-1- INTRODUCTION La résistance aux agents antimicrobiens, qui était reconnue depuis plus de 50 ans, continue d’être une source majeure de mortalité, et de l’augmentation du coût de soins de santé (1). Au Maroc comme partout dans le monde, la maîtrise de la diffusion des bactéries multi-résistantes (BMR) est une priorité dans la lutte contre les infections nosocomiales. Parmi les pathogènes labellisés BMR, les deux principaux sont représentés par Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM), et par les entérobactéries productrices de bêtalactamases à spectre élargi (EBLSE). Ces dernières ont été décrites pour la première fois en 1983 (27) et ont causées depuis de nombreuses épidémies (26). Les bêta-lactamases à spectre élargi (BLSE) confèrent aux entérobactéries des résistances aux monobactames et oxyimino- céphalosporines, mais pas aux céphamycines et carbapénèmes. Les études génétiques ont montrés que les BLSE dérivaient par mutation(s) ponctuelles(s) d’anciennes bêta-lactamases de type TEM-1, TEM-2 et SHV-1 (40) appartenant à la classe A des bêta-lactamases selon la classification d’AMBLER (31,33). La dénomination des bêta-lactamases n’obéit à aucune règle précise de nomenclature. En effet, la première enzyme dénommée TEM a été isolée d’un malade appelé « TEMONIERA » (7). Alors que celle du type SHV correspond à une propriété biochimique « sulphydryl variable » de cette bêta-lactamase. Actuellement, environ plus de 150 types de BLSE ont été identifiées partout dans le monde et chez de nombreuses espèces de la famille des Enterobacteriaceae et Pseudomonas aeruginosa (17). -2- INTRODUCTION Le but de cette étude est de : Etudier l’épidémiologie des souches d’entérobactéries productrices de BLSE . Comparer les méthodes de mise en évidence des BLSE . Formuler des recommandations pour la maîtrise de la diffusion de ces BLSE. -3- -4- ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE L’étude de la résistance des bacilles à gram négatif par production de BLSE aux bêta-lactamines nécessite de connaître les différents groupes de cette famille d’antibiotiques et les mécanismes de résistance à cette famille d’antibiotiques. I- CLASSIFICATION DES BETA-LACTAMINES :(16,42) Au cours des années 1980, le nombre de bêta-lactamines naturelles ou synthétiques a augmenté de façon spectaculaire. Les composés qui appartiennent à cette famille se caractérisent par un squelette commun : le cycle bêta-lactamine ( voir Fig.1 ). C’est à partir de cette structure de base et de sa structure adjointe que la classification des bêta-lactamines a été établie. -5- ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE S R CO NH CH3 CH3 Pénicilline N O COOH Cycle bêta-lactame S R1 NH N Céphalosporine O CH2 R2 Figure 1 : Structure de base des pénicillines et des céphalosporines (43) -6- ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Les pénicillines et les céphalosporines se distinguent par la structure de leur second noyau et de leur (s) chaînes (s) latérale (s). Les bêtalactamines constituent la principale famille d’antibiotiques. Elles comprennent : I-1- PENAMES (PENICILLINES) : Depuis que Fleming a observé le pouvoir bactéricide du filtrat brut d’une culture de Penicillium notatum, la molécule de pénicilline a été purifiée et modifiée, et de nombreuses pénicillines naturelles et synthétiques ont été isolées ou élaborées. L’utilisation d’une souche mutante de penicillium chrysogenum dans des conditions particulières de culture a permis d’améliorer considérablement le rendement de fabrication et les caractéristiques des pénicillines. Les pénicillines semisynthétiques sont obtenues par synthèse à partir du noyau acide 6aminopenicillanique (A6-AP) (voir Fig.2) (41). -7- ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Figure 2 : Développement des pénicillines semi- synthétiques (41) -8- ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE I-2- DERIVES DE L’ACIDE PENICILLANIQUE SULFONE : Les dérivés de l’acide pénicillanique sulfone sont des inhibiteurs de bêta-lactamases. Ils comprennent le sulbactam et le tazobactam. Ces inhibiteurs sont commercialisés en association avec une bêta-lactamine à large spectre pour augmenter le spectre d’action. Exemple : pipéracilline-tazobactam ampicilline-sulbactam I-3- CARBAPENEMES : Les carbapénèmes sont représentés par l’imipénème, le méropénème et le biapénème. Parmi ces antibiotiques, l’imipénème est actuellement le seul produit d’usage clinique au Maroc. C’est un antibiotique à large spectre, actif sur Pseudomonas aeruginosa et il présente une grande stabilité vis-à-vis des BLSE. Il est commercialisé en association avec la cilastine. Ce dernier composé empêche une inactivation prématurée de l’imipénème par le rein. I-4- CLAVAMES : Parmi les clavames, l’une des premières substances isolées est l’acide clavulanique, produite par Streptomyces clavuligerus, dont la structure de base est le noyau clavame. L’acide clavulanique est un puissant inhibiteur de différents types de bêta-lactamases, mais il n’a aucun pouvoir antibactérien. On l’utilise avec les pénicillines à large -9- ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE spectre, telles l’amoxicilline et la ticarcilline, pour élargir leur spectre d’action sur les micro-organismes producteurs de bêta-lactamases. I-5- CEPHEMES (CEPHALOSPORINES) : La découverte de la céphalosporine C, produite par un champignon ; Cephalosporium acremonium, a permis aux chimistes d’élaborer des dérivés semi-synthétiques. I-5-1- Céphalosporines de 1 Les céphalosporines de 1ère ère génération : génération ont des activités antibactériennes similaires et elles associent les caractéristiques des pénicillines à large spectre (ampicilline) à celles des méticillines. Elles sont résistantes à la pénicillinase du Staphylococcus et sensibles aux céphalosporinases. On distingue : céfalotine, céfalexine, céfaloridine, céfadroxil, céfazoline, céfaclor, céfacétrile, céfapirine, céfradine. I-5-2- Céphalosporines de 2ème génération : Les céphalosporines de 2ème génération ont une activité antibactérienne similaire à celle des composés de la 1ère génération, elles se distinguent cependant par une activité légèrement moindre sur les cocci à gram positif et par un spectre élargi à certains bacilles à gram négatif. On distingue : céfamandole, céfuroxime et céfotiam. - 10 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE I-5-3- Céphalosporines de 3ème génération : Les Céphalosporines de 3ème génération ont une activité réduite sur les cocci à gram positif, mais une activité supérieure sur les bacilles à gram négatif. Elles sont résistantes aux céphalosporinases. Seule la céftazidime exerce une activité sur Pseudomonas aeruginosa . On distingue deux groupes : C3G du groupe 1 = méthoxy-iminocéphalosporines : céfotaxime, céftrixone, céfopérazone, céftizoxime, céfpirome et céfépime. C3G du groupe 2 = céftazidime. I-5-4- Céphamycines : Les Céphamycines sont de nouvelles céphalosporines , élaborées par semi-synthèse à partir d’une molécule de céphamycine isolée des produits de fermentation d’une bactérie filamenteuse du genre streptomyces. Dans cette catégorie on distingue deux antibiotiques qui sont la céfoxitine et le céfotétan. I-5-5- Oxacéphèmes : Les chimistes ont substitués un atome d’oxygène à l’atome de soufre du cycle dihydrothiazine du noyau céphème pour produire des céphalosporines avec un spectre d’activité élargie. On les a nommés oxacéphèmes ou oxacéphalosporines. Le moxalactame ( aussi appelé lamoxactam ) est le seul composé de ce groupe, il a été retiré du marché - 11 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE en raison de son effet sur l’hémostase et des risques d’hémorragie qu’il provoque. I-6- MONOBACTAMES : Le monobactam le plus connu est l’aztréonam produit par Chromobactérium violaceum . c’est un antibiotique à spectre très étroit. Il a une bonne stabilité vis-à-vis des bêta-lactamases et n’agit que sur les bactéries à gram négatif. - 12 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Tableau I : Nomenclature des bêta-lactamines en fonction de la structure de leur noyau (43) - 13 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE