Exposition Trésors Carolingiens - Dossier de presse

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Livres manuscrits de Charlemagne à Charles le Chauve
Trésors carolingiens
Exposition 20 mars – 24 juin 2007
Bibliothèque nationale de France
Site Richelieu – Galerie Mazarine
Dossier de presse
Sommaire
Communiqué de presse
2
Renseignements pratiques
3
Iconographie
4
Présentation
6
Parcours de l’exposition
7
Publication
10
Exposition virtuelle
http://expositions.bnf.fr/carolingiens
11
Communiqué de presse
Exposition
Trésors carolingiens
Livres manuscrits de Charlemagne à Charles le Chauve
La Renaissance carolingienne a produit des manuscrits exceptionnels,
dont beaucoup sont conservés à la Bibliothèque nationale de France.
Soixante d’entre eux ont été choisis pour illustrer les origines et la
floraison de ce vaste mouvement intellectuel et artistique et pour
évoquer les conditions de leur production, ainsi que la circulation des
artistes et des œuvres.
De la fin du VIIIe à la fin du IXe siècle, l’Europe occidentale a été traversée par
une première renaissance intellectuelle et esthétique, aussi remarquable que
la grande Renaissance humaniste née en Italie cinq cents ans plus tard. Tout
en revendiquant l’héritage des empires disparus, Charlemagne et ses
successeurs ont activement travaillé à ce renouvellement et ont encouragé la
création dans tous les domaines.
Pendant cette période, l’intensité de la production littéraire et artistique et la
circulation des artistes et des œuvres ont profondément marqué le livre dans
tous ses aspects, texte, écriture, décoration ou reliure. Pour les évoquer, la
Bibliothèque nationale de France sort exceptionnellement de ses réserves
soixante manuscrits, chefs-d’œuvre fragiles et précieux, auxquels
s'ajoutent quatre fleurons de l'art carolingien appartenant à des
bibliothèques municipales.
Du Pentateuque de Tours au sacramentaire de Gellone, sept manuscrits plus
anciens rappellent les inspirations diverses qui, de l’Italie aux Îles
britanniques, ont contribué à la naissance de ce vaste mouvement culturel.
Les livres réalisés entre 781 et 877 en exposent l’étonnante effervescence
créatrice.
Le rôle personnel des empereurs carolingiens est présenté à travers leurs
propres manuscrits, issus des écoles créées dans leurs palais ou commandés
à d’autres ateliers : exécuté pour Charlemagne en 781-783, l’évangéliaire de
Godescalc en est la pièce phare ; le Psautier, les Bibles, le sacramentaire de
l’empereur Charles le Chauve en signent l’éblouissante conclusion.
Autour de ce noyau central gravitent les principaux foyers de création liés à la
dynastie carolingienne : l’abbaye de Corbie participe à la révolution qu’incarne
la naissance de l’écriture caroline et à la transmission des auteurs de
l’Antiquité classique et des Pères de l'Eglise ; réceptacle de la générosité
impériale et centre de culture, Saint-Denis se situe au cœur des échanges à
travers l’Europe ; l’abbaye Saint-Martin de Tours, où Alcuin établit vers 800
une nouvelle version de la Bible, produit les Évangiles de Lothaire avant 851 ;
les scriptoria de Reims symbolisent le renouveau de l’art classique ; à Metz,
lieu névralgique de la réforme liturgique, l’évêque Drogon commande vers
850 des manuscrits somptueux aux reliures d’ivoire ; Saint-Amand, enfin, est
le foyer du style franco-saxon, illustré vers 871-877 par la célèbre Bible de
Charles le Chauve. Tout en développant une culture et un style propres,
chacun de ces centres donne à voir la profondeur et la beauté de l’héritage
carolingien, et laisse deviner l’influence qu’il exerça sur les siècles futurs.
