THINK ACT BEYOND MAINSTREAM Octobre 2016 L'AECG à son Mastering theplein potentiel Pourquoi l'Europe sera un accélérateur Journey de la croissance du Canada Transformation A comprehensive guide to reinventing companies 2 THINK ACT L'AECG à son plein potentiel 3 LE TOP 2 MILLIARDS DE DOLLARS pourraient être générés en revenus additionnels par le secteur canadien de l'automobile annuellement. Page 5 1 500 MILLIARDS DE DOLLARS devront être investis dans les infrastructures européennes d'ici 2018 et deviendront accessible aux firmes d'ingénierie ainsi qu'aux fonds de pension canadiens. Page 6 74% des exportations canadiennes en ressources naturelles sont acheminées vers les États-Unis. L'AECG permettra au Canada et à l'Europe de respectivement diversifier leurs bases de clients et de fournisseurs. Page 9 THINK ACT 3 L'AECG à son plein potentiel L'AECG permettra de renforcer les échanges Canada - Union Européenne L'Accord économique et commercial global (AECG–CETA en anglais) est un pacte commercial entre le Canada et l'Union Européenne signé il y a maintenant près de deux ans. À son entrée en vigueur, cet accord abolira progressivement les tarifs douaniers sur près de 100% des produits non-agricoles ainsi que sur 94% des produits agricoles échangés entre les deux régions. Il facilitera l'accès à des marchés historiquement protégés comme celui des services publics. Son adoption harmonisera les standards techniques et facilitera les flux de travailleurs et des investissements entre l'Europe et le Canada. La signature de ce nouvel accord commercial de première importance pour les deux parties n'a cependant pas suscité un engouement très important dans les milieux économiques et plus largement dans l'opinion publique. En Europe, la communauté d'affaires et le secteur public ont à peine salué son arrivée. Même ceux qui sont associés de près aux accords commerciaux sont davantage préoccupés par les négociations ardues avec les États-Unis sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP en anglais). La signature de l'accord pourrait pourtant générer des bénéfices économiques significatifs des deux côtés de l'Atlantique. Selon une étude conjointe réalisée par l'Union Européenne et le Canada, l'AECG permettrait de générer près de 30 milliards de dollars de PIB (dont 12 milliards de dollars au Canada) et de créer 80 000 emplois au total. Alors que les estimations sur les retombées économiques peuvent diverger et que les accords de libre-échange amènent leur lot de défis, il n'en demeure pas moins qu'ils stimulent la croissance économique des pays concernés. L'expérience de l'ALÉNA offre un bon exemple du renforcement des relations commerciales entre les parties signataires. Depuis 1994, les économies mexicaine, américaine et canadienne ont connu une croissance cumulative supérieure de 10% aux autres pays de l'OCDE. De plus, les échanges commerciaux entre le Mexique, les États-Unis et le Canada se sont renforcés à un tel point qu'en 2013, les États-Unis ont commercé autant avec les autres membres de l'ALÉNA qu'avec les BRICs, le Japon et la Corée du Sud combinés. Les comparaisons entre l'AECG et l'ALÉNA ont leurs limites. Leurs contextes économiques et leur portée géographique sont bien sûr sensiblement différents. Il faut néanmoins reconnaître que, 20 ans après sa signature, l'ALÉNA a eu un impact positif sur les pays impliqués. Le commerce international et le libre-échange sont, de manière générale, bons pour la croissance économique. C'est fort de ce constat que les gouvernements des deux côtés de l'Atlantique ont décidé de ratifier l'AECG. Le commerce international, le développement des exportations et les investissements directs étrangers permettront de dynamiser la croissance de deux économies "matures" comme celles du Canada et de l'Europe. L'Europe fait face à un ralentissement économique durable et à une faible demande intérieure. La baisse prolongée du prix du pétrole et des ressources naturelles pousse le Canada à développer de nouveaux relais de croissance. Au-delà de ces effets de cycle, le déclin démographique, la nécessité de développer leur bassin de talents, les limites relatives des marchés domestiques ou encore la nécessaire diversification des échanges commerciaux sont autant de défis structurels auxquels font face plusieurs provinces canadiennes et pays européens. 