II- RESISTANCE DES ENTEROBACTERIES AUX BETALACTAMINES: II-1- DEFINITION DE LA RESISTANCE : Une souche est dite « résistante» lorsque la concentration d’antibiotique qu’elle est capable de supporter est notablement plus élevée que la concentration atteignable in vivo (16). II-2- MECANISMES DE RESISTANCE AUX BETALACTAMINES : Les principaux mécanismes de résistances des germes aux antibiotiques sont de trois ordres (45) : L’antibiotique ne peut pas atteindre sa cible, soit par imperméabilité de la paroi (exemple : résistance à l’impénème d’expression de la porine), soit par un par défaut mécanisme d’efflux ( pompage actif de l’antibiotique hors de la cellule bactérienne ). L’antibiotique ne peut se fixer sur sa cible il peut y avoir une cible supplémentaire ou une baisse de l’affinité par modification de la cible. L’antibiotique peut être inactivé avant d’atteindre sa cible : il s’agit alors le plus souvent d’un mécanisme enzymatique avec notamment les bêta-lactamases , et il s’agit dans ce cas d’un mécanisme de résistance majoritaire universellement répandu à travers de très nombreux genres bactériens. - 14 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Tableau II : Mécanismes de résistance acquise des bactéries aux βlactamines (15) Mécanismes Bactéries à gram Positif Bactéries à gram négatif Production d’une β-lactamase + +++ Imperméabilité de la paroi - ++ Modification des PLP +++ + La résistance par production de bêta-lactamases peut être naturelle ou acquise. II-2-1- La résistance naturelle (45) : La résistance naturelle est un caractère propre à une espèce bactérienne au même titre que tout caractère cultural ou biochimique elle concerne (presque) 100% des souches de l’espèce concernée et préexiste à l’introduction de tout antibiotique . La résistance naturelle est chromosomique, portée par des gènes d’expression constitutive (la résistance des K. pneumoniae à l’ampicilline) ou inductible (Enterobacter cloacae et C3G ). II-2-2- la résistance acquise (45) : La résistance acquise ne concerne qu’ une fraction des souches elle nécessite un événement génétique ( mutation ou acquisition de plasmides ) , et son niveau augmente à partir de l’utilisation de l’antibiotique. Ainsi - 15 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE l’antibiotique ne crée pas la résistance à l’échelle de la population bactérienne, il ne fait que sélectionner un mécanisme de résistance. II-2-2-1- La résistance chromosomique : Il s’agit d’une mutation du chromosome bactérien sur un locus contrôlant la sensibilité à un antibiotique, c’est un événement spontané c'està-dire non provoqué directement par la présence de l’antibiotique, spécifique, et indépendant n’entraînant que la résistance à un antibiotique ou à une famille d’antibiotiques. II-2-2-2- La résistance extra-chromosomique (plasmidique) : Elle est liée à l’introduction dans la bactérie d’un élément génétique non chromosomique formée de fragments d’ADN intra-cytoplasmique et appelé « plasmide de résistance » ou « plasmide R ». Les « plasmides R » peuvent être transmis par divers mécanismes : Par transduction : l’ADN du plasmide est inclus dans un bactériophage et ensuite transmis par celui-ci après lyse bactérienne à une autre bactérie. Par transformation : l’ADN libre passe d’une cellule à l’autre et va altérer le génotype de la cellule réceptrice. Par conjugaison : elle s’effectue par passage des plasmides à travers des tubules protéiques provenant de l’extension des pili d’une bactérie vers l’autre (pili sexuel). - 16 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Par translocation : il se produit un échange de courtes séquences d’ADN (transposons) entre deux plasmides, ou entre un plasmide et une portion d’un chromosome bactérien situé à l’intérieur d’une cellule bactérienne. Un transposon peut transmettre une résistance unique ou multiple. III- CLASSIFICATION DES BETA-LACTAMASES : Plusieurs classifications des bêta-lactamases ont été proposées. - 17 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Tableau III : Classification des β-lactamases (15) BACTERIES A GRAM POSITIF PLASMIDIQUES BACTERIES A GRAM NEGATIF CHROMOSOMIQUES PLASMIDIQUES Inductibles Pénicillinases ( spécifiques) S. aureus S. epidermidis LARGE SPECTRE LARGE SPECTRE «Pénicillinases» «Pénicillinases» TEM-1 ➔ TEM-22 K. pneumoniae TEM-1, TEM-2, SHV-2 ➔ SHV-5 ( SHV-1) OXA-1,2,3,4 K. oxytoca Levinea SHV-1 chez toutes les espèces CEPHALOSPORINASES CONSTITUTIVES E. coli très bas niveau ( Cefuroximases) chez toutes les Entérobactéries essentiellement K. pneumoniae +YOU-1 ET 2, MGH-1, MRH-1 PSE-1, 2, 3, 4 INDUCTIBLES E. cloacae, E. aerogenes DEREPRIMEES à très haut niveau C. freundii Citrobacter Serratia Enterobacter M. morganii Bacteroïdes SPECTRE ELARGIE Providencia, P. aeruginosa P. vulgaris Céphamycinaese* ( Klebsiella + E. coli) CMY-1 et 2, MIR-1 ( E. coli) Providencia P. aeruginosa Serratia *non dérivés de TEM (E.coli) - 18 - ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE III-1- CLASSIFICATION DES BETA- LACTAMASES SELON RICHMOND-SYKES : (31) Selon Richmond-sykes, il existe cinq types : Type I : enzymes principalement actives sur les céphalosporines, inhibées par les isoxazoyl-pénicillines et partiellement par la carbénicilline mais non inhibées par l’acide clavulanique et le sulbactam. Ces enzymes sont d’origine chromosomique. Type II : enzymes actives sur les pénicillines, inhibées par isoxazoylpénicillines et l’acide clavulanique, mais pas par la carbénicilline . Ces enzymes sont d’origine chromosomique. Type III : enzymes actives sur les pénicillines et les céphalosporines de 1ère génération, inhibées par les isoxazoyl-pénicillines, l’acide clavulanique et le sulbactam ; elles présentent une faible activité sur la carbénicilline. Ces enzymes sont d’origine plasmidique. Type IV : enzymes actives sur les pénicillines et les céphalosporines, résistantes à l’inhibition par les isoxazoyl-pénicillines et la carbénicilline, inhibées par l’acide clavulanique et le sulbactam . Ces enzymes sont d’origine chromosomique. Type V : enzymes actives sur les pénicillines et les céphalosporines, hydrolysent mieux les isoxazoyl-pénicillines que les céphalosporines et inhibées par l’acide clavulanique. Ces enzymes sont d’origine plasmidique. - 19 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Tableau IV : Classification de RICHMOND ET SYKES des βlactamases des bactéries à gram négatif (15) Médiation Type Classe Inductibilité Activité préférentielle Péni CSP Inhibée par Cloxa PCMB Principaux germes Enterobacter Citrobacter Chr Case Ia I - +++ S R Chr Case Ib C - + S R E. coli Chr Case Ic I - ++ S R Proteus vulgaris Chr Case Id I - + S R P. aeruginosa Chr Pase II C ++ - S R Proteus mirabilis Pl Case III C +++ + S R Médiation plasmidique type TEM Chr Case IV C + + R S Klebsiella species Pl Pase V C ++ - R S Médiation plasmidique type OXA, PSE - 20 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE III-2- CLASSIFICATION DES BETA- LACTAMASES SELON BUSH ET AL.: (8) Bush a classé les bêta-lactamines en trois groupes: Groupe1: sont des céphalosporinases à sérine, non inhibées par l’acide clavulanique. Ces enzymes sont de classe C. Elles inactivent essentiellement les céphalosporines I et II (l’activité des céphalosporines III et IV est variable selon le niveau d’expression). Les carbapénèmes restent actifs. Groupe 2 : sont des bêta-lactamases à sérine, la plupart sont inhibées par l’acide clavulanique. Ces enzymes sont de classe A et D. Elles inactivent essentiellement les pénicillines et les céphalosporines ( en fonction du sousgroupe ). Les céphalosporines III et IV, les monobactames et les carbapénèmes restent actifs. Groupe 3 : sont des métallo-bêta-lactamases, inhibées par l’EDTA . Ces enzymes sont de classe B. Elles inactivent des agents stables comme les carbapénèmes. III-3- CLASSIFICATION DES BETA- LACTAMASES SELON AMBLER ET AL. : (31,33) Ambler a classé les enzymes en trois classes A, B et C selon leur séquence en acide aminés : - 21 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Les enzymes de classe A : ont une grande importance clinique. Ces enzymes sont toutes sensibles