensemble d’activités économiques autour de laquelle ou desquelles des acteurs spécifiques s’organisent pour produire et répartir entre eux et selon des règles inspirées par la coopérative, le surplus généré par leur activité productive. Idéalement, l’activité économique couvre ses charges et dégage un surplus qui est réparti selon les règles de l’économie sociale. 148 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables L’histoire du mouvement coopératif et de type coopératif dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest (Gosselin, 1969 ; Meister, 1977 ; Belloncle, 1978, 1979 ; Gentil, 1984, 1986) révèle que les expériences de création directe des coopératives dans les années 1950-1960 se sont soldées par des échecs8. Comme alternative à la création des coopératives, le groupement villageois a été pour la première fois expérimenté en Haute-Volta en 1960 par la Compagnie internationale de développement rural (CIDR)9. Dans les années 1970, la formule sera réintroduite dans les stratégies de développement rural, sous l’option de développement communautaire. Le groupement villageois est donc affilié historiquement, du moins à l’économie sociale ; il apparaît ainsi comme une forme d’organisation plus simple et mieux adaptée à la participation des membres à la détermination des objectifs et à la gestion courante des activités. Les GV vont se multiplier dès 1975, en réponse à l’échec des coopératives en milieu rural. Ils sont donc conçus comme une phase préalable à la forme plus élaborée qu’est la coopérative d’où le vocable de « pré-coopérative » utilisé dans la littérature pour caractériser cette forme d’organisation. Dans les faits, la différence entre un GV et une coopérative est difficile à établir, car ces deux organisations sont constituées d’individus qui mènent en commun les mêmes types d’activités telles la commercialisation, l’approvisionnement en intrants et en facteurs de production, etc. ; ils peuvent donc réaliser les mêmes performances. La différence fondamentale réside dans la dimension territoriale du GV, dans la faible importance relative de l’économique (mode d’affectation du surplus) et dans le faible développement des relations marchandes. En effet, la référence à l’espace villageois dans la notion de GV l’apparente à une organisation territoriale de solidarité et de responsabilisation commune par rapport au terroir villageois. Le GV est considéré comme une prémisse de commune rurale ou de collectivité locale et se distingue des organisations professionnelles. Cette vision est parfois corroborée dans les faits par la composition très diversifiée du sociétariat des GV et leur caractère multifonctionnel. En somme, à partir du concept pur et normatif d’économie coopérative, le GV est sans ambiguïté une organisation d’économie sociale en ce sens qu’il combine au sein d’une même unité de production l’économique et le social. C’est une organisation « capable de créer des richesses de manière économiquement efficiente et de les redistribuer de manière équitable » dont l’éthique (Defourny, Develtere et Fonteneau, 1999, p. 38) se traduit par les principes de « finalité de services aux membres, d’autonomie de gestion, de processus démocratique et de primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus ». En tenant compte des modalités d’affectation du surplus, on peut préciser davantage son statut dans le champ de l’économie sociale en le classant comme une organisation d’économie sociale, de « type coopératif » ou de « type associatif communautaire10 » (Soulama, 1997, p. 221). En ce qui concerne le qualitatif « associatif communautaire », il fait allusion à la faible prévalence du calcul économique marchand au sein de ces structures ; Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 149 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables en effet, la nature des activités d’intérêt collectif qui sont fréquemment entreprises par les GV de même que le mode d’affectation du surplus social suggèrent que la dimension sociale est prépondérante au sein du groupement villageois, comparativement aux coopératives traditionnelles ; la production de biens « publics » et « collectifs » au sens que la théorie économique donne à ses biens est comparativement plus développée dans ceux-ci que dans celles-là. En d’autres termes, l’économique et le calcul économique marchand sont embryonnaires, les relations entre les individus sont plus des relations de solidarité que des relations fondées sur le calcul marchand. Au plan de la spécificité coopérative, les GV ont un caractère économique et marchand moins prononcé que les coopératives et ont une plus grande propension à entreprendre des activités