4 THINK ACT L'AECG à son plein potentiel Ainsi, bien que certains éléments restent à être clarifiés, l'AECG constituera un important levier de développement pour les économies canadienne et européenne. Pour l'Union Européenne, l'AECG représente une opportunité d'améliorer ses liens économiques avec un partenaire stable et fiable, qui possède des réserves en énergie et en ressources naturelles parmi les plus importantes au monde. Pour le Canada, l'AECG procure un accès privilégié à l'une des plus grandes économies mondiales, forte d'un marché de plus de 500 millions de consommateurs. Ceci est d'autant plus vrai que, même si les relations commerciales actuelles entre le Canada et l'Europe sont déjà importantes, elles n'ont pas encore atteint leur plein potentiel. En effet, en considérant les différences de tailles et de structures économiques, le niveau d'échanges en biens et services Canada-Europe demeure 14% en deçà du niveau d'échanges observé entre les États-Unis et l'Europe. A Alors que l'ensemble de l'économie canadienne bénéficiera de la ratification de cet accord de libre-échange, la structure relative des deux économies permettra à trois secteurs en particulier de croître dans des proportions encore plus importantes : 1 Le secteur de l'automobile, et de manière disproportionnée au Canada 2 Le secteur de l'infrastructure, et plus particulièrement les développeurs d'infrastructures européens, les firmes d'ingénierie canadiennes et les investisseurs en infrastructure 3 Le secteur des ressources naturelles, et plus particulièrement les acheteurs européens et les producteurs canadiens de ressources naturelles et d'énergie L'AECG, UN NOUVEAU MOTEUR DE CROISSANCE POUR L'INDUSTRIE AUTOMOBILE CANADIENNE Le secteur de l'automobile canadien est structuré afin de supporter un marché beaucoup plus large que celui du Canada. Depuis la ratification en 1965 de l'accord canado-américain sur l'automobile, les usines canadiennes de pièces et d'assemblage ont surtout alimenté les voitures de marques GM, Ford, Chrysler, Toyota et Honda destinées aux marchés du Canada et des États-Unis. Aujourd'hui, la majorité des voitures produites au Canada l'est dans le segment standard (93% du total de la production), même si des efforts sont déployés afin de développer davantage le segment premium dans les usines de Toyota (Lexus), Ford (Lincoln) et GM (Cadillac, Buick). Ainsi, des 2,3 millions d'automobiles produites au Canada en 2015, seulement 295 000 ont été achetées par des Canadiens, la majeure partie étant exportée aux États-Unis. L'ALÉNA a changé le portrait de l'industrie automobile canadienne, la plaçant en concurrence avec le Mexique où les coûts de main d'œuvre sont plus faibles. De 2004 à 2014, près de 3 postes sur 10 ont été abolis dans l'automobile au Canada, le nombre d'emplois passant de 148 000 à 108 000. La plus récente crise financière a encore davantage secoué l'industrie et la contribution canadienne à la production nord-américaine est passée de 17% en 2010 à 13% en 2015. Les acteurs de la chaîne de valeur automobile canadienne ont alors cherché à soutenir leur base en Amérique du Nord en trouvant de nouveaux débouchés sur les marchés internationaux. Malgré ce déclin, le secteur canadien de l'automobile reste le deuxième secteur exportateur au Canada avec 11% des exportations, juste derrière les énergies