Exposition /Trésors carolingiens
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Trésors carolingiens
Livres manuscrits de Charlemagne à Charles le Chauve
Dates
Lieu
20 mars – 24 juin 2007
Bibliothèque nationale de France – site Richelieu
Galerie Mazarine - 58, rue de Richelieu – Paris IIème
Métro : Bourse, Palais Royal, Pyramides
Bus : 20, 21, 27, 67, 85, 74, 39
Horaires
Du mardi au samedi de 10h à 19h, le dimanche de 12h à 19h
Fermeture lundi et jours fériés
Entrée : 7€ , TR : 5€
Commissariat
Marie-Pierre Laffitte, conservateur général au département des Manuscrits
Charlotte Denoël, conservateur au département des Manuscrits
Coordination
Pierrette Turlais, Service des expositions, BnF
Scénographie
Jérôme Habersetzser
Visites guidées
Renseignements et réservations au 01 53 79 49 49
Activités
pédagogiques
- Visite guidée gratuite sur réservation pour les enseignants le mercredi à
14h30
- Visites guidées pour les classes : mardi, jeudi et vendredi à 10h et 11h30
(Prix : 46€ par classe)
- Démonstrations de calligraphie autour de la minuscule carolingienne,
ses influences et son évolution jusqu'à sa transformation vers la gothique
primitive : mardi de 11 h à 13 h et samedi de 14 h 30 à 16 h 30
- Fiches pédagogiques disponibles sur demande
Renseignements au 01 53 79 82 10
Réservation obligatoire pour les visites au 01 53 79 49 49
Renseignements
01 53 79 59 59
Publication
Trésors carolingiens
Livres manuscrits de Charlemagne à Charles le Chauve
par Marie-Pierre Laffitte et Charlotte Denoël
avec la collaboration de Marianne Besseyre
Préface Jean-Pierre Caillet
22 x 27 cm, 240 pages, 150 illustrations en couleur
Prix: 39€
Editions de la BnF
Bibliothèque nationale de France
Contacts presse
Claudine Hermabessière, chef du service de presse
Tel : 01 53 79 41 18 Fax : 01 53 79 47 80
[email protected]
Isabelle Coilly Tel : 01 53 79 40 11 Fax : 01 53 79 47 80
[email protected]
Exposition /Trésors carolingiens
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Iconographie
Disponible dans le cadre de la promotion de l’exposition.
Évangéliaire de Charlemagne,
exécuté par Godescalc. École du Palais de
Charlemagne, 781-783
Le Christ en majesté, représenté jeune,
chevelu et imberbe
BnF, département des Manuscrits
Évangiles donnés par Louis le Pieux à SaintMédard de Soissons. École du Palais de
Charlemagne (Aix-la-Chapelle), vers 800
Représentation architecturale évoquant un
théâtre antique
BnF, département des Manuscrits
Seconde Bible de Charles le Chauve.
Saint-Amand-en-Pévèle, 871-877
Début du livre de la Genèse
BnF, département des Manuscrits
Sacramentaire de Charles le Chauve (?),
fragment. École du Palais de Charles le
Chauve, vers 869-870
Représentation symbolique du prince entouré
de représentants du pouvoir ecclésiastique
BnF, département des Manuscrits
Sacramentaire de Corbie. Corbie,
3e quart du IXe s. (après 853)
Prière du Canon de la messe commençant par les
mots « Vere dignum », sur feuillet pourpré
BnF, département des Manuscrits
Cassiodore, Commentaire sur les psaumes I-L.
Saint-Denis, début du IXe s., groupe « Fardulfe »
Lettre B et portrait de l’éléphant Aboul Abbas, offert
à Charlemagne par le « roi de Perse »
Haroun al Rachid ( ?)
BnF, département des Manuscrits
Bible de Théodulfe. Orléans ou Fleury, 1er
quart du IXe s.
Canons des Evangiles (tables de
concordances des textes évangéliques)
BnF, département des Manuscrits
Bible de Théodulfe.
Orléans ou Fleury, 1er quart du IXe s.
Ecriture à l’encre d’argent et explicit décoratif
sur parchemin pourpré
BnF, département des Manuscrits
Bréviaire d’Alaric. Vallée de la Loire (?), 803-814
Début de la loi des Alamans, avec le portrait du roi
Lodhanri
BnF, département des Manuscrits
Exposition /Trésors carolingiens
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Évangiles de Hurault. Reims, 2e quart du IXe s.
