CM PSYCHOLOGIE SOCIALE
Année 2013-2014 S5
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Cours du 11/09/13
LES REPRESENTATIONS SOCIALES
1. DEFINITIONS ET CONDITIONS DEMERGENCE
Les RS constituent une modalité particulière de la connaissance que l’on appelle connaissance de sens
commun et leur spécificité réside dans le caractère social des processus à l’origine. Pour les définir, elles
renvoient à l’ensemble des croyances, des connaissances et des opinions qui sont produites et partagées
par les individus d’un même groupe à l’égard d’un objet social donné. On parle, pour les définir, de
théories naïves, qui font référence à des constructions qui s’opposent à celles de l’expert ou du
scientifique. On dit qu’elles sont un lieu privilégié où s’exprime la pensée sociale.
En 1961, MOSCOVICI a publié « La psychanalyse : son image et son public » où il reprend la notion de
représentation collective proposée par DURKHEIM. Dans son ouvrage, MOSCOVICI va montrer comment
une nouvelle théorie « la psychanalyse dans les années 1950 » est diffusée dans une culture, comment elle
est transformée et comment elle va changer la vision que les gens ont du monde dans lequel ils vivent. La
représentation va être partiellement construite ; c’est une connaissance cependant irréfutable car elle est
partagée.
Le point de part de cette théorie est l’abandon d’une distinction classique entre le sujet et l’objet.
Selon cette théorie, les sujets vont construire un savoir, sans coupure, entre l’univers extérieur et l’univers
intérieur. Cette dynamique est interactive. La réalité perçue est reconstruite et intégrée par les sujets
mais il ne s’agit pas d’une photographie exacte de la réalité. Ce qui distingue la représentation sociale
d’une approche plutôt cognitiviste ou clinique, c’est qu’elle intègre dans l’analyse l’appartenance à une
communauté, à une culture. L’étude des représentations sociales s’inscrit dans le champ de la cognition
sociale. Les représentations sont à la fois un produit et un processus d’une activité d’appropriation de
l’environnement extérieur. On les définit comme produit car c’est un produit de l’esprit humain, un
produit complexe dans lequel il y a de nombreux aspects individuels et collectifs. Les repsentations sont
définit comme processus car elles constituent un système d’interprétation par lequel l’individu interagit
avec son environnement.
Quelles sont les conditions d’émergence d’une RS ?
Selon MOSCOVICI, il y a 3 conditions qui sont nécessaires à l’émergence d’une représentation :
La dispersion de l’information : elle consiste en la difficulté d’accès aux informations utiles à la
connaissance de l’objet social et à l’apparition de nombreuses distorsions. C’est cette difficulté
d’accès qui va favoriser la transmission indirecte des savoirs
La focalisation : elle fait férence aux rapports spécifiques du groupe social vis-à-vis de l’objet
social en terminant les intérêts pour certains aspects et un désintérêt pour d’autres. C’est
encore un phénomène qui va empêcher les individus d’avoir une vision globale et unitaire de
l’objet.
La pression à l’inférence : elle se rapporte à la nécessité pour les individus de développer des
conduites et des discours cohérents à propos d’un objet qu’ils connaissent mal.
En 1996, MOLINER défend l’idée qu’il doit y avoir 5 conditions qui doivent être réunies :
- L’objet : il n’y a pas de représentations sans objet mais il y a des objets sans représentation
sociale car certains objets ne suscitent pas d’intérêt particulier et ne sont pas à l’origine de
l’émergence du processus représentationnel. Les objets sont polymorphes : ils peuvent
apparaître sous différentes formes dans la société.
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- Le groupe : quand on parle de représentations, on parle de représentations collectivement
produites et engendrées. La représentation sociale n’est pas individuelle, elle vient d’un groupe.
On imagine un groupe de sujets qui va communiquer à propos de l’objet social. Dans certaine
étude, on s’est intéressée à des groupes de circonstances mais ce type de groupe ne permet pas
l’apparition du phénomène représentationnel. Par exemple, ABRIC et MORIN en 1990, ont fait
une étude auprès de cadres qui voyageaient en train. Ils voulaient connaître la représentation que
ces cadres avaient des correspondances. L’une des conclusions de cette étude a été que la
correspondance ne constituait pas un objet de représentation pour la population interrogée.
FLAMENT (1989) parle, dans ce cas, de représentation qui n’est pas autonome car elle est liée à
d’autres choses et notamment à l’image de soi. Elle ne doit pas être dépendante d’autre chose.
- Les enjeux : il y a deux types d’enjeux qui motivent le processus de représentation ; c’est
l’identité et la cohésion sociale.
- La dynamique sociale : cette dynamique sociale est liée aux relations que le groupe entretient
avec les autres groupes.
- L’orthodoxie : l’absence de système orthodoxe qui va favoriser le processus représentationnel
car les systèmes orthodoxes comme les systèmes scientifiques bloquent la dynamique
représentationnelle en s’opposant à la dispersion de l’information ou au caractère polymorphe de
l’objet.
2. LES OBJETS DE REPRESENTATION SOCIALE : SAILLANCE SOCIOCOGNITIVE
ET PRATIQUE
FLAMENT et ROUQUETTE (2003) Pour être un objet de RS, l’objet doit : avoir une saillance sociocognitive
et avoir l’existence de pratiques en rapport avec l’objet dans la population étudiée.
L’objet doit assurer pour la plupart des individus une fonction de concept. Ensuite, il doit constituer une
référence fréquente dans les communications échangées. L’idée de concept envoient à une abstraction,
par exemple, il n’y a pas de RS du dentifrice mais une RS de l’hygiène. Il n’y a pas de RS des chaussons mais
il y a une RS du confort. Un objet de représentation assemble et regroupe toute une série d’objets
particuliers.
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