fossiles. Certaines préoccupations ont été soulevées à propos des impacts négatifs que pourrait avoir l'AECG sur l'industrie automobile canadienne. Toutefois, ces impacts devraient être limités, la production canadienne pour le marché domestique étant axée principalement sur le segment standard alors que les importations européennes ont principalement lieu dans le segment premium. B En effet, 82% des importations canadiennes en provenance d'Europe sont constituées d'automobiles "premiums", dont 69% des imports premiums réalisées par Audi, BMW et Mercedes-Benz. De plus, la plupart de ces manufacturiers ont déjà des lignes d'assemblage aux États-Unis ou au Mexique, ce qui leur permet d'avoir un accès libre de tarifs douaniers au marché canadien. Par conséquent, la ratification de l'AECG ne devrait pas avoir de conséquences négatives additionnelles sur le nombre de voitures produites au Canada. Bien que des inquiétudes subsistent relativement à l'ouverture du marché automobile canadien, ces défis sont davantage liés à une tendance de fonds consistant à délocaliser les capacités de production vers des régions à faibles coûts de production qu'à l'AECG. THINK ACT 5 L'AECG à son plein potentiel A ÉCHANGES DE BIENS ET DE SERVICES – CANADA, ÉTATS-UNIS & EUROPE-28 [Milliards d'euros; excluant les ressources minières et pétrolières, et les services financiers, ajusté à la taille de l'économie] Δ CANADA – ÉTATS-UNIS [%] 2008 60 -15% 71 2009 52 57 -8% 2010 62 -14% 72 2011 70 83 -16% 2012 75 90 -17% 89 -14% 90 -18% 2013 76 2014 74 2015 79 87 -9% MOYENNE -14% Canada - EU 28 ÉTATS-UNIS - EU 28 Source : Eurostat, World Bank, Roland Berger L'AECG pourrait permettre d'augmenter la production automobile canadienne. En effet, la structure actuelle de l'industrie automobile canadienne rend difficile l'atteinte de la règle du 55% de contenu canadien pour une exportation libre de tarifs douaniers. Néanmoins, une provision de l'AECG permettra à 100 000 véhicules d'origine canadienne de se qualifier pour un accès préférentiel advenant un seuil de 20% de contenu canadien. Ainsi, à terme, cette provision pourrait être l'opportunité de renforcer l'industrie automobile canadienne de manière à respecter la règle du 55% de contenu local. Alors qu'aujourd'hui la valeur moyenne d'une automobile canadienne exportée vers l'Europe est de près de 22 000$ CAD et les exportations actuelles d'environ 5 000 véhicules par an, cette provision à elle seule pourrait représenter des exportations supplémentaires de près de 95 000 automobiles, soit un potentiel de revenus de près de 2 milliards de dollars pour l'industrie automobile canadienne. De plus, les constructeurs automobiles canadiens pourraient chercher à optimiser davantage leur capacité de production et relocaliser une partie de la production américaine exportée vers l'Europe au Canada afin de profiter des tarifs douaniers avantageux de l'AECG, puisque ceux-ci représentent près de 11% du coût d'exportation d'une automobile vers l'Europe. Mais cet avantage en termes de tarifs douaniers ne sera pas suffisant pour repositionner le Canada comme un leader global dans l'industrie automobile. Par conséquent, la signature de l'AECG pourrait être l'élément déclencheur menant au développement d'une véritable stratégie nationale de l'automobile visant à renforcer la compétitivité du secteur automobile canadien à l'international. Un tel plan pourrait capitaliser sur les forces du Canada : une main-d'œuvre spécialisée, un accès aux ressources naturelles (lithium, aluminium, acier, etc.) et un savoir-faire technologique de pointe. Les priorités de développement pourraient, par exemple, inclure des mécanismes de support visant l'intégration de fournisseurs de niveaux 2 et 3 dans la chaîne de valeur européenne, le développement d'une expertise sur l'auto-électrique ou encore sur la voiture connectée et autonome. Le secteur canadien de l'automobile a davantage à gagner qu'à perdre de l'AECG. Toutefois, pour que cela se produise, l'industrie et le gouvernement doivent comprendre l'impact de l'AECG sur les conditions actuelles de marché, et de manière proactive, repositionner l'industrie au sein de la chaîne de valeur automobile transatlantique. 