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des apprentissages scolaires. C’est le cas pour la lecture (Sprenger-Charolles
& Casalis, 1996) et pour l’orthographe (Rieben, Fayol & Perfetti, 1997). Les
modèles proposés par la psychologie cognitive ouvrent des perspectives
concrètes à l’instruction, à l’évaluation et aux remédiations de la lecture-
orthographe. La description cognitive des activités peut ainsi devenir un
instrument au service de l’évaluation diagnostique et de la remédiation. Par
exemple, dans l’aide aux difficultés d’apprentissage, l’opportunité de repérer
des composantes autonomes, ou relativement autonomes, dans un ensemble
intégré complexe permet, à la fois, de mesurer l’efficience de telle ou telle
composante particulière et, le cas échéant, d’intervenir ultérieurement à bon
escient en direction de la (ou des) composante(s) identifiée(s) comme causes
du dysfonctionnement (Fayol, 1996 ; Grégoire, 1996). Les modalités d’inter-
vention remédiatrices restant évidemment à définir sur une base didactique.
Les modèles de psychologie cognitive offrent des bases d’analyse du
comportement d’apprentissage des élèves, il est vrai pour un nombre encore
limité de savoirs et savoir-faire. Ils contribuent de cette façon de manière es-
sentielle, sur le versant "apprentissage", à la construction des représentations
didactiques. La psychologie cognitive a ainsi vocation à occuper un rôle de
science fondamentale des apprentissages scolaires, en particulier pour des
champs dans lesquels la question des fondements théoriques est excessive-
ment complexe, tel le domaine de la lecture-écriture (Halté, 19922).
Cela dit, pour la lecture-écriture comme pour d’autres activités, les
propositions des psychologues du traitement de l’information ne fournissent
évidemment qu’une conceptualisation parcellaire (Brassard, 1995). A un
premier niveau, du fait que leur objet se limite à la dimension cognitive et,
plus simplement, parce que ces propositions sont élaborées à partir de don-
nées recueillies dans des conditions non scolaires. Le traitement de l’infor-
mation dans la classe ne s’effectue pas individuellement, dans des conditions
d’attention optimales, face à un adulte neutre et bienveillant, enfin à l’écart
de parasitages visuel ou acoustique, toutes conditions optimisées dans les
situations expérimentales. Sur ces deux points, les défauts de la psychologie
cognitive sont ceux de la démarche scientifique et de la méthode expérimen-
tale. Enfin, les modèles de psychologie cognitive ne sont pas des modèles
d’enseignement pour la raison essentielle qu’ils font abstraction des condi-
2- "Ce qui est vrai de la lecture l'est aussi de l'écriture et de la communication (...) Ce
sont là des matières pour lesquelles il n'existe aucune discipline scientifique de référence qu'il
suffirait de transposer" (p. 74).