Portrait de l’évangéliste Matthieu
BnF, département des Manuscrits
Évangiles de Drogon. Metz, 845-855
Initiale Q en forme de boeuf, symbole de
l’évangéliste Luc
BnF, département des Manuscrits
Sacramentaire de l’évêque Drogon
Metz, entre 845 et 855
Prière du Canon de la messe commençant par
les mots « Te igitur », accompagnés des trois
sacrifices de l’Ancien Testament : Abel,
Melchisédech et Abraham
BnF, département des Manuscrits
Térence, Comédies. Reims, milieu ou 2e
moitié du IXe s.
Masques de comédiens, rangés sur une
étagère
BnF, département des Manuscrits
Exposition /Trésors carolingiens
Évangiles de Hurault. Reims, 2e quart du IXe s.
Lettres « In principio », marquant le début de
l’évangile de Jean
BnF, département des Manuscrits
Isidore de Séville, Défense de la foi catholique.
Corbie, vers 800
Initiale zoomorphe illustrant le début du livre II.
BnF, département des Manuscrits
Évangiles dits de François II, reliés pour
François Ier
.
Saint-Amand-en-Pévèle, 3e quart du IXe s.
La Crucifixion
BnF, département des Manuscrits
Évangiles de Metz, plaque de la reliure.
Nord-Est de la France, vers 860-870
Plaque d’ivoire d’éléphant sculpté : Crucifixion
et bordure d'orfèvrerie rehaussée d'émaux
cloisonnés et de pierres précieuses
BnF, département des Manuscrits
Évangiles de Drogon. Metz, 845-855
Plaque d’ivoire d’éléphant sculpté : scènes de la
Passion du Christ
BnF, département des Manuscrits
Pentateuque d’Ashburnham ou de Tours
Espagne, Afrique du Nord, Italie du Nord ou Rome ?,
fin du VIe-début du VIIe s.
Histoire de Joseph
BnF, département des Manuscrits
Évangiles dits de François II, reliés pour François Ier.
Saint-Amand-en-Pévèle, 3e quart du IXe s.
Portrait de l’évangéliste Matthieu
BnF, département des Manuscrits
Évangiles. Région parisienne (Saint-Pierre-desFossés ?), 1ère moitié du IXe siècle (avant 830 ?)
Portraits des évangélistes accompagnés de leurs
symboles, peints ensemble sur une double page
BnF, département des Manuscrits
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Présentation
Pour la première fois depuis cinquante ans, une exposition est consacrée en France
à la Renaissance carolingienne, qui s’est déroulée sous les règnes successifs de
trois grands souverains, Charlemagne (768-814), Louis le Pieux (814-840) et Charles
le Chauve (840-877). La Bibliothèque nationale de France en propose un panorama
exceptionnel à travers la présentation de soixante manuscrits, trésors
emblématiques et spectaculaires qui sont au cœur du patrimoine français et
européen. Certains d’entre eux ne sont pas sortis de ses réserves depuis plusieurs
décennies. Quatre autres fleurons de l'art carolingien appartenant à des
bibliothèques régionales (Amiens, Arras, Épernay et Reims), ainsi que quelques
objets contemporains, viennent compléter ce panorama.
Vaste mouvement intellectuel et esthétique, la Renaissance carolingienne a traversé
l’Europe occidentale de la fin du VIIIe à la fin du IXe siècle. Charlemagne et ses
successeurs ont activement travaillé à ce renouveau en menant de front politique
scolaire, réforme de la liturgie et copie de textes sacrés et profanes. Se posant en
héritiers des empereurs romains dont ils revendiquaient l’héritage, c’est en
véritables mécènes qu’ils ont encouragé la création dans tous les domaines. Ce
mouvement à la fois littéraire, religieux et artistique a marqué l’histoire du livre et
des idées pour des siècles. Il a permis la sauvegarde de l’héritage littéraire de
l’Antiquité classique latine et le renouvellement de la tradition biblique et des études
théologiques, mais son originalité réside surtout dans l’invention de l’écriture
caroline, dont découlent les alphabets romains modernes, ainsi que dans la
naissance d’un art totalement novateur : les artistes ont su fondre en un ensemble à
la fois varié et harmonieux leur propre force créatrice, la tradition mérovingienne et
les influences des deux grands foyers de culture qu’étaient alors l’Italie et
l’Angleterre.