6 THINK ACT L'AECG à son plein potentiel OPPORTUNITÉS CANADIENNES Augmenter la production d'au moins 95 000 véhicules Accélérer le développement de fournisseurs de niveaux 2 et 3 et faciliter leur intégration dans la chaîne de valeur européenne de l'automobile Tirer avantage de l'expertise canadienne dans le secteur des technologies de l'information et des communications et les transposer à l'automobile BÉNÉFICES POUR L'UNION EUROPÉENNE Simplifier l'accès au marché canadien pour les manufacturiers premiums Acquérir potentiellement des fournisseurs de pièces canadiens et accélérer leur développement afin d'accéder au marché américain QUE FAIRE POUR Y ARRIVER? Les constructeurs automobiles doivent évaluer le potentiel d'optimiser leur empreinte manufacturière et de réallouer une partie de leur capacité de production au Canada Les fournisseurs de pièces automobiles doivent établir des relations avec les constructeurs automobiles européens Le Canada devrait développer une stratégie nationale de l'automobile afin d'assurer sa compétitivité et utiliser l'AECG comme un moteur de développement RENFORCER LA PRÉSENCE CANADIENNE DANS LE SECTEUR EUROPÉEN DE L'INFRASTRUCTURE Suite à la crise financière de 2008, la plupart des gouvernements européens ont mis en place des mesures d'austérité. Ceci a directement affecté les dépenses publiques, particulièrement au Portugal, en Grèce, en Espagne et à Chypre où les investissements publics en infrastructure sont bien en-deçà de leur niveau d'avantcrise. Les infrastructures (routes, services publics, transports publics et réseaux de télécommunications, etc.) sont des facteurs clés de la compétitivité européenne. Pour maintenir cette compétitivité, l'Europe devra investir au-delà du niveau de maintien de ses actifs. Toutefois, selon un classement récent du Forum économique mondial, deux tendances menacent l'Europe. Premièrement, l'Union Européenne dans son ensemble peine à garder le rythme face à la croissance rapide des économies asiatiques. Deuxièmement, au sein de l'Union Européenne, un écart se creuse entre les investissements et la qualité des infrastructures des nations en bonne santé financière et celles en difficulté comme la Grèce, l'Italie et l'Espagne. C Les investissements en infrastructure requis par les pays membres de l'Union Européenne sont colossaux. Une analyse plus fine montre que l'infrastructure européenne de transport nécessitera, à elle seule, plus de 1 500 milliards d'euros en investissements d'ici 2030 pour répondre à la demande croissante en transport. Dans le secteur de l'énergie, environ 1 000 milliards d'euros devront être investis avant 2020 pour atteindre les objectifs de la politique européenne sur l'énergie. Dans le domaine digital, l'Europe devra investir 600 à 700 milliards d'euros pour développer son réseau de fibre optique et son réseau sans-fil 5G afin de rattraper les États-Unis et la Chine. La majorité de ces investissements devra être réalisée rapidement, avec des dépenses en infrastructures qui devraient atteindre 1 500 milliards de dollars d'ici 2018. À titre de comparaison, la taille de l'économie canadienne au deuxième trimestre 2016 était de l'ordre de 2 000 milliards de dollars courants. L'AECG permettra aux entreprises canadiennes en construction et en ingénierie d'accéder aux contrats publics européens. La situation des infrastructures européennes ouvre donc des opportunités de croissance réelles pour les entreprises canadiennes. Alors que les modèles de financement ont