productives non marchandes. Comparés aux associations, les GV développent explicitement des activités marchandes, plus que les associations ordinaires mais ils affectent leurs surplus, selon le mode de l’association : les surplus sont appropriés collectivement et sont investis dans la poursuite d’objectifs socioéconomiques de développement de la collectivité. Le qualificatif de « type coopératif » ou de « type associatif communautaire » a été préféré à celui de « pré-coopératif » utilisé dans la littérature officielle, et cela pour deux raisons fondamentales : en premier lieu, le « précoopératif » suppose une évolution discutable de ces types d’organisation vers une forme supérieure qui serait la coopérative. En second lieu, le qualificatif de pré-coopératif pose un autre problème classificatoire au Burkina Faso : celui des groupements « Naam11 ». Ces derniers ne se considèrent ni comme « pré » ni comme « post » coopératif ; ils revendiquent leur identité propre12. Ils sont ! Au total, le groupement villageois, tel qu’il apparaît n’est ni une coopérative (mutuelle) au sens strict, ni une association (au sens strict), mais il s’apparente à l’un et à l’autre. C’est le résultat d’un compromis entre la coopérative et l’association. À la coopérative, il emprunte l’entreprise ou l’activité comme unité productive de même que le mode de calcul économique. À l’association, il emprunte le mode d’affectation du surplus engendré par l’entreprise ou l’activité productive. Le GV, efficacité et pertinence d’ une « organisation d’économie sociale de type associatif communautaire » Si l’on considère les activités productives des GV, l’incidence de la pauvreté dans les campagnes (Lachaud, 1997 ; INSD, 1999 ; Soulama, 2000) et le déficit d’offre des biens publics, le groupement villageois en tant qu’organisation d’économie sociale est loin d’être d’une structure désuète. En théorie comme en pratique, il est possible de réaliser au sein du groupement villageois une combinaison optimale et rentable d’activités économiques marchandes et non marchandes. Cette combinaison permet de dégager 150 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables un surplus social réinvestissable. L’efficacité dépend de la nature des activités, de certaines variables organisationnelles et institutionnelles (existence d’incitation), de l’environnement (risque et incertitude) et de la capacité de gestion et d’administration. À partir de la combinaison optimale d’activités productives, les GV peuvent apporter une contribution au développement économique et social en mettant notamment à la disposition de la collectivité villageoise des infrastructures de base (routes, retenues d’eau, forages, écoles, centres de santé, préservation de la nature, etc.). Les cas de réussite se rencontrent en particulier dans les zones à fort développement de cultures de rente ou maraîchères, dans certaines zones où des ONG apportent un appui approprié à ces organisations. Ces expériences réussies attestent de l’intérêt que peuvent susciter ces organisations dans le processus de développement et donnent force à la stratégie de développement à la base. Par leur action propre ou en partenariat avec les ONG, ils ont également contribué à l’équipement des villages en infrastructures socioéconomiques et sociosanitaires. Comme indiqué ci-dessus, le GV de Sanrgho a mis en place toute une gamme d’infrastructures économiques, socioéconomiques et sociosanitaires ; à cela, il faut ajouter la gestion de quatre unités communautaires : une banque de céréales, un moulin, une pharmacie villageoise et une boutique villageoise. N’est-ce pas le prototype d’organisation conférant au groupement villageois une fonction d’agent de développement local, avec potentiellement un rôle à jouer dans le processus de décentralisation, de responsabilisation des communes et collectivités rurales ? En tout état de cause, ces organisations animent la « dynamique du dessous » qui donne son sens à la « dynamique du dessus », c’est-à-dire aux changements en cours dans la configuration des organisations d’économie sociale, en réponse au processus de mondialisation, de déréglementation et de désengagement de l’État. La décentralisation, autre dynamique en marche, ne renforce-t-elle pas la constitution de collectivités locales, confortant ainsi au niveau villageois les organisations ancrées dans le territoire local comme les groupements villageois et les associations dites de développement économique et social ? Toutefois, compte tenu de leur nature d’organisation d’économie sociale de « type associatif communautaire », les groupements villageois sont soumis à plusieurs contraintes qui limitent leurs performances économiques et