Les manuscrits enluminés sont les brillants témoins de cette impulsion artistique.
Désireux d’encourager la production des livres, les Carolingiens soumirent la
présentation du texte et sa décoration à des exigences de qualité rigoureuses. D’une
grande richesse et d’une extrême inventivité, le décor ornemental emprunte la
plupart de ses traits aux motifs élaborés par les Anglo-saxons ou les Irlandais,
auxquels s’ajoutent rinceaux et autres ornements issus de l’art classique.
Mais l’un des exploits les plus remarquables des artistes carolingiens réside dans le
développement de la représentation humaine. Très limitée durant les siècles
antérieurs, celle-ci entre à grand fracas, avec l’Évangéliaire de Charlemagne, dans
les manuscrits réalisés sous le règne de ce souverain et de ses successeurs, alors
même que la querelle des images divise les théologiens de la Chrétienté. La décision
de Charlemagne de ne pas détruire les images dont il reconnaissait la valeur
pédagogique eut d’immenses conséquences pour l’épanouissement de la production
artistique au Moyen Âge. Dans l’immédiat, elle donna lieu à une véritable floraison
de manuscrits enluminés. Témoins de la Parole divine, les manuscrits bibliques et
liturgiques furent les premiers à bénéficier de ce renouveau. Ils reçurent un fastueux
décor, exécuté à l’aide d’une palette de couleurs variées et de matériaux de grande
valeur matérielle et symbolique, tels que l’or, l’argent et la pourpre. Aux yeux des
Carolingiens, l’or et l’argent reflétaient par leur éclat la lumière divine, tandis que la
pourpre revêtait une forte connotation impériale, suivant une ancienne tradition
romaine instaurée par l’empereur Néron.
Exposition /Trésors carolingiens
6
Parcours de l’exposition
Le nouvel art s’est répandu à travers tout l’Empire, pratiqué par différents ateliers
impériaux ou monastiques qui avaient chacun leur style propre. Les livres présentés
par la BnF, réalisés entre 781 et 877, en exposent l’éblouissante richesse.
Influences
Sept manuscrits plus anciens, du Pentateuque de Tours (fin du VIe-début du VIIe s.)
au sacramentaire de Gellone (fin du VIIIe s.), rappellent les influences diverses qui, de
l’Italie aux Îles britanniques, ont contribué à la naissance de ce grand courant
intellectuel et esthétique, et le poids parfois sous-estimé des principaux centres de
création mérovingiens, comme l’abbaye de Luxeuil.
Pièces exposées
- Pentateuque d’Ashburnam ou de Tours, Espagne, Afrique, Italie (Rome ?), fin VIe-début VIIe s.
- Evangiles d'Echternach, écriture et décoration insulaire, Echternach ou Northumbrie, VIIe-VIIIe s.
- Grégoire de Tours, écriture mérovingienne, Corbie, VIIe s.
- Evangiles, Région parisienne ou Nord de la France, écriture onciale, VIIIe
- Saint Augustin, écriture et décoration mérovingienne, Nord de la France (Laon ?), VIIIe s.
- Lectionnaire de Luxeuil, écriture et décoration mérovingienne, Luxeuil, VIIe-VIIIe s.