évolué de modèles purement publics à des modèles hybrides publics et privés, les firmes de génie-conseil canadiennes pourront combiner leur expertise unique avec les capacités d'investissement des fonds de pension canadiens. De son côté, l'Europe pourra élargir sa base de services en infrastructure et augmenter les capitaux disponibles au moment où les besoins sont les plus pressants. Afin de renforcer son attractivité, l'Europe a mis en place des mécanismes visant à supporter le développement de ces projets et à les rendre attirants aux yeux des investisseurs internationaux. En effet, via le plan Juncker, le Fonds Européen pour les Investissements Stratégiques (FEIS) vise à réduire le risque financier associé aux projets d'infrastructure en permettant l'utilisation de dette senior provenant de l'Union Européenne pour des projets présentant un plan d'affaires viable. THINK ACT 7 L'AECG à son plein potentiel B VÉHICULES VENDUS AU CANADA EN 2015 PAR ORIGINE ET SEGMENT [milliers d'unités, %] CANADA EUROPE 3% Premium 18% Standard TOTAL 295 TOTAL CADILLAC LINCOLN LEXUS PREMIUM BUICK CHEVROLET TOYOTA HONDA GMC DODGE Source: IHS, Analyse Roland Berger STANDARD 82% Premium AUDI JAGUAR BMW PORSCHE VOLVO LAND ROVER MERCEDES-BENZ FORD CHRYSLER 125 97% Standard VOLKSWAGEN FORD 8 THINK ACT L'AECG à son plein potentiel Malgré quelques incertitudes quant à sa forme finale, le mécanisme de règlement des litiges inclus dans l'AECG devrait aussi établir un cadre réglementaire attractif pour les investisseurs canadiens et les isolera de la complexité et de la fragmentation du cadre légal européen. Ainsi, le secteur européen des infrastructures offre des opportunités d'investissement attractives pour les développeurs de projet et les financiers canadiens spécialisés en infrastructures. Les entreprises canadiennes doivent maintenant évaluer quel modèle d'affaires permettra de mieux répondre aux besoins des États membres de l'Union Européenne, des investisseurs canadiens et des développeurs de projets. C INVESTISSEMENT DANS L'UNION EUROPÉENNE [% du PIB] % du PIB % du PIB 4.0 25 24 3.5 23 3.0 OPPORTUNITÉS CANADIENNES Accéder à et développer des projets d'infrastructures significatifs au cours de la prochaine décennie pour les firmes de génie-conseil, de gestion de projet et de construction Obtenir la garantie d'un accès équitable pour les investisseurs institutionnels avec des projets d'infrastructures de grande échelle dans une économie développée 22 2.5 21 20 2.0 19 BÉNÉFICES POUR L'UNION EUROPÉENNE Résoudre les problèmes de capacité pour concevoir, construire et opérer les infrastructures essentielles 18 Diversifier les sources d'investissements directs par le biais des investisseurs institutionnels canadiens 17 Accéder aux projets d'infrastructure canadiens 16 1.5 1.0 0.5 QUE FAIRE POUR Y ARRIVER? Les développeurs de projets doivent s'assurer que leur projet respecte les critères du plan Juncker pour accéder au capital Total (échelle de gauche) 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 0.0 2006 Les promoteurs européens d'infrastructure doivent présenter leurs projets aux investisseurs institutionnels canadiens 0 2005 Les entreprises canadiennes doivent évaluer les opportunités de développement d'infrastructure et établir des partenariats dans des destinations européennes privilégiées Privé (échelle de gauche) Public (échelle de droite) Source: Eurostat, Roland Berger THINK ACT 9 L'AECG à son plein potentiel L'AECG OUVRE LA VOIE À DIVERSIFIER L'APPROVISIONNEMENT EUROPÉEN EN ÉNERGIE Le Canada est riche en minéraux et en énergies fossiles. Le secteur des ressources naturelles représente près de 10% de l'économie canadienne, dont près des deux tiers directement liés au secteur de l'énergie. Alors que le Canada a exporté pour près de 112 milliards de dollars en ressources naturelles en 2015, avec près