financières stricto sensu. En premier lieu, comme dans toute production de biens publics, le groupement villageois est exposé aux difficultés bien connues que sont le paradoxe du bien public, de la « tragédie des biens communautaires » et les comportements stratégiques des individus en situation de choix collectifs, les asymétries d’information avec leurs corollaires (sélection adverse, aléa moral), toute chose qui influe sur la rentabilité de leurs activités et leur efficacité économique. Avec la philosophie communautaire du groupement, le bénéfice de l’action collective est offert à tous y compris à ceux qui ne prennent pas part aux activités productives. Il est difficile dans ces conditions de mener une gestion efficace de l’offre et de la demande d’adhésion. En plus, il résulte de la Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 151 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables nature du groupement une primauté des objectifs sociaux sur les objectifs économiques. La prépondérance de l’esprit de solidarité communautaire pousse les GV à investir l’essentiel de leurs résultats (en ristourne sociale) dans la production de biens collectifs, à la construction d’infrastructures (hydraulique agricole, transport, éducation, santé, environnement, etc.). Dès lors, ces organisations donnent l’impression d’être solides sur le plan des réalisations collectives tout en souffrant d’un manque de moyens (activités marchandes rentables) pour créer une dynamique économique réelle. L’incapacité à choisir la combinaison optimale d’activités productives est une autre faiblesse des GV. Dans le choix des activités, les GV ne sont pas familiers avec le calcul économique. Ainsi, ils arrivent difficilement à établir des objectifs clairs, à faire révéler aux adhérents leurs préférences et à agréger ces préférences en un objectif collectif clair et précis ; or il est apparu (Soulama, 1995, p. 293-294) que la clarté de l’objectif explique effectivement l’essentiel des performances des GV tant sur le plan de la coordination des ressources, de la création de ces ressources que sur celui des performances économiques et socioéconomiques. Dans ces conditions, le choix des activités répond à la reproduction d’une mode, plutôt que d’être ancré dans un besoin effectivement ressenti et confirmé par le calcul économique. Ce biais est favorisé par l’action des gouvernements et par certaines ONG. Ce fut notamment le cas des banques de céréales et des moulins villageois. En fait, la gestion des céréales (constitution des stocks et écoulement) est apparue comme étant plus complexe, nécessitant des compétences professionnelles spécifiques. Dans cette bataille menée contre les commerçants privés, les banques de céréales ont incontestablement perdu la partie ! Il en fut de même pour les moulins villageois. En règle générale, lorsque le secteur privé a investi avec succès un domaine d’activité, la tentative de récupération du marché par les groupements villageois a été un échec. CONCLUSION Au total, l’analyse révèle la dynamique du groupement villageois sur le plan numérique, son caractère d’organisation de solidarité ancrée dans le territoire, sa tendance à la multifonctionnalité et sa présence dans de nombreux domaines stratégiques pour le développement. Sur le plan conceptuel, comme nous l’avons relevé, le GV est une entreprise d’économie sociale de « type associatif communautaire ». Les groupements villageois ont entrepris des activités qui pour des raisons de rentabilité financière insuffisante ne sont pas prises en charge par le secteur privé. C’est généralement dans cette catégorie d’entreprise que les groupements villageois réalisent les meilleures performances économiques et sociales. Les succès dans le domaine du crédit, de l’approvisionnement en intrants, de la commercialisation des produits, comparativement aux échecs dans le domaine des banques de céréales ou des moulins villageois suggèrent 152 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables que les groupements peuvent être économiquement efficaces et que les performances réalisées dépendent de la nature des activités productives et du soutien extérieur dont ils ont bénéficié. Ces structures ont en général une mauvaise capacité de gestion et d’administration, notamment dans l’établissement et la maîtrise de règles adéquates de gestion et planification de leurs activités sauf dans le cas d’une intervention extérieure appropriée qui se donne comme mission de favoriser l’autonomie de l’organisation. Les soutiens extérieurs proviendront de plus en plus des associations dites de développement. Ces dernières regroupent généralement (en milieu urbain) les ressortissants d’une localité