- Sacramentaire de Gellone, Meaux ou Cambrai, vers 790
Manuscrits impériaux
Le cœur de l’art carolingien est ensuite illustré par onze manuscrits réalisés
pour les empereurs eux-mêmes, dont l’engagement politique et le rôle personnel
ont été déterminants : l’évangéliaire de Charlemagne, copié et peint par Godescalc
dans l’école du Palais entre 781 et 783, en est la pièce phare. Il marque le début
d’une série de chefs-d’œuvre qui se termine sur le somptueux ensemble de
manuscrits destinés à Charles le Chauve : la Bible offerte en 845 à Charles le
Chauve, le Psautier copié avant 869 par Liuthard et sa reliure d’ivoire, le
sacramentaire de cet empereur grand amateur de manuscrits de luxe en signent la
superbe conclusion.
Ces œuvres de prestige offrent un aperçu sur les écoles palatines successives, sur
les ateliers auxquels les souverains ont passé commande aux diverses étapes de
leurs règnes, sur les premiers livres dédicacés, qui deviendront par la suite courants
dans l’entourage des princes. Elles permettent aussi d’évoquer les conditions de
production des manuscrits, la circulation des artistes et des œuvres, et surtout de
mettre en valeur le rôle essentiel joué par le mécénat dynastique à cette époque.
Ces manuscrits ont reçu un somptueux décor inspiré des œuvres de l’Antiquité
classique et de l’époque paléochrétienne, qui témoigne de la volonté des souverains
de renouer avec la culture de l’ancienne Rome.
Pièces exposées
- Evangéliaire de Godescalc exécuté pour Charlemagne, école du Palais de Charlemagne, 781-783
- Evangiles de Saint-Denis (manuscrit + ivoire), école du Palais de Charlemagne, avant 800
- Evangiles de Saint-Médard de Soissons, école du Palais de Charlemagne, vers 800
- St. Augustin offert à Louis le Pieux par Angilbert, Saint-Riquier, début du IXe s.
- Evangiles de Lothaire, école de Tours, 849-851
- Bible de Charles le Chauve, école de Tours, 845
- Bible de Charles le Chauve, Saint-Amand, 871-877
- Psautier de Charles le Chauve, école du Palais de Charles le Chauve, avant 869 (manuscrit + ivoires)
- Antiphonaire de Compiègne, école du Palais de Charles le Chauve, 3e quart du IXe s.
- Evangiles de Noailles, école du Palais de Charles le Chauve, 3e quart du IXe s., vers 870 (manuscrit + ivoires)
- Sacramentaire, école du Palais de Charles le Chauve, 3e quart du IXe s., vers 869-870
Exposition /Trésors carolingiens
7
Centres de production dans l’aire impériale
Ces nouvelles tendances artistiques trouvèrent un écho varié dans les autres
centres disséminés à travers l’Empire, les uns s’engageant dans la voie
novatrice ouverte par les artistes de l’école de la cour de Charlemagne, les
autres privilégiant un art ornemental abstrait au détriment des formes
classiques. Ces différentes options sont évoquées dans la suite de l’exposition, qui
offre un aperçu des plus importants foyers de la Renaissance carolingienne sur le
territoire français. Ceux-ci sont présentés suivant un parti pris géographique et
chronologique qui reflète les principales zones d’influence du pouvoir carolingien et
le réseau à la fois culturel, politique et familial dont il a maillé toute l’Europe.
Dans le Nord de la France, l’abbaye de Corbie dont l’un des abbés est Adalhard,
cousin de Charlemagne, participe à la révolution qu’incarne la naissance de l’écriture
caroline et à la transmission des auteurs de l’Antiquité classique et des Pères de
l'Eglise ; quelques volumes proviennent de Saint-Riquier, dont Angilbert, puis
Nithard, respectivement gendre et petit-fils de Charlemagne, sont les abbés.
Poursuivant les traditions héritées des siècles antérieurs, ces centres pratiquent un
art ornemental mêlant apports mérovingiens et insulaires.
Pièces exposées
- St. Jérôme, 2e moitié du VIIIe s.
- Isidore de Séville, Corbie, vers 800
- Alcuin, Corbie, écriture de Maurdramne, début du IXe s.
- Psautier de Corbie, Corbie, début du IXe s. ( BM d’Amiens)
- Donat, De arte metrica / Bède / Isidore, Corbie, écriture de Maurdramne, début du IXe s.