aux inhibiteurs de bêta-lactamases. Les bêtalactamases de type TEM et SHV appartiennent a cette classe. Les enzymes de classe B : sont des métallo-enzymes, heureusement peu fréquentes car elles hydrolysent des agents stables aux bêta-lactamases comme l’imipénème. Les enzymes de classe C : sont des bêta-lactamases codées par un gène chromosomique et dont l’expression peut être inductible ou constitutive , de bas ou de haut niveau (31). Ces bêta-lactamases sont produites naturellement chez Enterobacter spp, Serratia marcescens, Citrobacter freundii, Morganella morganii et Pseudomonas aeruginosa (25,32). Récemment, elles ont été identifiées comme bêta-lactamases plasmidiques chez Escherichia coli (6,12,19), Klebsiella pneumoniae (12,19), Proteus mirabilis et Salmonella spp. (14, 28). La présence de cette bêta-lactamase (AmpC) au niveau de plasmide favorise la diffusion de la multirésistance entre les micro-organismes (20). IV- BETA-LACTAMASES A SPECTRE ELARGI : IV-1- DEFINITION-HISTORIQUE : Les BLSE sont des enzymes à sérine qui agissent par un mécanisme fondé sur l’attaque du groupement hydroxyle porté par une sérine au fond du site catalytique. Ces enzymes confèrent des résistances à la plupart des bêtalactamines chez les bactéries à gram (-) (45). La majorité des BLSE dérive des enzymes TEM ou SHV. Et il existe maintenant plus de 90 bêta-lactamases de type TEM et plus de 25 bêtalactamases de type SHV. TEM et SHV sont le plus souvent retrouvés chez - 22 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Esherichia coli et Klebsiella pneumoniae , d’ailleurs la 1ère bêta-lactamase (TEM-1) a été décrite chez E. Coli à partir d’une hémoculture d’un patient qui s’appelait TEMONIERA en Grèce, d’où la désignation TEM, mais ceci n’exclut pas le fait qu’on les retrouve aussi chez Proteus, Providencia et d’autres genres de la famille des Enterobactériaceae (7). Si les plus classiques des BLSE appartiennent aux familles TEM et SHV il en existe aujourd’hui de nouvelles très différentes sur le plan génétique notamment les CTX-M (45). D’une manière générale les BLSE dérivant des enzymes TEM-1 TEM-2 et SHV-1 sont inhibés par l’acide clavulanique (à l’exception des souches IRT inhibitor–résistant Tem) et sont incapables d’hydrolyser les céphamycines (céfoxitine,céfotétan) et les carbapénèmes (Imipénème). En revanche elles inactivent les oxyimino-bêta-lactamines et les céphalosporines de 4ème génération (céfépime, céfpirome). Les souches productrices de ces BLSE sont habituellement co-résistantes aux aminosides, tétracyclines, et fluoroquinolones (45). IV-2- FACTEURS LIES A L’EMERGENCE D’ENTEROBACTERIES PRODUCTRICES DE BLSE : Le premier facteur qu’on peut souligner concerne l’utilisation accrue des antibiotiques à large spectre, notamment les céphalosporines de 3ème génération. De nombreuses études ont été effectuées ces dernières années à ce propos, et ont montré le rôle prépondérant des antibiotiques lors de l’émergence des entérobactéries productrices BLSE (3,7,36). - 23 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE En effet les antibiotiques agissent à plusieurs niveaux ; ils peuvent par exemple transformer la flore habituelle des patients, favoriser la colonisation par des bactéries résistantes ou encore sélectionner des souches résistantes et faciliter leur dissémination, en d’autres termes les antibiotiques exercent une pression de sélection non négligeable (44), cette pression de sélection est d’autant plus marquée que la durée d’antibiothérapie est longue ; ainsi une comparaison entre un groupe de patients porteurs de souches résistantes et un groupe de patients porteurs de souches sensibles a mis en évidence une exposition à une antibiothérapie de plus longue durée dans le 1er groupe, de plus une relation linéaire entre le nombre de jours de traitement avec le céfotaxime et la probabilité de développer une résistance a été démontré, en revanche avec la céftazidime ce risque était d’emblée maximum dès le 1er jour du traitement (3). Le 2ème facteur de risque rassemble d’une part le problème des réservoirs et d’autre part le problème de la transmission. En matière de BLSE le patient lui-même représente un réservoir très important . Le site du portage préférentiel est constitué par le tube digestif qui a été reconnu comme source majeure de germes producteurs de BLSE chez les patients colonisés (17), le second réservoir est constitué par le matériel médical utilisé au sein des hôpitaux, à savoir les sondes urinaires, cathéter, ou autres dispositifs invasifs (1), et par le personnel soignant (17). Ces deux réservoirs ont été mentionné aussi comme des facteurs déterminants de la transmission des BLSE entre malades notamment par manuportage (cas du personnel) (17). - 24 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Il faut aussi noter le rôle joué par les réadmissions des patients, leur transfert entre hôpitaux, et leur circulation entre les services dans la dissémination des entérobactéries productrices de BLSE. V- ENTEROBACTERIES : V-1- DEFINITION : (43) Dans La famille des Enterobacteriaceae sont regroupés les bacilles à gram (-) qui sont soit mobiles avec une ciliature péritriche, soit immobiles, non sporulés ; aérobies et anaérobies facultatifs ; qui cultivent sur des milieux ordinaires à base d’extrait de viande ; qui fermentent le glucose avec ou sans production de gaz ; qui possèdent une nitrate-réductase ( réduction des nitrates en nitrites) à l’exception de certaines souches d’ Erwinia et quelques rares mutants ; leurs cultures donnent toujours une réaction négative des oxydases. Enfin les entérobactéries possèdent une catalase à l’exception des Shigella dysenteriae du sérotype l. V-1-1- Habitat : Le nom d’entérobactéries avait été donné à cette famille parce que beaucoup des membres qui la composent sont des hôtes du tube digestif. Mais cette localisation n’est pas exclusive chez l’homme et les animaux, on les isole du sol et des végétaux qui sont même le gîte habituel de certaines espèces, tels les Enterobacter agglomerans et les Erwinia. V-1-2- Morphologie : Ce sont des bacilles à gram négatif asporulés. Certains genres sont composés de bactéries toujours immobiles ( Klebsiella, Shigella ), d’autres - 25 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE sont mobiles par ciliature péritriche. La présence d’une capsule visible au microscope est habituelle chez les Klebsiella. V-1-3- Culture : Les entérobactéries aérobies-anaérobies facultatives se développent facilement sur milieux nutritifs simples. Sur milieux gélosés, les colonies d’entérobactéries sont habituellement lisses, brillantes, de structure homogène (type « smooth » ou S ). Cet aspect peut évoluer après cultures successives pour donner des colonies à surface sèche rugueuse ( type « rough » ou R ). Les colonies des bactéries capsulées telles que les Klebsiella sont mucoîdes, plus grandes que les colonies S avec une tendance à la confluence. V-1-4- Structure antigénique : Chez les entérobactéries on peut distinguer : Des antigènes de paroi ou antigènes O toujours présents . Des antigènes flagellaires ou antigènes H. Des antigènes de surface (capsule ou enveloppe) V-1-5- Pouvoir pathogène: Sur le plan de la pathologie humaine, il convient de distinguer : - 26 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE Les bactéries pathogènes spécifiques (BPS) que l’on ne trouve pas à l’état commensal (en dehors des porteurs sains) et dont la présence en milieu extérieur n’est qu’un phénomène de transit. Les maladies qu’elles engendrent sont dues à un défaut d’hygiène et la contamination se produit soit par contact direct, soit par l’intermédiaire d’un vecteur (alimentaire ou animal). Citons les Salmonella, les Shigella et les Yersinia. Les bactéries pathogènes opportunistes (BPO), elles peuvent provenir de la flore digestive commensale normalement résidente. Les infections ont donc un point de départ endogène. Toutefois, elles se trouvent par excrétion dans la nature à l’état transitoire et si elles n’engendrent généralement pas d’infections, elles sont cependant le signe d’une contamination fécale voire de défaut d’hygiène. V-2- INFECTIONS