de 99% des exportations d'énergies fossiles et 23% des exportations de minéraux et de métaux acheminées vers les ÉtatsUnis. Une diversification des marchés d'exportations est donc nécessaire, particulièrement pour le secteur de l'énergie où le Canada est fortement dépendant de son voisin du Sud. La baisse prolongée du prix des commodités et le ralentissement du secteur des ressources naturelles pèsent sur la croissance canadienne. La signature de l'AECG permettra au secteur de diversifier sa base de clients et de sécuriser des investissements permettant d'accéder à des équipements de pointe à meilleurs prix. Du côté des minéraux, l'AECG permettra d'éliminer les barrières douanières restantes sur des produits comme l'aluminium, le zinc, l'uranium ou le minerai de fer. Ainsi, l'AECG renforcera la compétitivité des minéraux canadiens, qui constituera une source stable d'approvisionnement pour les industries européennes. En effet, le lithium et le cobalt canadiens pourraient être utilisés pour produire les batteries électriques dans l'industrie automobile, le nickel pour la production d'avions, le dioxyde de titane dans l'industrie de la peinture, l'uranium dans l'industrie nucléaire et médicale, etc. Bien que l'approvisionnement de ces ressources stratégiques puisse être sécurisé via la signature de contrats à long-terme, la ratification de l'AECG procurera également aux utilisateurs finaux européens l'opportunité d'investir dans le secteur canadien des ressources naturelles afin de sécuriser un volume d'approvisionnement suffisant. De plus, l'AECG permettra aux entreprises canadiennes en développement d'attirer de nouveaux capitaux, l'accord de libre-échange facilitant les investissements et le règlement de litiges potentiels. Enfin, l'amélioration de la mobilité des employés permettra aux employeurs du secteur des ressources naturelles d'attirer une main-d'œuvre plus large à l'extérieur de leur marché d'origine. D D VALEUR DES EXPORTATIONS DE MINÉRAUX ET D'ÉNERGIES FOSSILES [milliards de dollars, 2015] 112 37 Autres 14% 40% Europe-28 13% 36% ÉtatsUnis 74% 23% 74 Total Minéraux Source: Statistique Canada, Roland Berger 1% 99% Énergies fossiles 10 THINK ACT L'AECG à son plein potentiel Du côté des énergies fossiles, le Canada et l'Europe ont respectivement besoin de diversifier leurs bases de clients et de fournisseurs. Les échanges canadiens se font quasi exclusivement avec les États-Unis. La côte du Golfe du Mexique fournit d'importantes capacités de raffinage pour le pétrole lourd et synthétique canadien, alors que les réserves canadiennes de l'Ouest agissent à titre de réserve tampon pour le marché nord-américain. De son côté, l'Europe est fortement dépendante des importations d'énergies fossiles. Aujourd'hui, près de 30% des importations européennes de gaz naturel proviennent de la Russie et il est estimé que d'ici 2020, la moitié de l'approvisionnement en gaz devra provenir de sources externes. Certains pays d'Europe centrale, tels que la Bulgarie, l'Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Suède s'approvisionnent uniquement en gaz naturel russe. Alors que les coûts logistiques devront être pris en considération, la signature de l'AECG fournit un cadre permettant d'envisager des projets à plus long terme et qui pourraient justifier le développement d'infrastructures transatlantiques tels que de nouveaux pipelines, ou encore de nouvelles usines de GNL. Afin de capturer ces bénéfices à long terme, les entreprises minières et du secteur de l'énergie doivent commencer à regarder au-delà de leurs partenaires et de leurs modèles d'affaires historiques. La demande pour les produits minéraux et énergétiques est robuste et la chaîne de valeur transatlantique pourrait s'intégrer davantage en capitalisant sur ses forces respectives. Les bénéfices à court-terme sont peu probables, mais