- Sacramentaire (manuscrits + reliure d’origine), vers 800
- Justin, nord-est de la France, vers 800
- Psautier dit de Charlemagne, Rhin-Meuse, fin du VIIIe s.
- Nithard et annales de Flodoard, St-Médard de Soissons, IXe s. (f. 13 : serments de Strasbourg)
Réceptacle de la générosité impériale dès l’époque de Charlemagne et centre de
culture très proche des princes, Saint-Denis, dont Charles le Chauve est l’abbé à
partir de 867, se situe au cœur des échanges à travers l’Europe, de Reichenau au
Sud de l’Italie.
Pièces exposées
- Cassiodore, Saint-Denis, copié dans une minuscule du type Fardulfe, après 802 (f. 9v : B initial orné d’une tête
d’éléphant que l’artiste a peut-être dessinée après avoir vu l’éléphant Aboul Abbas offert en 802 à
Charlemagne par le calife Haroun-al-Rachid)
- Retractationes de St. Augustin, IXe s, copié à Reichenau sous Regimbert et envoyé à Saint-Denis
- Evangiles provenant de la région parisienne (?), IXe s.
- Martyrologe d’Usuard, St-Germain-des-Prés, sous Hilduin, v. 854-867
La Vallée de la Loire est, quant à elle, un haut-lieu de la révision de la Bible
demandée par Charlemagne, et en particulier l’abbaye Saint-Martin de Tours, confiée
par le roi à son conseiller préféré, l’Anglais Alcuin. Celui-ci y établit vers 800 une
nouvelle version de la Bible, et le scriptorium produit dès les années 830 une série
de livres d’Évangiles et de Bibles dont les somptueux cycles d’illustrations renouent
avec les traditions figuratives de la Basse Antiquité. A Orléans, l’évêque Théodulfe
travaille lui aussi à la correction du texte sacré et supervise la production de Bibles
en partie pourprées.
Exposition /Trésors carolingiens
8
Pièces exposées
- Evangiles de Tours, époque d’Alcuin, v.796-804
- Evangiles de Dufay, sous l’abbé Vivien (843-851)
- Martinellus, Saint-Martin de Tours ou Marmoutier, v. 816-835
- Macrobe sur le Songe de Scipion, Saint-Martin de Tours 1er tiers IXe (annotations de Loup de Ferrières)
- Sénèque, 2nde moitié du IX e (copié par Ragambertus dans la région de la Loire, rare exemple d’un manuscrit,
copié par un laïc à cette époque)
- Jules César, Guerre des Gaules, Fleury ou Auxerre, IXe s.
- Bible de Théodulphe, Orléans ou Fleury, début du IXe s.
- Evangiles de Chartres, Ouest de la France, 2nde moitié du IXe s.
- Bréviaire d’Alaric, région de la Loire, avant 837 (copiste Audgarius)
Dans l’Est de la France, les scriptoria rémois pratiquent, sous la houlette des
archevêques Ebbon puis Hincmar, un style illusionniste d’une surprenante vitalité
expressive qui s’inspire de l’Antiquité hellénistique. Ce style se retrouve avec des
variantes dans les manuscrits produits à Metz, cœur de la réforme liturgique franque
depuis le règne de Pépin le Bref. C’est l’évêque Drogon, demi-frère de Louis le Pieux,
qui donne l’impulsion décisive, en commandant vers 850 des manuscrits dont les
reliures d’ivoire ajoutent encore à la somptuosité de leurs décors qui combinent
harmonieusement art de l’initiale et scènes figuratives.
Pièces exposées
- Evangiles d’Ebbon, Hautvilliers, 2e quart du IXe s. (BM d’Epernay)
- Evangiles de Loisel, Reims, 1ère moitié du IXe s.
- Evangiles de Hurault, Reims, 2nd quart IXe s.