ASSOCIEES : Les entérobactéries représentent plus de 80% des bacilles à gram négatif isolés aux laboratoires de microbiologie (24). V-2-1 Escherchia coli : E. coli est un germe très courant, trouvé en abondance dans la flore commensale , en particulier dans le tube digestif. E. coli cause principalement des infections du tube digestif (gastroentérites), et on distingue 5 pathovars : - 27 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE E . coli entéropathogène (diarrhées infantiles) E. coli entérotoxinogène (tourista) E. coli entéroinvasif (invasion des cellules intestinales) E.coli entérohémorragique (diarrhées sanglantes) E.coli entéroadhérant (diarrhées du voyageur). C’est également le germe préférentiel des infections urinaires (impliqué dans 80% des infections du tractus urinaire). E. coli peut aussi coloniser le vagin et générer des méningites néonatales suite au passage du nouveau-né à travers la voie génital maternelle colonisée. V-2-2- Klebsiella pneumoniae : K. pneumoniae est un germe commensal du tube digestif et des voies aériennes supérieures. C’est aussi un germe opportuniste impliqué dans des infections nosocomiales, des infections urinaires, des pneumopathies et des septicémies. V-2-3- Serratia marcescens : Longtemps considérée comme un saprophyte, S. marcescens se comporte de plus en plus souvent comme un pathogène opportuniste responsable à l’hôpital, d’infections nosocomiales, urinaires, pulmonaires, cutanées ou bactériémiques. - 28 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE V-2-4- Salmonella : Les samonelles sont des bactéries pathogènes à transmission oro-fécale elles constituent un vaste groupe de bactéries composé de plus de 2000 sérovars, leur pouvoir pathogène est différent pour les salmonelles majeures ( que l’on ne trouve que chez l’homme) et les salmonelles mineures ( ubiquistes). Les salmonelles majeures : S. typhi, S. partyphi, sont respectivement responsables des fièvres typhoïdes et paratyphoïdes. Les salmonelles mineures : responsables de gastro-entérites (bactéries entéro-pathogènes invasives). Elles sont impliquées dans 30 à 60 % des infections alimentaires. V-2-5- Shigella : Les shigelles sont des bactéries strictement humaines. Elles sont responsables de l’historique « dysenterie bacillaire » ( shigella dysenteriae). Actuellement, elles sont la cause, chez l’adulte, de colites infectieuses et chez l’enfant, de gastro-entérites sévères avec diarrhée mucopurulente et sanglante, fièvre et déshydratation. V-2-6- Enterobacter : Les souches du genres Enterobacter sont souvent responsables d’infections nosocomiales . E. cloacae et E. aerogenes peuvent être à l’origine d’infections urinaires. - 29 - ETUIDE BIBLIOGRAPHIQUE V-2-7- Proteus mirabilis : C’est un germe commensal du tube digestif de l’homme et des animaux. En bactériologie médicale, les Proteus sont isolés de différents types d’infections, notamment au cours d’infections urinaires, respiratoires hautes ou de bactériémies. - 30 - - 31 - MATERIEL ET METHODES I- MATERIEL: I-1- SOUCHES BACTERIENNES : Les souches d’entérobactéries productrices de BLSE de notre étude, ont été isolées de divers prélèvements qui ont été analysés dans le laboratoire de microbiologie du CHU Ibn Rochd de Casablanca tels que les urines, pus, hémocultures, sondes urinaires, sécrétions bronchiques…etc. Ces prélèvements provenaient de malades hospitalisés et aussi de patients externes. I-2- PERIODE D’ETUDE : Au cours de notre stage au laboratoire de microbiologie du CHU Ibn Rochd, nous nous sommes intéressés aux souches d’entérobactéries productrices de BLSE et leurs méthodes de détections. Cette étude c’est étalée du 1er janvier 2005 au 31 mars 2005. - 32 - MATERIEL ET METHODES I-3- MATERIEL D’ETUDE : I-3-1- les milieux utilisés : milieu Muller-Hinton 2 (MH2, Riomérieux) : C’est un milieu prêt à emploi commercialisé par Biomérieux, France. Généralement utilisé pour l’étude de la sensibilité aux antibiotiques et sulfamides. ( composition : voir annexe). milieu Mac conkey : Milieu sélectif pour les bacilles à gram négatif (BGN) par sa teneur en cristal violet. Il est préparé au laboratoire à partir d’un milieu déshydraté. milieu Mac conkey + céfotaxime : (voir annexe) milieu Muller Hinton + cloxacilline : ( voir annexe) milieu Kligler Hajna : C’est un milieu également préparé au laboratoire, milieu complexe coloré en rouge par le rouge de phénol, et qui permet d’apprécier 3 caractères métaboliques : Fermentation du lactose. Fermentation du glucose et production de gaz. La production de H2S. - 33 - MATERIEL ET METHODES I-3-2- Les disques d’antibiotique utilisés : Les disques d’antibiotique sont commercialisés par « oxoid England ». (les différents disques d’antibiotique avec leur charge figurent en annexe). I-3-3- Matériel d’identification : Galerie Api 20E , Biomérieux : C’est un système d’identification des entérobactéries utilisant 23 tests biochimiques. Catalase IDR, Biomérieux . Oxydase sur disque, Biomérieux. I-3-4- Exploitation des résultats : Les résultats ont été saisis sur ordinateur, et l’analyse a été réalisée grâce à l’utilisation du logiciels : WHONET 5.3 (logiciel de l’OMS). - 34 - MATERIEL ET METHODES II- METHODES : II-1- ISOLEMENT DES ENTEROBACTERIES : L’isolement a été réalisé par mise en culture des prélèvements sur milieu gélosé de Mac Conkey, qui par sa teneur en cristal violet laisse pousser les bacilles à gram négatif, et inhibe les autres bactéries. II-2- IDENTIFICATION DES ENTEROBACTERIES : L’identification est faite sur la base des caractères biochimiques à l’aide des galeries Api 20 E (Biomérieux). Les micro-tubes sont inoculés avec une suspension bactérienne ajustée à 0.5 Mac Farland. Les réactions produites pendant l’incubation (24 h et à 37°C) se traduisent par des virages colorés spontanés ou révélés par l’additions des réactifs ; FeCl3 , réactif de Kovacs. La lecture de ces réactions se fait à l’aide du tableau de lecture, le code obtenu permet d’avoir une identification en se référant au catalogue analytique proposé par Biomérieux. II-3- ANTIBIOGRAMME ET DETECTION DUCARACTERE BLSE : Pour chaque souche, un antibiogramme, par la méthode de diffusion en milieu gélosé (gélose Muller- Hinton2 ) a été réalisé par ensemencement de la surfaces de la gélose par un écouvillon imbibé d’un inoculum de 0.5 Mac Farland. Les antibiotiques utilisés : (voir annexe) . - 35 - MATERIEL ET METHODES L’interprétation des souches (sensibles, intermédiaires ou résistantes) se fait selon les diamètres critiques recommandés par NCCLS. Mais avant d’interpréter les résultats, il faut s’assurer que le contrôle de qualité est correcte. Un contrôle de qualité a été effectué une fois par semaine, et il consiste à vérifier que les diamètres obtenus avec les souches de contrôle figurent à l’intérieur des limites acceptables. Les souches de contrôle utilisé étaient : Escherchia coli ATCC 25922. Staphylococcus aureus ATCC 25923. Pseudomonas aeruginosa ATCC 27853. La recherche du phénotype BLSE est réalisée sur l’antibiogramme selon la technique de synergie décrite par Jarlier et al (7), en plaçant les disques de CTX (30 µg) et de CAZ (30 µg) à une distance de 20-30 mm ( de centre à centre) d’un disque d’amoxicilline / acide clavulanique ( 20/10 µg). Ceci permet de mettre en évidence (après incubation de 24 h à 37°C) une augmentation très nette du diamètre d’inhibition des disques contenant les C3 G en regard du disque contenant l’acide clavulanique / amoxicilline, prenant ainsi la forme d’un « bouchon de champagne » pour les souches productrices de BLSE (voir Fig.3). - 36 - MATERIEL ET METHODES II-4- METHODE DES DISQUES COMBINES : Cette méthode consiste à placer sur une gélose Mueller-Hinton2 préalablement inoculée avec une suspension bactérienne ajustée à 0.5 Mac Farland, 2 couples d’antibiotiques ; un disque de CTX en regard d’un disque de CTX / acide clavulanique à une distance de 25 mm (centre à centre), et un disque de CAZ en regard d’un disque de CAZ / Acide claulanique (même distance). Une augmentation ≥ à 5 mm du diamètre d’inhibition des disques contenant l’acide clavulanique par rapport à ceux qui n’en contiennent pas, est