l'industrie ainsi que les pouvoirs publics doivent envisager ces opportunités commerciales et d'approvisionnement sur le moyen long terme. L'AECG MET EN PLACE UN CADRE, LES ENTREPRISES DOIVENT MAINTENANT AGIR La pertinence de l'AECG n'est plus à démontrer. Le temps est venu de tirer profit des opportunités offertes par cet accord et d'en maximiser les bénéfices sous-jacents des deux côtés de l'Atlantique. Ainsi, les entreprises canadiennes doivent se préparer à saisir cette occasion unique de pénétrer plus largement le marché européen en s'attachant en priorité à mieux comprendre les dynamiques de marché spécifiques et les principaux facteurs clés (attentes des consommateurs, accès aux canaux de distribution, adaptation du modèle d'affaires, etc.) devant assurer leur succès. OPPORTUNITÉS CANADIENNES Réduire le risque de marché en se diversifiant à l'extérieur de l'Amérique du Nord Attirer de nouvelles sources de capital Accéder à des équipements de production clés à meilleur prix Accéder plus aisément à un large bassin de main d'œuvre spécialisée BÉNÉFICES POUR L'UNION EUROPÉENNE Réduire la dépendance aux fournisseurs historiques Sécuriser une source stable de matières premières stratégiques via l'intégration transatlantique de la chaîne de valeur QUE FAIRE POUR Y ARRIVER? Des études de faisabilité doivent être réalisées afin d'évaluer le potentiel de marché et l'engagement minimum requis pour investir dans des infrastructures d'exportation de biens vers l'Europe Les compagnies canadiennes en ressources naturelles doivent promouvoir leurs projets auprès des investisseurs européens THINK ACT 11 L'AECG à son plein potentiel POUR EN SAVOIR PLUS Fondé en 1967, Roland Berger est l’un des leaders mondiaux du conseil en management et le seul d’origine européenne. Avec 2 400 employés travaillant dans 36 pays, nous sommes présents sur tous les marchés majeurs mondiaux. Présent au Canada depuis 2012, le bureau de Montréal est reconnu comme une référence par les plus grands groupes industriels et de services. AUTRES PUBLICATIONS Liens & favoris COMMANDER & TÉLÉCHARGER www.rolandberger.com RESTER CONNECTÉ www.twitter.com/BergerParis AIMER & PARTAGER www.facebook.com/Roland BergerStrategyConsultants ENGINEERING BREXIT British industry must fight to "remain" Le référendum du Brexit suscite de nombreuses interrogations pour les industries de la science et de l'ingénierie en Grande-Bretagne. Ces secteurs demeurent très importants pour l'économie britannique et emploient près de 2,6 millions de travailleurs dont la majorité est hautement qualifiée. Alors que la zone euro connaît des difficultés économiques prolongées et doit faire face à la crise des migrants, l'opinion publique britannique s'est durcie et le sentiment "anti" est à son sommet depuis les années 1980. Cette publication se positionne au-delà des enjeux politiques et focalise sur les industries qui ont à perdre de façon disproportionnée d'un Brexit. NEW! Éditeur ROLAND BERGER INC. 1000, rue Sherbrooke Ouest 25e étage Montréal, QC Canada H3A 3G4 +1 514-875-2000 ROLAND BERGER .COM LES AUTEURS ACCUEILLENT VOS QUESTIONS, COMMENTAIRES OU SUGGESTIONS ALEXIS GARDY Associé Senior +1 514-618-5186 [email protected] THOMAS APFFEL Chef de projet +1 514-592-3744 thomas.apffel @rolandberger.com DOMINIQUE GAUTIER Associé Senior +1 514-233-1906 [email protected] MATHIEU JOHNSON Consultant Senior +1 514-267-5450 [email protected] This publication has been prepared for general guidance only. The reader should not act according to any information provided in this publication without receiving specific professional advice. Roland Berger GmbH shall not be liable for any damages resulting from any use of the information contained in the publication. © 2016 ROLAND BERGER GMBH. ALL RIGHTS RESERVED. TA_16_XXX SERGE LHOSTE Associé Senior +32 476 44 63 47 [email protected]