- Evangiles de Saint-Thierry, Reims, époque d’Hincmar, 845-882 (BM de Reims)
- Hilaire de Poitiers, De Trinitate, Reims, milieu du IXe s. (copié sur le latin 2630 pour Hincmar, archevêque de
Reims 842-885)
- Vita s. Huberti episcopi Leodiensis, milieu du IXe s.
- Térence, Reims, 2e moitié du IXe s.
- Prudence, Reims, fin du IXe s.
- Pseudo-Apulée, Herbier, Reims ou Laon, milieu du IXe s.
- Libri Carolini, Reims, milieu du IXe s. (Plus ancienne version du célèbre traité sur les images attribué
à Théodulfe d’Orléans].
- Manuscrit autographe de Florus de Lyon, Lyon, 855-860 (avec textes de Hincmar et Gerbert)
- Evangiles, Metz, fin du VIIIe ou début du IXe s.
- Sacramentaire de Drogon (manuscrit+reliure d’ivoire), Metz, v.845-855
- Evangiles de Drogon (manuscrit+reliure d’ivoire), Metz, v.845-855
- Evangiles pourprés (manuscrit+reliure d’ivoire), Metz, 2e moitié du IXe s.
A la même époque, l’abbaye de Saint-Amand, près de Valenciennes, se détourne de
la figuration pour s’en tenir à un décor presque exclusivement ornemental, où une
part belle est faite à l’art de la calligraphie et aux constructions géométriques et
graphiques abstraites. Ce style qualifié de « franco-saxon » en référence à ses
emprunts insulaires est magnifiquement illustré par la célèbre Bible commandée par
Charles le Chauve vers 871-877 pour l’abbaye de Saint-Denis. Il clôt en beauté la fin
de l’époque carolingienne, tout en annonçant avec une longueur d’avance les débuts
de l’art roman.
Pièces exposées
- Evangiles de François II, 2nde moitié du IXe s.
- Sacramentaire, vers 850
- Evangiles de Noyon, école franco-insulaire, 3e quart du IXe s.
- Lectionnaire d’Alcuin ou Liber comitis, 3e quart IXe s. (provenance : Chartres)
- Evangéliaire de Saint-Vaast, Saint-Vaast, 2nde moitié du IXe s. (BM d’Arras)
- Apocalypse, fin du IXe s.
La spécificité de chacun de ces centres donne à voir la profondeur et la beauté de
l’héritage carolingien, dont le rayonnement s’est exercé bien au-delà des frontières
de l’Empire. Née de la volonté des empereurs, cette première renaissance
carolingienne a laissé une profonde empreinte sur les siècles suivants.
Exposition /Trésors carolingiens
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Publication
Trésors carolingiens
Livres manuscrits de Charlemagne à Charles le Chauve
par Marie-Pierre Laffitte et Charlotte Denoël
avec la collaboration de Marianne Besseyre
Préface Jean-Pierre Caillet
22 x 27 cm, 240 pages, 150 illustrations en couleur
Prix: 39€
Editions de la BnF
L’image du Sacramentaire de Charles le Chauve présentant un prince couronné par la main divine,
entouré de deux hauts dignitaires ecclésiastiques, est le symbole parfait de la symbiose entre
pouvoirs laïc et religieux réalisée par Charlemagne. Ce chef-d’œuvre de l’enluminure fait partie des
« trésors » que la Bibliothèque nationale de France expose pour la première fois depuis 1954 et
qui sont au cœur de cet ouvrage.
Ces documents exceptionnels témoignent de la première renaissance intellectuelle et esthétique
qui traversa l’Europe carolingienne de 768 à 877.
Se posant en héritiers des empereurs romains, Charlemagne et ses successeurs ont mené de
front politique scolaire, unification de la liturgie, révision de l’Écriture sainte et copie de textes
antiques ; ils ont encouragé la création dans tous les domaines. L’originalité de la « renaissance »
carolingienne réside aussi dans l’invention d’une écriture claire et aérée, la minuscule caroline et
la naissance d’un art novateur, qui se caractérise par le retour à la tradition figurative de
l’Antiquité et le développement d’un style ornemental raffiné.