en faveur de la présence d’une BLSE (voir Fig.4). II-5- METHODE A LA CLOXACILLINE : La détection de la production d’une BLSE est parfois difficile compte tenu d’une éventuelle production d’une céphalospoinase à haut niveau, C’est pourquoi on utilise la méthode à la cloxacilline. La cloxacilline utilisée ici comme inhibiteur de céphalosporinases, est incorporée dans la gélose MH2 . Les disques de CAZ et de CTX sont placés à une distance de 20 mm (de centre à centre) d’un disque contenant la ticarcilline / acide clavulanique. Les souches productrices de BLSE présentent une synergie entre les disques de CTX et /ou CAZ et le disque ticarcilline / acide clavulanique (voir Fig.5). - 37 - MATERIEL ET METHODES II-6- CAS PARTICULIERS DES PORTAGES DIGESTIFS : La recherche des entérobactéries productrices de BLSE dans les selles des malades hospitalisés a été réalisée par écouvillonnages rectaux mis en culture sur un milieu sélectif : gélose Mac conkey contenant 1000 Gamma de CTX. Les germes ayant poussés sur ce milieu sont considérés comme potentiellement producteurs de BLSE. La confirmation est faite par le test de synergie, méthode des disques combinés et la méthode à la cloxacilline. - 38 - MATERIEL ET METHODES Figure 3 : Test de synergie positif (aspect en bouchon de champagne) Figure 4 : Méthode des disques combinés (test positif) - 39 - MATERIEL ET METHODES Figure 5 :Méthode à la cloxacilline (image de synergie positive) - 40 - - 41 - RESULTATS Au cours de la période d’étude, 104 souches d’entérobactéries productrices de BLSE ont été isolées (chez 104 patients) ; les doublons ont été éliminés lorsqu’il a été isolé, la même espèce BLSE, plus d’une fois chez le même patient. 92 souches (88.46 %) proviennent de prélèvements cliniques à visées diagnostic, alors que 12 souches (11.54 % ) ont été isolées chez les patients pour lesquels une colonisation digestive a été suspectée (portage digestif). I- REPARTITION DES BLSE DE PORTAGE : Ce portage digestif de souches d’entérobactéries BLSE a touché essentiellement 4 services hospitaliers, 2 en particulier : pédiatrie et médecine (voir Fig.6). La répartition de ces souches montre que ce portage a été enregistré au cours des mois de janvier et février, mais pas au cours du mois de mars (voir tableau V). - 42 - RESULTATS Tableau V : Répartition des BLSE de portage digestif : service Nombre de % Janvier Février Mars souches Pédiatrie1 6 50 5 1 - Médecine1 3 25 1 2 - Chirurgie 2 2 17 - 2 - Réanimation 6 1 8 - 1 - Total 12 100 6 6 0 50 45 40 35 30 % 25 20 15 10 5 0 Service Pédiatrie 1 Médecine 1 Chirurgie 2 Réanimation 6 Figure 6 : Répartition des BLSE de portage digestif selon les services - 43 - RESULTATS II- REPARTITION DES AUTRES BLSE : II-1- REPARTITION DES GERMES : La répartition des micro-organismes est présentée sur la figure 7. On y note une prédominance des Klebsiella pneumoniae (28.26 %) et des Escherichia coli (27.17 %). On trouve néanmoins d’autres espèces différentes à savoir : Enterobacter cloacae (15.21%), Proteus. miralibis (6.52%), Citrobacer freundii (5.43%), Providencia stuartii (4.34 %), Klebsiella oxytoca (3.20%), Serratia marcescens (2.17%), Citrobacter Koseri (2.16%), Enterobacter spp. (1.08 %), M. morganii (1.08%), Pantoea agglomerans ( 1.08%), S. liquefaciens ( 1.08), S. odorifera (1.08%). K. pneumoniae (28,26%) E. coli (27,17%) E. cloacae (15,21%) P. mirabilis (6,52%) C. freundii (5,43%) P. stuartii (4,34%) K. oxytoca (3,20%) Autres (9,73%) Figure 7 : Répartition des bactéries selon les espèces. - 44 - RESULTATS II-2- REPARTITION DES BLSE PAR SPECIALITES : Parmi nos souches, 43 ont été isolées à partir de prélèvements provenant des services de soins intensifs, qui représentent environ 47 %, suivis des services de chirurgie avec un pourcentage de 18 % et de pédiatrie (16 %). (voir tableau VI et Fig.8) Tableau VI : Répartition des BLSE par spécialités Nombre souches % janvier Février mars Réanimation 43 46.74 20 10 13 Chirurgie 17 18.48 3 8 6 Pédiatrie 15 16.30 5 8 2 Externe 10 10.87 5 4 1 Médecine 7 7.61 5 - 2 Total 92 100 38 30 24 Ce tableau montre aussi que 38 sur 92 souches (41.30%) ont été isolées pendant le mois de janvier, 30 sur 92 (32.60% ) pendant le mois de février, et 24 sur 92 souches (26.08 %) pendant le mois de mars. - 45 - RESULTATS 50 45 40 35 30 % 25 20 15 10 5 0 S p é c ia lité s R é a n im a t io n C h ir u r g ie P é d ia t r ie E xterne M é d e c in e Figure 8 : Répartition des BLSE par spécialités II-3- REPARTITION DES BLSE DANS LES ERVICES DE REANIMATION : Etant donné que presque la moitié des isolats des souches BLSE provenait des services de réanimation (46.74%), nous nous sommes intéressés à la répartition des isolats dans ces services. Et nous avons remarqué que deux réanimations (réanimation1 et réanimation2) se partageaient plus de 50 % des isolats ; 30.23% pour la réanimation1 et 20.93% pour la réanimation 2. (Voir tableau VII et Fig.9). - 46 - RESULTATS Tableau VII: Répartition des BLSE dans les services de réanimation Nombre de % janvier février mars souches Réanimation 1 13 30.23 9 2 2 Réanimation 2 9 20.93 6 1 2 Réanimation 3 7 16.28 1 2 4 Réanimation 4 6 13.95 3 2 1 Réanimation 5 5 11.62 1 1 3 Réanimation 6 3 6.97 - 2 1 35 30 25 20 % 15 10 5 0 Services Réa 1 Réa 2 Réa 3 Réa 4 Réa 5 Réa 5 Figure 9 :Répartition des BLSE dans les services de réanimation - 47 - RESULTATS II-4- REPARTITION DES BLSE EN FONCTION DE LA NATURE DES PRELEVEMENTS : La répartition des prélèvements, présentée par le tableau VIII (Fig.10), montre une prédominance des atteintes de l’appareil urinaire (46.73%), suivies de celles de la peau ( 21.73%) et du sang (13.04%). Tableau VIII : répartition des souches BLSE par prélèvements et par Spécialités Prélèvements Nombre de souches % spécialité Réa. Méd. Ext. Péd. Chir. Urines 43 46.73 10 3 10 10 10 Pus Sang Bronchique Cathéter Liquide pleural trachéal 20 12 7 7 2 1 21.73 13.04 7.60 7.60 2.17 1.08 10 8 7 6 2 - 3 1 - - 1 3 1 6 1 - - 48 - RESULTATS 50 45 40 35 30 % 25 20 15 10 5 0 Prélèvements Urines Pus Sang Bronchique Cathéter Liquide pleural Trachéal Figure 10 : Répartition des souches BLSE selon les prélèvements - 49 - RESULTATS III- GERMES MULTIRESISTANTS : Le caractère commun entre ces différentes souches est leur résistance à toutes les bêta-lactamines testées sauf à l’imépénème. Les différences résident dans leur comportement vis-à-vis des aminosides et fluoroquinolones. (Tableau IX, Fig.11) Tableau IX : Pourcentages de résistance de souches BLSE aux différents antibiotiques testés Antibiotiques % de résistance Amikacine 21.7 Gentamycine 89.8 Netilmicine 77.8 Tobramycine 96.6 Ciprofloxacine 59 Norfloxacine 50 Pipercilline/ tazobactam 70.2 Trimethoprime/ sulfamethoxazole 74.1 - 50 - RESULTATS 100 90 80 70 60 % 50 40 30 20 10 0 Antibiotiques TOB CN NET TSU TZP CIP NOR AK Figure 11 : Pourcentage de résistance de souches BLSE aux différents antibiotiques testés Les pourcentages de résistance vis-à-vis des aminosides s’étendent de 21.7 % pour l’Amikacine à 96.6% pour la Tobramycine. Concernant les fluoroquinolones, les valeurs de résistance avoisinent les 50%, ainsi 50% des souches ont montrées une résistance vis-à-vis de la norfloxacine, et 59% vis-à-vis de la ciprofloxacine. - 51 - RESULTATS III- METHODES DE MISE EN EVIDENCE DES BLSE : Sur les 104 souches isolées, détectées comme BLSE (+), 82 (78.8%) ont pu l’être grâce au test de synergie, 100 (96.2%) grâce à la méthode des disques combinés, et 96 (92.3%) grâce à la méthode à la cloxacilline. (tableau X, Fig .12) Tableau X : comparaison des méthodes de mise en évidence des BLSE Méthode Nombre de souches BLSE (+) détectées % Nombre de souches BLSE(+) non détectées % Test de synergie 82 78.8 22 21.2 Méthode des disques combinés 100 96.2 4 3.8 Méthode à la cloxacilline 96 92.3 8 7.7 100 90 80 70 60 % de détection 50 40 30 20 10 0 M éthodes T est de synergie M éthode des disques combinés M éthode à la cloxacilline Figure 12 : Pourcentages de détection des méthodes de mise en évidence des BLSE - 52 - - 53 - DISCUSSION I- EPIDEMIOLOGIE DES ENTEROBACTERIES PRODUCTRICES DE BLSE : Les bactéries productrices de BLSE constituent une préoccupation majeure en