L’OMC : un régulateur de la mondialisation ?
Désireux de restaurer et d’encadrer le commerce international miné par le conflit
mondial, 23 Etats signent en 1947 les accords du GATT (General Agreement on Tariffs and
Trade), partie séparée de la « Charte instituant l’Organisation Internationale du Commerce »,
adoptée en mars 1948 à la conférence de La Havane mais abandonnée après la non-
ratification de celle-ci par le Congrès américain qui la considéra trop peu libérale. Alors que
l’OIC, qui témoignait d’un projet ambitieux ne se limitant pas au seul principe de
libéralisation commerciale7, ne verra jamais le jour, le GATT va lui s’institutionnaliser.
L’objectif de l’Accord général est double : « assurer le respect de principes permettant une
concurrence loyale entre les nations et mettre en œuvre un processus continu de libéralisation
du commerce international8 ». Les six cycles de négociations multilatérales (rounds) de 1947
à 1994 rythment la vie du GATT, conçu comme un « forum permanent », concrétisant la
progressive ouverture des économies et l’élargissement des matières soumises aux règles
multilatérales.
A l’issue de l’Uruguay round, les Parties contractantes décident, par la signature de
l’Accord de Marrakech du 15 avril 1994, la création au 1er janvier 1995 de l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC), née d’une profonde réforme du GATT. L’OMC,
contrairement au GATT qui n’était qu’un simple accord provisoire qui perdura de 1948 à
1995, est une véritable institution internationale disposant de la personnalité juridique et apte
à interpréter les accords commerciaux multilatéraux. Les anciennes Parties contractantes du
GATT sont désormais Membres de l’organisation. Parachevant l’Uruguay round, le cycle de
négociations du GATT le plus long (1986-1994) et le plus ambitieux, la création de l’OMC
marque clairement « l’avènement d’une ère nouvelle9 » pour le commerce mondial. Après que
le GATT a érodé les obstacles douaniers au commerce international, « la création de l’OMC
correspond à l’uniformisation croissante des normes et réglementations, des règles qui
7 Voir en particulier Jean-Christophe Graz, Aux sources de l’OMC. La Charte de La Havane (1941-1950),
Genève, Librairie Droz, 1999.
8 Michel Rainelli, L’Organisation mondiale du commerce, Paris, La Découverte, 2004, p. 22.
9 Déclaration de Marrakech du 15 avril 1994, paragraphe 2. L’ensemble des textes juridiques, à savoir la
déclaration de Marrakech, l’Acte final reprenant les résultats des négociations commerciales multilatérales du
cycle d’Uruguay, l’Accord de Marrakech instituant l’Organisation Mondiale du Commerce et les autres accords
annexes (Accords multilatéraux sur le commerce des marchandises, Accord général sur le commerce des
services…), sont rassemblés dans un ouvrage édité par le secrétariat du GATT : Résultats des négociations
commerciales multilatérales du cycle d’Uruguay : textes juridiques, Genève, GATT, 1994.