L’ouvrage nous entraîne à la découverte des principaux centres de création disséminés dans la
partie occidentale de l’Empire carolingien et permet d’apprécier l’influence exercée par les deux
grands foyers artistiques qu’étaient alors l’Italie et les Îles britanniques. Les somptueux chefsd’œuvre réalisés pour les souverains, reflets de la volonté impériale de renouer avec les
prestigieux modèles du passé, forment le cœur du propos. Les manuscrits impériaux et avec eux,
les ouvrages issus des grands centres de production du Nord et de l’Est de la France à la vallée de
la Loire, en passant par l’Ile-de-France, nous invitent à un regard nouveau sur le mécénat impérial,
sur le statut du livre dans les trésors des églises et, plus généralement, sur la place de l’écrit dans
le monde carolingien.
Exposition /Trésors carolingiens
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Exposition virtuelle
http://expositions.bnf.fr/carolingiens
Témoin des réformes religieuses, vecteur d'échange entre les différents foyers culturels et
support de la circulation des savoirs, instrument politique au service de l'unification de
l'empire, le livre carolingien est au cœur d'un vaste mouvement intellectuel et artistique. À
travers de prestigieux manuscrits est ici proposée une plongée dans cette renaissance
carolingienne qui inscrit dans l'écriture et le livre les fondements de l'Europe.
L'exposition en images
À travers les écoles du Palais et les grandes abbayes, les pages des plus beaux manuscrits
conservés et les reliures d'orfèvrerie permettent d’évoquer les conditions de production des
manuscrits, la circulation des artistes et des œuvres, le rôle essentiel joué par le mécénat des
princes.
Le dossier replace le livre carolingien dans le contexte historique, intellectuel, spirituel et
politique de l'époque. Il permet d'appréhender les différentes fonctions du livre, ses multiples
usages, ainsi que l'attention artistique et intellectuelle dont il bénéficie, éclairant l'expression de
"renaissance carolingienne".
En gros plans
Les bornes réalisées pour l'exposition seront accessibles sur le site Internet :
Le livre carolingien, est le symbole même du pouvoir de Charlemagne qui s'appuie sur une
réforme religieuse pour sceller l'unité de l'empire. Glorifié et sacralisé, l'objet livre devient l'un des
fondements de la culture médiévale. Préparation du parchemin, copie soigneuse des textes,
expansion du décor et de l'enluminure, reliures incrustées d'ivoire et de pierreries… comment se
développe et se professionnalise la production du livre.
Le décor carolingien puise son inspiration dans trois courants stylistiques d’origine variée :
apports antiques, influences insulaires et style proprement mérovingien, qu’il fusionne de manière
particulièrement originale.
L'écriture caroline : comment et pourquoi naît vers la fin du VIIIe siècle, une nouvelle écriture,
d'une grande lisibilité. C'est la minuscule caroline, petite et cursive, cette même minuscule que
l'on emploie encore aujourd'hui.
La renaissance carolingienne : une entreprise politique et un vaste mouvement intellectuel et
artistique marquant l'Europe de la fin du VIIIe à la fin du IXe siècle.
Lire et écrire : s'il n'a pas "inventé l'école", Charlemagne a unifié l'enseignement dans tout
l'empire, ordonnant la correction des textes sacrés dans un latin propre à l'apprentissage de la
lecture. Pourquoi l'empereur s'est-il engagé dans cette réforme ? Qui sait alors lire et écrire ? Où
et comment apprend-on ? Quelles sont les disciplines enseignées ? Le point sur la fameuse école
de Charlemagne.
On pourra encore feuilleter trois manuscrits emblématiques sous forme de fac-similé numérique :
le Sacramentaire de Gellone d'inspiration mérovingienne, celui de Drogon aux étonnantes lettrines
historiées, Psychomachie de Prudence, copie d'un manuscrit romain.
Enfin sont offerts des repères – chronologie, glossaire, anthologie, bibliographie –, des fiches et
des pistes pédagogiques.
La 1ère version du site sera en ligne le 20 mars 2007.
Exposition /Trésors carolingiens
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