milieu hospitalier en raison de leur diffusion épidémique et de leur multirésistance aux antibiotiques. Les BLSE sont retrouvées chez une vaste proportion de bacilles à gram négatif, mais les entérobactéries représentent les germes les plus incriminés (17). Klebsiella pneumoniae semble être le producteur numéro 1 de BLSE, suivie d’ E. coli, d’après de nombreuses études (1, 17, 30, 40, 44). Dans notre série d’étude, K. pneumoniae ne fait pas exception à la règle représentant 28,26% des souches isolées, ensuite viennent E. coli (27,17%), E. cloacae (15,21%)... En 2001 en France, K pneumoniae représentait 3% des microorganismes isolés d’infections nosocomiales. Des épidémies hospitalières de souches résistantes aux C3G par production de BLSE sont observées depuis le milieu des années 1980 dans de nombreux pays; les souches classiques de K. pneumoniae productrices de BLSE sont encore sensibles à l’imipénème. Cependant, durant l’année 2004, une souche de K. pneumoniae résistante à toutes les bêta-lactamines, y compris l’imipénème, a été isolée chez 6 patients d’un service de chirurgie en région parisienne (20). Il faut, cependant, noter que certaines études détrônent K. pneumoniae de la place qu’elle occupait, et placent E. aerogenes au 1er rang des entérobactéries productrices de BLSE (22, 27). Ce phénomène a été observé en France, aux USA et en Espagne (22). - 54 - DISCUSSION Les souches d’entérobactéries productrices de BLSE isolées au cours de notre étude, sont issues majoritairement des services de réanimation avec un pourcentage de 46,74%. En effet , les patients hospitalisés au sein des unités de soins intensifs présentent plus de risques à contracter une BLSE (44), vu la durée d’hospitalisation (qui est généralement longue), la sévérité de la maladie, l’usage d’un certain nombre de dispositifs invasifs (sondes urinaires, cathéters, ventilation, intubation…), et les traitements antibiotiques multiples notamment avec les céphalosporines à large spectre (1, 44). Dans la présente étude, le tractus urinaire est à l’origine de 46,73% des entérobactéries productrices de BLSE isolées. Ceci confirme les résultats apportés par une étude menée en 1999 dans un hôpital universitaire à Paris par Lucet et al. Et dans laquelle les infections du tractus urinaire à entérobactéries productrices de BLSE représentaient 52% (26). Les principaux facteurs de risque de colonisation, puis d’infections urinaires nosocomiales, sont la dépendance fonctionnelle et surtout la mise en place d’une sonde urinaire, qui doit être posée suite à une indication précise, puis retirée le plus rapidement possible. Le respect de ces indications à côté de la mise en place de mesures d’isolements et la mise en œuvre de consignes d’hygiènes, ont permis, d’après une étude menée dans un service de médecine interne gériatrique, de diminuer de 52% l’incidence des infections à entérobactéries productrices de BLSE au CHU d’Amiens (21). Jusqu'à présent, la plupart des études épidémiologiques concernant les entérobactéries productrices de BLSE se sont intéressées à l’infection plutôt qu’à la colonisation par ce type de germes. Pourtant, la compréhension des facteurs de risque de colonisation digestive par les entérobactéries productrices de BLSE est d’une importance vitale pour plusieurs raisons : - 55 - DISCUSSION Tout d’abord, le tube digestif a été reconnu comme réservoir et source majeure d’entérobactéries à BLSE chez les patients colonisés (17). Et puis, la colonisation a été reconnue comme un élément précédent l’infection (4). Donc, le contrôle et l’élimination des réservoirs constitués par les patients colonisés, permettraient de diminuer la prévalence des infections à BLSE. Dans notre étude 12/104 (11,54%) des patients ont été sujets à une colonisation digestive. Une étude réalisée au CHU Ibn Rochd de Casablanca, qui s’est intéressée à la colonisation digestive par les entérobactéries productrices de BLSE, a montré que la ventilation mécanique, l’emplacement de tubes nasogastriques, la durée de séjour, ainsi que les traitements antibiotiques constituent les facteurs de risques les plus associés à la colonisation digestive par les germes BLSE (29). Paradoxalement, une autre étude a montrée que cette colonisation est associée seulement à la durée d’hospitalisation , et n’a aucune relation avec le traitement antimicrobien, et que les mesures visant à limiter la transmission de ces bactéries pouvaient à elles seules réduire la prévalence de la colonisation digestive à entérobactéries productrices de BLSE (4). - 56 - DISCUSSION II- ETUDE DE LA SENSIBILITE AUX ANTIBIOTIQUES : Face à l’apparition de nouvelles résistances aux antibiotiques chez les entérobactéries, l’évaluation de la sensibilité aux antibiotiques est devenue indispensable. Les souches isolées dans notre étude sont résistantes à toutes les bêtalactamines utilisées, sauf à l’imipénème avec des niveaux de résistances différents aux aminosides (Amikacine Gentamycine (Ciprofloxacine 89,8%, Tobramycine 59%, Norfloxacine 21,7%, Netilmicine 96,6%), aux 77,8%, fluoroquinolones 50%), et à la Sulfaméthoxazol- trimethoprime (74,1%). Cette résistance croisée est due au fait que les plasmides portant les gènes codant pour les BLSE, pourraient porter également des gènes de résistance à différents autres antibiotiques (17, 44). Cette hypothèse a fait l’objet de nombreuses études, parmi lesquelles celle menée par Oteo et al. (1962 souches d’E. coli collectées dans 27 hôpital en Espagne) qui ont pu montrer que le niveau de résistance aux antibiotiques non bêta-lactamines était plus important pour les souches productrices de BLSE que pour les souches non productrices (Cotrimoxazol 77,3% contre 32,9%, Ciprofloxacine 63,3% contre 17,2% et Gentamycine 16,7% contre 6,3% respectivement ) (27). Paterson et al. Ont aussi montré, d’après une étude effectuée dans 18 hôpital et 7 pays, que 18% des souches BLSE étaient également résistantes à la Ciprofloxacine (35). L’augmentation de la résistance à ces familles d’antibiotiques limite leur utilisation en cas d’infections à germes BLSE et la rend problématique. Cette - 57 - DISCUSSION augmentation fait des carbapénèmes ( imipénème et méropénème ) les antibiotiques de choix dans le traitement de ce genre d’infections (36, 44), du fait de leur grande sensibilité vis à vis de l’action hydrolytique des BLSE (44). Actuellement, l’imipénème et l’association bêta-lactamines / inhibiteurs de bêt-lactamases sont souvent les plus utilisés en milieu hospitalier ; chez les immunodéprimés, les patients ayant déjà subit un traitement avec des C3G, et dans les services de réanimation (13) où règne une forte prévalence d’entérobactéries productrices de BLSE, ce qui constitue un risque de sélection de germes résistants aux carbapénèmes. C’est d’ailleurs le cas pour une souche de K.pneumoniae, résistante à toutes les bêta-lactamines y compris à l’imipénème, qui a été isolée dans un service de chirurgie en région parisienne (20). III- METHODES DE MISE EN EVIDENCE DES BLSE : Depuis leur description en 1983, les entérobactéries productrices de BLSE ont causé de nombreuses épidémies un peu partout dans le monde (26). C’est pourquoi la détection de ces BLSE devient une nécessité et doit être une pratique de routine dans les laboratoires de microbiologie médicale afin d’éviter les échecs thérapeutiques chez les malades infectés par ces bactéries productrices de BLSE et limiter leur dissémination. Dans notre étude nous avons utilisé, pour détecter la production de BLSE, trois méthodes à savoir : le test de synergie, méthode des disques combinés, et la méthode à la cloxacilline. - 58 - DISCUSSION III-1- TEST DE SYNERGIE : Généralement la production de BLSE est mise en évidence sur l’antibiogramme par : Une sensibilité réduite à l’un ou plusieurs des antibiotiques suivants (44) : Cefpodoxime, cefotaxime, ceftazidime, ceftriaxone, ou aztréonam. Il faut, cependant, noter que le degré de résistance vis à vis des C3G peut être très variable d’une BLSE à une autre ; c’est à dire pendant que certaines souches BLSE montrent une franche résistance, d’autres se montrent intermédiaires ou même sensibles. Ceci