géographique (villages, départements, provinces, régions) qui mettent en commun leurs efforts en vue de promouvoir le développement économique et social de leur localité. Ces associations se sont développées avec vigueur à partir des années 1990 et ont précisément comme partenaires privilégiés les groupements villageois. Les groupements villageois s’investissent également dans la production de biens et services publics au niveau villageois, pour combler ainsi les défaillances de l’État. À l’image de la complémentarité recherchée entre l’État et les organisations paysannes, l’intervention de l’État doit viser à favoriser la production par les groupements villageois de biens publics dans les domaines de la sauvegarde de l’environnement, de l’éducation, de la santé, de l’alimentation et de la nutrition. Dans ce domaine de production de biens d’utilité collective au niveau villageois, le groupement villageois se révèle plus efficace que les pouvoirs publics. Comparée à l’intervention publique, celle du groupement villageois présente plusieurs avantages : prise en compte effective des besoins des agents concernés, gestion simultanée de l’économique et du social, initiative à la base, souplesse et rapidité de l’intervention, etc. Dans sa conception d’origine, le modèle réussi du groupement villageois est celui d’une structure de production d’un surplus collectif à l’échelle d’un village et la réallocation de ce surplus au profit de la communauté villageoise. Conceptuellement, le groupement villageois est une organisation de développement socioéconomique qui associe en son sein, de manière structurelle, l’économique et le social, le marchand et le non-marchand, le marché et la solidarité associative, le tout au service du développement socioéconomique du territoire villageois. Il est ancré dans le territoire villageois, et malgré les limites qui lui sont imposées par les stratégies des acteurs, il est plus apte que les organisations professionnelles naissantes à servir l’intérêt collectif du village. Notes 1. L’auteur remercie Lucie Fréchette, professeure en travail social à l’Université du Québec en Outaouais et les évaluateurs externes de la revue pour leurs commentaires et suggestions particulièrement intéressantes qui lui ont permis d’améliorer la première version de cet article. 2. La problématique est pertinente pour d’autres pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 153 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables 3. Organisations des producteurs (OP) », « Organisations professionnelles des paysans », « Groupements de producteurs de coton », « Comités villageois de gestion des terroirs », etc. 4. À la différence de l’ordonnance no 83-021/CSP/PRES/DR du 14 mai 1983 remplacée par la Zatu no ANVII-0035/FP/PRES du 18 mai 1990, le texte en vigueur actuellement, la loi no 014/99/AN portant sur la réglementation des sociétés coopératives et groupements au Burkina Faso, ne fait plus aucune référence au GV. 5. Cette définition est celle de l’ordonnance no 83-021/CSP/PRES/DR du 14 mai 1983. 6. Agriculture-Maraîchage-Élevage. 7. Un bien que tout le monde souhaiterait consommer mais qu’aucune personne solvable ne veut payer puisqu’il suffit qu’une personne le paie pour qu’il soit disponible pour tous. Dans ces conditions, « situation paradoxale », bien que le besoin de ce bien soit ressenti par tous, comme personne ne veut payer pour l’obtenir, il ne sera disponible pour personne. 8. Cf. les travaux de S. Soulama, 1987, 1990, 1992, 1995, 1997. 9. Une des quatre sociétés dites d’intervention qui étaient chargées de l’organisation du développement rural en Haute-Volta dans les années 1960-1970. 10. Une organisation d’économie sociale dans laquelle il y a une dissymétrie organique au profit de la composante associative, et au détriment de l’entreprise et de l’individu. L’organisation poursuit davantage les objectifs de développement communautaire. La difficile unité de l’économique et du social dans ces conditions ne peut pas être maîtrisée du fait, généralement, d’une mauvaise capacité de gestion et d’administration ; la structure n’est pas familière avec le calcul économique. 11. Forme d’organisation communautaire, fortement ancrée dans la tradition (celle du Nord-Ouest du Burkina Faso notamment) dont les pratiques s’apparentent à celles de l’économie sociale, mais qui revendique une identité propre. 