Schopenhauer et la pensée indienne
GENCOD : 9782705681456
PASSAGE CHOISI
Extrait de l'introduction
Qu'il y ait des affinités notables entre la philosophie d'Arthur Schopenhauer (1788-1860) dans
sa triple dimension - métaphysique, esthétique, éthique - et les doctrines indiennes tant
brahmaniques que bouddhiques, c'est ce que nul ne saurait contester. Schopenhauer les a
lui-même constatées et reconnues dans son oeuvre. Toutefois, ces affinités ou similitudes
cachent d'importantes différences. D'où notre problématique unitaire : étudier les similitudes
et les différences, voire les convergences et les divergences entre la philosophie de
Schopenhauer et la pensée indienne. Une architecture binaire de l'ouvrage s'est donc
imposée à nous pour que l'enjeu soit clair.
Or, le dyptique Schopenhauer et la pensée indienne est asymétrique. Il y a, d'une part, un
philosophe unidimensionnel du XIXe siècle avec son idée bien précis à lui de la philosophie.
Et il y a, d'autre part, une immense civilisation ancienne pluridimensionnelle riche de ses
doctrines philosophiques et religieuses variées. C'est pourquoi notre étude se veut une
confrontation des idées, des notions ou des thèmes exprimés dans les textes en provenance
de ces deux mondes spatio-temporellement et culturellement éloignés. Notre propos est de
dévoiler les liens subtils ou les points de rencontre entre ces deux perspectives à travers les
notions retenues. Afin d'éviter les risques et les pièges que comporte l'entreprise dite
«philosophie comparée», (ou mieux «comparante»), nous avons cru bon, en appliquant des
critères «scientifiques», d'insister davantage sur les différences ou les divergences entre ces
deux manières de voir. N'est-ce pas l'unique moyen de respecter Vautre dans son intégrité et
son originalité ? Cette approche permet également d'éviter le syncrétisme, (tendance trop
répandue hélas !) et de tester la cohérence du dialogue entre les interlocuteurs considérés
dans leur singularité. Au lieu de lire ou d'interpréter l'oeuvre de Schopenhauer à travers les
lunettes indiennes ou encore à partir des catégories de la pensée indienne, nous avons plutôt
cherché à déterminer sa contribution personnelle dans l'histoire de la philosophie en
particulier et dans l'histoire des idées en général.
La philosophie et la philologie étant inséparables, notre méthode a été de chercher des
équivalents sanskrits pour des notions schopenhaueriennes sélectionnées, attendu que c'est
là l'unique manière de tester la validité et la pertinence des similitudes apparentes et de
restituer la vérité des textes replacés dans leur contexte. Schopenhauer, il est vrai, ne
connaissait pas le sanskrit, mais cela aurait-il changé quelque chose en ce qui concerne ses
étranges interprétations de certains textes indiens ? Les raisons en sont peut-être plus
profondes et se situent ailleurs.
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