peut être dû en partie à la qualité de l’inoculum, d’après certains investigateurs (44). L’aspect en « bouchon de champagne » dû à un effet synergique entre les disques contenant l’acide clavulanique et les disques de C3G et celui d’aztréonam. Ce test de synergie est l’un des premiers tests à être décrit par Jarlier et al. (7). Une résistance associée aux aminosides. Grâce à ce test, nous avons pu détecter 78,8% des souches BLSE de notre étude. C’est un test facile à réaliser, non coûteux qui pourrait, ou devrait, être réalisé en routine dans les laboratoires de microbiologie, mais dont le désavantage réside dans le fait que le phénomène de synergie peut passer inaperçu lorsque l’inoculum est trop dilué ou lorsque les disques sont placés loin les uns des autres (43), mais aussi en cas d’association, chez la - 59 - DISCUSSION même bactérie, d’une BLSE et d’une céphalosporinase (7). Ce qui explique, probablement, les 21,2% des souches non détectées. C’est pourquoi certains auteurs suggèrent, afin d’améliorer la sensibilité du test, la réduction de la distance entre les disques de C3G et le disque contenant l’acide clavulanique à 20 mm et l’utilisation de céfpodoxime comme antibiotique de choix, avec alternativement , l’addition de 4 µg/ml d’acide clavulanique. à la gélose Mueller-Hinton (7). Alors que d’autres auteurs proposent la distance de 15 mm comme étant la meilleure (44). Une autre modification du test a été proposée par Pitout et al. (37) ; elle utilise la combinaison cefepime (30µg) et piperacilline/tazobactam (100µg/10µg), et a permis de mettre en évidence des souches productrices de BLSE et de céphalosporinases haut niveau, ainsi que la production de BLSE chez une E. coli ayant donné un résultat négatif avec la méthode préconisée par le NCCLS. III-2- METHODE DES DISQUES COMBINES : Dans la présente étude nous avons utilisé deux couples de disques d’antibiotiques : CAZ avec CAZ/acide clavulanique et CTX avec CTX/ acide clavulanique. Les souches testées étaient celles pour lesquelles le diamètre d’inhibition de CTX est < ou égale à 22 mm, et à 27 mm pour la CAZ, celles présentant un phénomène de synergie, et celles ayant une résistance associée aux aminosides (Conformément à ce qui a été préconisé par le NCCLS). Un test similaire a été décrit par Jacoby et Han (19), dans lequel 20µg de sulbactam a été ajouté aux disques contenant l’un des oxyimino-bêta- - 60 - DISCUSSION lactamines, et il a montré qu’un nombre significatif de souches n’a pas pu être détecté par cette méthode. Une autre étude a montré que l’utilisation des disques combinant les C3G et l’acide clavulanique n’est pas une méthode fiable car elle ne permet pas de différencier les souches produisant des BLSE de celles produisant des céphalosporinases (AmpC), et de détecter les BLSE chez les souches produisant à la fois une céphalosporinase AmpC et une BLSE (11). 96,2% des souches de notre étude ont montré un résultat positif avec la méthode des disques combinés. A titre comparatif, lors d’une étude conduite en Buenos-aires (Argentine) (40), la combinaison CTX/CTX-clav a permis de détecter 84% des souches BLSE, la combinaison CAZ/CAZ-clav a permis de détecter 59%, et la combinaison FEP/FEP-clav , quant à elle, a permis de détecter 97% des souches. III-3- METHODE A LA CLOXACILLINE : Technique décrite , récemment , sur des souches d’Acinetobacter baumannï produisant une BLSE de type VEB-1 (38), qui consiste à réaliser un test de synergie sur un milieu Mueller-Hinton contenant 250 mg/l de cloxacilline. Cet antibiotique inhibe partiellement l’activité des céphalosporinases, permettant ainsi aux BLSE de s’exprimer librement. Pour la détection de nos souches, nous avons utilisé 500 mg/l de cloxacilline, et contrairement à ce qui était prévu seulement 92,3% des souches ont été détectées par cette méthode, car l’addition de cloxacilline était sensée résoudre le problème de la production de céphalosporinases - 61 - DISCUSSION rencontré avec les deux autres méthodes. Ceci nous laisse penser que, probablement, la concentration en cloxacilline utilisée n’a pas été suffisante pour inhiber les céphalosporinases et laisser s’exprimer les BLSE. D’autres causes d’erreurs, d’ordre technique, pourraient expliquer en partie le pourcentage de souches BLSE non détectées : o Coulage non horizontal des milieux. o Epaisseur insuffisante du milieu gélosé. o Inoculum, trop léger, ou trop lourd. o Mauvaise application des disques d’antibiotiques à la surface du milieu gélosé. o Conditions d’incubation : température, trop basse par suite d’ouvertures fréquentes et/ou prolongées de l’étuve . Malgré l’intérêt que peut apporter chacune de ces méthodes pour la détection et la confirmation de la production des BLSE, aucune d’entre elles n’a pu détecter de manière absolue toutes les souches productrices de BLSE. Pour détecter autrement le caractère BLSE, certains auteurs utilisent la recherche de CMI ( concentration minimale inhibitrice ), suivant la méthode de microdilution en milieu liquide (4, 9). Une autre technique facile à mettre en œuvre, mais néanmoins coûteuse, utilisant des bandelettes E-test, s’est avérée intéressante pour sa sensibilité à détecter les BLSE (5). Le E-test tire profit des avantages du test par diffusion ( rapidité et simplicité), et du test par dilution ( obtention d’une valeur quantitative de la sensibilité ). - 62 - DISCUSSION Un autre test a été décrit par Thomson et Sanders (7), comme étant très sensible pour la détection des BLSE, à savoir le test tri-dimentionnel, mais il est techniquement plus compliqué que les autres méthodes et requière des connaissances particulières pour son interprétation. En ce qui concerne nos trois méthodes utilisées, nous avons constaté une certaine complémentarité : la 1ère méthode (test de synergie) est une technique valable pour les entérobactéries productrices de BLSE non productrices de céphalosporinases . Sur le même antibiogramme un test présomptif est à prendre également en considération ; c’est la diminution des diamètres d’inhibition de la CTX et CAZ (inférieur ou égale à 22 mm et 27 mm respectivement) . Les deux autres méthodes sont complémentaires au test de synergie dans les situations décrites précédemment . Donc, d’après notre étude, il s’est avéré obligatoire l’utilisation de deux techniques afin de pouvoir détecter les souches BLSE qui peuvent échapper à l’une des deux méthodes. IV- MAITRISE DE LA DIFFUSION DES BLSE : (11) La maîtrise de la résistance bactérienne aux antibiotiques, notamment par production de BLSE est une priorité de santé publique qui nécessite des actions concertées reposant sur deux axes complémentaires : • La prévention de la diffusion de ces bactéries par transmission croisée. • La réduction de la pression de sélection exercée par les antibiotiques. - 63 - DISCUSSION IV-1- PREVENTION DE LA DIFFUSION PARTRANSMISSION CROISEE : Cette prévention repose sur deux types de mesures : IV-1-1- L’identification précoce des patients porteurs : Elle est primordiale car c’est elle qui permet de mettre en œuvre les mesures d’isolement et elle comprend : La détection de la résistance au laboratoire. La notification rapide et claire par le laboratoire qui permet de faire connaître les patients porteurs à l’équipe soignante. Cette notification repose sur le contact personnalisé entre le biologiste et l’équipe soignante, et la mention du caractère multirésistant de la bactérie sur la feuille des résultats. La signalisation des patients porteurs de ce genre de BMR dans le service d’hospitalisation. IV-1-2- L’isolement des patients porteurs : Il s’agit d’un isolement technique et géographique ; l’isolement technique vise à instaurer une barrière physique autour d’un patient porteur pour éviter la dissémination des bactéries multirésistantes. Il repose sur : • Le lavage antiseptique (hygiénique) des mains après contact avec le patient, et la désinfection des mains avec une solution hydro- 64 - DISCUSSION alcoolique par friction. L’installation d’un lavabo équipé par chambre est un pré-requis indispensable au respect du lavage des mains. • Le port de gants à usage unique lors de tous contacts