I. Le mouvement de l’organisation scientifique du travail
a. De l’organisation professionnelle du travail à l’Organisation Scientifique du travail
La sociologie des organisations a prit naissance lors de la première révolution industrielle avec l’apparition
du travail à la chaîne.
L’OST remplace progressivement d’autres pratiques professionnelles du travail. R. Sainsaudieu nomme
l’une de ces pratiques, l’organisation professionnelle du travail. (OPT)
Alain Touraine a également travaillé sur les organisations du travail (L’évolution du travail ouvrier aux
Usines Renault). Il y différencie trois phases de l’évolution du travail
- Phase A : Début de l’ère industrielle
- Phase B : Production en grande série
- Phase C : Mouvement de recomposition du travail (plus en plus d’automatisation – Fordisme)
Dans la première phase, le travail dans l’OPT s’articule autour de l’idée de métier qui correspond à une
capacité manuelle qui se fait par l’expérimentation et par l’apprentissage. Il s’agit d’un ensemble d’habitudes
gestuelles qui constitue un autre ensemble d’aptitudes opératoires. Il y a aussi l’idée que ce savoir est
transmissible par la notion d’apprentissage en apprenant sur le tas et en donc en pratiquant. Il n’y a pas non
plus de machines perfectionnées, l’automatisation n’existe pas. De plus, l’ouvrier est qualifié dans le sens où
c’est sa qualification qui donne de la valeur à ce qu’il produit. On ne peut pas non plus dire qu’il n’y a pas de
division de travail, les tâches entre les membres sont tout de même réparties. Mais il n’y a pas de
spécialisation propre, tous les travailleurs peuvent tout faire, ils sont multifonctionnels.
Les règles professionnelles se portent moins sur l’exécution des tâches et le taux de production que sur ce qui
se passe avant et après la production. C’est à dire qu’avant la production, il y a le recrutement et
l’apprentissage des ouvriers et qu’après la production, se trouve le contrôle des résultats (critères de qualités
associés au métier) et le procédé d’évaluation entre pair.
Il y a aussi l’idée de profession dans le sens où il y a une diffusion de valeur (code de déontologie). Ceci
donne alors cet autocontrôle que l’on retrouve après la production. (Exemple de la corporation). Cela
implique plusieurs choses, notamment une forte organisation professionnelle, la diffusion des normes et la
constitution d’un statut prestigieux.
Ce type d’organisation existe encore, notamment dans les ateliers d’artisans où l’on retrouve encore cette
tradition de transmission du savoir et de l’apprentissage.
Les rapports sociaux traditionnels se basent sur l’intégration. Il y a une gestion paternaliste des entreprises.
L’idée est que l’entreprise se situe au cœur de la communauté et de la vie sociale, et elle va proposer de
nombreuses activités en lien avec la vie sociale. Le patron est vu comme un individu bienfaiteur. Il y aussi le
fait que les ouvriers ont une certaine autonomie même si il y a un règlement intérieur. Ce dernier prévoit les
comportements afin de favoriser une meilleure production.
La transition se fera dans l’optique de passer de l’autonomie professionnelle de l’ouvrier qualifié à un
système d’organisation du travail et d’une exécution individuelle. L’OST se veut obtenir l’appropriation du
temps de travail et du rythme du travail par l’employeur. Ce contrôle sur le temps est la première
d’autonomie de l’ouvrier. Il ne vend plus sa production mais son temps de travail. Ce système est aussi lié
par le mode salariale, il y a une mensualisation générale du salaire. D’où l’arrivée des heures
supplémentaires, puisque les ouvriers sont payés à l’heure et non au quota.