12. À la différence du « pré-coopératif », le « type coopératif » ne présuppose pas l’évolutionnisme coopératif. La relative neutralité permet de regrouper un large éventail d’organisations que sont les coopératives ou mutuelles stricto sensu, les groupements villageois et les groupements « Naam » du Burkina Faso qui, sans être « pré ou post » coopératif, partagent néanmoins quelques principes fondamentaux avec la coopérative et l’économie sociale. C’est cela l’essentiel ! Bibliographie BELLONCLE, G. (1978). Coopératives et développement en Afrique noire sahélienne, 1re édition, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, Centre d’études en économie coopérative, 428 p. BELLONCLE, G. (1979). Le chemin des villages, Paris, L’Harmattan. BIDET, E. (2000). « Économie sociale : un éclairage théorique sur un concept méconnu », Économie et Solidarités, vol. 31, no 2, p. 64-81. DEFOURNY, J., P. DEVELTERE et B. FONTENEAU (1999). L’économie sociale au Nord et au Sud, Bruxelles, De Boeck Université. ESMAN, M.J et N.T. UPHOFF (1984). Local Organisation and Rural Development : The State of the Art, Ithaca, N.Y., Cornell University Press. FAUQUET, G. (1942). Le secteur coopératif – essai sur la place de l’homme dans les institutions coopératives et de celle-ci dans l’économie, Paris, Presses universitaires de France. FONTENEAU, B. (2000). « Émergence des pratiques d’économie sociale dans le financement de la santé au Burkina Faso », Economie et Solidarités, vol. 31, no 2, p. 137-157. GENTIL, D. (1984). Les pratiques coopératives en milieu rural africain, Paris, L’Harmatttan, coll. « L’Harmattan-UCI ». GENTIL, D. (1986). Les mouvements coopératifs en Afrique de l’Ouest : intervention de l’État ou organisations paysannes, Paris, L’Harmatttan, coll. « L’Harmattan-UCI ». 154 Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables GOSSELIN, G. (1969). « Le mouvement coopératif en Haute Volta », Genève-Afrique, vol. 8, no 1, p. 19-33. INSD (1999). Analyse de la pauvreté au Burkina Faso, Ouagadougou, Burkina Faso, INSD, Ministère de l’Économie et des Finances. JACOB, J.-P. et P. LAVIGNE DELVILLE (1994). Les associations paysannes en Afrique, organisation et dynamique, Marseilles, APAD ; Paris, Karthala ; Genève, IUED, coll. « Hommes et sociétés ». LACHAUD, J.-P. (1997). Pauvreté, vulnérabilité et marché du travail au Burkina Faso, Bordeaux, Université Montesquieu-Bordeaux IV, CED, Série de Recherches 2. MEISTER, A. (1977). La participation pour le développement, Paris, Les éditions Ouvrières, Éditions Économie et Humanisme, coll. « Développement et Civilisations ». MERCOIRET, M. (1992). « Les organisations paysannes du Sahel : des réalités très diverses », Cahiers de la Recherche Développement, CIRAD, no 31, janvier, p. 1-13. OLIVIER DE SARDAN, J.-P. (1995). Anthropologie et développement, Marseille, APAD ; Paris, Karthala. PIVETEAU, A. (1998). L’évaluation des petites opérations des ONG – une analyse économique à partir d’actions agricoles réalisées au Burkina Faso, Thèse de doctorat de sciences économiques, Bordeaux, Université Montesquieu-Bordeaux IV. PRADERVAND, P. (1989). Une Afrique en marche, la révolution silencieuse des paysans africains, Paris, Plon. SOULAMA, S. (1987). « Activités économiques marchandes et développement coopératif : essai d’interprétation socioéconomique », CEDRES-Études, no 21, Burkina Faso, Université de Ouagadougou, CEDRES, octobre, p. 1-30. SOULAMA, S. (dir.) (1990). « Étude monographique de 19 groupements villageois au Burkina Faso », CEDRES-Études, Document de travail no 2, Projet Coopératives et développement, Burkina Faso, Université de Ouagadougou, CEDRES. SOULAMA, S. (1992). « Performances économiques et sociales, dynamique des organisations coopératives et de type coopérait (OCTC) au Burkina Faso », CEDRES-Études, Document de travail no 3, édition 1997, Burkina Faso, Université de Ouagadougou, CEDRES. SOULAMA, S. (1995). Analyse économique des organisations du secteur non marchand de type coopératif, Thèse de doctorat d’État, Burkina Faso, Université de Ouagadougou, Faculté des sciences économiques et de gestion. SOULAMA, S. (1997). « Performances économiques et sociales, dynamique des organisations coopératives et de type coopératif (OCTC) au Burkina Faso », CEDRES, Série Document de travail no 3 Spécial, Burkina Faso, Université de Ouagadougou, CEDRES. SOULAMA, S. (2000). « Micro-finance, pauvreté et développement économique », Groupe d’étude et de recherche sur l’économie des organisations et des institutions, Burkina Faso, Université de Ouagadougou, CEDRES. VIENNEY, C. (1982). Socioéconomie des organisations coopératives, Tomes 1 et 2, Paris, Coopérative d’information et d’édition mutualiste, coll. « Tiers Secteur ». VIENNEY, C. (1994). L’économie sociale, Paris, La Découverte, coll. « Repères ». Économie et Solidarités, volume 34, numéro 1, 2003 155 © 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Économie et Solidarités, vol. 34, no 1, Marguerite Mendell et Benoît Lévesque, responsables