particulièrement contaminant avec le patient. L’utilisation de gants ne dispense en aucun cas du lavage des mains après le contact. • Le port de tablier ou surblouse lors de soins exposant à un large contact avec le patient. • L’utilisation de matériel de soins réservé à chaque patient. Quant à l’isolement géographique, il facilite considérablement l’application des mesures d’isolement technique. Il se fait en chambre individuelle ou à défaut en chambre à plusieurs lits regroupant des patients porteurs du même type de bactéries multirésistantes. IV-1-3- Mesures complémentaires : Elles visent à dépister , et si possible réaliser une décontamination digestive afin d’éliminer les réservoirs de BLSE. - 65 - DISCUSSION IV-2- REDUCTION DE LA PRESSION DE SELECTION : Pour lutter contre la pression de sélection exercée par les antibiotiques, il est recommandé d’utiliser ces antibiotiques de façon rationnelle en considérant les points suivants : • Préférer l’usage d’associations à celui des monothérapies. • Respecter l’emploi de posologies adéquates. - 66 - - 67 - CONCLUSION La découverte des antibiotiques a constitué un grand pas dans la lutte contre les maladies infectieuses notamment dans les infections dites nosocomiales. Mais au moment où les laboratoires pharmaceutiques se désinvestissent pour la recherche de nouvelles molécules en antibiothérapie, les bactéries quant à elles, continuent de développer de nouveaux mécanismes de résistance. En milieu hospitalier, certaines bactéries sont devenues résistantes à un ou plusieurs antibiotiques. Ce phénomène affecte surtout les unités de réanimation où sont hospitalisés les patients les plus sévères et les établissements de long séjour où sont hébergés les patients atteints de pathologies chroniques. Au Maroc, le problème se pose essentiellement pour les entérobactéries productrices de BLSE qui posent, pratiquement, trois types de problèmes au monde médical : Un problème thérapeutique : pour le clinicien qui doit prescrire un antibiotique efficace, éviter les échecs thérapeutiques et la sélection de mutants résistants. Un problème microbiologique : une détection difficile, nécessitant la mise en œuvre de méthodes spécifiques. Un problème épidémiologique : pour les équipes de contrôle de l’infection qui doivent limiter la dissémination de souches multirésistantes. C’est dans cette optique que nous avons entrepris d’étudier l’épidémiologie de 104 souches d’entérobactéries productrices de BLSE, - 68 - CONCLUSION isolées chez 104 patients ( dont 94 hospitalisés et 10 reçus à titre externe ), et comparer trois méthodes de détection de ce type de germes, à savoir : le test de synergie, la méthode des disques combinés et la méthode à la cloxacilline. L’exploitation des résultats a été faite avec le logiciel WHONET 5.3 Au terme de cette étude, les résultats montrent que : Parmi les souches isolées, K. pneumoniae était la plus fréquente représentant 28,26%, suivie de E. coli (27,17%) et de E. cloacae (15,21%)… Ces souches étaient résistantes à toutes les bêta-lactamines testées, sauf à l’imipénème, avec des niveaux de résistance différents aux aminosides (Amikacine 21,7%, Netilmicine 77,8%, Gentamycine 89,8%, Tobramicine 96,6% ), aux fluoroquinolones ( Ciprofloxacine 59%, Norfloxacine 50% ) et à la sulfaméthoxazol-trimethoprime ( 74,1% ). Il demeure donc nécessaire d’utiliser ces antibiotiques en association (surtout Amikacine, Norfloxacine et Ciprofloxacine ) afin de préserver leur activité sur les souches BLSE qui se caractérisent par leur aptitude à la multirésistance, et constituer une alternative au traitement par l’imipénème qui est difficilement accessible du fait de son coût. Concernant nos méthodes de mise en évidence des BLSE : Le test de synergie ; nous a permis de détecter 78,8% de nos souches BLSE. C’est un test facile à mettre en œuvre et non coûteux. La méthode des disques combinés ; a permis de détecter 96,2% des souches. Un pourcentage intéressant qui fait de cette méthode un bon outil pour la mise en évidence des BLSE. - 69 - CONCLUSION Pour ces deux méthodes, on a noté que la production de céphalosporinases peut être gênante. La méthode à la cloxacilline ; contrairement à ce qui était prévu seuls 92,3% des souches a été détecté. L’addition de cloxacilline était sensée résoudre le problème de production de céphalosporinases rencontré avec les deux autres méthodes. Donc aucune de nos trois méthodes n’a pu détecter de manière absolue toutes les souches productrices de BLSE. En conclusion, le test de synergie doit être utilisé en routine sur tous les isolats bactériens au sein des laboratoires de microbiologie, les cas suspects doivent faire l’objet d’une confirmation par les deux autres méthodes, vu la complémentarité qu’a montrée ces dernières avec le test de synergie. Enfin, et dans le cadre de mesures destinées à limiter l’apparition d’épidémies intra-hospitalières dues à des souches d’entérobactéries productrices de BLSE : le dépistage précoce des infections à germes BLSE, le contrôle des réservoirs et des voies de transmission par isolement technique et géographique de patients colonisés ou infectés et le bon usage des antibiotiques sont à l’évidence des mesures qui permettent la réduction de la prévalence de ces bactéries multirésistantes. Cependant, leur mise en œuvre nécessite la prise de conscience collective de ces notions, la coopération de tous les services et par la formation approfondie des équipes soignantes. - 70 - - 71 - ANNEXE Tableau XI : Disques d’antibiotiques utilisés pour l’antibiogramme Antibiotiques ( Oxoîd, England ) Charges ( µg ) Ampicilline ( AMP ) 10 Augmentin ( AMC ) 20 /10 (Amoxicilline/Acide-clavulanique ) Céfalotine ( CF ) 30 Céfotaxime ( CTX ) 30 Céftazidime ( CAZ ) 30 Imipénème ( IMP ) 10 Gentamycine ( CN ) 10 Amikacine ( AK ) 30 Netilmicine ( NET ) 30 Tobramycine ( TOB ) 10 Ciprofloxacine ( CIP ) 5 Colistine ( CT ) 50 Sulfaméthoxazol /trimethoprime ( TSU ) 1,25/23,75 Tableau XII : Disques d’antibiotiques utilisés pour les tests de confirmation Antibiotiques Charges (µg ) Céfotaxime (CTX ) 10 Céfotaxime/Ac. Clav 30/10 Céftazidime (CAZ ) 30 Céftazidime/Ac. Clav 30/10 Piperacilline/Tazobactam ( TZP ) 100/10 Ticarcilline/Ac. Clav ( TCC ) 75/10 - 72 - ANNEXE Milieux de culture : Milieu MH2 ( Mueller-Hinton ) : C’est un milieu prêt à usage fourni par le fabriquant ( Biomérieux ). Généralement utilisé pour l’étude de la sensibilité aux antibiotiques et sulfamides. *Composition : - Infusion de bœuf - Caséine - Starch - Agar 300g 1,75g 1,5g 17g - Eau distillée 1 litre Milieu Mac-conkey : Milieu sélectif aux bacilles à gram négatif par sa teneur en cristal violet. * Composition : - Bacto-peptone 17g - Protéose ou polypeptone 3g - Lactose 10g - Sels biliaires 1,5g - NaCl 5g - Agar 13,5g - Rouge neutre 0,03g - Cristal violet 0,001g - Eau distillée 1litre - 73 - ANNEXE Milieu MH/Cloxacilline : * Composition : - Cloxacilline (500mg/l) -Gélose Mueller-Hinton 125µl 250ml * Préparation : - Faire fondre la gélose MH, ramener à 50°C , incorporer la solution mère de cloxacilline dans la gélose, homogénéiser et couler en boite de pétri. Milieu Mac-conkey/CTX : * Composition : - Solution mère de CTX - Gélose Mac-conkey 30µl 60ml * Préparation : - Faire fondre la gélose Mac-conkey, ramener à 50°C, incorporer 30µl de la solution mère de CTX ( 1000 Gamma ) dans 60ml de gélose, homogénéiser et couler en boite de pétri. - 74 - - 75 - BIBLIOGRAPHIE 1- Ang J. Y., Ezike E., Asmar BL. Antibacterial résistance. Indian J. Pediatr. 2004 ; 71 : 229-239. 2- Association des enseignants de pharmacologie. Cours de pharmacologie. Edition éllipses 1987. p. 439-441. 3- Bergogne E., Bérézin Les résistances bactériennes. Phases 5, 1996, p. 43-44. 4- Bisson G., Fishman no, Baldus Patel J., Edelstein P. H., Lautenbach E. Extended-spectrum beta-lactamase producing Esherichia coli and Klebsiella species: Risk factors for colonization and impact of antimicrobial formulary intervention on colonization prevalence. Infection control and hospital epidemiology. May, 2002; 23: 4, p. 254- 260. 5- Bolmstrom A., Jones R. N. , et Coll. 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